Marie-Joëlle tient un blog dédié à une certaine Ginette, quelqu'un de son proche entourage familial qu'elle a beaucoup aimé. Comme c'est également mon prénom, j'ai décidé de lui faire un mail-art de réponse à propos d'une autre Ginette qui fait partie des dernières personnes encore vivantes rescapée de la Shoah, dont j'admire à la fois le courage de transmettre sa terrible expérience aux plus jeunes mais aussi sa très grande lucidité sur l'époque actuelle...
Vous l'avez reconnue : il s'agit de Ginette Kolinka!

Ginette Kolinka (ici le 15 novembre 2024 à Paris), déportée en avril 1944 à Auschwitz, dans le même convoi que Simone Veil, est devenue sur le tard l’une des voix inoubliables des survivants des camps. AFP/Joel Saget
Centenaire, Ginette Kolinka fête une sacrée victoire sur le destin funeste que lui avait réservé les nazis lorsqu'elle fut déportée à Auschwitz-Birkenau avec une partie de sa famille, en avril 1944, à peine âgée de 19 ans.
Heureux 100ème anniversair à toi Ginette, témoin précieux de l'Histoire!

Longtemps elle s'est tue pour ne pas importuner les siens mais à un moment donné elle a ressenti le besoin de transmettre aux jeunes générations ce qu'elle a vécu ainsi que des milliers d'autres déportés juifs pour la plupart mais aussi polonais, tziganes, homosexuels, ... afin que la mémoire collective jamais ne s'éteigne sur les atrocités qui ont été perpétrées dans les camps comme celui d'Auschwitz ; c'était le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich, à la fois un camp de concentration, un centre de mise à mort et un camp d'extermination par le travail.
Ginette est une passeuse d'histoire : transmettre à la jeunesse ce qu'elle a vécu, parler inlassablement de ces poisons que sont antisémitisme et racisme, témoigner de l'horreur absolue est la mission qu'elle s'est donnée depuis ces vingt-cinq dernières années, avec de nombreux déplacements à Auschwitz-Birkenau avec des lycéens.
Pour autant, elle ne se prend pas pour une héroïne, tout juste une chanceuse. Avec tous les évènements récents en France depuis 2015 où les actes antisémites se sont multipliés et où la xénophobie fait florès pour distiller la haine jusque dans certains media, Ginette est sans illusion sur les bienfaits que les jeunes tireront de son témoignage et reste persuadée que, malheureusement, on n'apprend rien de l'Histoire...
Lien sur un reportage fait chez Ginette sur le site "les derniers.org". ***
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En 2022 les écoliers des cours moyens de la Communauté de communes des Sources du lac d’Annecy avaient accueilli la marraine de l’école de Viuz-Faverges. Archives photo Le DL/M.M. |
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Les écoliers ont dessiné le chiffre 100 dans la cour de l’école qui porte son nom pour célébrer les 100 ans de Ginette Kolinka. Photo communiquée par la mairie de Faverges et publiée par le Dauphiné Libéré |
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Les Kolinka, trois générations face à la Shoah
Article du Monde rédigé par Elise Karlin Publié le 11 juin 2021 et modifié le 12 juin 2021 à 20h54
Longtemps, pendant 45 ans exactement, Ginette Kolinka n’a pas pu parler de sa déportation. Elle a éludé les questions de son fils, Richard, qui deviendra le batteur du groupe Téléphone. Les mots, elle va les trouver pour ses petits-enfants. Aujourd’hui, à 96 ans, elle ne cesse de témoigner pour que la jeunesse se souvienne.
Sur l’enveloppe déchirée, quelques mots au stylo. « Très très précieux. Lettres de mes petits-enfants. » Le courrier est tombé quand Ginette Kolinka a ouvert l’album souvenir du voyage en Pologne. « Ah, c’était là, ça ? » La vieille dame est heureuse d’avoir remis la main dessus. A 96 ans, elle dit en riant qu’elle a parfois « la mémoire qui fout l’camp », qu’elle passe son temps à chercher dans ses papiers celui qu’elle a égaré. D’ailleurs, elle a oublié qu’elle a griffonné des notes sur un bloc à en-tête du Golden Tulip Hotel de Cracovie et qu’elle les a rangées avec les deux lettres de ses petits-fils, dans l’enveloppe déchirée. Elle y commentait la journée : « J’en reviens (…) Pas détendue, Ginette. »
C’était en novembre 2013, pour les vacances de la Toussaint. Ginette Kolinka, matricule 78599, rescapée d’Auschwitz-Birkenau, est retournée avec sa famille sur les lieux de sa déportation. Ce n’était pas la première fois qu’elle y revenait, ni la dernière, elle y accompagne encore des lycéens, habituellement une à deux fois par mois. En revanche, c’était la première fois que l’ancienne déportée qui a mis tant d’années à parler de son histoire y était avec son fils, Richard Kolinka, ex-batteur de Téléphone, sa belle-fille, Hélène Kolinka, ses petits-fils, Mathis et Roman Kolinka, et Yoko, l’épouse de Roman.
Trois générations de Kolinka sont revenues vivantes à Birkenau, comme un bras d’honneur à ceux qui avaient si soigneusement planifié leur extermination.
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Quelques compléments pour aller plus loin
1 /Lien sur son témoignage délivré à NationalGéographic Histoire : Ginette Kolinka, une passeuse de mémoire "« Il ne faut jamais oublier que c’est la haine qui a engendré cela. »
2/ Bibliographie sur la vie de Ginette Kolinka : Retour à Birkenau 2019 - Une vie heureuse 2023 - Adieu Birkenau , publié en 2024 sous la forme d'une BD, peut-être ainsi plus accessible à la jeunesse.
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POSTFACE : NON ce n'était pas un détail de l'histoire !
Je ne veux mettre absolument personne mal à l'aise, mais j'avais à coeur de traiter ce sujet de la déportation durant la 2e guerre mondiale et de ce qui s'est passé il y a 80 ans à la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau, car j'ai de plus en plus le sentiment que le "plus jamais cela' s'efface devant la montée rapide des extrêmes de droite, dans toute l'Europe.
Il s'agit de notre Histoire contemporaine et ceci ne doit pas être un sujet tabou, y compris en art postal. J'ai souvent le sentiment que pour la jeunesse d'aujourd'hui cette histoire de la solution finale imaginée par les nazis est un peu abstraite, voire inintéressante car elle n'a pas toujours été relayée par les générations précédentes, et qu'il y a tant d'autres sujets bien plus "fun".
Ce n'a pas été mon cas, mes parents qui ont connu le temps de la guerre ont été marqués par tous ces évènements et m'en ont parlé dans ma jeunesse.
En 1970, j'ai effectué un séjour linguistique en Allemagne, j'avais quinze ans ; nous étions hébergés dans une auberge de jeunesse avec d'autres ados, y compris de jeunes allemands, en Bavière, pas très loin de Munich. Parmi les excursions qui avaient été programmées pendant notre séjour de trois semaines, il y avait la visite du camp de Dachau. Je peux vous dire que c'est un lieu inoubliable, il s'en dégage une atmosphère particulière qui vous marque à vie!!!
Malgré les voyages incessants qu'elle a fait en quadrillant la France pour raconter ce qu'elle a vécu aux jeunes, à décrire jusqu'où mène la haine de l'autre, Ginette Kolinka elle-même doute du fait qu'il restera une trace pérenne dans la mémoire de cette jeunesse sur ce que fut l'Holocauste.
Pourtant il n'y aura rien de pire que le négationnisme lorsque les rescapés de la Shoah ne seront plus là pour témoigner de ce que fut leur enfer (le génocide de 6 millions de juifs, plus tous ceux que les nazis ont persécuté et exterminé comme les Polonais éthniques, les communistes, les tziganes, les personnes handicapées, les homosexuels, etc...)
N'oublions jamais de rester fidèle à ce vers d'avertissement de Paul Eluard : "si l'écho de leur voix faiblit, nous périrons".
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