Lorsque j'ai cherché un motif sympa sur la porcelaine et la dentelle pour une correspondante peintre sur porcelaine, je suis tombée en arrêt devant les merveilles de la porcelaine-dentelle de Meissen, fabriquée en ex-RDA que l'on a quelquefois appelée aussi Porcelaine de Saxe.
J'ai décidé d'en faire une enveloppe mail-artée à mon amie suisse, car ces petits groupes de personnages d'une finesse extrême m'ont tellement séduite que je voulais partager et faire connaître cette manufacture de porcelaine, la première d'Europe.
J'espère que mon enveloppe parviendra en bon état en Suisse à mon amie Nadine, à qui j'en souhaiet une très bonne réception.
Première manufacture européenne, la porcelaine de Meissen attire les
enthousiastes depuis des siècles pour ses designs élégants et ses créations
fantaisistes.
L’histoire
de Meissen
La porcelaine de Meissen est, avec celle de Sèvres, la
porcelaine la plus populaire et la plus recherchée. La fascination pour
la porcelaine et son histoire, notamment « l’or blanc » de Saxe,
comme on la surnomme, repose tout d’abord sur sa haute qualité. Cependant, le
fait que Meissen ait été l'inventeur de la porcelaine européenne et le premier
fabricant du continent joue un rôle encore plus décisif dans son
histoire.
Au début du XVIIIe siècle, l'élite européenne était obsédée par la
porcelaine importée, dont la fabrication était un mystère absolu. Par-dessus
tout, Auguste le Fort, électeur de Saxe et roi de Pologne (1670-1733), était
fasciné par les céramiques fines d'Extrême-Orient et était prêt à dépenser des
sommes énormes pour sa passion. Mais ses fonds n’étant pas inépuisables, il a
fait appel à l'alchimiste Johann Friedrich Böttger (1682-1719), qui prétendait
pouvoir produire de l'or à partir de n'importe quel matériau.
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Avant de découvrir la formule de « l’or blanc », Böttger a créé un grès rouge foncé qui a été initialement produit dans l'usine de Meissen. Photo © Sotheby's |
Lorsque Böttger a commencé à travailler avec le scientifique Ehrenfried Walther von Tschirnhaus (1651-1708), ils ont découvert la formule de « l’or blanc », ou porcelaine. En 1710, Auguste fonde, à Meissen, la première manufacture de porcelaine d'Europe. Devant la qualité des produits qui y sont fabriqués, il ne se contente pas seulement de se faire plaisir à lui et à sa cour, mais il en fait cadeau à toute l'Europe pour démontrer sa puissance.
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Au début de la production, les formes et les motifs des pièces importées d'Extrême-Orient, comme le décor en laque noire, ont été copiés. Photo © Christie's |
Au départ, le répertoire de la manufacture se limitait à des copies et à des réinterprétations de formes et de motifs déjà connus, notamment ceux des importations de Chine. Toutefois, grâce à des peintres et des modeleurs de grand talent, tels que Johann Joachim Känders (1706-1775), Johann Gregorius Höroldt (1696-1775) et Johann Gottlieb Kirchner (1706-1768), l’enseigne a rapidement proposé des sculptures d'animaux et des groupes de figurines galantes, toutes décorées de couleurs et de motifs éclatants.
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| Contrairement à aujourd'hui, où les précieuses figurines en porcelaine de Meissen sont conservées dans des vitrines, à l'époque d'Auguste, elles servaient de décoration de table et d'objets de conversation pendant que l'on dînait. Photo © Dorotheum |
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| L'une des grandes spécialités de Johann Joachim Kändler était les figures d'animaux en partie grandeur nature, qu'il savait façonner de manière très naturaliste. La gravure sur cuivre, les animaux de la ménagerie royale et les espaces extérieurs l’aidaient pour ses modèles. Photo © Sotheby’s |
La formule de fabrication de la porcelaine était un secret jalousement
gardé. Les personnes initiées à la fabrication étaient appelées les «
arcanistes » (du mot latin arcanum, qui signifie secret). Cependant, en 1718,
un diplomate autrichien a réussi à attirer quelques employés à Vienne et a
fondé la manufacture de porcelaine de Vienne.
Cette concurrence inattendue a rendu nécessaire l'apposition d'une
marque sur les produits de Meissen. Au départ, le monogramme AR (pour «
Augustus Rex ») était utilisé, jusqu'à ce que les épées croisées, toujours
utilisées aujourd'hui, s'imposent comme véritable marque de certification.
Vienne n'était pas la seule concurrence, mais les goûts des clients
changeaient aussi, ce qui signifiait que les concepteurs de Meissen devaient
toujours proposer quelque chose de nouveau. Parmi les créations importantes,
citons le « Service du Cygne » créé pour le Premier ministre de Saxe, Heinrich
Graf von Brühl, et les vases boule de neige en filigrane, fins et élaborés.


Afin de répondre au goût de plus en plus
rococo des clients, les modeleurs de Meissen ont dû créer de nouvelles formes
et de nouveaux décors. L'un des plus remarquables et des plus élaborés est le
motif de la « fleur boule de neige », inventé par Känder en 1739. Vase Meissen,
fin du XIXe siècle (détail). Photo ©
Lempertz
La grande époque des innovations de la manufacture de Meissen s'est
terminée à la fin du XVIIIe siècle. À l'époque de l'historicisme du XIXe
siècle, Meissen a également eu de plus en plus recours à d'anciens modèles, qui
ont été réédités et redessinés dans le style néo-rococo. Afin de répondre au
goût de la bourgeoisie, devenue de plus en plus riche à la suite de la
révolution industrielle et pouvant désormais s'offrir des objets luxueux, des
nouveaux modèles ont été développés. La présentation d'un service en porcelaine
de Meissen sur la table à manger était considérée comme un symbole nécessaire
du statut de cette classe sociale en plein essor.
C’est à peu près à cette époque que le vase à manche en serpent, créé
par Ernst August Leuteritz (1818-1893), le directeur créatif de la manufacture
pendant de nombreuses années, a vu le jour. Le modèle, comble de l’originalité
et de l’innovation, est devenu depuis un véritable classique de l’enseigne.
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| Au XIXe siècle, la manufacture de Meissen est revenue aux modèles antérieurs, à une exception près : le vase à manche en serpent d’Ernst August Leuteritz, qui est devenu un classique souvent copié. Photo © Sotheby’s |
Afin de donner un nouveau souffle à la production, de nouveaux artistes
(utilisant principalement le vocabulaire de l'Art nouveau) ont été engagés à la
fin du XIXe siècle. La série de douze enfants jouant par Julius Konrad
Hentschel (1872-1907), connue sous le nom d’« Enfants Hentschel », est une
pièce née à cette période qui est toujours populaire aujourd'hui.
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| L'époque de l'Art nouveau a apporté un vent de fraîcheur dans les ateliers de la manufacture. Les charmants « Enfants Hentschel » sont aujourd'hui encore des objets de collection très prisés. Photo © Dorotheum |
Au cours du turbulent XXe siècle, la manufacture de
Meissen a misé sur un mélange réussi de formes et de techniques historiques,
tout leur apportant une touche contemporaine en phase avec les nouvelles
tendances.
Collectionner la porcelaine de Meissen
Au XXIe siècle, la porcelaine de Meissen est
devenue un objet de collection très convoité. Ce qui vaut pour de nombreux
autres domaines de collection vaut également pour les créations de l’enseigne
allemande : les premières éditions sont toujours les plus chères. L'apogée de
la manufacture, au début et au milieu du XVIIIe siècle, a été marqué par
l'invention de la porcelaine européenne et les œuvres des grands maîtres, tels
que Johann Joachim Kändler.
Les modèles de Kändler ont été imités au fil des
siècles. Les figures et groupes exécutés peu après sa période d’activité sont
plus chers que les versions ultérieures. Par exemple, l'humoristique série «
Chapelle des singes » de 1753, fait toujours l'objet d'une collection assidue.
Alors qu'une série complète de 1755-1756 a trouvé preneur chez Christie's pour
77 343 euros en 2015, la même maison de ventes n'a enregistré que 17 900 euros
pour un ensemble tout aussi complet qui datait du XXe siècle.
Étant donné que de nombreux motifs des débuts de
Meissen ont été réédités, il faut décider si l'on préfère un original du XVIIIe
siècle ou si une version ultérieure est suffisante.
Authenticité et restaurations
Lors d’un coup de cœur pour un modèle, il faut
d'abord regarder sous la base, car c'est là que l'on trouve les marques de
fabrique de Meissen, le plus souvent en couleur sous glaçure. August le Fort
avait introduit ces marques en se calquant sur les marchandises importées de
Chine, afin de se distinguer de la concurrence viennoise et de protéger les
produits de sa manufacture.
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| Photos (du haut à gauche au bas à droite) © Sotheby's, © Bonhams, © Dorotheum, © Christie's |
La marque de fabrique de la manufacture de Meissen
a changé à maintes reprises. Après avoir initialement utilisé le monogramme AR
(« Augustus Rex »), la célèbre marque à l'épée a été créée en 1723. Son design
a été modifié plusieurs fois, ce qui permet de classer plus facilement un objet
dans une certaine période.
La première marque était composée des initiales «
AR », qui signifient « Augustus », c'est-à-dire Auguste le Fort en sa
qualité de roi de Pologne. En 1723, les épées croisées ont été introduites,
d'abord en combinaison avec des séquences de lettres, comme « KPM » (Königliche
Porzellan-Manufaktur), puis seules à partir de 1730 environ. Le design des
épées a varié au fil du temps. Une étoile a été ajoutée sous Camillo Marcolini
(1739-1814), qui a dirigé la manufacture de 1774 à 1814, et du milieu du XIXe
siècle jusqu'en 1924, les épées avaient des pommeaux plus épais.
Mais qu'en est-il des toutes premières pièces qui
ne présentaient pas encore de marque ? Il est possible d’identifier une pièce
Meissen originale par sa porcelaine : bien que l'entreprise ait été lancée en
1708, la formule n'était pas encore tout à fait au point et la porcelaine avait
un ton légèrement jaunâtre-grisâtre jusqu'à la fin des années 1720.
Les numéros de modèle, de décor ou de peinture
utilisés selon un système spécial peuvent également servir d'indication pour
authentifier une pièce.
Outre l'examen des caractéristiques
d'identification, il est également nécessaire de s'intéresser aux restaurations
éventuelles. Les restaurations modernes sont parfois si habilement réalisées
qu'il est difficile de les voir. En tournant (prudemment) une porcelaine à la
lumière, un éclat partiellement différent peut être visible, indiquant un ajout
moderne. Les réparations plus anciennes sont généralement plus faciles à
repérer, car le matériau utilisé pour la réparation peut se décolorer avec le
temps (ce qui n'est pas particulièrement souhaitable sur une figurine d'une
blancheur immaculée).
Article paru le 13 janvier 2022 rédigé par Gritta von Toll sur le site de Barnebys -https://www.barnebys.fr/blog/