Ma correspondante suisse Nadine si originale souhaitait que mon prochain mail-art traite du thème des jardins...C'est ce que je prétend faire aujourd'hui, même si j'ai un peu dénaturé sa demande, en choisissant de parler d'une culture de la région parisienne très originale et très ancienne.
En cette période où l'on fête les Journées du Patrimoine, cette curiosité doit être mise en avant puisqu'elle est désormais labellisée patrimoine d'intérêt régional.
Les Murs à Pêches de Montreuil labellisés Patrimoine d'intérêt régional
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© Jean-Bernard Vialles, Région Île-de-France, 1999 |
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mon enveloppe, recto avec broderie main et de nombreux timbres "pêche" |
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et son verso, où j'ai exceptionnellement collé les timbres |
Au coeur de la ville de Montreuil, le site des Murs à Pêches est une référence historique en termes de savoir-faire horticole, et le lieu d'une réflexion environnementale et culturelle.
Le site des Murs à Pêches, situé à Montreuil, est le dernier témoin de la culture fruitière qui a fait la renommée de la ville de l’Ancien Régime au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Bénéficiant d’un rare savoir-faire de construction et d’arboriculture pour adapter la culture des pêches au climat francilien, les murs sont un exemple unique d’utilisation des ressources topographiques et géologiques locales, mettant à profit leurs qualités thermiques.
Ces murs à palisser « à la Montreuil », appelés aujourd’hui « murs à pêches », relèvent d'une tradition horticole du XVIIème siècle. Ils constituaient de véritables outils, entretenus comme tels régulièrement par les horticulteurs locaux. Ils mêlent un savoir-faire architectural, avec une intelligence de l'exploitation des ressources géologiques et topographiques du lieu, et un savoir-faire horticole, avec l'optimisation des cultures et des expositions, et les techniques de palissage.
Ils témoignent ainsi de la formidable tradition agricole de la ville de Montreuil en premier lieu, mais aussi de la tradition maraîchère de la région Ile-de-France, qui a atteint son apogée à la fin du XIXème siècle.
Les murs à pêches sont également une illustration et un laboratoire de grandes questions environnementales d'aujourd'hui : le lien à la nature, la préservation de la biodiversité, la remise en route d'une production agricole en ville et à taille humaine. Une restauration du site est prévue, permettant la création d'un lieu de découverte et d'échanges pour les habitants de Montreuil, les visiteurs franciliens, de France ou internationaux. Des événements culturels seront proposés, ainsi que la découverte des jardins, des techniques de construction et des techniques horticoles.
Source : https://patrimoines.iledefrance.fr/patrimoine/murs-peches-montreuil-labellises-patrimoine-interet-regional
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Palissage à la diable d’un pêcher : les branches sont fixées au mur par des « loques » clouées. Les pièces de bois au sommet du mur supportent des toitures amovibles lors des intempéries. |
Palissage et culture : Pour s’adapter au terrain du plateau, les variétés de pêchers étaient greffées sur des amandiers porte-greffes, plus résistants, au sol calcaire du plateau. Ils étaient taillés pour se plaquer au maximum au mur dispensateur de chaleur. Les pêchers, conduits en espaliers « à la diable », étaient adossés aux murs est et ouest, et palissés par des liens en toile cloués dans la maçonnerie.
Chaque parcelle comportait également en partie centrale des pêchers ou des pommiers en palmettes qui ne nécessitaient pas la protection des murs. Les pêchers en plein vent donnaient des fruits moins gros que les pêchers palissés, mais avaient un avantage : il était inutile de brosser les fruits qui perdaient leur duvet avec le vent.
La présence du vaste marché parisien, avec la proximité des Halles, fournissait un débouché garanti pour ces productions. Les marchands de fruits venant aux Halles de Paris étaient désignés sous le terme de montreuils, tout comme leurs pêches. Elles sont ainsi mentionnées par Émile Zola dans Le Ventre de Paris : «les pêches surtout, les Montreuil rougissantes, de peau fine et claire comme des filles du Nord».
Ces productions étaient complétées par des cultures florales (lilas, jonquilles, iris, delphiniums, rosiers, pivoines), et par des plantations de vignes et de framboisiers, qui assuraient un complément de revenus aux arboriculteurs. Elles sont également évoquées par Zola, qui mentionne «les brillants et les valenciennes que portaient les filles des grands jardiniers de Montreuil, venues au milieu de leurs roses».
À la table du roi : Les pêches de Montreuil devinrent célèbres grâce à leur présence à la cour de France, au XVIIe siècle. La notoriété acquise facilita leur exportation vers les grandes tables des pays voisins. La reine d’Angleterre, et même les tsars de Russie, firent venir des pêches de Montreuil. De nombreuses variétés de pêches, cultivées actuellement dans le monde, ont été créées à cette époque à Montreuil, comme la Prince of Wales, la Grosse Mignonne ou encore la Téton de Vénus.
Parmi les horticulteurs montreuillois les plus actifs dans la création de variétés, se trouvaient Alexis Lepère (1799-1883), Arthur Chevreau, Joseph Beausse, Désiré Chevalier, Louis Aubin.
Un patrimoine en péril : L’absence d’un projet de mise en valeur global de la part de la municipalité et du Conseil Général conduit à une destruction rapide et irréversible des vergers restants.
Les murs à pêches atteignirent leur apogée dans la seconde moitié du XIXe siècle, couvrant alors plus d'un tiers de la ville de Montreuil, soit 320 ha pour plus de 300 km de murs et environ 600 km de linéaires en exploitation, et débordant largement sur les villes de Rosny, Romainville, Bagnolet, Fontenay...
Les pêches de Montreuil sont restées dans le patrimoine culturel de la commune, permettant des associations d’idées et des jeux de mots : on trouve aujourd’hui les cafés La Pêche et La Grosse Mignonne, l’ancien journal municipal Montreuil Dépêche Hebdo.
Les noms des quartiers Signac–Murs à pêches et Bel Air–Grands Pêchers–Renan gardent également trace de ces cultures.
© Jean-Bernard Vialles, Région Île-de-France, 1999
Situés aux portes de Paris, les jardins des Murs à pêches sont les vestiges du glorieux passé maraîcher de Montreuil. Plusieurs associations s’y partagent quelque 40 hectares mis à leur disposition par la ville et se battent contre les menaces d’urbanisation du site. Chaque dimanche après-midi, ce havre de verdure et de culture est ouvert aux visiteurs curieux.
Pour y arriver sans se perdre, il faut connaître, ou demander son chemin. Sur le haut plateau de la ville de Montreuil, au milieu des tours d’immeubles, se trouve l’impasse Gobetue. Au fond, une petite porte en bois s’ouvre sur près de 40 hectares de verdure. C’est ici qu’une partie de l’histoire de la ville se bat pour perdurer.
Un patrimoine à protéger : Au XIXe siècle, les Murs à pêches de Montreuil s’étendaient sur près de 600 km. Véritables outils agricoles hauts d’un peu moins de trois mètres, ces murs sont coiffés d’un chaperon de plâtre pour protéger les pêchers des pluies, et sont fabriqués avec un mélange de moellons (pierres calcaires), de terre et de plâtre gros. Grâce au mélange plâtreux composé de gypse et de charbon de bois, ils emmagasinent la chaleur du soleil durant la journée pour la restituer aux fruits et aux arbres palissés pendant la nuit.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, la ville de Montreuil produisait les meilleures pêches d’Europe malgré le climat tempéré de l’Île de France. Ses multiples variétés de pêches aux noms parfois éloquents, telles que l’Arthur Chevreau, la Belle Beausse, la Bonouvrier, la France, ou encore la Grosse Mignonne, étaient connues jusqu’en Russie et en Amérique et servies à la table des souverains (plusieurs variétés sont encore disponibles en pépinière). Pourtant, vers la fin du xixe siècle, l’arrivée du train favorise la concurrence des producteurs de pêches du sud de la France, et l’urbanisation et l’industrialisation entament peu à peu les surfaces maraîchères. Il ne reste aujourd’hui plus que 17 km de murs. Beaucoup sont en ruine, et leur avenir est toujours incertain.
Vincent Léon, passionné par l’histoire de la ville de Montreuil et engagé auprès des associations des Murs à pêches depuis 2001, propose chaque dimanche après-midi une visite des jardins aux promeneurs curieux.
La campagne à la ville : Rendez-vous est donc pris. Premières rencontres dès l’entrée : les membres de l’association « Le sens de l’humus » s’activent autour de plantations. Depuis 2006, ils expérimentent la permaculture sur la parcelle que la mairie a prêtée à l’association en 2012. Depuis, séniors, chômeurs, personnes en situation de handicap ou souffrant de difficultés linguistiques s’y retrouvent pour travailler la terre et créer du lien.
L’association collabore aussi avec sa voisine, intitulée « Renouveau des murs et fleurs du quartier Saint-Antoine », pour entretenir et remettre en culture les quelque 4 000 m2 du « jardin Pouplier », qui appartenaient à la dernière horticultrice locale, Geneviève Pouplier.
Au détour d’un sentier, changement de décor : le Jardin de la lune, un jardin partagé d’inspiration médiévale. Entre les murs et leurs pêchers poussent des fruits, des légumes, des plantes aromatiques, médicinales, tinctoriales et utilitaires. L’oeil observateur remarquera que les plessis sont disposés de manière à imiter les rayons du soleil. À côté, on trouve la lune, semée de fleurs jaunes : des giroflées et des soucis. Chaque plessis est caractérisé par un thème. Ici, les « herbes des fièvres » (aunée, benoîte, grande camomille ou piloselle) ; là, les « maléfiques » (valériane, cynoglosse et verveine odorante). Pour les visiteurs curieux, des fiches décrivant les plantes du jardin et leurs propriétés sont disponibles en libre service.
Les Murs à pêches, ou ce qu’il en reste, dessinent un paysage labyrinthique. Des pommiers, des poiriers, des cognassiers, quelques ronces… On a l’impression d’avoir quitté la ville lorsque, derrière un tas de gravats, apparaît la « clairière », à l’aspect de terre brulée, largement exposée au soleil. C’est ici qu’ont lieu les événements organisés par les associations, comme le Festival des Murs à pêches ou encore les Estivales de la permaculture. Plus loin, nous tombons nez à nez avec une oeuvre de land art. Et soudain, un ange passe… Le silence… Les murs font aussi rempart contre le bruit.
Un site à restaurer :On ne fait pas le tour des 40 hectares en une après-midi. Si certaines parcelles appartiennent à des particuliers, d’autres sont laissées à l’abandon, l’avenir du site est incertain. Bien que depuis 2003, 8 hectares aient été classés par le ministère de l’Environnement au titre des « sites et paysages », interdisant la destruction des murs, le site des Murs à pêches est continuellement en danger, pression urbaine oblige. La question de la restauration des murs est aussi prégnante. Malgré l’implication du ministère, de la ville et des associations et la mise en place de chantiers de restauration « à la façon d’autrefois » depuis 2011, le site nécessite un entretien permanent. En fin d’après-midi, les différents jardins se sont remplis, des familles se pressent autour des plantes et arbres fruitiers, discutent, admirent les abeilles des ruches du Jardin de la lune venues boire dans un petit bol laissé à leur intention… « Ce lieu est un vrai catalyseur d’initiatives », conclut Vincent Léon. N’hésitez pas à pousser la porte !
Les pêches miraculeuses de Montreuil :À la fin du XIXe siècle, les maraîchers montreuillois créaient leurs propres variétés de pêches. Souvent greffés à des amandiers pour rendre les arbres plus robustes, certains pêchers pouvaient produire des fruits se vendant l’équivalent de 55 euros pièce. Concurrence oblige entre les maraîchers, certaines variétés pouvaient produire des fruits de 400 g ! Même si la culture des pêches était l’activité la plus lucrative, l’abbé Roger Schabol, décrit ainsi la variété des cultures de la ville : "Les Montreuillois cultivent des parcelles entourées de hauts murs. Cerises hâtives, reine-claude, poiriers, pommiers, raisins, abricotiers et pêchers sont adossés à des murs et se partagent la chaleur et la lumière des rayons du soleil." Des vestiges de ce passé glorieux sont encore visibles dans toute la ville. Promenez-vous dans les rues : ce mur ancien qui délimite une propriété est peut-être chargé d’histoire…
Source : https://www.plantes-et-sante.fr/articles/escapade-nature/1507-les-murs-a-peches-de-montreuil-une-oasis-dans-la-cite
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Le passé prestigieux des pêchers de Montreuil
Lorsque l’on arrive dans le quartier Saint-Antoine de Montreuil, ce n’est pas forcément évident au premier coup d’œil, mais le lieu abrite bel et bien un trésor vieux de cinq siècles. Et, quelle surprise !
Une technique originale qui a porté ses fruits : l’histoire de ce site remonte au 17e siècle, alors que la technique du palissage se développe peu à peu à Montreuil. Cette technique consiste à faire pousser des cultures de pêchers le long de murs, et plus particulièrement de plâtre, d’où le terme de "murs à pêches". Le plâtre retient la chaleur du jour pour mieux la restituer la nuit. Ce procédé crée ainsi un “radiateur solaire”, qui favorise le développement des fruits.
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Au plus fort de la production en 1870, les murs formaient un total de 600km. |
Cette technique, unique en son genre, permet à l’époque de produire des variétés de fruits habituellement réservés aux climats doux du sud de la France, le tout sous le climat de la région parisienne. Au 19e siècle, la récolte s’est tant étendue qu’elle représente alors plus de six cents kilomètres de murs. Une année, elle atteint même la production record de quinze millions de pêches.
Des pêches qui vont séduire les plus grandes cours d'Europe : Il ne faut pas attendre le 19e siècle pour que ces pêches fassent la renommée de Montreuil. Sous Louis XIV, les fruits de ce site sont même réservés au seul plaisir du roi. Le monarque envoie pour cela son grand jardinier de l’époque, Jean-Baptiste de La Quintine. Ce dernier est chargé de recruter les meilleurs spécialistes de pêches.
Les pêches de Montreuil font donc leur entrée à la cour de France au 17e siècle et font rapidement sensation. Rien d’étonnant à ce que succès s’exporte dans la foulée vers les cuisines des pays voisins. Parmi les plus prestigieux, la reine d’Angleterre et certains tsars de Russie font venir des pêches de Montreuil. Très vite, plusieurs variétés de pêches sont créées à Montreuil. C’est le cas notamment de la Prince of Wales, la Grosse Mignonne ou encore la Téton de Vénus, toujours cultivées de nos jours.
Un héritage qu'il faut aujourd'hui préserver :
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La nature reprend progressivement ses droits sur ce qui fut l’une des plus grandes cultures de pêches d’Europe. |
Après plusieurs années de prospérité, la fin du 19e siècle annonce malheureusement le déclin des pêchers de Montreuil. C’est l’époque de la révolution industrielle, symbolisée par l’arrivée des transports, notamment du métro. L’extension du chemin de fer engendre très vite le déclin des productions de pêches. Pour répondre aux besoins, on fait venir les fruits du Midi sur le marché parisien. Progressivement, les vergers et les murs sont détruits ou disparaissent dans le paysage.
La culture de pêches de Montreuil semble bien loin et les seules traces restantes demeurent dans le patrimoine culturel de la commune. Un hommage que l’on retrouve un peu partout dans la ville, comme par exemple aux cafés La Pêche et La Grosse Mignonne. Comme souvent, ce sont aussi les noms de rues qui rendent hommage à l’histoire de la ville. On peut ainsi se balader dans le quartier Signac–Murs à pêches ou encore celui de Bel Air–Grands Pêchers–Renan.
Quant au terrain de pêchers, il ne reste qu’une quinzaine de kilomètres de murs sur les 600 km initiaux. Face à la situation critique, une association tente de les sauvegarder. Les bénévoles peuvent compter sur la ville de Montreuil, qui apporte son aide en engageant régulièrement des maçons pour entretenir les murs. Aujourd’hui, cela peut faire une jolie balade insolite à portée de métro!
Association Murs à Pêches
77 rue Danton
93 100 Montreuil
Source : https://www.pariszigzag.fr/sortir-paris/balade-paris/le-passe-prestigieux-des-pechers-de-montreuil