Pour fêter les 170 ans du premier timbre-poste français, j'ai choisi d'envoyer à mon amie Michele deux jeunes poulains s'égayant dans la pâture, avec leurs cabrioles et leurs soudaines accélérations, juste pour sentir le vent dans leur jeune crinière. Le cheval est l'un de mes animaux préférés, qui a tant fait pour l'évolution de l'homme depuis que ce dernier l'a domestiqué. |
Céramiques en raku créées par la céramiste Catherine Finot, visibles sur le site de l'atelier de poterie de Nemours |
Je t'en souhaite bonne réception, mon amie, ainsi qu'un bel été !
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LA DOMESTICATION DU CHEVAL
LE
CHEVAL : DU GIBIER A L’ANIMAL DOMESTIQUE
Au
demeurant, il n’est pas interdit de penser que l’homme ait pu éprouver le
besoin de se constituer des réserves alimentaires sur pied en
gardant vivants certains des chevaux (ou des rennes) qu’il avait piégés dans
des corrals. Cependant, s’il avait déjà une première expérience de
domestication avec le chien, il ne poussa pas la relation aussi loin avec le
cheval.
Puis
vint, avec la fin de la glaciation, le recul de la steppe, une toundra, et
l’avancée de la forêt partout en Europe occidentale. Le cheval a disparu
temporairement des faunes archéologiques (en contextes épipaléolithique et
mésolithique) et paléontologiques. Au début de l’holocène, vers 8000 av. J.-C.,
on a vu que le cheval s’est retiré de son aire occidentale, conservant çà et là
des îlots de populations relictuelles, notamment en Espagne et en France, le
gros des populations équines se répartissant entre l’Est européen et l’Asie
centrale. Pendant la plus grande partie du néolithique, le cheval est absent ou
presque. Mais au néolithique récent (début du IVe millénaire
av. J.-C.), sa fréquence augmente ponctuellement en Europe centrale,
probablement à la faveur du déboisement qui a mis de vastes terrains découverts
à sa disposition.
Ces
chevaux, contemporains par exemple de la culture Altheim (3800 à 3400 av.
J.-C.), se situaient entre 125 et 145 cm au garrot.
LES DEBUTS DE
LA DOMESTICATION DU CHEVAL
Dans
le contexte culturel et scientifique du XIXe siècle, où les races
domestiques étaient en voie de sélection et de fixation, avec la création des
livres d’origines (herd- books et stud-books), les spécialistes de l’époque
voulurent trouver ou imaginer, pour chaque type d’une espèce domestique, un
ancêtre particulier.
Entre autres:
–
Sanson (1869) identifiait huit types de chevaux, chacun avec “son” ancêtre ;
–
Franck (1875) distinguait plus simplement, parmi les chevaux domestiques, les
chevaux d’origine orientale à “sang chaud” et les chevaux d’origine occidentale
à “sang-froid” ;
–
Antonius (1922) différenciait les trois groupes suivants: Equus orientalis
descendant du Tarpan, Equus férus descendant du Cheval de Przewalski et Equus
robustus descendant des chevaux pléistocènes d’Europe occidentale (cheval
germanique…).
Ces
théories sont aujourd’hui dépassées et l’on en revient à l’opinion première de
Darwin (1868), qui admettait l’origine mono spécifique du cheval domestique.
Mais, dans l’aire de distribution eurasiatique encore très vaste que conservait
le cheval holocène, on conçoit que de nombreuses formes locales se soient
trouvées, adaptées à des conditions de milieux diverses, et que la
domestication du cheval, si elle a été pluri- centrique, ait pu faire appel à
différentes formes sauvages de la même espèce, comme ce fut le cas du chien ou
du bœuf.
Des
formes locales de chevaux, on en connaît au moins deux, l’une en Europe,
récemment disparue, le Tarpan (mot kirghize pour cheval sauvage), et l’autre en
Asie centrale, toujours vivante, le Cheval de Przewalski (ou Taki, en Mongol).
Ce sont les ancêtres du Tarpan qui ont été domestiqués, sous leur forme
steppique (Europe orientale), scythe (Balkans et Anatolie), sylvestre (Europe
occidentale du Nord) ou lusitanienne (péninsule Ibérique).
POURQUOI LE
CHEVAL FUT-IL DOMESTIQUE?
Ce
n’est certainement pas parce que le cheval est plus abondant sur certains sites
de la fin du néolithique de l’Europe centrale qu’il faut en conclure qu’il
était nécessairement domestique: il a pu être chassé, comme
il
l’avait été aux temps paléolithiques. Disposant déjà des principales espèces
productrices de viande (mouton, chèvre, bœuf et porc), l’homme aurait été
curieusement inspiré, a priori, d’entreprendre la difficile domestication d’un
animal puissant et rebelle dans ce seul but. En revanche, rien ne s’opposait à
ce qu’on le chassât, sans pour autant avoir dû le domestiquer, lorsqu’il fut
redevenu localement abondant.
D’autres
raisons de la domestication du cheval doivent donc être recherchées, qui
seraient plutôt d’ordre culturel et économique, et qui sont certainement en
relation avec l’habitat naturel des hommes, l’immensité des étendues de
l’Europe orientale et ses ressources. Anthony fait une analyse approfondie des
circonstances écologiques et anthropologiques qui ont entouré le contexte de
Serednij Stog. Il souligne que l’innovation – en l’occurrence la domestication
d’une nouvelle espèce – est fille de la nécessité : une pression démographique
s’est exercée aux limites de la steppe ukrainienne et des forêts bordant les
fleuves, zones écologiquement les plus riches. Des populations néolithiques de
la culture de Cucuteni-Tripolije se sont déplacées jusqu’au Dniepr, où elles
sont entrées en contact, vers 4500 av. J.-C., avec les populations
mésolithiques de la culture indigène Dniepr-Donets I, auxquelles elles ont
communiqué les techniques de l’élevage pastoral.
L’accroissement
de la population aurait déterminé une diminution des ressources naturelles,
compensée par l’élevage et la culture de l’orge. Mais la démographie et la
sédentarisation firent reculer les bois et leurs habitants, gibiers
privilégiés; le cheval, qui hantait la steppe de l’arrière-pays, prit de
l’importance dans les tableaux de chasse. La culture Dniepr- Donets II se
convertit, vers 4200 à 4100 av. J.-C., dans la culture Serednij Stog, qui est
marquée par la déforestation, une plus grande dépendance vis-à-vis des
ressources de la steppe et de l’utilisation du cheval. Entre 4300 et 3800 av.
J.-C. survint un épisode climatique plus froid, l’oscillation de Piora; ce
passage fut peut-être un auxiliaire précieux dans le processus de la
domestication, en motivant les hommes, dont les troupeaux de moutons et de
bœufs résistaient mal au refroidissement. Les chevaux constituaient une réserve
alimentaire mieux adaptée aux rudes conditions, il devenait avantageux de la
contrôler. On est donc encore loin des débuts de l’équitation au sens
propre du terme.
Au
début des âges des métaux, il devenait urgent de développer les moyens de
transport des combustibles et des métaux. Connaissant déjà la “technologie” de
la traction par les bœufs, probablement aussi par les ânes, il suffisait d’y
adapter le cheval. Mais cette proposition est en réalité plus un effet qu’une
cause de la domestication du cheval, car les conséquences d’une innovation ne
peuvent pas être anticipées. La question, on le voit, reste ouverte.
Extrait d'un article sur WIKIHORSE
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