2 janvier 2023

Toutes avec nos soeurs afghanes, pour les Mouettes curieuses de Cléder

Deuxième participation à l'appel lancé par les Mouettes curieuses sur la condition des femmes, dont le point d'orgue sera le 8 mars 2023 lors d'une exposition à Cléder.

Liberté et dignité pour nos soeurs afghanes

Vingt années à peine de répit entre deux régimes de talibans en Aghanistan. Cela a fait une génération de filles qui ont pu goûter au plaisir de quitter la maison pour pourvoir aller à l'école et fréquenter l'université, même si tout n'était pas rose partout. 

Hélas et malgré toutes leurs promesses, les Talibans revenus au pouvoir en aout 2021, les conditions des femmes afghanes s'est à nouveau largement dégradé. A nouveau, les femmes emprisonnées sous leurs burqas avec un grillage seulement pour voir, sont cantonnées à leur demeure, et totalement niées en tant que personnes, elles n'ont pas droit à une identité en propre, ni à l'éducation. 
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Un aperçu du court "répit" qu'on pu connaître nos soeurs afghanes entre 2001 et 2021 Source "Wikipédia"

Après l'intervention militaire occidentale de 2001 qui chasse les talibans et installe de nouvelles institutions, de nombreux progrès sont faits concernant la condition des femmes, qui peuvent à nouveau étudier et travailler, même s'ils restent surtout cantonnés aux grandes villes et souvent de manière superficielle. En 2001, Sima Samar devient ministre de la Condition féminine. En 2005, Malalai Joya devient à 27 ans la plus jeune députée de l'hémicycle, ce qui ne l'empêche pas d'être agressée par d'autres parlementaires ni d'avoir été l'objet de tentatives d'assassinat En 2014, le pays compte 27,7 % de femmes députées à l'Assemblée nationale (la moyenne mondiale étant de 21,7 %), un nombre de femmes multiplié par quatre dans la police par rapport à 2007 et par trois dans la justice par rapport à 2001. Mais les femmes policières ne sont pas acceptées et elles seront nombreuses à être assassinées par les talibans, comme Islam Bibi, la sous-lieutenant Negar ou Malalaï Kakar.

On compte des actrices ou encore des journalistes (un tiers de la rédaction de 1TV) même si une partie de la population continue de critiquer cette mise en avant, alors que la sécurité des femmes n'est pas assurée (la députée Fawzia Koofi a plusieurs fois été menacée de mort par les talibans, qui recommencent une guérilla dans les campagnes). Au sein même de l'Assemblée, les députés ultra-conservateurs essaient de supprimer la disposition de la loi électorale garantissant un quota de 25 % de sièges aux femmes dans les conseils provinciaux ; celle-ci est finalement ramenée à 20 %. Ils réussissent en revanche à faire retirer une proposition de loi visant à sanctionner les violences contre les femmes (une disposition existe depuis 2009 mais n'a pas force de loi). Ils refusent ce qu'ils appellent des influences occidentales qui contreviennent à la charia .
Élèves de la province de Samangan, en 2006.
Entre 2001 et 2014, sous la présidence d'Hamid Karzai, les violences domestiques, les meurtres commis à l'encontre de femmes ainsi que les viols et les attaques à l'acide augmentent. En 2015, Farkhunda Malikzada, une Afghane de 27 ans, est publiquement lynchée et assassinée par une foule à Kaboul à la suite d'accusations mensongères.

En 2015, Najiba Ayubi est nommée par le président Ashraf Ghani pour diriger le ministère des Affaires féminines mais n'est pas confirmée par l'Assemblée nationale.

En 2020, les femmes en Afghanistan sont avant tout définies par leurs relations : « fille de… », « sœur de… », « épouse de… ». Leur nom n'apparaît ni sur leur certificat de décès, ni sur les certificats de naissance de leurs enfants. Il n'apparaît pas plus sur leur pierre tombale, ni sur les invitations à leur mariage, ni habituellement sur les ordonnances qui leur sont délivrées. La BBC fait état du cas d'une femme atteinte de Covid-19, battue par son mari car le médecin avait écrit son nom sur l'ordonnance. De nombreuses personnes, dont des femmes, considèrent comme gênant de le révéler, car cela traduirait un manque de modestie ou une atteinte à l'honneur des familles.

En 2017, une Afghane, Laleh Osmany, rapidement soutenue par quelques célébrités, lance une campagne dont l'objectif est de faire modifier les règles d'enregistrement de l'état-civil, et d'inscrire le nom des femmes sur les cartes d'identité et sur les certificats de naissance des enfants. Malgré la forte opposition des conservateurs, et les réactions négatives d'internautes, le mouvement WhereIsMyName (« Où est mon nom ? ») semblerait avoir obtenu en 2020 des avancées, le président Ashraf Ghani ayant promis de demander à l'Autorité centrale de l'état civil afghan (Accra) d'étudier la possibilité de modifier la loi sur l'état-civil. Selon la BBC, fin juillet 2020, la loi aurait été modifiée en ce sens.
*** 

Comme souvent, j'ai trouvé une chanson magnifique pour illustrer le propos.

Femme grillagée, chanson de Pierre Perret, sur sa chaine Youtube

La Femme grillagée

Écoutez ma chanson bien douce
Que Verlaine aurait su mieux faire
Elle se veut discrète et légère
Un frisson d'eau sur de la mousse
C'est la complainte de l'épouse
De la femme derrière son grillage
Ils la font vivre au Moyen Âge
Que la honte les éclabousse

Quand la femme est grillagée
Toutes les femmes sont outragées
Les hommes les ont rejetées
Dans l'obscurité

Elle ne prend jamais la parole
En public, ce n'est pas son rôle
Elle est craintive, elle est soumise
Pas question de lui faire la bise
On lui a appris à se soumettre
À ne pas contrarier son maître
Elle n'a droit qu'à quelques murmures
Les yeux baissés sur sa couture

Quand la femme est grillagée
Toutes les femmes sont outragées
Les hommes les ont rejetées
Dans l'obscurité

Elle respecte la loi divine
Qui dit, par la bouche de l'homme,
Que sa place est à la cuisine
Et qu'elle est sa bête de somme
Pas question de faire la savante
Il vaut mieux qu'elle soit ignorante
Son époux dit que les études
Sont contraires à ses servitudes

Quand la femme est grillagée
Toutes les femmes sont outragées
Les hommes les ont rejetées
Dans l'obscurité

Jusqu'aux pieds, sa burqa austère
Est garante de sa décence
Elle prévient la concupiscence
Des hommes auxquels elle pourrait plaire
Un regard jugé impudique
Serait mortel pour la captive
Elle pourrait finir brûlée vive
Lapidée en place publique

Quand la femme est grillagée
Toutes les femmes sont outragées
Les hommes les ont rejetées
Dans l'obscurité

Jeunes femmes, larguez les amarres
Refusez ces coutumes barbares
Dites non au manichéisme
Au retour à l'obscurantisme
Jetez ce moucharabieh triste
Né de coutumes esclavagistes
Et au lieu de porter ce voile
Allez vous-en, mettez les voiles

Quand la femme est grillagée
Toutes les femmes sont outragées
Les hommes les ont rejetées
Dans l'obscurité

Source : LyricFind
Paroliers : Pierre PERRET
Paroles de La Femme grillagée © Songs Of Peer

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