9 mai 2019

PCP31 - Pauvre crémière, son lait n'a fait qu'un tour, pour Postenomade

"Lait - Beurre - Oeufs - Fromage" c'est ce que l'on lisait le plus souvent au fronton des boutiques de crèmerie, quasiment disparues de nos bourgades. 

Au mieux on peut quelquefois trouver encore ce genre de produits sur les marchés. Mais ne nous leurrons pas, c'est encore la grande distribution qui a tout raflé dans ce domaine, même si ce n'est pas forcément pour notre bien. 
Vitrine : d'après une photo publiée sur le site pixdar.tumblr.com
Personnage : dessin tiré d'une
gravure au burin - la laitière de Lucas de Leyde, 1510
Les grands groupes laitiers comme Danone, Nestlé, Lactalys, ...  font la pluie et le beau temps dans ce secteur : ils sortent de nouveaux produits industrialisés sans arrêt, n'hésitant pas même à élaborer des  laitages qu'on peut considérer comme des alicaments, tellement ils y insèrent d'additifs (calcium, édulcorants...). Avez-vous remarqué dans les grandes surfaces l'espace grandissant occupé par les frigos qui présentent tous ces laitages et desserts lactés? Le prix de ces articles est exorbitant, il faut bien payer la pub, le marketing et le packaging (là il y a pléthore d'emballages, de quoi augmenter encore notre volume de déchets). 

"Les produits laitiers sont nos amis pour la vie" : je ne peux plus entendre ce joli slogan, quelle contre-vérité! Autrefois, le calcium nécessaire à la solidité de nos os, et toutes les qualités organoleptiques du lait y étaient effectivement présents. Nous buvions le lait des vaches, de race locale, lesquelles ne consommaient que l'herbe des prairies à la belle saison et le foin semé et récolté par l'agriculteur lui-même, à la période froide, lorsqu'elles restaient à l'étable. Le lait était entier, la crème abondante.

Aujourd'hui, nous sommes bien loin de tout cela,  même si ce sont bien toujours les vaches qui font le lait :
  • une race de vache a été particulièrement "améliorée" (la Prim'Holstein) pour fournir un maximum de lait. De nombreuses races variées de vaches plus adaptée aux territoires sont en train de s'éteindre doucement, car moins productives
  • les vaches broutent de plus en plus rarement dans les prés (prairies que l'on va jusqu'à arroser d'ammoniaque pour accroître la production de lait) ; le plus souvent ces animaux vivent en stabulation, dans un espace réduit, avec une nourriture artificielle (tourteaux de soja, maïs d'ensilage, granulés concentrés et antibiotiques)
Par ailleurs, les agriculteurs-producteurs laitiers, dépendant beaucoup du cours du lait mondial et de la politique agricole commune européenne, doivent en plus subir la pression de la grande distribution. Ils sont ridiculement rémunérés et beaucoup travaillent à perte. Ils avaient auparavant subi bien des problèmes avec la maladie de la vache folle et l'abattage de leurs troupeaux pour certains. C'est une profession sinistrée, avec un nombre de suicides croissant.

Je salue ici l'initiative de plusieurs agriculteurs-éleveurs de vaches à lait qui se sont réunis pour élaborer ensemble une charte afin de prendre un engagement de qualité vis à vis des consommateurs tout en s'assurant une juste rémunération plus en adéquation avec le travail qu'ils fournissent.  Ils ont décidé de maîtriser l'ensemble du processus, depuis le lait qu'ils produisent jusqu'au produit transformé en beurre ou le fromage blanc qu'ils conditionnement également. 

Dans un premier temps, ils se sont chargés aussi de trouver le réseau qui les distribuera mais on peut maintenant les trouver dans certaines grandes surfaces sous l'appellation "C'est qui le patron? la marque des consommateurs". Je n'ai pas d'action dans leur entreprise je vous rassure, mais j'approuve leur démarche, c'est un bon début. 

C'est à nous, consommateurs, de faire le tri et de savoir ce que nous sommes prêts à dépenser pour consommer mieux et plus sain.

1 commentaire:

Merci de votre visite et belle journée!