Dire qu'il y a quelques jours seulement on célébrait les 80 ans du débarquement en Normandie, lorsque les alliés soulevèrent un grand espoir, celui de nous débarrasser de l'occupation allemande et de sa cohorte de haine et de racisme.
Depuis le 9 juin et l'arrivée imminente au gouvernement d'une équipe bleu-Marine, mes pensées vont vers tous ceux, nos grands-parents et nos parents, nos amis, qui se sont battus chaque jour pour une vie meilleure, au nom d'un idéal de liberté et de respect de toute l'humanité et de toutes les croyances, au nom de la paix.
Et aujourd'hui on aurait tout oublié!
Comme ce bel artiste qu'est Gauvain Sers, je ne peux l'admettre : je vous fais suivre ces mots qu'il a écrits et diffusés sur son compte Instagram.
Si tu voyais grand-mère
De ton ciel, tout là-haut
Ton pays qui se perd
T’en aurai des sanglots
Toi qui as combattu
Tous les marchands de haine
J’crois que tu s’rais abattue
De savoir qu'ils reviennent
Si tu voyais grand-mère
Tu comprendrais pas bien
Qu’on revienne en arrière
Et qu’on retienne rien
Toi, t’as connu l’époque
Ou l’on prenait la rue
La jeunesse faisait bloc
Et chantait les Béru
Si tu voyais grand-mère
Qu’on est fait comme des rats
Tu dirais à grand-père
Que la France de Ferrat
De Jaurès et d’Hugo
S’effiloche chaque matin
Celle qui r’vient au galop
C’est la France de Pétain
Si grand-mère tu voyais
Les commémorations
On se dit « plus jamais »
On répète « attention »
Sûr qu’on aime nos héros
Du passé, en revanche
On leur plante un couteau
Dans les urnes le dimanche
Si tu voyais grand-mère
Le mépris tout là-haut,
Ils attisent la colère
Et récoltent le chaos
On pourra remercier
Jupiter et sa clique
De nous avoir flinguer
Tous nos services publics
Si tu voyais grand-mère
Les familles aux abois
Les ceintures qui se serrent
Pour boucler les fins d’mois
Les caddies font grise mine
On croit plus aux lendemains
Et quand tout est en ruine
Les vautours s’frottent les mains
Si tu voyais grand-mère
Les héritiers de Vichy
Le même vocabulaire
Mais les dents ont blanchi
Ils diffusent leur discours
Sur les plateaux partout
Et ils attendent leur tour
Au domaine de Saint Cloud
Si tu voyais grand-mère
Qu’il y a même des fachos
Qui lèvent le bras en l’air
Qui rigolent de Dachau
On a des livres d’histoire
Des minutes de silence
Mais on perd la mémoire
Bien plus vite qu’on n’ le pense
Si tu voyais grand-mère
La peur des différences
Les tâches brunes prolifèrent
Sur la carte de France
Toutes les digues se fissurent
Et peu à peu je crains
Qu’on dénonce sur les murs
L’origine des voisins
Si tu voyais grand-mère
Toutes ces femmes comme toi
Qui se lèvent et espèrent
Disposer de leurs droits
Tous les jours, on surveille
Les élans qui retombent
Faudrait pas qu’Simone Weil
Se retourne dans sa tombe
Si tu voyais grand-mère
Qu’au pays de Jean Moulin
La résistance prospère
Mais elle perd du terrain
Il nous faut des repères
Et je comprends, ému
Pourquoi tu m’as offert
La peste de Camus
Si tu voyais grand-mère
De ton ciel, tout là-haut
Ton pays qui se perd
T’en aurais des sanglots
Toi qui as combattu
Tous les marchands de haine
J’pense à toi et cela m'tue
De savoir qu’ils reviennent
Merci Gauvain, tes mots me font chaud au coeur : qu'il est bon de savoir qu'il y a des petits jeunes comme toi qui ont une haute idée de ce qui fait la beauté du peuple de France, où notre diversité fait notre richesse infinie.
Mais rien n'est jamais acquis, il faut toujours se mobiliser! Ne surtout pas se laisser berner par un jeune mec portant beau au discours transpirant sa haine pour les émigrés, les chômeurs, les syndicats, les ONG, les familles mono-parentales, les écolo, les gens racisés, les homos, les trans, le droit des femmes à l'IVG... et au programme tellement racoleur mais qui se délite de jour en jour (sauf bien sûr sur tout ce qui concerne l'immigration).
Alors mettre son bulletin dans l'urne les 30 juin et 7 juillet, c'est le meilleur moyen de faire barrage et de résister!