Pour fêter les 170 ans du premier timbre-poste français, j'ai choisi pour Fuschia l'ours polaire, animal emblématique qui subit en premier lieu tous les méfaits dus au dérèglement climatique et par ailleurs très représenté par les artistes céramistes. |
Céramique raku créée par Nadia Treni à voir sur son site "Les sculptures de Nadia" Je t'en souhaite bonne réception, Fuschia, ainsi qu'un bel été! ***
LA
BANQUISE, INDISPENSABLE A LA SURVIE DE L'OURS POLAIRE, EST EN TRAIN DE
DISPARAITRE
Une
nouvelle étude apporte un nouvel éclairage sur un maillon important de la chaîne
alimentaire du prédateur
-de Lesley Evans Ogden-
Chaque hiver, la banquise de l'Arctique s'étend
autour du pôle Nord, ses épis s'étirant autour des côtes du grand Nord. À
l'heure actuelle, la mer de glace vient tout juste d'atteindre sa couverture
maximale pour l'année, elle s'apprête à rétrécir avec l'arrivée du printemps.
C'est une période cruciale pour les ours polaires, dont les ressources
alimentaires sont intrinsèquement liées à la banquise.
Au cours des dernières décennies, la mer de glace
s'est retirée à un rythme toujours plus rapide. Selon le National Snow and
Ice Data Center, la couverture de glace Arctique de 2019 est la septième
plus faible depuis le début de leur collecte de données il y a 40 ans.
Cette année « ne constitue pas spécialement un record,
c'est plutôt la tendance qui compte, » explique le scientifique Andrew
Derocher de l'université d'Alberta, spécialiste des ours polaires. « Ce
qui est inquiétant, c'est la tendance descendante de la couverture de glace en
Arctique sur l'ensemble de la période, » précise-t-il. « À présent, nous
attendons de voir les conséquences des conditions printanières. » Un printemps
froid permet à la glace de persister, les ours polaires peuvent donc accéder
plus facilement à l'un de leurs aliments préférés : les phoques. À l'inverse,
un printemps chaud réduit l'étendue de leur autoroute alimentaire favorite. «
Pour les ours polaires, c'est la loi du plus gros, » ajoute Derocher.
Les ours biens en chair ont plus de chances
de survivre à un été dépourvu de glace pendant lequel la nourriture se fait
rare ou est totalement absente. Les femelles les plus grosses ont besoin
d'énergie pour mettre bas puis élever des oursons en bonne santé. « Aucun ours
polaire ne s'est un jour regardé dans une mare d'eau de fonte en pensant :
je suis trop gros, » plaisante Derocher.
Nous savons depuis longtemps que la mer de glace
est une plateforme importante pour les ours polaires, indispensable pour
chasser et élever les oursons. Ce que nous venons de découvrir en revanche,
c'est l'importance de la glace, qui à elle seule constitue une source
précieuse d'énergie.
Selon une étude publiée en 2018 par le
journal PLoS ONE, plus de 70 % du régime des ours polaires peut être
rattaché à l'algue qui pousse sous la banquise. C'est du moins le cas pour
trois populations d'ours polaires vivant dans le nord du Canada
.
UNE
CHAÎNE ALIMENTAIRE GLACÉE
Vous imaginez peut-être la banquise comme une
vaste étendue de glace morcelée. C'est en effet ce à quoi elle ressemble vue
d'en haut. Mais vue d'en dessous, la mer de glace est recouverte d'un tapis
vert-brun composé de diverses espèces d'algues, les diatomées.
Si à présent vous imaginez de puissantes mâchoires
ne faire qu'une bouchée d'un repas glacé recouvert d'une substance visqueuse
verdâtre, vous n'y êtes toujours pas. Les ours polaires ne mangent pas
directement la banquise. En fait, les chercheurs ont découvert que la majorité
du régime des ours polaires se compose de créatures qui, elles, dépendent des
algues de la banquise. Leur étude s'est intéressée aux ours polaires
des baies de Baffin, d'Hudson Ouest et d'Hudson Sud.
Le régime des ours blancs est en grande partie
composé de phoques et, dans certaines régions, de bélugas. Les phoques comme
les bélugas se nourrissent de poissons et d'autres animaux qui tirent leur
énergie de minuscules organismes appelés zooplancton et ce sont ces organismes
qui consomment les algues de la mer de glace. L'une des espèces préférées des
ours polaires, le phoque annelé, se nourrit de toute une gamme de poissons et
de crevettes dont le principal aliment est justement ce plancton « mangeur »
d'algues.
Prises séparément, ces algues sont « plus petites
que l'épaisseur d'un cheveu, » rapporte Thomas Brown, écologiste
marin pour la Scottish Association for Marine Science. Mais ensemble, ces
petites algues de la banquise ont un impact majeur sur les écosystèmes
polaires.
Au pôle Nord, les hivers sont longs et sombres, à
la fin de chacun d'entre eux la lumière du printemps stimule la croissance des
algues, une réelle aubaine pour plusieurs minuscules créatures. Ces organismes
baptisés copépodes, amphipodes et le fameux zooplancton peuvent alors
savourer le copieux festin qui recouvre le dessous de la banquise. En été,
lorsque la glace fond, l'algue coule. Les poissons friands de ces sédiments et
les phoques amateurs de ces poissons sont les maillons qui viennent compléter
la chaîne alimentaire dominée par l'ours polaire.
OURS
SUR GLACE
Au fil des années, Brown a exploré les écosystèmes
polaires de la tête aux pieds. En analysant les étoiles de mer et les oursins
du plancher océanique, il a découvert qu'ils contenaient une substance chimique
également présente chez les algues de la banquise. Ce qui indique qu'après une
longue descente dans les abysses de l'Arctique, les algues ont fini leur course
dans le régime alimentaire de ces organismes.
Ensuite, Brown et son équipe se sont mis à la
recherche de cette substance chimique, baptisée IP25 en raison des 25 atomes de
carbone qu'elle contient, comme marqueur biologique de la présence d'algues
chez les ours polaires. Les scientifiques sont entrés en collaboration avec des
représentants du gouvernement sur le territoire canadien de Nunavut et
avec des Inuits qui leur ont fourni des échantillons de foie d'ours polaire chassés
à des fins de subsistance. Les tests ont montré que le carbone provenant de la
mer de glace et de ses algues occupait une place prédominante dans le régime du
prédateur.
Derocher se réjouit des résultats de l'étude, il
ajoute qu'il y a dix-neuf populations d'ours polaires à travers le continent
Arctique et que donc logiquement, la prochaine étape sera d'étudier ces autres
spécimens. Même si les écosystèmes sont robustes, poursuit-il, le retrait d'une
de leurs composantes « modifiera avec le temps un même écosystème. » Il
rapproche la mer de glace du sol fertile des écosystèmes forestiers : «
C'est un substrat qui est essentiel pour l'écosystème tel que nous le
connaissons. »
La mer de glace est déjà réputée être un habitat
important pour les ours polaires. « Et si nous n'avions pas assez de recul ? Et
si la banquise était encore plus importante que nous ne l'imaginons ? »
interroge Brown. « Une banquise plus petite signifie un habitat plus restreint,
non seulement pour les ours polaires mais également pour les
micro-organismes de la mer de glace qui sont à la base de la chaîne alimentaire
de l'ours polaire, » souligne-t-il.
Avec l'évolution du volume de banquise disponible,
« nous devrions peut-être revoir notre évaluation de la menace qui pèse sur les
ours polaires, » indique Brown. Il est encore trop tôt pour le savoir, mais une
chose est sûre, la glace est source de multiples bienfaits pour les ours
polaires, conclut-il.
Cet
article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue
anglaise.
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