30 septembre 2024

Agnès Varda : son espièglerie, ses jeux de mots et calembours, pour Eni

Déjà par sa coiffure bicolore un peu punk , Agnès Varda se distingue : pas très grande par la taille, mais immense par le talent elle savait être rigolote voire espiègle. 

à gauche photo de Sandro Baebler / à droite Agnès Varda (1928-2019) au Festival international du film de Venise en 2008 
©Getty - Pool Catarina/Vandeville/Gamma-Rapho
Elle avait beaucoup d'humour et en plus d'être moderne pour son âge, elle pratiquait l'auto-dérision et jouait beaucoup avec les mots et les expressions pour titrer ses films et documentaires. Voici quelques exemples de ses facéties, qu'il faut imaginer dans le contexte.

"je suis contente d'être la moitié d'un Demy" : cette phrase a été écrite sur une carte postale adressé à son mari avec l'adresse du cimétière du Montparnasse 

"La  mamie du cinéma" : " On m’a appelé « grand-mère » de la Nouvelle Vague après mon premier film, La Pointe courte, réalisé en 1954. À l’époque, tous les Truffaut, Godard n’avaient pas encore tourné. Mon film était tellement radical qu’il n’a pas été du tout revendiqué par les garçons des Cahiers du Cinéma, plus sensibles aux propositions du cinéma américain.( ...)En somme, on m’a appelé « grand-mère » parce que j’avais commencé avant tout le monde. D’ailleurs j’avais trente ans quand on a dit ça. Maintenant je serais quoi, dinosaure de la Nouvelle Vague (rires) ?

Jeux de mots dans les titres de ses oeuvres : PatatutopiaTrytiques atypiques, l'Opéra Mouffe, DaguerréotypesMur-Murs,  Les glaneurs et la glaneuse, Documenteur, 

Agnès aime à se jouer du temps comme avec son autoportrait pris devant une peinture de Gentile Bellini à Venise en 1960, qu'elle a ensuite repris et complété en 2015, photographiée cette fois dans la composition par son complice JR.
Elle aime casser son image, avec d'autres autoportraits comme celui où elle représente son visage tout en mosaïque ( ou bien celui où on entraperçoit sa figure à travers une sorte de puzzle de morceaux de miroir brisés.
photos d autoportraits 'Agnès Varda - crédit photos Ciné-tamaris

Au moment de la sortie du film "Les plages d'Agnès" elle s'est fait caricaturée par Christophe Vallaux pour une série de cartes postales, sur ses  plages préférées : Cannes, Knokke-le-Zoute, La Havane, Los Angeles, Noirmoutier et Sète. Elle y a l'allule d'une petite bonne femme courte et ronde, à la chevelure bicolore, avec de grosses lunettes, un appareil photo et un sac en bandoulière, vêtue de tunique et pantalon dans des tons rouges, comme elle aime à les porter. 

création du personnage par Christophe Vallaux
DVD production Ciné-Tamaris

Il faut une bonne dose d'humour pour faire cela non ? C'est donc la raison pour laquelle je destine ce mail-art hommage d'Agnès à Eni, un très grand mail-artiste dont la création de jeux de mots est une autre de ses passions.
copie de la photo de JR et AV extraite de Visages, villages
double auto-portrait décrit plus haut  à 55 ans d'écart trouvée dans la bio sur le site de Ciné-Tam
aris 

Je suis désolée, Eni, je n'ai pas été tellement active en art postal cette année 2024 pour des raisons indépendantes de ma bonne volonté, mais je ne voulais pas t'oublier. J''espère que ce mail-art saura te plaire malgré les soucis rencontrés avec une imprimante en panne et la nouvelle que je n'ai pas encore réussi à démarrer. et que tu le recevras sans souci. Bel automne à toi.

Agnès Varda : la chineuse, la collectionneuse aussi, pour Nicole

Curieuse de tout, des gens surtout, Agnès Varda glanait beaucoup d'images, en butinant deci-delà, ce qui a lui a permis de nous offrir de très beaux films,  humanistes, sociaux, pleins de fantaisie, voire de poésie. 

Elle a pratiqué également l'auto-dérision avec beaucoup d'humour mais je viens de découvrir à l'occasion de la réalisation de cette mini-série hommage, qu'elle était aussi une chineuse, qui aimait à farfouiller dans les brocantes pour dénicher des cartes postales anciennes, principalement sur le thème des pensées et des anges.

Agnès en train de chiner photographiée par Catherine Verret pour l'oeil de la photographie
Collection de cartes postales - Correspondances d'Agnès Varda au Palais Idéal du Facteur Cheval photo Origins Studio
collection de cartes artistiques dans sa maison rue Daguerre photo de Paris Match

C'est là une nouvelle facette de sa personnalité attachante qui nous rapproche, nous les bricoleurs de correspondances artistiques qui aimons les relations épistolaires, n'est-ce pas Nicole ? Oui c'est à toi que je destine ce mail-art dans le cadre de cette mini série dédiée à Agnès Varda. Je t'en souhaite bonne réception.

Agnès Varda : une glaneuse de génie, pour Pascale

Agnès Varda aimait la vie avec un grand V, et elle avait vrai regard intéressé sur tout ce qui concernant la vie des gens,  oui, ceux que l'on peut rencontrer tous les jours. Déjà lorsqu'elle était photographe et qu'elle devait prendre des clichés des pièces qui se jouaient au T.N.P. de Jean Vilar à Avignon, c'était en coulisses qu'elle allait capturer des attitudes, des expressions des comédiens.

C'est cette aptitude particulière que j'apprécie chez elle, la faculté de savoir capter des petits bouts de vie à un instant T, et de savoir monter tous ses clichés et prises de vue pour en faire un document si plein d'humanité ensuite... C'est une butineuse avec un grand coeur, une merveilleuse glaneuse ! Ah, comme nous sommes loin des effets spéciaux et autres artifices du cinéma hollywoodien avec ce que nous propose Agnès, et c'est une chance qu'elle ait eu cette curiosité des autres et cette envie de transmettre. 

C'est donc tout naturellement que j'adresse ce mail-art à Pascale, une mail-artiste nordiste un peu en retrait depuis quelque temps, mais quelque chose me dit qu'elle a été touchée par cette artiste-là ... et puis les champs de patates avec des glaneurs et notre Glaneuse se passait dans le Nord où la pomme de terre est particulièrement reine.

image du DVD et photos tirées du films les glaneurs et la glaneuse - crédit photos : Ciné-Tamaris 

Pascale a été à sa manière aussi une glaneuse puisqu'elle allait chiner souvent dans les ressourceries pour alimenter sa fantaisie créative. Alors, bonne réception de ce mail-art en espérant qu'il te trouvera en pleine forme.

Les cabanes d'Agnès Varda : que du bonheur, pour Stéphanie

Ma correspondante voironnaise Stéphanie, artiste découpeuse sur papier,  aime beaucoup les cabanes que l'on retrouve souvent dans ses créations. Elle aime également beaucoup le cinéma. Je sais qu'elle apprécie beaucoup elle-aussi la personnalité et l'oeuvre d'Agnès Varda. 

Le DVD du film Le Bonheur crédit photo Ciné-Tamaris
La serre du bonheur, installation d'Agnès Varda au Domaine de Chaumont-sur-Loire, 2019 - © Éric Sander
 La Cabane du Bonheur - maquette, 2017, Collection Fondation Villa Datris, photo © Bertrand Michau

Alors c'était tout trouvé de lui adresser un mail-art hommage à Agnès où celle-ci a utilisé les pellicules de son long-métrage Le Bonheur tourné en 1964 devenues inutiles à l'ère du numérique pour en faire une (voire plusieurs) cabanes dans des installations d'art contemporain 

Ecoutons Agnès nous en parler : “Pour moi la nostalgie du cinéma en 35 mm s’est transformée en désir de recyclage… Je bâtis des cabanes avec les copies abandonnées de mes films. Abandonnées parce qu’inutilisables en projection. Devenues des cabanes, maisons favorites du monde imaginaire.

À l’époque, les copies de films arrivaient dans les cabines de projection sous forme de 5 à 8 boîtes de métal, rondes comme des galettes de 4 cm d‘épaisseur. Dans chaque boîte une bobine en métal sur laquelle était enroulé un grand ruban de 500 à 600 mètres de pellicule : c’était le film en images avec sur le côté le dessin optique du son. Le projecteur de la cabine avait deux lampes, l’une transmettait l’image, l’autre le son. De nos jours le support de chaque film est un fichier numérique, image et son, qui pèse en moyenne 200 g quand il n’est pas dématérialisé. On a jeté un peu partout des quantités de bobines et de pellicules… Pour mes films et ceux de Jacques Demy on s’est retrouvés avec des copies et des copies, dont les salles de cinéma ne veulent plus. On sait que je m’intéresse au glanage et au recyclage.

C’est la troisième cabane que je construis. Pour chacun de mes films j’imagine une forme particulière. Le film Le Bonheur réalisé en 1964 contait l’histoire d’un couple heureux, incarné par Jean-Claude Drouot, sa femme et ses enfants. Ils aimaient les pique-niques. J’avais tourné en Ile-de-France en pensant aux peintres impressionnistes. On entendait du Mozart. Le générique était tourné près d’un champ de tournesols, ces fleurs d’été et de bonheur.

Cette serre, avec ses doubles fenêtres si particulières, est fabriquée avec une copie entière du film, 2 159 mètres, qui permettront de compléter la construction. Les visiteurs pourront entrer dans la cabane et voir de plus près, les images du film en transparence. 24 images de la douce Claire Drouot valent une seconde de film. On est entourés par la durée du film et par les images d’un temps passé. Quant aux boîtes pour transporter les bobines elles sont devenues obsolètes. J’aime ces boîtes. Je me souviens qu’on en trimballait des masse (une centaine au moins) qui tintaient quand on les jetait dans les coffres de voiture pour aller mixer les films. Des boîtes pour l’image, pour les dialogues en direct, pour des musiques, pour les bruits… Est-ce encore nostalgie et/ou recyclage ? Une arche royale faite de ces boites vides de pellicules 35 mm nous invite à entrer dans le royaume de la seconde vie des films.” 

***  La Serre du Bonheur - Agnès VARDA Artiste visuelle  ***
extrait d'un article trouvé sur le site  anglais : https://www.crash.fr/we-remember-our-meeting-with-agnes-varda/

Vous venez d’inaugurer votre exposition Une Cabane de cinéma : la serre du Bonheur à la Galerie Nathalie Obadia. Le Bonheur est un film magnifique qui prend encore plus de sens dans cette cabane créée à partir des copies du film.
Dans cette serre, on fait pousser des plantes, et tout a été fait à partir d'une copie intégrale du film : 2 500 mètres de copies. C'est du recyclage, au sens sentimental comme au sens propre. On a recyclé le film lui-même, qui ne sert plus à rien, et j'ai aussi recyclé l'idée du film. Les copies sont la peau d'un film, c'est-à-dire qu'on a créé un organisme qui existe par lui-même. On peut « entrer » dans le film, même si ce n'est que dans un sens allégorique. J'ai aussi réalisé des caissons lumineux à partir des images de tournesols montrées au générique du Bonheur . Sur l'un est écrit « Mozart », sur l'autre « Claude Beausoleil » (le directeur de la photographie au nom magnifique) et sur le dernier, mon nom apparaît. C'est comme une version miniature du générique placé dans une boîte. L'idée est d'adapter le film à d'autres formes et supports.
En même temps, cela crée un lien entre votre travail de photographe et votre travail de réalisateur. On peut discerner les vingt-quatre images par seconde.
Oui, on les voit étalées. Puisque vous avez parlé de vingt-quatre images par seconde, je montre dans la petite salle du fond la pièce Images capturées, qui sont deux triptyques réalisés à partir d'une séquence de Vagabond . Dans cette séquence, Sandrine Bonnaire est poursuivie à travers un village par des monstres déguisés en animaux. En regardant la séquence au ralenti, j'ai extrait un vingt-quatrième d'une image, six fois différentes. Nous avons fait un tirage de chaque image capturée. Je trouve cela extrêmement intéressant parce qu'il s'agit encore une fois d'une forme de recyclage mental. Vagabond est complètement décortiqué. On ne connaît pas l'histoire, on ne sait pas ce qui se passe, mais on est dans la violence, une violence sans explication. La violence est montrée de tellement de façons aujourd'hui, que ce soit dans les films de guerre ou dans les relations sexuelles. Ce qui m'intéressait, ce n'était pas les histoires de violence, mais plutôt l'expression du sentiment de violence.
Parlons davantage du film Le Bonheur 
C'est un film solaire tourné dans une magnifique lumière d'été. Mais il y a aussi du drame et de l'ombre, comme dans les œuvres douces de Mozart qui contiennent leur propre angoisse. Le film est presque une exagération du bonheur, ou un cliché : un beau jeune homme, une belle jeune femme et des enfants. Tout cela est tellement cliché, mais il suffit d'un petit coup de pouce pour que tout s'écroule. C'était un film fragile et presque dangereux. J'avais dit quelque chose de très cruel à l'époque : « Chacun est unique mais remplaçable. » La cellule familiale est importante pour la notion de société. Si le rôle social fonctionne, s'il y a un père, une mère et des enfants, alors la cellule familiale fonctionne. Si on enlève un élément, il faut le remplacer. On ne peut pas avoir de trou… Le monde est plein de trous aujourd'hui.
Comment vous est venue l’idée du scénario ?
Très facilement. Sans trop réfléchir. Je l’ai écrit rapidement – ​​et je l’ai tourné rapidement aussi. Je suis allé voir Jean-Claude Drouot, qui était la vedette de l’émission Thierry La Fronde , et je lui ai proposé de jouer dans mon film. Je voulais – je souhaitais – qu’il vienne avec sa femme et ses enfants. Il a accepté. Et sa femme aussi. Puis nous avons tourné le film.
Pourquoi avoir voulu présenter la cabane du Bonheur plutôt que les autres cabanes de Vagabond ou de La Pointe Courte ?
La galerie et sa verrière se prêtaient davantage à l’installation d’une serre. La tente de Vagabond aurait été trop petite. Je pense que l’espace inspire ce que l’on y place. La première exposition que j’ai montée était à la Fondation Cartier, imaginée par Jean Nouvel. Dès que j’ai vu l’espace vaste et lumineux, j’ai tout de suite pensé à installer une cabane en pellicules de films recyclés. J’avais fait un film intitulé Les Glaneurs et moi , j’avais donc déjà en tête l’idée du recyclage. Le glanage, par définition, c’est la collecte de choses que d’autres ont jetées. Nos copies 35 mm ont été jetées, car nous ne projetons plus que des fichiers numériques. Une ou deux salles ont conservé les vieux projecteurs 35 mm par pudeur et les utilisent de temps en temps. Toutes les copies représentant le cinéma que nous aimions ont maintenant été jetées. J’ai eu simplement l’idée simple de recycler, avec un peu de nostalgie et l’envie de faire revivre ces films. Avant, on avait besoin de centaines de caisses en fer pour transporter les bobines de films et tout d'un coup elles sont devenues inutiles. J'ai utilisé ces caisses pour faire une arche : L'Arche de Cinéma est un simple recyclage et mon envie de faire une arche d'entrée.
Quand avez-vous commencé à faire de l’art en plus du cinéma ?
Cela a commencé avec la Biennale de Venise en 2003. J’ai été invitée par Hans Ulrich Obrist. Il a créé une section appelée Utopia Station où il voulait inviter des gens qui n’étaient pas étiquetés comme « artistes ». Il a notamment fait venir l’écrivain Edouard Glissant. C’était un pur bonheur pour moi. J’avais déjà fait des photos et des vidéos de pommes de terre en forme de cœur. Je me suis sentie prête quand Hans m’a appelée. J’ai donc exposé Patatutopia. C’était beau de voir les grands écrans avec toutes ces pommes de terre en forme de cœur qui respirent. Maintenant, on peut me qualifier d’artiste plasticienne, puisque je fais des triptyques. Les triptyques et les retables du XVe siècle sont une forme d’art que j’adore, parce que j’aime comment ils s’ouvrent et se ferment. Et le chiffre trois est très fort. J’ai fait plusieurs portraits avec des panneaux en vidéo, avec le panneau du milieu affichant un portrait en pellicule argentique et les panneaux latéraux affichant des images numériques pleines de couleurs et plus actuelles. J’aime combiner le noir et blanc et la couleur, le film et la photographie, les parties fixes et en mouvement. Il est impossible d’exercer un tel métier visuel sans tout insérer dans un flux plus large. Hélas, en France, on me considère comme un "grand cinéaste" mais jamais comme un "grand artiste". Certains musées américains ont acheté certaines de mes pièces. Il y a un de mes triptyques au MoMA, et le LACMA a acheté une de mes cabanes de cinéma et une fresque murale de vingt mètres. En France, la Fondation Cartier m’a remarqué et m’a proposé une vaste exposition. Maintenant, j’ai la chance d’être invitée à la Galerie Nathalie Obadia, ce qui est un vrai plaisir.

Agnès Varda exposa une cabane en forme de serre où poussent des tournesols lors de sa toute dernière installation dans les jardins de Chaumont sur Loire en 2019. 

 
Serre du bonheur, installation d'Agnès Varda au Domaine de Chaumont-sur-Loire, 2019 - © Éric Sander
***
Chère Stéphanie, je  te souhaite une belle réception de cet art postal textile, ainsi qu'un beau début d'automne. 

Agnès Varda : une artiste au coeur généreux, pour Thérèse

Lorsque l'idée m'est venue de créer une mini série pour rendre hommage à la grande artiste qu'était pour moi Agnès Varda et que j'ai vu cette main tenant une pomme de terre en forme de coeur, j'ai su qui serait immédiatement la destinataire de ma composition en cours de création avec un fond de tissu "récolte de pomme de terres". 

Thérèse ma correspondante nordiste a pour thème les mains et c'est donc tout naturellement à elle que ce mail-art s'adresse.

 
Copie du DVD Les glaneurs et la glaneuse, droits Ciné-Tamaris / Agnès au regard espiègle -photo de Sandro Baebler

En effet,  la pomme de terre est un légume particulièrement associé au Nord de la France, haut lieu de production. C'est dans ces champs même qu'Agnès a récolté tant d'images pour son film "Les glaneurs et la glaneuse", insistant sur le gaspillage alimentaire et sur les gens qui ont du mal à survivre par ailleurs. Ce film est d'une grande générosité et d'une grande humanité.

C'est après cette réalisation qu'elle contracta une passion pour les pommes de terre en forme de coeur, au point qu'elle en a reçu depuis tout ce temps-là dans sa boite aux lettres, et il en est encore actuellement qui sont déposées sur sa tombe au Cimetière du Montparnasse. 

Patatutopia fut l'une des installations les plus célèbres d'Agnès Varda dans sa 3e vie d'artiste visuelle. Depuis qu'elle avait tourné "Les glaneurs et la glaneuse", la cinéaste entretenait un lien étroit, fantasque  et très poétique avec le tubercule, clamant haut et fort son admiration pour la pomme de terre, “symbole d’une vie qui se renouvelle sans cesse”.

Quelque part, l’œuvre d’Agnès Varda est intimement liée à ce tubercule de caractère, capable – même abandonné, même délaissé – de germer et revivre.

J'espère chère Thérèse que je t'aurai fait sourire avec notre Dame Patate, lorsque Agnès alla jusqu'à se déguiser en pomme de terre pour figurer dans son installation. Je t'en souhaite bonne réception.

Agnès Varda : ses correspondances, son lien avec le Palais Idéal d'Hauterives, pour Christophe

Comment ne pas mettre en lumière cet aspect là de la personnalité d'Agnès, alors que je suis mail-artiste et que rien ne saurait me faire plus plaisir que de recevoir du beau courrier avec quelques mots d'un correspondant ou d'un ami? Lorsqu'elle vivait encore,  j'ai été tentée d'adresser un courrier d'art postal à Agnès pour la remercier de son oeuvre et pour lui signifier toute mon admiration, mais finalement je n'ai pas osé :  j'ignorai totalement qu'elle avait aussi cette passion-là.

 le Palais Idéal du Facteur Cheval à Hauterives dans la Drome :Photo Frederic JOUHANIN-Le Labo
Quelques photos de l'exposition  "Correspondances d'Agnès Varda" de 2020 tenue dans le Palais idéal du Facteur Cheval - Photos Origins Studio 
Je choisi d'illustrer cet aspect-là de cette artiste si inspirante pour mon ami Christophe Blaise, proche  de la Drome et de  Hauterives, qui a lui aussi un lien particulier avec le Facteur Cheval et son Palais, et qui a créé dans son jardin un mini-musée de l'Art Postal : le MIAP.

J'espère que ce nouveau mail-art te plaira Christophe et que tu le recevras sans souci. Passes un bel automne dans de jolies couleurs au coeur du Vercors.

*** "Agnès Varda Correspondances: exposition au Palais du Facteur Cheval ***

En 2020, Le Palais Idéal, à Hauterives dans la Drôme, a proposé une étonnante exposition autour de la passion d'Agnès Varda, pour  les correspondances, pour les lettres, les cartes postales et les facteurs qui traversent souvent ses films. Agnès Varda a toujours été très attachée à l’œuvre du Facteur Cheval et a aimé revenir visiter son Palais Idéal à de nombreuses reprises depuis les années 50. 

Tournée géniale :
Les points de convergences entre Agnès et Ferdinand ne manquent pas : inlassables constructeurs d’une œuvre unique dont ils furent les précurseurs (l’une de la Nouvelle Vague, l’autre d’un courant architectural naïf), ils vouaient pour des raisons diverses un attachement particulier à l’acte épistolaire. Nul besoin d’en dire plus pour Cheval, facteur rural de son état ; pour Agnès en revanche, écrire ou recevoir du courrier procédait d’une cérémonie entre l’intime et l’extime — n’a-t-elle pas, à de nombreuses reprises dans ses fictions ou documentaires, représenté des missives et des facteurs à l’écran ? Échangeant avec des spécialistes du mail art ou du m@il art que sont Kikie Crêvecour ou Chris Marker, conservant les plis de ses expéditeur célèbres (Calder…) ou anonymes, collectionnant les cartes postales thématiques (les “Pensées“, les “Annonciations“…), allant jusqu’à entretenir une correspondance forcément univoque car posthume avec son défunt époux Jacques Demy (à l’adresse du cimetière du Montparnasse !), cette archiviste du quotidien faisait de la conversation scripturaire une relation merveilleuse qui, en ces temps de « distanciation sociale » stupéfie par son actualité.

Cette exposition "Agnès Varda Correspondances" a mis à jour les liens qui unissaient Agnès à ce lieu unique à travers son goût pour les relations épistolaires, sa passion pour les cartes postales, ses références à la figure emblématique du postier-facteur qui traversera souvent son œuvre cinématographique et documentaire.

Des photographies d’Agnès Varda et œuvres en lien avec certains de ses films comme Les glaneurs et la glaneuse ou Deux ans après ont été présentées ainsi que de nombreuses pièces de sa collection personnelle : lettres échangées avec des artistes tels Calder, Pierre François ou Chris Marker, collections de cartes postales anciennes, témoignages de spectateurs qui ont aimé ses films.

Des personnes connues ou inconnues ont alimenté ce plaisir postal tout au long de sa vie comme en témoignent de nombreux documents, art-mails ou cadeaux d’art modestes, témoins créatifs et ludiques mis en correspondances.

Agnès Varda était fascinée par le Palais Idéal du Facteur Cheval. Architecture fantastique, construite avec des pierres ramassées dans les chemins et un imaginaire fou. "Les facteurs sont des messagers du destin", disait la cinéaste. Le Facteur Cheval renvoie à l'image des glaneurs qui ramassent des pommes de terre ; autre passion symbolique et poétique d'Agnès Varda. 

Dans l'exposition, l'immense image du facteur Jacky Patin qui était collé sur les murs de Bonnieux, pour le film "Visages Villages " avec JR. Magnifiques; les lettres et les enveloppes dessinées par Calder. Très émouvantes, aussi, ces cartes qu'Agnès Varda écrivait à Jacques Demy et adressée au cimetière du Montparnasse, c'était pour un projet de livre. Avec cette phrase tendre et espiègle : J'ai bien aimé être la moitié d'un Demy !

Sources texte et photographies : 
- extrait d'article de Vincent Raymond du 29-05-2020, paru dans la rubrique Expo du Petit Bulletin de Lyon 
- extrait d'un article sur le magazine Connaissance des Arts 

Agnès Varda et son amour des chats, pour Marc

Pour parler des chats d'Agnès Varda , je ne pouvais omettre d'adresser un mail-art à Marc, lui qui aime tant les chats et les dessine ou peint, dans toutes les attitudes. Voici donc ce qui lui est destiné, je ne sais pas encore s'il aime ou non les réalisations multiples de cette artiste protéiforme, toujours curieuse et enjouée jusqu'à la fin de sa vie. 

Les photos des chats d'Agnès avec ou sans elle sont à mettre au crédit de Ciné-Tamaris tout comme la reproduction du logo/la vitrine avec les chats est une photo de l'exposition Viva Varda publiée par Sortir à Paris 

Dans le portrait chinois d'Agnès Varda, à la question "quel animal auriez vous voulu être?", la réponse fuse aussitôt : "un chat ". Autour d'elle et dans toutes ses oeuvres, le chat est très souvent présent. Pour commencer il trône en maître sur le logo de sa société de production Ciné-Tamaris 

Ci-après Agnès nous présente sa chatte Zgougou qui est un peu envahissante dans les studios de Ciné-Tamaris 
Vidéo hommage à Zgougou, publiée sur la chaine Youtube de Gristal
Le félin est présent dans ses installations comme ici, avec le tombeau de Zgougou abrité dans une cabane dans le jardin de la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain de  Paris. La cabane est réelle, le tumulus à l'intérieur aussi,  mais c'est une vidéo qui passe, filmée sur le vrai tombeau de la chatte qui repose  dans l'Ile de Noirmoutier. 
Agnès Varda et Vinciane Despret - Rencontre à côté du Tombeau de Zgougou - 2016
Vidéo publiée sur la chaine Youtube de la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain
Rencontre dans le jardin de la Fondation Cartier entre Agnès Varda (artiste) et Vinciane Despret (philosophe, éthologue, anthropologue des éthologues, auteure au catalogue de l'exposition Le Grand Orchestre des Animaux). Dans la collection de la Fondation Cartier, une œuvre d'Agnès Varda, Le Tombeau de Zgougou, perpétue, tel un temple protecteur dédié à l'esprit des animaux de compagnie, la mémoire de sa bien-aimée et à jamais regrettée chatte Zgougou. Agnès Varda Le Tombeau de Zgougou, 2006 Installation vidéo Durée : 3 min 40 (en boucle) Musique : Steve Reich, Pour cordes (avec vents et cuivres) Collection Fondation Cartier pour l'art contemporain, Paris Entretien réalisé dans le cadre de l' exposition Le Grand Orchestre des Animaux présentée du 2 juillet 2016 au 8 janvier 2017 à la Fondation Cartier pour l'art contemporain Du 2 juillet 2016 au 8 janvier 2017, la Fondation Cartier pour l'art contemporain présente Le Grand Orchestre des Animaux, inspiré par l'œuvre de Bernie Krause, musicien et bioacousticien américain. L'exposition, qui réunit des artistes du monde entier, invite le public à s'immerger dans une méditation esthétique, à la fois sonore et visuelle, autour d'un monde animal de plus en plus menacé.

ou bien dans les Jardins de Chaumont sur Loire en 2019, avec l'arbre à Nini, l'une de ses trois ultimes installations puisqu'Agnès s'éteindra le jour de l'inauguration.
crédit photos : Frédérique Lecomte /ONF

Commentaires de l'article de l'Office National des Forêts : à 90 ans, la célèbre réalisatrice de cinéma, photographe et "jeune plasticienne" comme elle aimait se définir, venait d'inaugurer un triptyque reliant l'art et la nature au festival Saison d'art au domaine de Chaumont-sur-Loire. Pour l'une de ces œuvres, intitulée "L'arbre de Nini", Agnès Varda a utilisé une souche d'arbre offerte par l'ONF. Cet épicéa renversé par le vent, provenant de la forêt domaniale de Raismes (Nord), a été utilisé pour rappeler l'arbre de la cour de sa maison à Paris, sur lequel sa chatte Nini aimait grimper.

On retrouve les minets partout sur des photos représentant l'artiste rue Daguerre  :
    
A gauche, avec Zgougou, à droite avec Nini - Crédit photos Ciné Tamaris

et bien entendu ils étaient bien présents à la superbe exposition de l'an passé à la Cinémathèque de Paris Viva Varda dont je vous ai parlé déjà parlé, où figurait en vitrine sa collection de chats!

A écouter Agnès parler de ses chats disparus, et de l'attention qu'elle leur porte encore, on sent combien cette femme est pétrie d'humanité et sait traduire avec force toutes ses émotions pour les sublimer et les transformer en des créations qui nous touchent toutes et tous, qu'elle qu'en soit la forme.

Merci Agnès, quel cadeau ce fut de pouvoir te connaître (pas en vrai, mais j'aurai bien aimé) à travers tes nombreuses oeuvres. Tu aimes les gens, tu aimes les animaux, tu aimes la vie! merci!

Agnès Varda, une artiste engagée pour les droits des femmes, pour Chantal

Pour ma correspondante Chantal, j'ai voulu réaliser un mail-art représentant tout l'engagement d'Agnès Varda pour la cause des femmes, une constante dans son oeuvre  aussi une des raisons pour laquelle je me sens proche d'elle. 

Carlos Santos, Delphine Seyrig et Agnès Varda lors d’une manifestation féministe, vers 1972. © Carlos Santos / article de Libération sur les photos et les noms des signataires dit Manifeste des 343 salopes /
photo du film L'une chante l'autre pas droit Ciné-Tamaris -

Si sa dernière apparition forte sur le sujet remonte à 2018 où 80 femmes cinéastes et actrices se sont installés sur les Marches du Palais du Festival de Cannes pour dénoncer les brimades et le sexisme  dont elles sont victimes dans l'industrie du cinéma (après l'affaire Weinstein et l'arrivée du mouvement Me Too en France), Agnès Varda a toujours été du coté des femmes, pour qu'enfin elles soient reconnues à leur juste valeur et libres. 

Agnès Varda – Montée des Marches de 82 femmes au Festival de Cannes 2018 – © Alberto Pizzoli/AFP

Dans ces combats-là, Agnès Varda n'a jamais désarmé : cette volonté était en elle, toute jeune déjà elle n'a pas accepté le prénom que ses parents lui avait attribué (Arlette car conçue à Arles), elle a préféré se choisir celui d'Agnès.

Dans son métier, très vite elle a compris qu'il lui fallait être autonome pour être libre : elle a toujours mené sa vie comme elle l'entendait, personnelle comme professionnelle. Enceinte de Rosalie, elle a fait le choix de quitter son compagnon, pour vivre sa grossesse et élever son enfant seule.

Elle ne voulait pas se soumettre aux volontés des sociétés de production classiques qui auraient interférer sur sa manière de procéder. C'est pourquoi elle a créé très vite créer sa propre société de production Tamaris-Films devenue Ciné-Tamaris, même si ses choix lui ont occasionné forcément de nombreuses galères de financement.

Agnès s'est battue pour le droit à la contraception,  pour le droit à l'IVG, elle a défilé aux cotés de Delphine Seyrig et de Gisèle Halimi pour que ne se reproduise plus des drames comme celui enduré par Marie-Claire qui fut exposé lors du procès de Bobigny. Elle figurait sur la liste des femmes ayant eu le courage d'affirmer avoir avorté publié sous le titre des "343 salopes" dans le journal Le Nouvel Obs en 1971. 

Son film "L'une chante, l'autre pas", traite justement de cette question du droit de disposer de son corps et de choisir si l'on veut ou non d'une maternité. 

"S'il y a une lutte racontée dans ce film c'est celle pour la contraception, pour la liberté sexuelle ou corporelle des femmes. Dans l'histoire de cette lutte, le procès de Bobigny -qui a abouti à la loi Simone Veil autorisant la contraception- est plus important que 68." Agnès Varda

*** réflexions d'Agnès Varda sur les femmes et le cinéma ***

La cinéaste française Agnès Varda s'exprime sur la place des femmes dans le cinéma alors qu'elles sont désormais totalement acceptées en tant que réalisatrices et scénaristes. Une interview diffusée dans Lucarne ovale le 3 mars 1978 - Vidéo publiée par les archives de la RTS


Agnès Varda et le féminisme - Vidéo publiée sur la chaine Youtube Ciné-Tamaris 

Les plages d'Agnès Varda : auto-documentaire pour Sylvie

Bien qu'elle ne soit pas une "fille du bord de mer", je suis sûre de faire plaisir à ma correspondante du Jura, car il me semble avoir déjà discuté avec Sylvie de la carrière et des films d'Agnès Varda,  pour laquelle elle a aussi beaucoup d'admiration. 

C'est du film "Les plages d'Agnès" dont il est question ici : j'ai réalisé un mail-art sur un fond de dentelle beige clair, comme la couleur du sable, Pour plus de vraisemblance, j'y ai rajouté un petit coquillage et un brin d'algue séchée.

Les droits des photos tirées du film et celle du DVD Les plages d'Agnès appartiennent   à Ciné-Tamaris  

« Si on ouvrait des gens, on trouverait des paysages. Si on m'ouvrirait moi, on trouverait des plages" se plaisait à dire Agnès

Synopsis : En revenant sur les plages qui ont marqué sa vie, Varda invente avec Les Plages d’Agnès une forme d’auto-documentaire. Agnès se met en scène au milieu d’extraits de ses films, d’images et de reportages. Elle nous fait partager avec humour et émotion ses débuts de photographe de théâtre, puis de cinéaste novatrice dans les années 1950, sa vie avec Jacques Demy, son engagement féministe, ses voyages à Cuba, en Chine et aux États-Unis, son parcours de productrice indépendante, sa vie de famille et son amour des plages. 

Une partie très importante de son existence est jalonnée par les plages où elle a des souvenirs forts : de celle de la mer du Nord  à Knokke le Zout ou à la Panne de sa tendre enfance, à celles de Sète dans sa jeunesse, puis plus tard, les plages de Noirmoutier que lui fit connaître Jacques Demy, d'autres rivages plus lointains lorsqu'elle se rendit avec son mari à Los Angelès dans les années 65-66.

 de gauche à droite : Plage de Knokke le Zoute (site de la Saison bleue) / plage de Sète / plage de Los Angelès, plage de Noirmoutier La Guérinière

En plus des plages déjà citées, Agnès poussa le bouchon jusqu'à créer une plage à Paris, au bout de sa rue. Après s'être fait livré tout un camion de sable, elle a installé tout le staff de son équipe de production de Ciné-Tamaris, dans une sorte de Daguerre-Plage (par analogie avec le fameux Paris-Plage). Ce film déborde de fantaisie tout en retraçant le parcours si riche de cette belle artiste.

Daguerre-Plage avec toute l'équipe de Ciné-Tamaris - tiré du film les Plage d'Agnès - droits photographiques : Ciné-Tamaris

Agnès Varda et les fresques murales, pour Michèle

Comme elle est très passionnée et amatrice de street-art, c'est à ma correspondante Michèle que j'ai pensé pour ce nouveau mail-art, où j'ai voulu mettre en avant la manière dont Agnès Varda s'est enthousiasmée par les peintures murales qu'elle a découvertes à Los Angeles lors de son séjour états-unien au mitant des années 60. 

Fresques murales de Los Angeles et du DVD du film "Mur Murs" - crédit photo Ciné-Tamaris
Photo de la Fresque de JPC, auteur de la photo Lionel Gripon pour le site https://www.trompe-l-oeil.info/ 

Chère Michèle, je t'en souhaite une bonne réception ainsi qu'un beau début d'automne. 

*** Le film Mur Murs  ***

Dans son film "Mur murs" sorti en 1980, Agnès dresse "un portrait de Los Angeles par ses peintures murales, cela représente la vitalité des habitants qui ont quelque chose à dire, dans notre civilisation on a perdu ce sens spontané de l'art, ces peintures disent des choses, elles rouspètent, ce sont des peintures de revendication...". On y rencontre à la fois des habitants du quartier qui racontent comment ils vivent dans cet environnement, on y voit des oeuvres qui peuvent être hautes de plusieurs étages ainsi que les artistes qui les ont peint et leur motivation. C'est alors un lieu d'expression privilégié pour les minorités, principalement des latinos et chicanos,  dans cette grande ville multiculturelle.

Cette déambulation et cette curiosité pour les gens ordinaires et pour l'art qui s'écrit sur les murs (comme au temps de la préhistoire) résument encore une fois tout ce que j'apprécie chez Agnès, dans une exubérance et un foisonnement de couleurs, ici. Plutôt que de raconter la ville de Los Angeles, capitale du cinéma et son mythique quartier d'Hollywood, ce sont les petites gens encore une fois qui l'ont immédiatement séduite.

Voici le livret sur les fresques murales de Los Angelès du film Mur Murs d'Agnès Varda 
En parallèle, je montre une fresque qui a été réalisée l'année d'après sa disparition par l'artiste JBC dans une rue du 14e arrondissement de Paris, son quartier de prédilection : elle y est représentée ainsi que certaines figures de ses films (cf. ci-dessous).

*** la fresque hommage à Agnès Varda ***
Auteur de la fresque JBC, auteur de la photo Lionel Gripon pour le site https://www.trompe-l-oeil.info/ 

Jean Baptiste Colin alias JBC est un artiste français qui utilise des couleurs chaudes et des éléments végétaux dans ses fresques. Ce choix rappelle l'importance des tropiques dans l'imaginaire de l'artiste, fruit de ses nombreux voyages en Amérique latine.
Il nous propose une longue fresque rendant hommage à Agnès Varda, de gauche à droite on peut voir :
- Agnès Varda (1928 – 2019) : Photographe et réalisatrice de cinéma
- Cléo de 5 à 7 avec Corinne Marchand : Un film d’Agnès Varda sorti en 1962.
- Le lion pour « Le lion volatil », un court métrage d’Agnès Varda avec Julie Depardieu de 2003.
- Les personnages de la partie droite sont les commerçants de la rue Daguerre et le magicien Mystag présents dans le film Daguerréotypes (film d’Agnès Varda de 1975). Daguerréotypes est long métrage documentaire qui se situe entre les numéros 70 et 90 de la rue Daguerre (à 200 mètres de la fresque) (clichés du 22/08/2020).

Localisation : Rue Charles Divry & Rue Boulard, Paris 14ème (Dépt 75 – Paris)
Date de réalisation : Juillet 2020

*** La Grande Muraille de Los Angeles ***
extrait d'un article relevé sur le site de SPARC (Art- Création de Sites de mémoire publique depuis 1976)

La Grande Muraille de Los Angeles est l'un des véritables monuments culturels de Los Angeles et l'un des monuments les plus respectés et les plus grands du pays en matière d'harmonie interraciale. Premier projet d'art public de SPARC et véritable pièce maîtresse de son projet, la Grande Muraille est une représentation picturale historique de l'histoire des peuples ethniques de Californie de la préhistoire aux années 1950, conçue par la directrice artistique et fondatrice de SPARC, Judith F. Baca. Commencée en 1974 et achevée sur cinq étés, la Grande Muraille a employé plus de 400 jeunes et leurs familles issus de milieux sociaux et économiques divers, travaillant avec des artistes, des historiens oraux, des ethnologues, des universitaires et des centaines de membres de la communauté.

Sa longueur d'un demi-mile (830 m) dans le canal de contrôle des crues de Tujunga dans la vallée de San Fernando, avec son parc et sa piste cyclable, accueille des milliers de visiteurs chaque année, offrant un hommage vibrant et durable aux travailleurs de Californie qui ont véritablement façonné son histoire. En 2000 et 2001, SPARC a reçu la reconnaissance et le soutien de la prestigieuse initiative Animating Democracy: The Role of Civic Dialogue in the Arts de la Fondation Ford et de l'initiative Partenariats Affirming Community Transformation de la Fondation Rockefeller. En 2013, elle a également reçu une subvention de 90 000 $ du National Endowment for the Arts pour poursuivre les travaux sur la Grande Muraille, organiser des séances de dialogue civique et, finalement, concevoir les quatre décennies restantes du siècle (des années 1960 aux années 1990).

La restauration de la fresque, un besoin crucial, et la poursuite de la réalisation de futurs panneaux réalisés par la prochaine génération d'enfants de la Grande Muraille demeurent un programme vital et permanent de SPARC. Nous lançons actuellement une importante campagne de collecte de fonds pour restaurer, agrandir et créer un parc à usage complet sur la Grande Muraille, établissant ainsi le site comme une destination éducative et culturelle internationale.

Un message personnel de Judy Baca :« En 1975, alors que la Grande Muraille n’était encore qu’un rêve, je n’aurais jamais imaginé qu’elle me ferait vivre, ainsi qu’aux plus de 400 jeunes « Mural Makers » et aux 35 autres artistes de mon équipe, une série d’expériences aussi émouvantes. Je n’aurais pas non plus pu imaginer que 27 ans après la première application de la peinture sur le mur, ce serait encore un travail en cours.
Lorsque j’ai vu le mur pour la première fois, j’ai imaginé un long récit d’une autre histoire de la Californie, une histoire qui inclurait des ethnies, des femmes et des minorités qui étaient si invisibles dans les récits classiques des manuels scolaires. La découverte de l’histoire des peuples multiculturels de Californie a été une révélation pour moi comme pour les membres de mes équipes. Nous avons appris chaque nouvelle décennie d’histoire par épisodes d’été : les années 20 en 1978, les années 30 en 1980, les années 40 en 1981 et les années 50 en 1983. Chaque année, nos visions se sont élargies au fur et à mesure que les images parcouraient le mur. Tandis que notre perception de la place de nos familles individuelles dans l’histoire prenait forme, nous sommes devenus une famille les uns pour les autres. Travailler à la réalisation d’un objectif commun difficile a modifié notre compréhension mutuelle et, surtout, de nous-mêmes.
J'ai conçu ce projet en tant qu'artiste qui s'intéresse non seulement aux considérations esthétiques physiques d'un espace, mais aussi aux problèmes sociaux, environnementaux et culturels qui affectent le site. Je ne suis pas une assistante sociale, même si les gens me qualifient à tort de telle, et je ne suis pas une enseignante, même si j'ai des compétences pédagogiques. Je m'appuie sur des compétences que les artistes n'utilisent pas normalement. J'ai autant appris que j'ai enseigné des jeunes que j'ai eu la chance de connaître en travaillant à leurs côtés. Ils m'ont appris, entre autres, à rire de moi-même, à mettre du plaisir dans le travail acharné et à ne pas avoir peur de croire en quelque chose. Je leur en suis extrêmement reconnaissante.
Ce qui m’a le plus marqué dans l’expérience de la Grande Muraille, c’est peut-être le courage des individus qui ont enduré, qui ont parlé et qui ont surmonté des obstacles apparemment insurmontables. C’est vrai pour les gens que nous avons représentés et pour nous-mêmes, les créateurs de fresques murales" – Judith F. Baca

Vidéo de SPARC: Great Wall of LA: Bill Moyers-Creativity in America- 
Segment historique sur la Grande Muraille de Los Angeles de l'exposition de Bill Moyer « Creativity in America ». 1976-présent : La Grande Muraille de Los Angeles, un projet de fresque/d'éducation de 800 m de long, est l'un des véritables monuments culturels de Los Angeles et l'un des monuments les plus respectés et les plus grands du pays en faveur de l'harmonie interraciale. Premier projet d'art public de SPARC et sa véritable pièce de signature, la Grande Muraille est une représentation picturale historique de l'histoire des peuples ethniques de Californie de la préhistoire aux années 1950, conçue par la directrice artistique et fondatrice de SPARC, Judith F. Baca. Commencée en 1974 et achevée en six étés, la Grande Muraille a employé plus de 400 jeunes et leurs familles d'horizons sociaux et économiques divers travaillant avec des artistes, des historiens oraux, des ethnologues, des universitaires et des centaines de membres de la communauté.

Vidéo de PBS NewsHour : reportage sur la Gande Muraille et son instigatrice 
Comment les peintures murales de Judy Baca aident à reconstruire l'histoire grâce à la mémoire publique.

En visualisant ce reportage, je me dis que décidément cette artiste muraliste aurait bien plu à Agnès Varda si elles avaient pu se croiser.

Agnès Varda : la rue Daguerre et Paris 14ème, pour Michèle

Rue Daguerre, tout le monde savait où habitait Agnès Varda. Elle y était arrivée comme jeune photographe, à la recherche d’un atelier d’artiste. Elle en fit donc sa maison, y vécut avec Jacques Demy et ne l’a plus jamais quittée, jusqu’à ses derniers instants. Elle racontait en s'amusant "Il m'est arrivé de recevoir du courrier ainsi libellé : 'Agnès Varda Paris 14e'.»
 La maison d'Agnès au 86 de la rue Daguerre -  Crédit : François Kerlou via Instagram
Je suis certaine que Michèle ma correspondante parisienne apprécie comme moi l'oeuvre protéiforme de d'Agnès Varda. 
Photo de la place Jacques Demy trouvée sur le site "sortir à Paris 
 Corinne Marchant dans Cléo de 5 à 7 circulant boulevard du Montparnasse / Agnès circulant rue Daguerre, devant sa maison ou dans son patio au 86 de la rue Daguerre : crédit photo Ciné-Tamaris


C'est pourquoi je lui destine cet art postal textile consacré aux lieux de Paris qu'elle affectionnait tout particulièrement et lui en souhaite bonne réception.

*** Le Paris d'Agnès Varda ***

Paris, 1947. Une toute jeune bachelière du nom d’Arlette Varda arrive en ville. Sans repère. La petite belge qui a grandi à Sète, est montée à la capitale pour étudier la photographie aux Beaux-Arts, puis l’histoire de l’art à l’école du Louvre.

Entre elle et la Ville-Lumière, le coup de foudre n’est pas immédiat. Elle arpente les arrondissements à pied, à la recherche d’un endroit où bâtir son cocon et son atelier. C’est finalement dans le XIVe arrondissement, au 86 de la rue Daguerre qu’elle pose ses valises pour les 70 prochaines années. “En 1951, j’étais jeune et photographe et je cherchais un atelier dans ce quartier, populaire et artiste (…) Dans les annonces de fonds de commerce, j’ai trouvé un duo : une boutique d’encadrement qui se prolongeait par les ateliers avec, en haut, une grande pièce pour la dorure et une épicerie récemment fermée. Entre les deux, une ruelle. Le tout dans un état de demi-taudis avec pour seul sanitaire un cabinet à la turque dans la cour. L’espace m’a plu et j’ai imaginé vivre là. Daguerre, né avec la Révolution française, me protégerait." avait-elle expliqué dans Libération. Au fil du temps, l’artiste devient l’emblème de ce quartier aux allures de village. Elle disait d’ailleurs : “je n’habite pas Paris, j’habite Paris 14ème”. À sa mort en 2019 à l’âge de 90 ans, ses voisins et les commerçants environnants se souvenaient avec émotion de cette petite femme, souriante, accessible et définitivement moderne.

Lieu d’inspiration perpétuel : Le quartier Montparnasse est un terrain de jeu et une source d’inspiration inépuisable pour Agnès Varda . En 1961, elle y plante le décor de son deuxième long-métrage Cléo de 5 à 7. On y suit la déambulation d’une jeune femme, qui doit attendre les résultats de ses examens médicaux. Elle craint d’être atteinte d’un cancer, prédit auparavant par une cartomancienne. Dans ce parcours filmé en temps réel, la jeune chanteuse passe par la rue Delambre, la rue Huyghens où se trouve son appartement ou encore au café du Dôme, à l’intersection entre le boulevard Raspail et le boulevard Montparnasse. Le parc Montsouris avec ses balustrades imitant des branchages est quant à lui le théâtre de la rencontre entre Cléo et Antoine, un soldat qui doit repartir pour l’Algérie.

Le plus grand hommage à son quartier tient cependant dans les 80 minutes de son documentaire Daguerréotypes, réalisé en 1975. “Ce n’est pas un film sur la rue Daguerre, pittoresque rue du 14e arrondissement, c’est un film sur un petit morceau de la rue Daguerre, entre le n°70 et le n°90, c’est un document modeste et local sur la majorité silencieuse, c’est un album de quartier, ce sont des portraits stéréo-daguerréotypés, ce sont des archives pour les archéo-sociologues de l’an 2975. C’est mon Opéra-Daguerre” disait la cinéaste à propos de son travail. Le bazar, le marchand d’accordéon, le boulanger ou l’épicier sont passés devant la caméra de Varda, dont le câble de plus de 90 mètres dépassait de sa boîte aux lettres. Elle s’est donc attelée à dépeindre son quartier avec le plus de justesse possible en s’attardant sur des petites choses qu’on ne remarque pas.

Copie de photos extraites du film Daguerréothypes - droit réservés Ciné-Tamaris

En 2003, elle offre un os à ronger au lion de la place Denfert-Rochereau (14e) pour son court métrage Le Lion Volatil (2003) et déverse des tonnes de sable dans la rue Daguerre pour tourner une scène des Plages d’Agnès (2008).

Si le XIVe arrondissement a été marqué par Agnès Varda, il l’a été aussi par Jacques Demy, réalisateur des Demoiselles de Rochefort et époux de l’artiste pendant 32 ans. En 2004, la Mairie de Paris a d’ailleurs fait le choix de rebaptiser la place Mouton-Duvernet en place Jacques Demy. Le couple est resté fidèle à son quartier de cœur et a choisi comme dernière demeure le cimetière Montparnasse où ils reposent tous les deux.

photo relevée sur Wikipédia

Source : Extrait d'un article paru sur ZigZag Paris en 2019
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Le 14e arrondissement de Paris est souvent présent dans l'oeuvre d'Agnès Varda, comme l'artiste le précise dans cette vidéo.

Vidéo publiée sur la chaine Youtube des Nautes de Paris 
: Graff, tag peinture murale street-art des 13e et 14e arrondissement de Paris : 
on peut y retrouver la fresque Varda à compter de 3'11''