16 octobre 2018

"Tricotons le monde dont nous rêvons", le beau slogan de Tony

Je vous ai déjà parlé ici du Tricot sans Fin, démarré par Tony Mazzochin en 2015.
Toutes les personnes qui en ont envie viennent ajouter quelques rangs de mailles aux précédentes : aux dernières nouvelles, ce long ruban de laine mesure plus de 15 mètres. 

Promenant sa valise avec ses grosses pelotes jaunes dans différentes manifestations artistiques et populaires, Tony anime cet atelier sympa où il donne à chacun l'occasion de passer un moment de détente, de partage et de convivialité et c'est avec joie que garçons et filles, papas et papys, mamans et mamys font cliqueter les aiguilles "pour tricoter le monde dont nous rêvons".

photos extraites du Site de T. Mazzochin - Bazainville les 7 et 8 octobre 2018

Vous trouverez plus de photos et de détails sur son Site notamment avec des photos de la toute récente sortie du Tricot sans Fin, à Bazainville, dans les Yvelines.

Au tout début de son projet, Tony a rédigé un texte faisant l'éloge du tricot, que je ne peux m'empêcher de partager avec vous tant il est magnifiquement écrit :

"MANIFESTE LAINEUX DIT L’ÉLOGE DE LA LENTEUR

Tout le monde un jour ou l'autre a porté un tricot fait par une mère, une sœur, une tante ou une amie. Ce manifeste laineux est un éloge, un hommage à ces personnes qui, sans crier sur les toits leur savoir- faire, emmènent sans rien dire le plaisir retrouvé et à jamais oublié, du geste ancestral qui est le tricot. Ce manifeste est un cri. Un retour aux valeurs d'enfance. Un retour à l'insouciance, un retour au bonheur, un retour à la douceur de vivre, un retour au plaisir simple, le retour à la lenteur. 


Ce manifeste est l'hommage à la lenteur. Le tricot est un acte de transmission de conscience civique, dans un monde où tout va vite, tout se mécanise, tout s'industrialise, tout s'informatise, tout se standardise. Le tricot, est la maille oubliée, de l'homme moderne, pour trouver son bonheur. La maille manquante. Le tricot nous ramène lentement, sans aucune cadence imposée, avec un mouvement lent, répétitif, libérateur et jouissif. Le tricot nous replonge dans l'essentiel, dans la vraie essence de vie. Vivre lentement et à son rythme. Le tricot a son propre rythme. Le rythme du temps. Le tricot est le savoir-être dans son temps. Le tricot devient une aide philosophique, économique et sociale à l'émancipation de l'homme dans son temps et dans son environnement. Le tricot nous donne le plaisir sans être sous l'influence des modes, et sans être sous les contraintes du goût du marché. N'ayez pas peur des mots. Le tricot est plaisir. Le tricot est sensualité. Le tricot est érotisme. Le tricot est le plaisir de la matière sur la peau, le plaisir des sensations qu'il donne. Le tricot c'est le plaisir du toucher. Le tricot est notre deuxième peau.

Il faut aimer sa peau. Le tricot est un art de vivre, un art de partager. Une manière simple à la portée de tout le monde. Un acte qui ne coûte pas cher à première vue, mais qui a un prix inestimable. Le tricot par sa lenteur de création, aidera le monde actuel à éviter cette envie d'aller toujours plus vite, d'aller toujours plus haut, et dans l'éternelle illusion qu'on deviendra un jour, toujours plus forts, toujours plus puissants. Le tricot nous épargnera de cette course effrénée, qui nous emmènera nulle part. Dans le tricot il n'y a pas d'enjeu, pas de gloire, pas de course à l'argent, il n' y a pas de compétition non plus. Il y a juste le plaisir de s'asseoir, le plaisir de faire, le plaisir d'être là, le plaisir de réfléchir à ce beau monde si fier de lui, et si égoïste aussi. Vous les puissants, méfiez vous, du tricot. Le tricot par sa démarche peut devenir une arme. Sans provocation aucune, le tricot deviendra votre ulcère si vous lui faites la guerre. Le tricot descendra sur toutes les places de France et du monde. Le tricot sera votre châtiment suprême.

Le tricot est dans une autre dimension que la vôtre. Le tricot nous fait réfléchir autrement à notre condition humaine en société. Le tricot en quelque sorte est le refus d'accepter n'importe quoi. Nous vivons dans un monde où la technologie et l'économie ont pris le dessus des choses.

Tout doit aller vite...vite et vite... mais on s'évite. On passe à côté l'un de l'autre, sans se voir réellement, car on est pris dans un courant frénétique dicté par la machine économique dont la course est sans fin. On n'a pas le temps d'avoir du temps pour soi. Donc, pas le temps pour les autres non plus. Le tricot, par son action lente et détachée d'idéologie quelconque, devient un acte de désobéissance civile, un acte de terrorisme laineux au service de l'humanité. Le tricot pour être ce qu'il est, devient l'insubordonné absolu, de l'aller vite. En tricotant, on rejoint « le rouet de Ghandi ». Une toute petite chose, peut devenir une grande idée, qui peut mettre en difficulté une grande puissance. Le tricot, est la vitesse maximale que l'homme peut atteindre. Le tricot est la mémoire de l'homme. Le tricot est résistance. Le tricot est un combat contre la bêtise humaine. Le tricot est à l'endroit. Le tricot est à l'envers. Le tricot est en côte. Le tricot a la côte.

Le tricot c'est du plaisir. Vive le tricot!"


Tony Mazzochin-Voiron-2015

2 commentaires:

Merci de votre visite et belle journée!