Quel ravissement que ce mail-art d'Isabelle reçu ce jour qui remet à l'honneur les "demoiselles du téléphone", celles qui firent tant pour le début des communications téléphoniques! Et quelle originalité, merci infiniment Isabelle pour cette grande première en broderie sur papier, si réussie.
Depuis 1975 date de disparition des tous derniers standards téléphoniques manuels, plus personne ne leur demande d'entrer en communication avec ALM(a)0301 ou BAL(zac)3205, alors c'est un juste hommage qu'Isabelle leur rend aujourd'hui!
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Extrait d'un article de la Nouvelle République du 3 avril 2022, consacré au souvenir de métiers anciens, celui des "demoiselles du téléphone"
Majoritairement des femmes, ces demoiselles du téléphone formaient la chaîne humaine qui permettait d’interconnecter les circuits téléphoniques d’un village à un autre. L’ouvrage Cent ans de téléphone en Indre-et-Loire (1891-1991), réalisé par France Télécom Tours pour leur centenaire, rappelle les conditions de travail de l’époque.
Vidéo publiée sur youtube
Aux prémices du téléphone
À la fin du 19e siècle, au tout début du téléphone, ces opératrices devaient réussir un difficile examen de "dictée que l’on n’a pas droit de relire", de géographie, etc., devaient mesurer au moins 1,50 m, et devaient justifier "si elles ne sont pas mariées, d’une existence honorable chez des parents dans les villes de premier ordre", décrivait-on notamment dans Le Journal d’Indre-et-Loire du 2 mars 1893.
Une fois sélectionnées, elles passaient alors leur journée debout, puis assises, à partir de 1900, sur des tabourets hauts, épaules contre épaules, casque sur les oreilles et combiné devant la bouche. Elles avaient comme mission de connecter manuellement sur le "meuble" devant elles les "dicordes" (deux fiches reliées par un cordon), afin de mettre en lien l’abonné qui appelait avec le correspondant demandé. Elles passaient alors leur journée à brancher et débrancher des fiches de type "jack" afin de connecter les clients dans le département, en France ou à l’étranger.
Une chaîne humaine
Les "centres de groupements" n’étant pas tous reliés directement, il fallait parfois "faire intervenir deux ou trois collègues", racontent des téléphonistes ayant débuté dans les années 1920 à Tours. "Compte tenu de la configuration du réseau, l’établissement d’une communication entre Tours et La Haye-Descartes, nécessite l’intervention de quatre opératrices et avec la meilleure volonté du monde, à certains moments, l’attente peut durer plusieurs heures."
C’était aussi aux demoiselles du téléphone de "surveiller le bon déroulement des appels" et de noter sur un "ticket", simple fiche cartonnée, le temps de la communication afin qu’elle soit facturée à l’émetteur de l’appel. Pour cela, elles avaient les yeux rivés sur leur tableau de contrôle, attentives aux voyants lumineux qui s’allument et s’éteignent à chaque fois qu’une communication est en cours.
Et comme si cela ne suffisait pas, il fallait un certain rendement : "douze tickets par demi-heure" à réaliser. Le tout, contrôlé par une surveillante à "l’écoute tyrannique et pointilleuse".
Parmi les dix commandements de la téléphoniste on retrouvait ainsi : "Sur le meuble jamais ne mangeras, plutôt étouffer clandestinement" ou encore "Aux abonnés ne bavarderas, sous peine de cris et grincements de dents".
Ce rôle important à jouer
En 1940, le central de Tours a aussi dû gérer les communications "urgentes et prioritaires" du gouvernement installé en Touraine. Des professionnelles à qui l’on demandait ainsi une grande discrétion. Cette ambiance unique inspira de nombreux écrivains et scénaristes, à l’instar de Michèle Dassas, auteure du roman La demoiselle du téléphone (2014), qui se déroule à Gien (Loiret) au début des années 60.
Un monde de femmes que seuls quelques hommes ont connu, si importantes dans le développement du téléphone.
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