11 septembre 2023

L'autre 11 septembre, le coup d'état au Chili en 1973 - Hommage à Victor Jara

Le 11 septembre n'est pas uniquement le jour des attentats terroristes qui ont détruit les tours jumelles à New York en 2001. Cette date maudite est aussi celle du coup d'Etat militaire du général Pinochet qui a renversé la démocratie chilienne en 1973 et entraîné la mort du président Salvador Allende.
Photo de  Marcelo Montecino relayée sur Nantes Révoltée


Le 11 Septembre 1973, le palais présidentiel de La Moneda,dans lequel s'est retranché le président Salvador Allende, 
subit les assauts des troupes dirigées par Augusto Pinochet. ©AFP/Archives 
El Estadio nacional devint pour quelques semaines le principal centre de détention, de tortures et d’exécutions du pays

Scènes de rue : autodafé, arrestations multiples 
La dictature chilienne reste dans les mémoires car elle a été sanglante et longue. Le régime de Pinochet va torturer, tuer et faire disparaître des milliers d’opposants, et ira jusqu’à jeter certains prisonniers depuis des hélicoptères au dessus de l’océan. Beaucoup sont encore portés disparus. Pendant 17 ans, les exactions de ce régime fasciste ont durablement traumatisé le peuple chilien.

Si cela vous dit, je vous  conseille les films de Patricio Guzman, qui éclairent intelligemment ce qui s'est passé là-bas (Nostalgie de la Lumière 2010, Le bouton de nacre 2015). Je vois qu'il a filmé son pays dans un autre film que je ne connais pas encore (La cordillière des songes 2019).

Aujourd'hui, 50 ans après ces évènements tragiques, comment ne pas se rappeler les horreurs qui ont été perpétrées là-bas? il est tellement essentiel de permettre à chaque chilien de pouvoir retrouver dignité et humanité et à nous; de ne jamais oublier leur martyr.

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CHILI. Cinquante ans après le coup d’État, il est vital pour l’avenir du pays de stimuler la mémoire historique

Des étudiants de l'Université du Chili lors d'une marche à l'occasion de la Journée des personnes disparues-Photo de Getty Images

Afin de panser les blessures infligées par le régime militaire dirigé par Augusto Pinochet, le Chili doit tirer les leçons de son histoire et reconstruire les fondements d’une société plus respectueuse de la dignité humaine, a déclaré Amnesty International à l’occasion de la commémoration des 50 ans du coup d’État qui a donné lieu à d’innombrables crimes de droit international et à de cruelles violations des droits humains dans ce pays.

Sous le régime Pinochet, les garanties constitutionnelles ont été suspendues, le Congrès a été dissous et l’état de siège a été déclaré dans tout le pays. La torture et les disparitions forcées, entre autres pratiques, sont devenues la politique de l’État. D’après les chiffres officiels, le régime a fait 40 175 victimes, parmi lesquelles des personnes torturées, exécutées, détenues ou disparues ; selon les dossiers de l’Observatoire de la justice de transition, dans plus de 70 % des cas de personnes exécutées ou soumises à une disparition forcée, il n’y a pas eu de justice, de vérité ni de réparations.
 

Entre 1973 et 1990, 3 216 personnes ont été tuées ou ont fait l’objet d’une disparition forcée. À ce jour, on estime que les corps de 1 469 personnes détenues ou exécutées n’ont pas été retrouvés. Il est impératif que le Plan national de recherche annoncé par le président Gabriel Boric permette d’élucider les circonstances de la disparition de ces personnes et le sort qui leur a été réservé. Ce programme doit être mené en partenariat avec les familles, être doté de moyens suffisants pour sa mise en œuvre effective et déboucher sur des enquêtes pénales sur l’ensemble des personnes soupçonnées d’avoir une responsabilité individuelle.


"La recherche des détenu·e·s disparus est une question de justice, mais aussi d’humanité. Non seulement retrouver leur trace, les identifier et restituer leurs dépouilles à leurs familles soulagera ces dernières, mais cela contribuera également à guérir la profonde blessure qui est manifeste au sein de la société chilienne. Il est donc essentiel que les personnes qui se sont obstinées à ne pas fournir d’informations complètes sur ce qui s’est réellement passé le fassent enfin. Cette mesure, ainsi que d’autres récemment annoncées par le gouvernement, sont essentielles pour que le Plan national de recherche puisse remplir sa mission", a déclaré Rodrigo Bustos.

Le Congrès doit se rendre disponible afin de progresser vers la justice et soutenir les projets de loi proposés par le gouvernement. L’élimination du caractère secret des lois adoptées sous le régime de Pinochet et la levée de la confidentialité des témoignages des victimes de torture devant la commission Valech sont des éléments qui permettront au Chili de devenir un pays qui s’acquitte de ses dettes en matière de droits humains.

La mémoire historique est un pilier fondamental des mesures visant à éviter que des événements aussi dévastateurs se reproduisent. Cinquante ans après le coup d’État, le Chili ne dispose toujours pas d’une loi visant à protéger les sites mémoriels, ni d’archives nationales de la mémoire. Il est crucial que les autorités concrétisent l’initiative visant à se doter d’archives, qu’elles fixent des objectifs précis pour leur fonctionnement et réfléchissent à la participation de la société civile. Il est par ailleurs urgent qu’elles répondent aux besoins du réseau des sites mémoriels et qu’elles adoptent des mesures de protection et de préservation des lieux où des violations des droits humains ont été commises. Dans ce contexte, l’annonce récente par le gouvernement d’une politique nationale de la mémoire et du patrimoine est bienvenue, et il est essentiel que le Congrès soutienne cette initiative.
"Les sites mémoriels doivent être respectés, entretenus et valorisés de sorte à remplir leur fonction éducative. La présence de ces lieux sera un rappel pour les nouvelles générations, afin qu’elles n’oublient jamais les atrocités qui y ont été commises et qu’elles grandissent avec la conviction que ces pratiques ne doivent jamais se répéter", a déclaré Rodrigo Bustos.

"Il est essentiel d’entretenir la mémoire, pour que les nouvelles générations n’aient pas à vivre les atrocités que nous avons connues dans le passé", rappelle Rodrigo Bustos.

Aujourd’hui, alors que les victimes, leurs familles et les groupes de défense des droits humains persévèrent encore, après des décennies de quête de justice, certaines personnalités et autorités publiques diffusent de manière irresponsable des discours de haine. Ces agissements sont réellement dangereux car ils minimisent les souffrances des victimes, nient le droit à la vérité, désinforment, affaiblissent les institutions et favorisent l’impunité et la répétition de l’histoire.

"Nous ne pouvons pas laisser l’oubli et les discours de haine entraver le fonctionnement de la société. Il est essentiel d’entretenir la mémoire, pour que les nouvelles générations n’aient pas à vivre les atrocités que nous avons connues dans le passé. Un rejet ferme des violations des droits humains et un engagement inébranlable en faveur de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition constitueraient un signal fort indiquant que notre pays mérite de vivre", a conclu Rodrigo Bustos.

Source ; https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2023/09/chile-50-years-since-the-coup-detat-exercising-historical-memory-is-vital-for-the-countrys-future/

*** Hommage à Victor Jara ***

Par Marcelo Urra from Santiago, Chile —  https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11915623

Il y a des personnes qui nous touchent
Au plus profond de nous
Et même sans les connaître on les connaît
Il y a dans notre cœur une porte
Qui s’est ouverte pour eux.
C’est un être de lumière
Un distributeur de tendresse
Un rayonneur
Un troubadour à la voix de velours
Il a donné à l’humanité sa nature profonde
Et tout l’éclat de son message
Par la chanson, porté aux 4 coins du monde.
Il y a des êtres lumineux
Eternellement éternels et
Ceux qui les ont fauchés
N’y sont pas étrangers
On les regarde on les écoute
Une beauté terrible et essentielle vient en notre âme
Planter une flèche à jamais
C’est répétable à merci
Est-ce de connaître leur terrible destinée
Qui nous les rend émouvants, attachants, si chers ?
Il est des êtres qui nous marquent à jamais
Et l’un d’entre eux
C’est Víctor Jara.

Carole Radureau (30/11/2020)
Source : http://caro-hobo.over-blog.com/2020/11/lumineux.html

Víctor Lidio Jara Martínez (né à San Ignacio, province de Ñuble, le 28 septembre 1932 et mort à Santiago, vers le 15 septembre 1973) est surtout connu comme chanteur populaire chilien, et cantautor (auteur-compositeur-interprêtre). Mais il fut aussi un homme de théâtre, metteur en scène et professeur de théâtre universitaire reconnu. Il est enfin resté dans la mémoire du Chili et du monde pour sa fin tragique lors du coup d'État fasciste du 11 septembre 1973 à Santiago.

Au titre de sa carrière musicale, il est un des représentants les plus célèbres d'un courant qu'on a appelé la Nueva canción (« Chanson nouvelle »), avec Violeta Parra (Chili), Carlos Puebla (Cuba) et Mercedes Sosa (Argentine), et d'abord la nueva canción chilena (« nouvelle chanson chilienne ») avec des groupes comme Quilapayún, Inti Illimani et Illapu. Il a d'ailleurs parfois chanté sur scène et enregistré avec ces trois groupes, de même que sa route a croisé celle d'Isabel et Ángel Parra, ne serait-ce qu'à la Peña de los Parra, le lieu culturel créé et animé par les enfants de Violeta ; il a parfois mis des chansons de cette dernière à son répertoire, et il l'évoque avec tendresse et respect dans certaines de ses propres chansons (Manifiesto, par exemple).

La Nueva canción est un mouvement musical qui se trouve à la confluence de racines autochtones, folkloriques et populaires revendiquées (avec notamment des genres qu'on a appelés Alto folclore), ou la musique andine, ainsi qu'avec la déclinaison latino-américaine de la Canción de protesta (« chanson engagée ») et de la canción social (« chanson sociale »), tout comme le protest song nord-américain (de Joan Baez ou de Bob Dylan première période, par exemple).

Il fut l'un des principaux soutiens de l'Unité populaire et du président Salvador Allende. Ses chansons critiquent la bourgeoisie chilienne, contestent la guerre du Viêt Nam, chantent la grève contre la répression, la réforme agraire , la révolution...Ses chants, écrits par lui ou par d'autres, rendent hommage aux grandes figures révolutionnaires latino-américaines.

Arrêté par les militaires lors du coup d'État du 11 septembre 1973, il est emprisonné et torturé à l'Estadio Chile (aujourd'hui nommé stade Víctor Jara en mémoire de son martyre) puis à l'Estadio Nacional avec de nombreuses autres victimes de la répression qui s'abat alors sur Santiago.
Source : Wikipédia

Voici d'abord en vidéo le bel hommage que lui a rendu Julos Beaucarne, si émouvant.

Vidéo de la chanson "Lettre à Kissinger" chantée par Julos Beaucarne, 
publiée sur la chaine Youtube de Marijoe Be 
Et quelques vidéos sur les chants magnifiques de Victor Jara
Concierto Víctor Jara au Pérou - 17 juillet 1973 (Récital complet)- 
vidéo publiée sur la chaine Youtube de Felipe Rebolledo Saez

Canto libre de Victor Jara, vidéo publiée sur le youtube d'Enriquevicsaa

CANTO LIBRE de Victor Jara

Recherche de l’endroit où nicher / Que busca donde anidar
Éclate et déploie ses ailes / Estalla y abre sus alas
Voler et voler / Para volar y volar
Ma chanson est une chanson libre / Mi canto es un canto libre
Que voulez-vous offrir / Que se quiere regalar
Qui lui serre la main / A quien le estreche su mano
Quiconque veut tirer / A quien quiera disparar
Ma chanson est une chaîne / Mi canto es una cadena
Pas de début ni de fin / Sin comienzo ni final
Et dans chaque lien il y a / Y en cada eslabón se encuentra
Le chant des autres / El canto de los demás
Continuons à chanter ensemble / Sigamos cantando juntos
À toute l'humanité / A toda la humanidad
Que la chanson est une colombe / Que el canto es una paloma
Qui vole pour trouver / Que vuela para encontrar
Éclate et déploie ses ailes / Estalla y abre sus alas
Voler et voler / Para volar y volar
Ma chanson est une chanson libre / Mi canto es un canto libre

et sur l'hommage que ses compatriotes lui rendent dans cette magnifique chanson.
"Victor Libre" musique de Carlos Noguera, paroles de Carlos Noguera et Maneco Galeano
Vidéo publiée sur la chaine Youtube de Carlos Alberto

Victor Libre

Où est resté ton regard pur, / Dónde quedó tu mirada limpia,
sourire ouvert dans la nuit, / sonrisa abierta en la noche,
ailes de mouette et de poignard. / alas de gaviota y puñal.

Le Chili pleure ton chant immolé, / Chile llora tu canto inmolado,
de Víctor Libre est la lumière, / de Víctor Libre es la luz,
de Patrie et de Jara la voix. / de Patria y Jara la voz.

Pierre, passion, une prière, / Piedra, pasión, plegaria,
un murmure araucan, / arrullo araucano,
libre est né le soleil / libre ha nacido el sol
après sa mort. / después de morir.

Une rivière de lune baigne ton visage / Un río de luna baña tu rostro
de poésie et de honte / de poesía y vergüenza
qui est défi au traître. / que es desafío al traidor.

Les quatre vents soufflent / Soplan los cuatro vientos,
de braves cavaliers de la victoire / valientes jinetes de la victoria
éclairante et finale. / esclarecedora y final.

Pierre, passion, une prière, / Piedra, pasión, plegaria,
un murmure araucan, / arrullo araucano,
libre est né le soleil / libre ha nacido el sol
après sa mort. / después de morir.

http://cocomagnanville.over-blog.com/2016/11/victor-libre.html

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