15 juin 2022

Le Dryolimnas serait-il un phénix?, pour Jeanne-Marie

Parmi ses thèmes de prédilection mon amie Jeanne-Marie aime recevoir de l'art postal sur les oiseaux. C'est un thème que je n'ai pas encore traité pour elle mais le premier oiseau que je lui destine n'est pas n'importe lequel.

Voyez plutôt son incroyable histoire, celle d'un oiseau ressuscité ! il s'agit d'un râle de Cuvier vivant dans un atoll des Seychelles et à Madagascar.

Le râle de Cuvier a perdu sa faculté de voler au fil de l'évolution tout comme le dodo ; pour se nourrir il se régale essentiellement des petits crabes qu'il trouve dans la mangrove. C'est dire si sa survie dépend largement de la qualité des eaux pour le maintien de la mangrove, mais  surtout du niveau de la mer... Or nous le savons tous, avec le dérèglement climatique, des projections de scientifiques sont connues pour annoncer la disparition d'un certain nombre d'îles affleurant à peine à la surface de l'eau, comme certains atoll des Seychelles, justement.

Espérons pour cet oiseau qu'il ne sera pas condamné une seconde fois? 

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Le Dryolimnas ou Râle de Cuvier: un oiseau éteint, revenu à la vie, déjà condamné ? :


Isolé sur une île, il a perdu ses ailes et fini noyé il y a 136.000 ans : le râle de cuvier d’Aldabra a pu refaire souche, mais à nouveau incapable de voler, il est menacé par la montée des eaux.

L’histoire ou plutôt l’évolution se répète parfois cruellement… Voici celle d’un oiseau, Dryolimnas cuvieri aldabranus, qui vivait, peinard, à la préhistoire, sur quatre confettis des Seychelles, l’atoll d’Aldabra, dans l’océan indien. Si peinard, sans prédateur, ni compétiteur, qu’il avait fini par perdre ses ailes, comme le célèbre dodo de l’île Maurice. Malheureusement l’eau vint à monter, et la sous espèce du râle de Cuvier d’Aldabra finit par périr, noyée, incapable de migrer. C’est en étudiant l’espèce endémique de râle du Cuvier qui vit aujourd’hui sur l’atoll d’Aldabra que des zoologues britanniques se sont aperçus qu’il s’était en fait éteint à la préhistoire, avant de refaire souche ! Explications : l’ancêtre du râle d’Aldabra, le râle de Cuvier, est arrivé sur l’ile en volant, s’y est installé et est peu à peu devenu aptère- c’est-à-dire dépourvu ailes - à force de ne côtoyer que d’autres oiseaux et des tortues marines. Dryolimnas cuvieri  a formé ainsi une sous espèce, Dryolimnas cuvieri aldabranus, littéralement, le râle du cuvier d’Aldabra.

Getty Editorial - Le "râle de cuvier" est un oiseau qui vit seulement sur les îles d’Aldabra aux Seychelles et possède une particularité : il a perdu sa capacité à voler.

Cet oiseau est-il condamné à mourir deux fois ? :

La vie sur une ile est un formidable accélérateur d’évolution, comme l’a montré Charles Darwin en étudiant l’incroyable diversité des espèces des pinsons des Galapagos ! Lors de la montée des eaux, il y a 136.000 ans, l’oiseau, qui ne savait plus voler, a été englouti avec l’atoll, comme toute la faune et la flore terrestres… Lorsque l’ile a réémergé, à la faveur d’une baisse du niveau des eaux, quelques dizaines de milliers d’années plus tard, des râles de cuvier, restés eux du côté de Madagascar, sont revenus à tire d’aile pour coloniser l’ilot. Et ils ont vécu la même histoire : confort, perte d’ailes. C’est ce qu’on appelle l’évolution itérative, ou répétive, un phénomène rare de l’évolution, explique le paléontologue Julian Hume, du Museum National d’Histoire Naturelle de Tring, en Grande Bretagne.

Pour parvenir à cette conclusion, le chercheur a étudié les os fossilisés des oiseaux datant d’avant et d’après la grande inondation. "Des os de l'aile présentaient ainsi un état avancé de perte de vol, des os de la cheville évoluaient vers la marche et la course", explique le scientifique. "Ces fossiles uniques fournissent la preuve irréfutable qu’un ancêtre commun a colonisé l’île par deux fois, et est devenu à chaque fois incapable de voler ". 

Os des bras de râles de Cuvier avant et après l'inondation. Les plus longs portent les ailes.
Pour l’instant, le râle de Cuvier d’Aldabra, considéré comme un trésor, puisqu’il est le dernier oiseau aptère des iles de l’océan indien occidental, se porte comme un charme. Mais il est piégé sur son atoll, alors que le niveau de la mer monte, un phénomène qui ne pourra que s’amplifier avec le changement climatique en cours. Cet oiseau est-il condamné à mourir deux fois ? Il peut espérer, cette fois, que des ornithologues se dévouent pour le sauver et le transplanter sur une terre plus au sec.

Source : Sciences et Avenir Animaux par Rachel Mulot le 16.05.2019 .

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