14 avril 2022

Argan, dans le Malade imaginaire de Molière, pour les Timbrés de l'art postal de Pézenas

Le Malade imaginaire est ma quatrième participation à l'appel des Timbrés de l'art postal de Pézenas, pour fêter avec eux les 400 ans de la naissance du grand Jean-Baptiste Poquelin dit Molière.

Cette dernière œuvre dramatique écrite par Molière, est une comédie-ballet en trois actes et en prose, créée le 10 février 1673 par la Troupe du Roi sur la scène du Palais-Royal à Paris, avec une musique de scène composée par Marc-Antoine Charpentier et des ballets réglés par Pierre Beauchamp.
Le personnage central est extrait de la nouvelle édition des Oeuvres complètes de Molière
(Geffroy, Maurice Sand, Wolf , Manceau , Jules Janin) imprimée sur celles de 1679 et 1681,
avec des notes explicatives sur les mots qui ont vieilli, ornée de portraits en pied coloriés
Résumé de la pièce : 
La pièce tourne autour d'Argan, le « malade imaginaire », éponyme. Il est veuf et a épousé en secondes noces Béline, qui simule des soins attentionnés, mais n'attend en réalité que la mort de son mari pour hériter. Il se fait faire des saignées et des purges et absorbe toutes sortes de remèdes, prescrits par des médecins pédants, plus soucieux de complaire à leur patient que de concourir à améliorer sa santé. Pour les berner, Toinette, sa servante, se déguise en médecin et lui dispense de nombreux conseils ironiques et moqueurs pour la profession.

Angélique, sa fille, aime Cléante, ce qui contrarie Argan, qui préférerait la voir épouser Thomas Diafoirus, lui-même médecin. Pour les tirer d'affaire, Toinette recommande à Argan de faire le mort. Sa femme, appelée par Toinette, manifeste, devant celui qu'elle croit trépassé, sa joie d'en être débarrassée. Angélique, appelée ensuite par Toinette, manifeste un chagrin sincère à la mort de son père, qui arrête aussitôt son jeu et accepte l'union avec Cléante, à la condition que celui-ci devienne médecin. Béralde, frère d'Argan, conseille à ce dernier de devenir médecin à son tour, menant à une fin burlesque de la pièce, à savoir la cérémonie bouffonne de l'intronisation du « malade imaginaire » comme médecin.

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Lecture linéaire du monologue d’Argan du « malade imaginaire » (Acte 1, scène 1, Molière)

Argan, seul dans sa chambre assis, une table devant lui, compte des parties d’apothicaire avec des jetons; il fait parlant à lui-même les dialogues suivants.

Trois et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font vingt. Trois et deux font cinq. "Plus, du vingt-quatrième, un petit clystère insinuatif, préparatif, et rémollient, pour amollir, humecter, et rafraîchir les entrailles de Monsieur. Ce qui me plaît, de Monsieur Fleurant mon apothicaire, c’est que ses parties sont toujours fort civiles. "Les entrailles de Monsieur, trente sols". Oui, mais, Monsieur Fleurant, ce n’est pas tout que d’être civil, il faut être aussi raisonnable, et ne pas écorcher les malades. Trente sols un lavement, je suis votre serviteur, je vous l’ai déjà dit. Vous ne me les avez mis dans les autres parties qu’à vingt sols, et vingt sols en langage d’apothicaire, c’est-à-dire dix sols ; les voilà, dix sols. "Plus dudit jour, un bon clystère détersif, composé avec catholicon double, rhubarbe, miel rosat, et autres, suivant l’ordonnance, pour balayer, laver, et nettoyer le bas-ventre de Monsieur, trente sols ;" avec votre permission, dix sols. "Plus dudit jour le soir un julep hépatique, soporatif, et somnifère, composé pour faire dormir Monsieur, trente-cinq sols ;" je ne me plains pas de celui-là, car il me fit bien dormir. Dix, quinze, seize et dix-sept sols, six deniers. "Plus du vingt-cinquième, une bonne médecine purgative et corroborative, composée de casse récente avec séné levantin, et autres, suivant l’ordonnance de Monsieur Purgon, pour expulser et évacuer la bile de Monsieur, quatre livres." Ah ! Monsieur Fleurant, c’est se moquer, il faut vivre avec les malades. Monsieur Purgon ne vous a pas ordonné de mettre quatre francs. Mettez, mettez trois livres, s’il vous plaît. Vingt et trente sols. "Plus dudit jour, une potion anodine, et astringente, pour faire reposer Monsieur, trente sols." Bon, dix et quinze sols. "Plus du vingt-sixième, un clystère carminatif, pour chasser les vents de Monsieur, trente sols." Dix Sols, Monsieur Fleurant. "Plus, le clystère de Monsieur réitéré le soir, comme dessus, trente sols." Monsieur Fleurant, dix sols. "Plus du vingt-septième, une bonne médecine composée pour hâter d’aller, et chasser dehors les mauvaises humeurs de Monsieur, trois livres." Bon vingt, et trente sols ; je suis bien aise que vous soyez raisonnable. "Plus du vingt-huitième, une prise de petit-lait clarifié, et dulcoré, pour adoucir, lénifier, tempérer, et rafraîchir le sang de Monsieur, vingt sols." Bon, dix sols. "Plus une potion cordiale et préservative, composée avec douze grains de bézoard , sirops de limon et grenade, et autres, suivant l’ordonnance, cinq livres." Ah ! Monsieur Fleurant, tout doux, s’il vous plaît, si vous en usez comme cela, on ne voudra plus être malade, contentez-vous de quatre francs ; vingt et quarante sols. Trois et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font vingt. Soixante et trois livres quatre sols six deniers. Si bien donc, que de ce mois j’ai pris une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept et huit médecines ; et un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze et douze lavements ; et l’autre mois il y avait douze médecines, et vingt lavements. Je ne m’étonne pas, si je ne me porte pas si bien ce mois-ci, que l’autre. Je le dirai à Monsieur Purgon, afin qu’il mette ordre à cela. Allons, qu’on m’ôte tout ceci, il n’y a personne ; j’ai beau dire, on me laisse toujours seul ; il n’y a pas moyen de les arrêter ici. (Il sonne une sonnette pour faire venir ses gens.) Ils n’entendent point, et ma sonnette ne fait pas assez de bruit. Drelin, drelin, drelin, point d’affaire. Drelin, drelin, Drelin, ils sont sourds. Toinette. Drelin, drelin, drelin. Tout comme si je ne sonnais point. Chienne, coquine, drelin, drelin, drelin ; j’enrage. (Il ne sonne plus, mais il crie.) Drelin, drelin, drelin. Carogne, à tous les diables. Est-il possible qu’on laisse comme cela un pauvre malade tout seul ! Drelin, drelin, drelin ; voilà qui est pitoyable ! Drelin, drelin, drelin. Ah ! mon Dieu, ils me laisseront ici mourir. Drelin, drelin, drelin. 

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Quelques célèbres comédiens dans le rôle d'Argan :

Guillaume Gallienne de la Comédie Française - Credit @christophe Raynaud De Lage
2015 - Théâtre du Gymnase à Marseille - André Marcon dans le Malade imaginaire (Photo D.R.)
et comment ne pas terminer cet hommage avec celui qui tint le role d'Argan à de nombreuses reprises sur une période de 40 ans, je veux bien sûr parler de notre cher Michel Bouquet.
Le comédien Michel Bouquet (Centre), interprétant le Malade imaginaire, au côté de ses médecins, l
es comédiens Pierre Forest (G) et Pierre Val (D), (2008 - théâtre de la porte Saint-Martin à Paris)
 Crédits : © STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

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