26 août 2024

Avec Jean Derval, la magie de la céramique, pour Nathalie

Depuis toujours je suis fascinée par les artistes qui maîtrisent à la fois le travail de modelage la terre puis sa cuisson au four en anticipant au mieux la réaction des engobes ou des émaux avec les très hautes températures de cuisson.

Qu'ils soient potiers ou céramistes, j'aime voir leurs doigts savent façonner avec agilité la moindre pièce, cela semble toujours simple quand on les regarde faire. Pour avoir modestement tenté l'expérience je peux vous dire que c'est tout autre chose quand on s'y essaie car il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte simplement pour la façon avec tournage ou pas. Ensuite il faudra rajouter tous les aléas liés à la cuisson. 

En ce domaine voici un très grand artiste sur lequel j'avais envie de mettre un coup de projecteur, en partant d'une pièce magnifique que j'ai vue sur le magazine La Gazette Drouot et que je destine à Nathalie peintre sur porcelaine. 

Maîtrisant parfaitement l’art du feu, Jean Derval nous livre une pièce unique, véritable ode à l’équilibre avec ces acrobates soutenant une coupe. J'aime infiniment les couleurs choisies en plus de la modernité de l'ensemble.

Chère Nathalie je te souhaite une bonne réception de cet art postal un peu différent de ce que je t'envoies d'habitude, mais se tourner vers l'art ne peut que te séduire, j'en suis certaine. Belle fin d'été.

Jean Derval (1925-2010), Les Saltimbanques, 2003, 
sculpture en terre chamottée et émaillée polychrome représentant deux acrobates 
soutenant une coupe circulaire, publication La Gazette Drouot 

Les numéros d’acrobates fascinent le public, tant au Moyen Âge que dans les temps modernes. José María Sert utilisa notamment ces pyramides humaines comme ornements décoratifs pour des décors luxueux. Les deux saltimbanques de Jean Derval, issus de cette ancienne culture populaire, façonnés en terre chamottée et émaillée, sont certes moins acrobatiques, mais traités avec plus de monumentalité ! Il a été « élu de la céramique », comme l’affirmait l’intitulé de l’exposition du musée de Sèvres, à l’été 2004. Bel et bien « élu », car cet artiste, venu des arts décoratifs, avait travaillé en tant qu’affichiste et illustrateur, entre autres pour la maison Christofle. Envoyé par cette maison à Saint-Amand-en-Puisaye pour négocier les possibilités de production d’une ligne de pièces d’usage, il découvre un univers qui le fascine par la richesse de ses techniques et par ses possibilités artistiques. Il apprécie aussi son immédiateté quasi magique de réalisation. Il y apprend donc l’art de la céramique jusqu’en 1946, lorsqu’il rejoint à Vallauris Roger Capron et Robert Picault pour intégrer Madoura, puis, en 1951, fonder l’atelier du Portail. Jean Derval y développera un art subtil, d’une grande virtuosité technique et artistique, voué à la pièce unique. 

Jean DERVAL  (1925-2010) France

Jean Derval reçoit d'abord une éducation artistique comme graphiste et affichiste à l'École des Arts Appliqués de la rue Dupetit-Thouars à Paris. Sa vocation pour la céramique lui vient fortuitement en créant des services en grès pour la maison d'orfèvrerie Christofle. En 1945, lors de son passage à Saint-Amand-en-Puisaye, il apprend le métier de céramiste dans l'atelier Maubrou-Pigaglio notamment auprès de Camille Gendras.

En 1947, Jean Derval rejoint ses camarades Robert Picault et Roger Capron à Vallauris où ils ont créé un atelier de poterie l'année précédente. Le monde élégant des amateurs et des artistes se retrouve à cette époque sur la Côte d'Azur autour de Picasso. Jean Derval entre en 1949 dans le célèbre atelier Madoura, où il côtoie le maître andalou pendant deux ans. En 1951, il fonde son propre établissement, Le Portail.
Au lieu de créer une véritable manufacture, il choisit la voie difficile des « pièces uniques ». Derval propose un répertoire de poteries domestiques, essentiellement d'inspiration anthropomorphe et zoomorphe, réinterprétées à partir des leçons du cubisme et de l'abstraction. La fin des années 1960 est marquée par une évolution du goût vers des grès aux teintes sourdes et cuivrées. Jean Derval s'oriente alors vers une céramique architecturale avec une vision de sculpteur plus que de potier.

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