15 septembre 2023

Rétrospective Nicolas de Staël au Musée d'Art Moderne de Paris

Je rentre de l'exposition sur l'oeuvre de Nicolas de Stael (1914-1955) au Musée d'Art Moderne de Paris, pensant naïvement qu'au premier jour de cette rétrospective, on serait un tout petit plus "tranquille"... erreur totale, c'était plein de monde.

Néanmoins, j'ai bien entendu été ravie de la visite : nombre des tableaux exposés là proviennent  de collections particulières que je n'avais pas vues précédemment, notamment lorsque j'étais allée au Muma du Havre par deux fois, tant je m'y étais sentie "transportée". Je ne sais pas expliquer pourquoi sa peinture me touche autant, notamment ses bleus, ses gris, 
mais aussi ses aplats très colorés, comme dans la série issue de son voyage en Sicile.
 
Contrairement à tous ces visiteurs qui ont fait l'expo le smartphone à la main, quitte à gêner les autres personnes sans aucun complexe, j'ai préféré profiter pleinement de ce qu'il m'était donné à admirer, à découvrir.  Je n'ai fait aucune photo car rien n'aurait pu être restitué de la manière dont le peintre utilisait la matière dans son épaisseur, ni des coups de gros pinceaux, de spatule ou de truelle même, avec lesquels, dans l'urgence, il apposait ses couleurs sur la toile. 

Aussi, pour vous mettre en appétit, s'il en était besoin, je relaie ci-dessous l'article de France Télévisions. Régalez-vous, je suis certaine qu'un tel personnage ne peut vous laisser indifférent.

Pour information, après Paris l’exposition sera présentée à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, du 9 février au 9 juin 2024
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La rétrospective de Nicolas de Staël au musée d'Art moderne de Paris : l’œuvre d’une vie et d’éternelles métamorphoses

Le musée d’Art moderne de Paris expose dès ce vendredi, 200 œuvres de Nicolas de Staël. L’occasion de découvrir l’immense production de ce peintre qui traversa la vie avec fulgurance.
Reproductions murales des photographies de Denise Colomb sur lesquelles figurent Nicolas de Staël dans son atelier.
 (France Info/ Neil Senot)

« À force de flamber sa rétine, on finit par voir des ciels verts, la mer en rouge et le sable violet » écrivait Nicolas de Staël à son ami et galeriste Jacques Dubourg en 1952. Cette rétine, le peintre se l’est peut-être flambée plus que jamais lorsqu’il a quitté la capitale pour offrir son œil aux étendues et à la lumière du Sud.

Ciel rouge de Marseille, ciel orange d’Agrigente ou ciel vert de Sicile : Nicolas de Staël bourlingue de Provence en Italie et ne s’interdit aucune couleur. Autour d’une ligne d’horizon qui permet encore de faire paysage, sa vision détonne et divise le milieu de l’art au sein duquel il peine à s’installer. La plupart de ses tableaux se vendent ainsi à New York où il connaît alors un succès grandissant.

Cette palette éclatante n’a pas toujours été constitutive de l’œuvre du peintre. Il suffit de sillonner les onze salles et les quelque 200 œuvres de cette rétrospective pour comprendre par ailleurs que rien ne semble vraiment avoir été durablement constitutif de cette œuvre immense.

Rebattre les cartes
Nicolas de Staël traverse les manières et les teintes comme il arpente le Sud. "C’est un homme qui travaille comme il respire, sans relâche sans répit variant inlassablement les supports, les techniques, les outils, quelqu’un qui ne se prive de rien", explique Charlotte Barat, commissaire de l’exposition, et qui a résolument à cœur de donner à voir l’œuvre du peintre dans toute sa variation. Une ambition largement atteinte par cette rétrospective.

Il faut dire que, de salle en salle, les peintures et les dessins ne se ressemblent pas. Des croquis du Maroc à la fin des années trente aux marines qui furent les dernières de ses œuvres l’année de son suicide à Antibes en 1955, Nicolas de Staël paraît accomplir d’éternelles métamorphoses.

Travaillant de manière abstraite lorsque l’abstraction n’était encore qu’une pratique minoritaire et réintroduisant des objets du monde lorsque l’abstraction devenait le courant dominant, l’artiste fait œuvre loin des modes et des classifications. Nicolas de Staël rebat en permanence les cartes de ses aspirations, si bien que dans son œuvre chaque année semble faire période.

Un peintre au travail
En moins de quinze ans de carrière, Nicolas de Staël a réalisé plus de 1100 peintures et à peu près autant de dessin. Cela représente 145 œuvres par an, environ une tous les trois jours. « C’était un peintre sans divertissement », explique Pierre Wat au sujet de celui qui considérait, selon sa fille Anne de Staël, une simple partie de carte au soleil comme une manière irraisonnée de « gâcher sa vie ». Peintre sans divertissement, Nicolas de Staël avait pourtant d’autres activités que la peinture. Mais là encore, elles se faisaient autant de prétextes à l’ouvrage.
Deux personnes regardent au musée d'Art moderne de Paris "Le Parc des Princes" (1952) de Nicolas de Staël. 
(FRANCEINFO / NEIL SENOT)

Parmi les orchestres et les ballets, l’exemple le plus saillant – parce qu’il est à l’origine de son grand chef-d’œuvre – tient peut-être à un match de football. Le 26 mars 1952, l’artiste et son épouse Françoise Chapouton assistent au Parc des Princes au match amical France-Suède, le premier match nocturne du pays à être éclairé grâce à des lampes immenses et puissantes. Profondément marqué par ce spectacle, le peintre entame le soir même une série d’ébauches qui deviendront rapidement une quinzaine de tableaux.

Une semaine plus tard, il achève la pièce majeure de cette série : Le Parc des Princes. Huile sur toile de sept mètres carrés, ce tableau dont la vivacité des couleurs n’eût d’égale que celle des critiques se pose comme un véritable spectacle d’équilibre et de vitesse. "C’est un tableau de l’énergie pure", commente Gustave de Staël, fils du peintre, dans un enregistrement audio à la libre disposition des visiteurs.

Derrière le mythe
Avec une œuvre majoritairement aux mains de collectionneurs privés (65 prêteurs privés et 15 prêteurs publics ont contribué à cette rétrospective), Nicolas de Staël – dont la dernière rétrospective se tenait en 2003 au Centre Pompidou – ne compte pas parmi les artistes les plus exposés de sa génération.

Malgré tout, sa vie fulgurante, mais aussi son visage et sa grande silhouette immortalisés en 1954 par Denise Colomb, ont nourri autour de lui un mythe éblouissant qui a eu selon Charlotte Barat "tendance à prendre le pas sur son œuvre voire à l’occulter ". "Tout l’enjeu était d’essayer de regarder l’œuvre de cet homme en oubliant son nom ", explique Pierre Wat.

Car celui qui vivait pour la peinture s’est donné en 1955 la mort à Antibes. Âgé de 41 ans, son destin tragique a durablement marqué son image de peintre. Et si c’est bien son art que célèbre cette rétrospective, sa vie est aussi à découvrir – dans une salle à l’écart des tableaux – à travers des extraits du documentaire de François Lévy-Kuentz Nicolas de Staël, la peinture à vif. On y découvre un enfant de l’aristocratie russe, un ami de René Char, un homme de colère, un aventurier-baroudeur mais aussi – et bien avant tout cela – un artiste peintre.

Source : Article rédigé par Neil Senot France Télévisions - Rédaction Culture - 15/09/2023

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