29 mars 2019

Adieu et merci Agnès

Agnès Varda :  "une façon de regarder qui éclaire les choses et les rend plus belles qu’elles ne sont !"

Quelle tristesse d'apprendre ce jour la disparition de cette petite bonne femme par la taille, mais si grande dame par son oeuvre,  avec le regard qu'elle a toujours su  porter sur les lieux et les gens, surtout les petites gens, qu'elle sait valoriser avec une très grande humanité, aussi beaucoup d'humour et de fantaisie à l'occasion : je l'aime tant. 

Débutant sa carrière par la photographie, puis cinéaste elle tourne en 1959 son premier film "La pointe courte" à Sète. Cela fait donc 60 ans qu'elle promène son regard sur le monde qui nous entoure. C'est une bricoleuse, une touche-à -tout, faisant quasiment tout elle-même, ou en famille avec ses enfants ces dernières années, toujours entourée de ses chats, rue Daguerre. Ces dernières années, elle a aussi beaucoup fait pour pérenniser l'oeuvre cinématographique de son grand amour Jacques Demy. 

Féministe depuis toujours sans agressivité, poétesse du quotidien, elle va terriblement me manquer, Tous ses films n'ont pas toujours rencontré un grand succès commercial, à part "Sans toit, ni loi" et "Cléo de 5 à 7" peut-être; pourtant elle a touché beaucoup de personnes par son approche si particulière, tellement humaine et chaleureuse de ses contemporains. Son regard n'est jamais voyeur, toujours elle sait faire de la beauté avec des riens, des choses anodines, elle sait rendre admirablement beau un visage plein de rides, marqué par le temps et la vie, mais qui a terriblement de choses à raconter....

Depuis les années 2000, avec l'arrivée des petites caméras numériques, Agnès nous a concocté des documentaires absolument géniaux. J'aime particulièrement :

- "Les glaneurs et la glaneuse" où les pommes de terre, oui les patates ont un grand rôle.
- "Les plages d'Agnès" car la mer a toujours été présente dans sa vie (elle va jusqu'à inventer une plage sur les pavés de sa rue Daguerre)

- "Visages/villages", le dernier documentaire qu'elle a co-réalisé avec l'artiste JR. Ce film-là m'a particulièrement enchantée mais aussi tellement émue,  car les yeux d'Agnès la trahissaient, ce qui est affligeant pour une artiste pour laquelle tout passe par le regard (heureusement aussi beaucoup par le coeur). 
Mise à l'honneur les petites gens comme les mineurs ou les facteurs 
JR pris ses yeux en photo géante, qu'il colla sur des wagons pour qu'ils continuent d'aller découvrir le monde

Il me semble avoir lu qu'elle a tourné tout récemment un dernier opus "Varda par Agnès", qui n'est pas encore sorti, comme un dernier cadeau qu'elle nous fait. J'ai hâte de le découvrir.

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Merci pour tout Agnès : enfin, tu vas pouvoir retrouver ton Jacquot de Nantes mais aussi Michel Legrand votre grand ami commun, parti récemment au firmament, pour, comme vous,  y briller avec les étoiles. Pensées émues pour tes enfants, Rosalie et Mathieu.

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Dans le cadre de l'émission sur les Grands du Cinéma sur Arte, je  vous recommande de visionner une Rencontre de cinéma avec Agnès Varda
 organisée  à la Cinémathèque de Paris en janvier 2019.

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"Varda l'irrévérentieuse" Hommage rendu à Agnès Varda 
dans l'Heure bleue de Laure Adler sur France Inter

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