21 novembre 2019

PM01 - Rouet à laine pour la Maison du Patrimoine de Villard de Lans

Genèse de mon faux-timbre d'artiste 2020 :  
Pour trouver l'inspiration pour cette 10e édition de la JMFTA,  j'ai évidemment voulu me trouver en harmonie avec le lieu d'exposition - la montagne en hiver - puisque la commune montagnarde de Villard de Lans est surtout connue comme station de ski.
Comme je n'ai rien trouvé d'intéressant ou d'inspirant, j'ai décidé de le fabriquer intégralement en partant de très loin, puisque j'ai d'abord créé le motif au point de croix représentant un chalet et un sapin sous la neige sur une toile blanche que j'ai peinte en rouge. 
La broderie terminée, le timbre a été annoté pour le texte sur l'ordinateur puis édité en planche; restait encore à faire la partie la plus délicate, à savoir le découpage de chaque denture aux ciseaux auquel je me suis adonnée avec plus ou moins de bonheur, car c'est un vrai sport. 

***
Voici donc  le premier mail-art conçu pour l'exposition de Tony Mazzochin, à Villard de Lans dans le cadre du festival de l'humour et de la création,
avec toujours comme fil rouge ce qui est relatif au textile (de près ou de loin).

 C'est un très beau rouet à laine, actionné avec une pédale, pièce du 19e siècle 
Crédit photographique : Musée Savoisien de Chambéry
extrait du livre "Objets de nos montagnes" de Jessica Compois, éditions De Borée
J'ajoute un poème pour illustrer  le travail de ces femmes maniant le rouet à longueur d'année.

La fileuse -  de Paul Valéry


Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline ;
Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.
Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câline
Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s’incline.
Un arbuste et l’air pur font une source vive
Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleurs le jardin de l’oisive.
Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.
Mais la dormeuse file une laine isolée ;
Mystérieusement l’ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.
Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse...
Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.
Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir... Tu es éteinte
Au bleu de la croisée où tu filais la laine.

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