Dans cette nouvelle lourde enveloppe mail-art/documentation dont s'est fait une spécialité l'ami Ursu voici la nouvelle étoffe traditionnelle qu'il a décidé de mettre à l'honneur : le Bogolan,
que vous commencez à bien connaître, sur ce blog.
Cependant, l'affaire ne s'arrête pas là : documentaliste hors pair, Ursu a complété son envoi par la description de tissus purement africains, peu exportés encore, que nous ne connaissons donc pas en Europe. Merci l'ami pour ton immense générosité!
- Le Bogolan est un tissu d'origine malienne, dont le nom signifie "fait avec de la boue". Comme tous les tissus africains, il possède une grande signification symbolique, raconte une histoire ou représente un univers à lui seul. Côté fabrication, il s'agit de bandes tissées que l'on vient coudre côte à côte. Le costume est ensuite découpé dans cet ensemble. Grâce à des décoctions de feuille de bouleau, d'écorces de Mpekou et de boue, les artisans dessinent les motifs souhaités sur le vêtement.Le Bogolan est utilisé pour la fabrication des tuniques masculines et des pagnes. Parce qu'il est réalisé à base de terre, il est considéré comme un vêtement sacré, nourri d'une force vive. Ses couleurs se déclinent en teintes marron, jaune, beige ou noir. A l'origine réservé aux tenues royales, le bogolan a su admirablement s'adapter aux contraintes modernes. Il est aujourd'hui porté par tout un chacun et également utilisé pour la décoration intérieure.
- Le Kente, aussi appelé Kita au Ghana. Sa paternité est attribuée à l'ethnie Ewé du Togo d'une part et aux Ashantis du Ghana d'autre part. C'est une étoffe très colorée et tissée en forme de damier. Elle propose des motifs originaux qui se répètent sur la trame. Le Kente est traditionnellement porté lors d'événements importants de la vie sociale. D'abord réservé aux personnalités importantes, il est progressivement devenu un accessoire de mode utilisé par tous.Coté fabrication, cette étoffe résulte d'une méthode de tissage millénaire qui s'est diversifiée au fil du temps. Aujourd'hui les tisseurs sont capables de produire des dessins d'une grande complexité avec des teintes de fils exceptionnelles. Le bleu représente la paix et l'harmonie, le vert la croissance et les récoltes, le blanc la pureté, le jaune la fertilité et la santé, etc...
A l'heure actuelle, les pagnes en Kente sont encore choisis par les connaisseurs en fonction de leur signification. Mais la plupart de ceux qui les portent se laissent inspirer par leurs goûts en matière de couleurs et de dessins.Voici une vidéo sur la fabrication du Kente au Ghana. - le Ndop est une étoffe de coton créée par un peuple, les Bamilékés, au 18e siècle. Comme pour la fabrication du Bogolan, de fines bandes de tissu sont cousues bord à bord. Des motifs géométriques bleus qui font littéralement partie d'une forme d'écritures chargées de symboles se détachent sur un fond blanc. Ce ne sont pas les couleurs qui donnent sa signification au ndop mais bien la variété de ses motifs. Comme pour l'ensemble des étoffes traditionnelles africaines, le Ndop est utilisé pour faire passer des messages et symboliser des thèmes essentiels de la vie courante. Encore aujourd'hui, le ndop est plutôt réservé aux élites et porté lors des cérémonies rituelles.
Le Ndop est l’étoffe la plus emblématique du pays des Grassfiels. Le tissu Ndop Bamiléké original fait partie des tissus teint artisanalement à la réserve. Son graphisme et son iconographie, obéissent à des codes. Ce Ndop ne peut être vendu. Il peut être noué à la taille et passé entre les jambes.
Ndop traditionnel : A l’origine, le Ndop est une étoffe faite de bandes de tissus tissé de fil épais, cousus bord à bord et brodés à la main. Aujourd’hui, sur une toile de coton blanc, l’artisan dessine les symboles caractéristiques du Ndop qui sont ensuite cousus au fils de raphia d’un point serré qui joue le même rôle la cire dans la fabrication du Wax en formant des réserves. La toile ainsi travaillée est ensuite plongée dans un bain d’indigo pour lui donner sa couleur bleue si caractéristique. Après le séchage, les coutures sont défaites et les motifs dévoilés. La fabrication du Ndop est un héritage qui se transmet de génération en génération ou lors de l'acquisition de la notabilité.Ndop industriel : La technique de fabrication du Ndop a évolué avec le temps. La forme actuelle, moins élaborée, est fabriqué de façon industrielle avec la technique de production des pagnes Wax.Symboles : les motifs très géométriques du Ndop représentent la lune, le soleil, Les étoiles, les animaux...Leur utilisation sert à transmettre un message de paix, de fécondité...Usages : porter le Ndop, à l'origine, n'est pas un acte anodin. Tenue d’apparat, le Ndop est aussi utilisé pour habiller les sites et loges des rois pendant les cérémonies.Ornement des lieux de funérailles dans l’ouest du Cameroun, l’étoffe sert aussi à fabriquer les costumes de roi, notables et membres des sociétés secrètes. Le Ndop est utilisé lors de deuils. Il sert même de linceul, enveloppe la dépouille du roi ou des notables pour l’enterrement. On décore de coupons de Ndop la place des cérémonies funéraires des personnages importants et membres des sociétés secrètes. Pendant le deuil, est porté par les parents du défunt, et les dignitaires traditionnels Bamilékés.
- le Kitenge (aussi appelé Vitenge ou Chitenge dans certains pays) est un tissu traditionnel d’Afrique de l’Est. De manière traditionnelle, il est porté comme le sarong autour de la taille ou en turban, au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie, au Soudan, en Namibie, en Zambie, au Malawi et dans bien d’autres pays. C’est un tissu à motifs aux couleurs vives. Il ressemble énormément au Wax, à la petite différence que le Kitenge est un tissu plus léger. Comme le Wax, il est produit selon une technique inspirée de la technique Batik. Et comme le Kanga, les motifs incluent parfois une phrase (souvent un proverbe) écrite en lettres majuscules.
- Le Kanga (aussi appelé kanga ou lesso) se démarque des autres tissus africains par sa structure. En effet, le khanga est une pièce rectangulaire de coton, très coloré, mesurant environ 1,5 mètre de long et 1 mètre de large. On distingue une partie centrale (mji en swahili) faite de motifs aux couleurs vives, et une bordure (pindo) courant le long des quatre côtés et présentant des motifs différents; le tout ayant une cohérence soit dans les couleurs soit dans les motifs. Sur un kanga, figure très souvent une phrase (jina), inscrite sur l’un des longs bords de la partie centrale, et qui prend souvent la forme souvent d’un proverbe (écrit en anglais, swahili, comorien, malgache ou français). Ils sont vendus par paire et produit au Kenya, Tanzanie ou en Inde. C’est aussi et surtout un symbole de toute l’Afrique de l’Est et de la culture swahili.
- Les toiles de Korhogo sont originaires de Côte d'Ivoire et ont été inventées par la tribu des Sénoufos. A nouveau, le Korhogo est constitué d'étroites bandes de tissu cousues côte à côte. L'artisan vient ensuite y peindre des motifs à l'aide de petits bous de bois et de pigments naturels. Les ornements représentent souvent des personnages, des animaux ou des éléments de la nature. Les toiles de Korhogo sont principalement des tissus ornementaux réservés à la décoration intérieure.
- Le Rabal est un matériau confectionné par les tisseurs traditionnel des Manjacks du Sénégal et de la Guinée-Bissau. Il s'agit d'un tissu noble aux couleurs vives traditionnellement réalisé à la main en coton. Ses motifs sont le plus souvent inspirés du baobab, du fromager, des jumeaux ou des poupées de fécondité et se déclinent en fonction des grandes occasions. Etoffe précieuse aux couleurs chatoyantes, il s’offre à des occasions très précises (mariage, naissance). Pour les besoins du prêt-à-porter, afin qu’il soit plus souple et maniable, il est souvent mélangé au raphia naturel ou de viscose et à la soie. Les tisseurs mandjacks, véritables orfèvres, se transmettent cet art ancestral de générations en générations.
Le Rabal est très apprécié par les créateurs de mode du continent pour sa noblesse, sa qualité d’exécution et sa robustesse. Il est utilisé en petite touche pour souligner des détails d’un vêtement, mais aussi en total look. Il s’apparente au superbe tissage burkinabè Faso dan fani également très prisé par les créateurs africains.
- Le Faso dan fani : pagne tissé de la patrie burkinabé. S’il est un symbole du patriotisme burkinabè, le Faso dan Fani est celui-là.
Dans un pays où la culture du coton, non génétiquement modifié, est l’un des premiers revenus nationaux et où la tradition du tissage est très ancienne, ces pagnes en coton lourd sont très rapidement devenus incontournables pour la confection de vêtements tant traditionnels que contemporains.C'est lors de l’accession au pouvoir du capitaine Thomas Sankara, au milieu des années 1980, que la Faso Dan Fani deviendra un symbole national, et le promoteur du savoir-faire local.Déterminé à favoriser l’émancipation des femmes par le travail et le développement des productions nationales, Thomas Sankara impose par décret le port de tenues réalisées en faso dan fani à ses fonctionnaires. Si l’utilisation quotidienne de ce pagne est légèrement tombée en désuétude suite à la mort de Sankara et à l’instauration d’une politique beaucoup plus libérale, le Faso Dan Fani est toujours demeuré la base des productions de vêtements de fête et d’apparat, les Naba – chefs de village – le portant à chaque occasion. Le premier d’entre eux, le Mogho Naba, l’empereur des Mossis, veille ainsi à toujours porter un Faso Dan Fani lorsqu’il apparaît en public ou reçoit en audience dans son palais de Ouagadougou. La révolution survenue en 2014 ayant chassé du pouvoir le dictateur en place depuis le décès de Sankara a soulevé un incroyable vent de patriotisme parmi les Burkinabè. Roch Marc Christian Kaboré, Président démocratiquement élu fin 2015, a remis au goût du jour le port du Faso Dan Fani, lui-même en portant à chacune de ses apparitions, y compris en voyage officiel à l’étranger.
Si l’usage du Dan fani n’a pas été rendu obligatoire cette fois, il est toutefois très favorisé. Chaque manifestation politique voit les hommes d’Etat vêtu de la tenue traditionnelle tissée dans ce coton lourd, et le pagne dit « du 8 mars », édité chaque année en l’honneur de la Journée mondiale de la Femme pour l’égalité des droits, et traditionnellement offert par tous les employeurs à leurs salariées, est désormais du Faso dan fani. Robuste et naturel, le Faso dan fani est devenu le symbole d’une Nation fière de ses racines et de son savoir-faire. Aujourd’hui le Faso dan fani est très apprécié dans le monde. C’est le tissu africain le plus cher et le meilleur de nos jours.
- Le Kikoi (pagne en swahili) est un tissu traditionnel d’Afrique de l’Est. Le kikoi est connu pour ses couleurs chaudes, vibrantes et ses superbes rayures. Traditionnellement, ils sont portés par des hommes autour de la taille. Ils sont tissés à la main au Kenya par des coopératives de femmes, à partir de coton venant du Tanzanie et d’Ouganda.
- Le Bazin africain à base de coton est teinté artisanalement pour devenir un tissu damassé caractérisé par la raideur et une éclatante brillance.Le tissu Bazin est un tissu blanc teinté et amidonné grâce à un trempage dans un bain de gomme. La technique tinctoriale permet de former des motifs variés sur le textile amidonné.Initialement blanc, le tissu est teint en plusieurs couleurs avec différents motifs. Une fois la teinture choisie, l’hydrosulfate et la soude caustique sont dissous dans une eau bouillante à plus de 190°. La réaction chimique de ces deux produits permet une meilleure tenue de la teinture sur le coton.Après cette étape, le Bazin est lavé à l’eau froide plusieurs fois pour éliminer les produits. Ensuite le tissu est laissé à sécher au soleil afin d’éviter qu’il se déchire. Chaque Bazin comporte un motif incrusté dans le tissu grâce à un procédé bien particulier : frapper le tissu avec un maillet sur un billot de bois. Le Bazin permet de coudre des vêtements agrémentés de broderies et de surpiqûres.
Le tissu Bazin est le plus porté au Sénégal et au Mali. C’est le must de l’élégance de l’Afrique de l’Ouest. Il existe différents types de Bazin : Bazin riche, ganila, tchoupe, etc..
Cet article ne prétend pas couvrir d'une manière exhaustive la production complète textile du continent africain. Il existe certainement d'autres merveilles encore à découvrir.
Finalement, grâce à la documentation d'Ursu complétée par mes propres recherches, la rédaction de cet article m'aura permis de découvrir à quel point j'ai (nous avons) une connaissance extrêmement superficielle de l'Afrique, de la richesse et de la grande variété de son artisanat textile. Merci Jean-Paul!
Fantastique. Je viens de lire l'intégralité de ton article et même si j'ai séjourné à plusieurs reprises en Afrique de l'Ouest et connu des Africains de différents pays du continent africain, je n'avais pas connaissance d'une telle variété dans la fabrication des tissus et étoffes. Je suis émerveillée par tout ce que je viens de lire et par les photos qui illustrent ton article. Bravo à toi et bien sûr à ton ami qui t'a fourni matière à développer et illustrer.
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