Nicole a un nouveau thème sur les chapeaux, toutes les sortes de chapeaux.
Alors je me suis un peu lâchée pour ce mail-art que je lui destine, avec ce modèle de chapeau extravagant que l'on a vu porter à l'époque de la reine Marie-Antoinette, sur une coiffure elle-même particulièrement élaborée.
Un peu m'as tu vu, je vous l'accorde.
Bonnet "A la Belle Poule" |
Je t'en souhaite une bonne réception!
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La mode des poufs à la Cour de Marie-Antoinette
Les poufs aux sentiments
Jeune, insouciante, désirant avant tout profiter de la vie, Marie-Antoinette, dès son arrivée à la Cour, se jette à corps perdu dans une folie de divertissements. La mode, qu’elle sait capable de sublimer sa beauté, accapare une grande partie de ses journées.
La toilette était l’occupation principale de cette charmante évaporée.
Reine de France, oui, mais surtout Reine de la mode, empire sur lequel elle a tout pouvoir. Elle donne libre cours à ses fantaisies.
Elle voulait jouir de cet empire fictif que la beauté donne aux femmes et qui en fait les reines d’un moment.
Rose Bertin, « démon tentateur » de la Reine, devient sa « modiste attitrée » dès 1774. C’est le début de longues années d’extravagances et de démesures, surtout capillaires. Jamais les coiffures n’atteignirent de si remarquables excès que sous le règne de Marie-Antoinette. (n’oubliez pas que de beaux aperçus se cachent sous les nombreux liens..!)
Dès son arrivée à la Cour, Rose Bertin s’associe au coiffeur de la Reine, Léonard, pour élaborer son plus remarquable coup d’éclat : les fructueux « poufs ». Sur la chevelure remontée très haut grâce à de longues épingles, on confectionne une carcasse (pouf) bâtie à coup de gaze, de faux cheveux et de rubans, parsemée d’ornements et objets extraordinaires inspirés par la modiste.
A eux deux, pendant près de trois ans, ils juchèrent sur la tête des femmes de fabuleux échafaudages.
Cet engouement débute par les « poufs aux sentiments », coiffures dans lesquelles les femmes piquent des portraits de ceux qui leur tiennent à cœur : filles, mère, frères et sœurs, amants voire même une miniature représentant les fidèles compagnons à poils.
Madame la duchesse de Chartres, Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon Penthièvre, mère du futur Roi Louis-Philippe, portait, au mois d’avril 1774, un pouf sur lequel on voyait le duc de Beaujolais, son fils aîné, dans les bras de sa nourrice, un perroquet bequetant une cerise, un petit nègre, et des dessins composés avec les cheveux des ducs d’Orléans, de Chartres et de Penthièvre
Une idée de génie, les coiffures à thèmes
Mais les « poufs aux sentiments » sont rapidement dépassés. Pour des coiffures sans cesse renouvelées, Rose Bertin a l’idée de génie de lier les ornements des poufs à l’actualité. On les confectionne au gré des évènements dont on parle à Versailles.
Les coiffures atteignent alors l’apogée de l’extravagance : véritables tours capillaires, pyramides monumentales de faux cheveux crêpés, bouclés ou ondulés, « échafaudages branlants surmontés de plumes, gazes, rubans, pompons et fleurs », ils s’élèvent à l’infini au-dessus des têtes de ces dames, qui rivalisent d’ingéniosité. La célèbre Madame Campan raconte :
Les coiffures parvinrent à un tel degré de hauteur par l’échafaudage des gazes, des fleurs et des plumes, que les femmes ne trouvaient plus de voiture assez élevées pour s’y placer.
Le comte de Vaublanc, étonné de cette mode étrange, raconte : cette coiffure était à angles droits, saillants et rentrants, et avait un air menaçant, comme une fortification. (…) Quand une femme ainsi panachée dansait dans un bal, elle était contrainte à une attention continuelle de se baisser lorsqu’elle passait sous les lustres, ce qui lui donnait la plus mauvaise grâce qu’on puisse imaginer.
Ainsi, peu après la mort de Louis XV, naît le pouf « à la circonstance » : on célèbre le changement de règne et l’espoir mis dans le nouveau couple souverain. D’un côté de la coiffure on trouve un grand cyprès et de l’autre une corne d’abondance, le tout mêlé de plumes blanches. On invente une petite variante, le pouf « au levant » : un soleil levant éclaire un champ de blé « où moissonne l’Espérance ». Voilà qui donne des idées pour un « bonnet au levant » !
Bientôt, une nouvelle invention de Rose Bertin relègue le pouf « à la circonstance » dans les oubliettes. Pour célébrer l’opération subie par le Roi et ses deux frères, inoculé (vaccinés) le 18 juin 1774 contre la petite vérole, voici le pouf « à l’inoculation », chef-d’œuvre de l’imagination : il se compose d’un olivier couvert de fruits autour duquel s’enroule un serpent, le tout couronné d’un soleil levant. Cette composition délirante symbolise « le triomphe de la science sur la maladie ».
La mère de la Reine, l’Impératrice Marie-Thérèse, s’inquiète de ces excentricités : « Une jeune et jolie Reine, pleine d’agréments, n’a pas besoin de toutes ces folies », mais ce n’est que le début d’une prodigieuse création.
Une inventivité inépuisable
Après l’engouement pour l’opéra de Gluck, qui fait sensation parce que la souveraine l’adore, on lance le pouf « à la Iphigénie » : une couronne de fleurs noires, surmontée du croissant de Diane, avec une espèce de voile qui couvre la moitié du derrière de la tête.
Quand Lafayette s’en va combattre aux Amériques, et remporte une victoire à bord du navire « la Belle-Poule », les perruques dites « à l’insurgent », « à la belle-poule » (que l’on s’empresse de décliner en « bonnet à la belle-poule ») ou « au triomphe de la liberté » voient le jour. Elles font un vrai tabac, avec leur frégate presque grandeur nature ! L’Amérique est d’ailleurs à l’honneur, et fait fureur dans le monde de la mode. Rose Bertin et Léonard s’en donnent à coeur joie : qui veut un « bonnet anglo-américain », ou un « chapeau à la nouvelle Angleterre » ?
La guerre des Farines, ainsi nommée en raison d’une insurrection suite à la hausse du prix du grain, inspire même à Rose Bertin l’audacieux et impertinent « bonnet à la révolte ».
Les « poufs piqués de plume d’autruche » restent à la mode de nombreuses années car Marie-Antoinette raffole des plumes et aigrettes en tout genre. Cela donne naissance aux coiffures « à la reine », « au hérisson », « à la victoire », ou encore « à la Minerve », cette dernière étant ornée de plus d’une dizaine de plumes gigantesques qui obligent les dames à se baisser pour passer les portes… Pour celles qui souhaitent mettre le paquet, voici le « casque à la Minerve », ou à la Dragone !
D’autres encore connaissent un franc succès : bonnets ou poufs « à la puce » (quelle choucroute !), « au berceau d’amour », « au chien couchant », « à la candeur » (assez impressionnant), « aux bouillons », « au croissant », « au bandeau d’amour », « à la Raucour » (du nom d’une actrice célèbre à la Comédie-Française, Mlle Raucourt, protégée par Marie-Antoinette), ou encore « à la corbeille » et « au zodiaque » (oui, pourquoi pas ?).
Les impressionnants bonnets « à la nouvelle paysanne », « à la pouponne » ou encore « à la draperie » sont des dérivés des poufs, les surpassant peut-être en hauteur ! Même Voltaire à droit à son bonnet « à la Voltaire », et on trouve aussi le pouf « à la chancelière » (plutôt étrange…).
C’est bien connu, l’exotisme, ça fait rêver. Il existe donc toute une panoplie de poufs et bonnets qui font voyager à l’autre bout du monde : à l’orientale, à la cléopâtre, à la circassienne, à la sultane à l’asiatique, à la mauresque.
Une excentricité sans limite
Une autre coiffure fait fureur, le pouf « à la jardinière » : dans une serviette à liteaux rouges, Léonard dispose artichauts, carottes et betteraves. Mais les possibilités sont multiples ! Marie-Antoinette ajoutera des feuilles et fleurs de pomme de terre lorsqu’enfin les Français seront convaincus que cet étrange tubercule n’est pas un poison…
Eh oui, quand les nouvelles intérieures et extérieures ne donnent rien à se mettre sous la dent, « on puise dans le vaste répertoire de la nature et des saisons ». Les femmes portent sur leurs têtes des montagnes enneigées, des vendangeurs au travail, un moulin à vent, un jardin à l’anglaise avec ses ruisseaux, une forêt de cygnes, une bergère conduisant son troupeau, des agneaux se désaltérant dans les ruisseaux, des animaux en bois peint, des prairies émaillées de fleurs. Cela peut donner le sage pouf « au parterre galant » (qui porte bien son nom..), ou « à la belle saison ».
Ces dames raffolent des animaux, de la verdure et des mécanismes sophistiqués. La baronne d’Oberkich nous donne un petit aperçu de cet engouement excentrique : Madame la comtesse du Nord avait sur la tête un petit oiseau de pierreries qu’on ne pouvait pas regarder tant il était brillant. Il se balançait par un ressort, en battant des ailes, au-dessus d’une rose, au moindre de ses mouvements. La reine le trouva si joli qu’elle en voulut un pareil.
Attention, comme les fleurs se fanent très vite et qu’elles ont alors beaucoup moins de charme, on glisse leurs tiges dans de petites fioles d’eau savamment dissimulées dans l’armature du pouf. Gare à celle qui se penche un peu trop et qui dévoile la supercherie ! La baronne d’Oberkich se prête au jeu et avoue :
Cela ne réussissait pas toujours, mais lorsqu’on en venait à bout, c’était charmant.
Parfois, les coiffures dépassent l’entendement et deviennent franchement ridicules! La duchesse de Lauzun parut un jour chez la marquise du Deffant avec un pouf délicieux ; il offrait tout un paysage en relief ; d’abord une mer agitée, des canards nageant sur ses bords, un chasseur à l’affût prêt à les coucher en joue ; sur le sommet un moulin dont la meunière se faisait courtiser par un abbé, et tout au bas de l’oreille, on voyait le meunier conduisant un âne.
Sur ces constructions extraordinaires de cheveux, qui ne suffisent plus, on ajoute des chapeaux, dont la mode vient d’Angleterre. Et il les faut les plus impressionnants possibles, tendus de soie et de gaze ! Ils sont également piqués de plumes, ornés de nœuds et rubans entremêlés… toujours en harmonie avec le sujet du pouf.
Des exemples? Voici le peu esthétique « chapeau à la moissonneuse », le très emplumé « chapeau galant », le « chapeau au pouf » (décidément…), le « chapeau à la Henri IV », ou encore l’insolite « chapeau tigré » !
Journaux anglais et français s’en donnent à cœur joie pour caricaturer la mode parisienne en ces années 1774-1780. Il faut reconnaître qu’ils n’ont pas besoin de chercher bien loin, ces fameux poufs et montagnes de cheveux se prêtent à merveille à l’exercice ! Certains dessins et estampes satiriques vont loin. Des caricatures, exposées partout, et dont quelques-unes rappelaient malicieusement les traits de la souveraine, attaquaient inutilement l’exagération de la mode : elle ne changea, comme cela arrive toujours, que par la seule influence de l’inconstance et du temps.
Il faudra attendre les prémices de la Révolution pour que les chevelures s’aplatissent réellement et que les ornements deviennent moins farfelus!
Source : extrait d'un article du site plume-dhistoire.fr
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