Je m'attaque aujourd'hui à un sujet brûlant dans l'actualité au point que mes oreilles en sont douloureuses : "l'immigration, les immigrés, les migrants, les réfugiés, les demandeurs d'asile" on entend ces mots à longueur de journée, les chaines d'opinion et les media mainstream s'en font sans arrêt l'écho! N'oublions jamais qu'ils ne sont pas une entité globale et indifférenciée, mais qu'il s'agit là tout simplement d'individus comme vous et moi, des hommes, des femmes et des enfants!
Cela me fait mal aux tripes également car je suis une petite-fille d'immigrés italiens, venus de leur lointaine et pauvre région du Frioul et fuyant l'Italie fasciste : oui, je suis la fille d'une "macaroni" comme on appelait ma maman lorsqu'elle était petite-fille, pourtant née en France. A l'époque, il n'était pas forcément très facile de s'intégrer car les plus pauvres et les plus démunis étaient souvent mis au banc de la société, y compris dans les petits villages comme celui où la famille s'est fixée (cf. Le Rital de Cavana). Cependant, à force de volonté et de travail, toute la famille s'est bien insérée, heureuse de pouvoir voir les enfants s'instruire à l'école de la République, même s'ils ont dû la quitter dès l'age de 14 ans pour aller travailler à leur tour.
Alors, pour Jean-Fi, j'ai réalisé un montage à partir de différentes photos et dessins retraçant la migration des plus pauvres lors de la grande dépression consécutive au crash boursier de 1929 aux USA. Comme quoi, le problème de la migration ne concerne pas uniquement les personnes racisées, qui sont toujours prises comme boucs émissaires de tous les maux dont souffre notre société.
Photos de Dorothea Lange - 1929- Migrants sur une autoroute en Californie - 1935 Jeune famille sans abri
Au centre : The Transients- dessin de Phyllis Pele de Lappe de 1938
Aujourd'hui, la France a une démographie en berne, et les boulots les plus ingrats et les plus mal payés ne sont plus acceptés par les Français : que deviendraient le BTP, les soignants à l'hôpital et dans les EPHAD, les aides à domicile, les éboueurs, les personnes en charge de l'assainissement et du nettoyage des rues et des locaux industriels, et j'en passe... sans la présence de ces "étrangers" qui viennent apporter leur force de travail mais restent invisibilisés et si mal payés -trop souvent au noir-?
Je te souhaite une bonne réception Jean-Fi, de ce mail-art, j'espère qu'il te plaira, tellement je me sens solidaire avec tous ceux qui sont obligés de s'expatrier pour survivre.
*** Les différentes vagues d’immigration en France ***
La France est le plus ancien pays d’immigration en Europe. Dès la seconde moitié du XIXe siècle une immigration de masse est venue combler les pénuries de main-d’œuvre.
D’abord frontalière (allemande, belge), elle s’est diversifiée à la fin du XIXe siècle, et plus encore après la Première Guerre mondiale, pour répondre aux besoins de reconstruction du pays. Les immigrations italienne (communauté la plus nombreuse en 1930) et polonaise ont largement contribué à alimenter les secteurs de la mine, du bâtiment et de l’industrie sidérurgique et métallurgique.
Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, le paysage migratoire s’est diversifié car l’immigration italienne, moins importante que prévue, a été remplacée par une immigration espagnole, portugaise, yougoslave, turque, tunisienne, marocaine et, enfin, originaire des pays subsahariens. L’immigration algérienne, quant à elle, est bien plus ancienne puisqu’elle a commencé dès la fin du XIXe siècle.
L’arrêt de l’immigration de travail salarié décidé par l’État en 1974 a accéléré le regroupement familial des non-Européens, peu nombreux à retourner dans leurs pays alors que les Européens bénéficiaient progressivement de la liberté de circulation, d’installation et de travail.
Une (lente) diversification des pays d’origine
Aujourd’hui le paysage migratoire s’est diversifié en raison également de l’arrivée de demandeurs d’asile en provenance d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique, mais aussi d’Europe et du Proche-Orient. De nouvelles migrations (chinoise, indienne, pakistanaise) se développent, comme celles en provenance de l’Est de l’Europe : immigrés qualifiés roumains et bulgares, réfugiés tchétchènes et migrants de transit venus de l’ex-Yougoslavie et de Roumanie – essentiellement des Roms.
Pour autant, le temps long de l’histoire des migrations comme celui de l’empire colonial impriment encore leurs marques sur les données statistiques : 49% des immigrés résidant en France proviennent de sept pays : Algérie (12,7 %), Maroc (12 %), Portugal (8,6 %), Tunisie (4,5 %), Italie (4,1 %), Turquie (3,6 %), Espagne (3,5 %).
Source : Article de Mustapha Harzoune, 2022 - Musée de la Porte Dorée -le site https://www.histoire-immigration.fr/les-migrations/depuis-quand-la-france-est-elle-une-terre-d-immigration