Voici deux belles marionnettes anciennes pour Nicole qui en est fan et collectionneuse pour ce mail-art enfin réalisé, car je dois avouer une grosse baisse de motivation depuis plusieurs semaines.
L'assemblage des toutes petites pièces ajourées qui les composent ressemble à de la dentelle, j'imagine que c'est pour cela qu'elles m'ont tant plu.
J'espère qu'elles arriveront à bon port et en entier chez Nicole à qui j'en souhaite une bonne réception.
***
MARIONNETTES THAÏ
L’art de la marionnette en Thaïlande ressortit à quatre catégories principales : spectacles de cour dans le centre du pays, à partir du XVe siècle ; spectacles populaires du centre de la Thaïlande aux XIXe et XXe siècles ; formes régionales du sud malais ou du nord-est lao; pratiques modernes conformes aux modèles occidentaux ou en opposition avec elles.
Les spectacles de cour :
Les spectacles de cour étaient de deux sortes en Thaïlande : le nang yai (grandes figures d’ombres opaques) qui a son analogue dans le khon (danse d’hommes masqués) ancien ; et le hun (marionnettes tridimensionnelles à tiges) influencé par l’art chinois.
Le nang yai peut être joué par des centaines d’acteurs qui, tout en dansant un épisode du Ramakien (version thaï du Râmâyana) ou de tout autre récit, présentent des figures au-dessus de leur tête, derrière un écran. Ces figures minutieusement découpées et perforées sont la version animée par la danse de celles qu’on voit aux murs des temples. Certaines ne représentent qu’un seul personnage, mais d’autres donnent, par exemple, l’image composite d’un démon et d’un singe se combattant furieusement. Elles sont animées dans le style de la danse khon, des deux côtés d’un écran d’étoffe blanche, de 20 mètres sur 3, traditionnellement devant un feu (remplacé par des lumières électriques), tandis que l’un des deux présentateurs se charge du récit ou des dialogues.
L’accompagnement musical est produit par un orchestre piphat (formation de cour, composée d’instruments à vent et de percussions).
La danse de masques khon recourt aux mêmes musiques et narrateurs, mais les acteurs costumés incarnent un personnage spécifique portant un masque de papier mâché qui enveloppe toute la tête. Les textes sont des chefs-d’œuvre littéraires rédigés par des rois thaïs ou de proches collaborateurs.
La première mention de cet art apparait dans un édit de cour daté de 1458 : il est vraisemblable qu’il résulte de la capture d’artistes khmers lors de la chute d’Angkor (1431) qui, eux-mêmes, avaient bénéficié de contacts avec le wayang javanais.
Le hun emploie des marionnettes à tiges pour raconter les mêmes histoires sur un accompagnement musical de piphat. Dans le hun luang (marionnettes royales à tiges), les figures, hautes d’une trentaine de centimètres, étaient manipulées, au-dessus de leur tête, par des marionnettistes-danseurs qui évoluaient dans un espace fermé. Un rideau peint formait le décor d’un espace scénique du type proscénium, qui dissimulait le corps des manipulateurs. Ceux-ci entraient et sortaient par des portes situées aux extrémités du rideau. Le spectacle fut décrit, dès 1658, par le Français Simon de La Loubère, envoyé du roi de France Louis XIV au Siam. Le hun était joué au XVIIe siècle lors des crémations royales, mais sa forme actuelle date du règne de Râma Ier (1767-1809), fondateur de la dynastie des Chakri encore au pouvoir au XXIe siècle. À partir de 1782, les troupes de hun firent partie des services de divertissement de la cour.
Le roi Râma II sculpta lui-même des têtes de marionnettes et écrivit des textes pour les spectacles d’ombres, de masques ou de marionnettes à tiges. Le musée national présente un important ensemble de hun luang ayant appartenu à la collection du vice-régent Krom Prararchawang Bowon Wichaichan (1838-1885).
La marionnette populaire au XXe siècle :
Les contraintes économiques et la colonisation européenne des pays voisins retirèrent, à l’art de la marionnette, le soutien royal. Certains aristocrates, cependant, le préservèrent dans les provinces et, parfois, parvinrent à toucher de nouveaux publics à Bangkok.
Le hun krabok apparu vers 1893, inspiré par le modèle chinois, se développa comme un genre populaire urbain mais payant. Les marionnettes, à tiges, se composent d’une tête en bois ou en papier mâché fixée sur une baguette de bambou qui lui sert de squelette ; les mains sont attachées à une sorte de sac d’étoffe assez ample qui forme le corps et dissimule les tiges de bois dont une extrémité est reliée aux poignets. Les personnages adoptent des mouvements et des postures qui sont à peu près ceux de la danse classique.
La plus populaire histoire du hun krabok était probablement Phra Abhamani, épopée de Sunthorn Phu (XIXe siècle). Phra Abhamani était un prince exilé dont l’habileté musicale le fit aimer de chacun. Il épousa une ogresse chez laquelle jalousie et tendrasse s’entrelaçaient. Phra Abhamani conquit l’affection de la reine Lawang (une version thaïe de la reine Victoria). D’autres légendes thaïes furent également présentées.
Le renouveau du hun krabok dans les années soixante-dix est dû à Cheun Sakunkaeo (née en 1907), formée par son père, et qui enseigna aux deux universités de Bangkok Thammasat (Mahawitthayalai Thammasat, anciennement dénomée Thammasat Lae Karn Muang, « Université des Sciences morales et politiques ») et Chulalongkorn (nom du roi Râma V, 1853-1910). Elle forma Chakrabhand Posayakrit.
Une autre évolution fit du hun un divertissement populaire urbain avec Krae Suppawanich, dignitaire d’Ayutthaya (ancienne capitale du Siam) qui créa une compagnie à Bangkok, sous le règne de Râma VI (1910-1926). Sakorn Yangkiosod (né en 1923 ; voir Joe Louis Theatre) est un enfant de cette troupe. Il redonna vie au genre, mis hors la loi, des années quarante aux années soixante, sous la forme du hun lakon lek, avec des personnages hauts de 70 centimètres, environ, animés par trois manipulateurs.
Les marionnettes à fils, qui s’inspiraient de modèles chinois, furent introduites au XXe siècle, mais leur importance resta secondaire...
Source : Extrait du World Encyclopedia of Puppetrys Arts - Rédaction Kathy Foley (2012)