1 mai 2020

1er mai, fête des luttes ouvrières : revenons au temps des ouvriers

En hommage à mon papa qui fut ouvrier d'usine toute sa vie, portant fièrement le bleu de travail comme un uniforme, même à la maison, et  parce que c'est le tout premier 1er mai qu'il ne verra pas (je dois dire que c'est mieux ainsi) j'ai envie de partager avec vous l'épopée des ouvriers.

Arte a diffusé cette semaine un documentaire magnifique en 4 volets d'une heure, remarquable, à partager sans limites, surtout avec les plus jeunes, eux qui n'ont pas idée de tout le combat des générations qui nous ont précédés, leur lutte pour obtenir des congés, pour être davantage protégés au travail et pour se faire représenter.

1/ Le temps des ouvriers : le temps de l'usine
2/ Le temps des ouvriers : le temps des barricades
3/ Le temps des ouvriers : le temps à la chaîne
4/ Le temps des ouvriers : le temps de la destruction
disponible en replay sur Arte du 21/04/2020 au 26/06/2020, je ne peux hélas pas faire de lien.
Sous-titrage malentendant
Ce documentaire décrit parfaitement la condition des gens qui n'avaient que la force de leurs bras à vendre. Du début du XVIIIe siècle à nos jours, Stan Neumann déroule sur plus de trois siècles l’histoire du monde ouvrier européen, rappelant en une synthèse éblouissante ce que nos sociétés doivent aux luttes des "damnés de la terre". 
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Ouvrière de 14 ans dans une filature du Texax en 1913 @ télérama

Dès le début du XVIIIe siècle, en Grande-Bretagne, une nouvelle économie "industrielle et commerciale", portée par le textile, chasse des campagnes les petits paysans et les tisserands indépendants. Pour survivre, ils doivent désormais travailler contre salaire dans des fabriques (factories) qui rassemblent plusieurs milliers d'ouvriers, sur des métiers appartenant à des marchands devenus industriels. C’est la naissance de la classe ouvrière anglaise. Le travail en usine, le Factory System, où seul compte le profit, impose aux déracinés une discipline et une conception du temps radicalement nouvelles. Avec la révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, ils subissent un dressage plus violent encore, sous la loi de machines qui réduisent l’ouvrier à un simple rouage.

Surexploitée et inorganisée, cette classe ouvrière primitive, qui oppose à la main de fer de l’industrie naissante des révoltes spontanées et sporadiques, va mettre plusieurs générations à inventer ses propres formes de lutte, dans une alliance parfois malaisée avec les républicains anglais, inspirés par la Révolution française de 1789. Ses revendications sont sociales et politiques : réglementation du travail des enfants, salaires, durée du temps de travail, liberté syndicale, droit de grève, suffrage universel... Dans les années 1820, après des décennies de combats perdus, une classe ouvrière anglaise puissante et combative semble en mesure de faire la révolution. 



La classe ouvrière a-t-elle disparu, ou simplement changé de forme, de nom, de rêve ? Conciliant l’audace et la rigueur historique, l’humour et l’émotion, le détail signifiant et le souffle épique, Stan Neumann (Austerlitz, Lénine, Gorki – La révolution à contre-temps) livre une éblouissante relecture de trois cents ans d’histoire. Faisant vibrer la mémoire des lieux et la beauté des archives, célébrissimes ou méconnues, il parvient à synthétiser avec fluidité une étonnante quantité d’informations. Les séquences d’animation, ludiques et inventives, et un commentaire dit par la voix à la fois présente et discrète de Bernard Lavilliers permettent de passer sans se perdre d’un temps à l’autre : celui du travail, compté hier comme aujourd’hui minute par minute, celui des grands événements historiques, et celui, enfin, des changements sociaux ou techniques étalés parfois sur plusieurs décennies, comme le processus de légalisation des syndicats ou du travail à la chaîne. En parallèle, le réalisateur donne la parole à des ouvriers et ouvrières d’aujourd’hui et à une douzaine d’historiens et philosophes, hommes et femmes, "personnages" à part entière dont la passion communicative rythme le récit. On peut citer Jacques Rancière, Marion Fontaine, Alessandro Portelli, Arthur McIvor, Stefan Berger, avec Xavier Vigna comme conseiller scientifique de l’ensemble des épisodes. Cette série documentaire virtuose, où l'expérience intime coexiste avec la mémoire collective, au risque parfois de la contredire, révèle ainsi combien nos sociétés contemporaines ont été façonnées par l’histoire des ouvriers.
On dit que la classe ouvrière n'existe plus, peut-être. Mais une chose est sûre : l'exploitation continue!

NB : la classe ouvrière a tellement disparu des écrans radars que j'ai eu un grand mal pour trouver  sur internet des photos avec des ouvriers d'usine en bleu de travail! Merci Télérama pour les photos qui illustraient l'article sur ce fameux documentaire.

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