23 septembre 2024

Lucy, notre lointaine ancêtre, pour Nadine

La Poste française vient d'émettre un timbre en l'honneur de notre très lointaine cousine ou grand-tante, Lucy, ce petit bout de femme exhumé des collines de l’Afar ; je m'en souviens très bien encore même si cela fait déjà 50 ans que nous avons appris cette découverte essentielle pour les scientifiques, qui a permis de mieux  connaître l'évolution du genre humain. Aujourd'hui encore, je ressens toujours beaucoup d'émotions quand je pense à elle et à ceux qui l'ont découverte, peut-être parce que c'était une femme?                               
 
Titre: Diorama of Australopithecus afarensis ("Lucy")
Droits: Cette image a été obtenue auprès de la Smithsonian Institution. 
L'image ou son contenu peut être protégé par les lois internationales sur le droit d'auteur. http://www.si.edu/termsofuse
Crédit photo: Chip Clark, Smithsonian Institution Muséum national d'histoire naturelle

Lucy In The sky :
C'est en 1974 que le fossile de l'australopithèque fut découvert en Ethiopie par une équipe de recherche internationale qui incluait les Français Yves Coppens (paléontologue) et Maurice Taieb (géographe), les américains Donald Johanson (paléoanthropologue) et Tom Gray étudiant en paléontologie . Au moment de leurs fouilles, les paléontologues et archéologues écoutent la radio et entendent en boucle la chanson des Beatles "Lucy in The Sky with Diamonds". Lors de leur découverte majeure pour la science et pour l'humanité, ils décident de baptiser ce fossile de 52 fragments d'os par le nom de la chanson du groupe anglais. Lucy, notre ancêtre à tous, sort de terre et se hisse tout en haut du ciel.

Lucy constitue le premier fossile relativement complet (conservé à 40 %, avec 52 fragments osseux) qui ait été découvert pour une période aussi ancienne, et a révolutionné notre perception des origines humaines, en démontrant que l’acquisition de la bipédie datait d'au moins 3,2 millions d’années, et avait largement précédé le processus d'accroissement du volume endocrânien d'une australopithèque datant de 3,18 millions d'années.

L'australopithèque Lucy, n'est probablement pas un ancêtre direct des humains d'aujourd'hui. Une étude précise de son squelette montre qu'il s'agit plutôt d'une tante ou d'une vieille cousine.

Lucy n’aura jamais aussi mal porté son nom. L’australopithèque a lourdement chuté du haut d’un arbre. C’est en heurtant le sol que notre ancêtre a perdu la vie. Après quatre décennies de doute sur le sujet, une équipe américaine tranche en faveur de cette hypothèse dans la revue Nature. John Kappelman et ses collègues résolvent au passage l’un des éléments les plus débattus : le premier hominien évoluait bien dans les arbres.

Le fossile de Lucy, découvert dans la région d’Afar en Ethiopie, recèle encore de nombreux secrets. L’équipe de Texans a aidé à en élucider au moins un. Lors d’un passage aux Etats-Unis, le squelette a été photographié sous tous ses angles à l’aide d’un scanner à hautes performances. Un intérêt justifié : « C’est un des squelettes le plus complets; à ce titre, elle nous a fourni beaucoup d’éléments sur les premiers hommes », rappelle John Kappelman.

Les pieds en premier :
Les clichés ont révélé des éléments sur la vie de Lucy… mais aussi sur sa mort pour le moins brutale. Comme pour tous les fossiles, trois millions d’années d’exposition aux éléments ont laissé des traces. Mais certaines sont évocatrices de blessures survenues du vivant de l’australopithèque la plus célèbre du monde.

Une a particulièrement attiré l’attention des chercheurs, au niveau de l’humérus. Elle porte des signes de compression mais les fragments sont restés attachés au corps. « Cela suggère que l’enveloppe de l’os et la capsule articulaire étaient intactes au moment de la blessure », analyse John Kappelman. L’absence de cicatrisation corrobore cette hypothèse.

Lucy serait donc tombée d’une hauteur de 12 mètres, à une vitesse d’environ 60 km/heure. L’emplacement des fractures semble le confirmer : pied, hanche, côtes, épaules et mandibule sont blessés. « Elle a probablement atterri les pieds en premier. Les blessures que nous observons aux genoux suggèrent que son corps a vrillé sur la droite », raconte John Kappelman.

Source : Kappelman nature

Bipède et arboricole :
Consciente au moment de sa chute, Lucy a tout fait pour amortir le choc avec ses bras. Mais à 60 km/heures, difficile d’atténuer l’impact sur les organes internes. « La mort a suivi très rapidement », résume John Kappelman. Le co-directeur de la mission qui a découvert l’australopithèque, Yves Coppens, n’y trouve rien à redire.

Lucy était donc bipède et arboricole : ces travaux le confirment alors que l’hypothèse était débattue depuis sa découverte. Comme les singes actuels, elle se serait abritée dans les arbres la nuit, pour échapper aux prédateurs. Mais le fait même d’être devenue bipède semble avoir handicapé notre ancêtre et ses congénères. Moins habile dans les arbres, du fait même de cette évolution, elle aurait été plus sujette aux chutes.
source : https://esperanzavaroblog.wordpress.com/2019/01/28/lucy/

Mannequin reproduisant Lucy en pied (Gianni Dagli Orti / The Art Archive / The Picture Desk)

Longtemps considérée comme une espèce à l’origine de la lignée humaine, Australopithecus afarensis est aujourd'hui interprétée comme une espèce cousine du genre Homo. Lucy avait 25 ans quand elle décédée.

vidéo Culture Prime publiée par Arts Télévisés Français

*** L'émotion des chercheurs au jour de la découverte le 24 novembre 1974 ***

24 novembre 1974, Lucy est découverte. De gauche à droite : J. Aronson (radiochronologiste) ; M; Taieb ; D. Johanson ; Ato Bekele (Responsable du patrimoine éthiopien). © M. Taieb

C’est un véritable cri de joie et d’excitation qui s’échappe, ce matin du dimanche 24 novembre 1974, dans les collines éthiopiennes de Hadar, de la bouche de l’étudiant en paléontologie américain Tom Gray. Alertés, ses collègues de la mission franco-américaine de l’Afar (International Afar Research Expedition) accourent, en prenant soin de ne pas fouler du pied quelque fossile hominidé… et restent bouche bée devant le spectacle qui s’offre à eux.

Le lieu de la découverte © Science Actualités / Nasa (Blue Marble) / M. Taieb

Maurice Taïeb, géologue français en poste au laboratoire CEREGE d’Aix-en-Provence à l'époque et qui avait repéré quelques années auparavant le potentiel fossilifère exceptionnel de cette région, d’environ 80 kilomètres carrés, située au nord-ouest de l’Ethiopie, à l’ouest de la dépression de la Rift Valley, se souvient de ces premiers instants : « Au centre d’un rectangle de dix mètres sur deux, à ciel ouvert et dégagé par des eaux de ruissellement, des dizaines de côtes et de vertèbres affleuraient, serrées les unes contre les autres, préfigurant le squelette presque complet qui serait ensuite reconstitué par mon collègue américain Donald Johanson. C’était un spectacle très émouvant, inoubliable ».

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