2 juin 2022

Les yeux d'une muse, pour Nadine

Avec Nadine, ma correspondante de Chateau d'Oex, nous avons adopté un rythme qui nous va bien  et nous avons établi une belle complicité ainsi qu'un mode de fonctionnement super sympa.

Lorsqu'elle mailarte pour moi, Nadine s'applique à réaliser  toujours quelque chose de vraiment textile (cousu, brodé, ravaudé etc,)  qu'elle accompagne d'une longue lettre manuscrite  où elle entoure un mot sur lequel elle aimerait bien que je lui fasse un mail art en retour.... Là j'avais à illustrer le mot  "yeux". 

Page recto avec fenêtre 

mailart ouvert coté externe avec fenêtre
 Photo du rosier rosier ‘Les Yeux d’Elsa’ (obtenteur Jean Lin Lebrun – Melarosa), publié par les Jardins de Malorie

Mailart ouvert comme un livre, avec le visage d'Elsa en entier
Crédit photos 

Haut gauche : Elsa Triolet photographiée en 1920

Bas gauche : Elsa Triolet en 1945 © Getty / Hulton Archive

Ci-dessus : Portrait de la romancière Elsa Triolet datant des années 1960. AFP/AFP


J'avais commencé à préparer le sujet, mais pas encore finalisé. Je viens de mettre un coup d'accélérateur car Nadine m'a déjà fourni le futur mot sur lequel je dois me "pencher" et je ne veux pas être trop à la traine. 

Ici, c'est l'édition du timbre sur la romancière Elsa Triolet qui m'a donné le tempo et après c'était parti : j'ai inséré les magnifiques paroles du poème de Louis Aragon mises en musique par  Jean Ferrat et fait coïncider les yeux magnifiques d'Elsa avec la fenêtre qui s'ouvre dans les fleurs du rosier "les  yeux d'Elsa".

Pour que vous en profitiez bien voici les paroles du poème "Les yeux d'Elsa" 

LES YEUX D’ELSA
poème de Louis Aragon, mis en musique par Jean Ferrat

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire
A l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé

Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés
Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit

Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure
Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le cœur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche
Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

L'enfant accaparé par les belles images
Ecarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

...Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
O paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes...

Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa
***
ainsi que la vidéo de la chanson interprétée par Jean Ferrat :
publiée sur Youtube par Bruno Carlier

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