7 août 2023

Art éphémère I -au fil de l'eau- à la manière de Nils Udo, pour Sylvie

La nature nous offre chaque jour des tableaux magnifiques que, pour la plupart d'entre nous, nous ne savons plus voir. C'est pour cette raison et aussi pour le côté poétique de toute son oeuvre que j'admire infiniment le travail de l'artiste allemand Nils Udo, adepte du land-art.

J'ai fait récemment l'acquisition d'un collector "Nils Udo Nature" avec 4 timbres édités en 2011 pour rendre un hommage à ce personnage qui fut exposé au Musée de la Poste cette année-là. Voici donc le premier mail-art de ce type que je destine à Sylvie, qui réalise pour moi toujours des oeuvres spectaculaires. 

photo de l'oeuvre originale de Nils Udo : ipoméas
J'espère que cette carte textile et en 3D avec des perles "cailloux", te parviendra complète et qu'elle saura te plaire. Pour ce qui me concerne, j'ai pris un plaisir fou à la réaliser après avoir trouvé un point de broderie qui s'approche de la forme de la corolle retournée des volubilis que l'on appelle aussi ipomée. 

*** Nils UDO - artiste du land-art ***
"Volcan" présentée par Nils Udo en 2018 aux Jardins de Chaumont-sur-Loire
“Quel que soit le lieu choisi pour ses installations, sous nos latitudes comme à l’autre bout de la terre, quelle que soit l’échelle de l’œuvre - infiniment grande ou infiniment petite - qu’avec patience il construit, Nils-Udo, qui fut d’abord peintre et l’est redevenu, a toujours “travaillé avec et sur la nature”.

Ciseleur d’instants d’éternité, auteur sensible, précis et rigoureux de scènes d’une puissance ou d’une grâce absolue, il mène inlassablement ce dialogue avec la nature, commencé dans les années 1970 - à l’issue de ses études d’arts graphiques à Nuremberg et de son long séjour à Paris - poursuivi depuis lors sur tous les continents.

Qu’il joue avec d’immenses troncs de pins ou de bambous, assemblés pour construire l’un de ces nids géants, dont la forme l’obsède et qu’il installe en tous lieux, ou qu’il dispose une à une des baies minuscules, des fleurs graciles, des branches fines ou de délicates racines cueillies lors de ses promenades, il transforme les matériaux les plus simples en une poétique vision, qu’il s’empresse de fixer par la photographie, avant qu’elle ne s’évanouisse.

L’on connaît la passion de Nils-Udo pour les nids, forme fondamentale qu’il ne cesse de recréer et qui marque son obsession d’un paradis perdu, d’une nature matrice, refuge. Le nid représente l’abri, le point de départ et d’achèvement de la procréation. L’œuvre de Nils-Udo comporte aussi beaucoup d’arches, de porches et de portes, comme celles de ses “maisons d’eau” ou celles qui ouvrent sur l’horizon. 

Ces portes sont des ouvertures vers un au-delà de la perception première, vers un invisible, une profondeur que laissent entrevoir la beauté, le sublime, “l’utopie” que Nils-Udo perçoit “sous chaque pierre”, “sur chaque feuille”, “derrière chaque arbre”, “dans les nuages et le vent.””.
Source : Chantal Colleu-Dumond, Nils-Udo, éditions Gourcuff Gradenigo.

***
Né en 1937, Nils Udo vit et travaille en Allemagne. Nils-Udo est un artiste historique. à l’origine du courant Art in Nature, il crée ses premières grandes installations dès le début des années 1970. Ses images uniques de nature recomposée font aujourd’hui référence dans le domaine de la photographie contemporaine. Dans ses installations commanditées aux quatre coins du monde, il interagit sur le paysage sans jamais le violenter. Du Connemara à la Réunion, de l’île de Vassivière à Central Park, cet arpenteur infatigable du globe conçoit chaque intervention séparément, guidé par le “génie des lieux” et les matériaux collectés sur place. Le chantier peut alors commencer sous son regard vigilant et modeler la nature à sa vision.

Ses compositions aux échelles troublantes, tantôt surdimensionnées tantôt lilliputiennes, recherchent obstinément l’équilibre parfait, cet instant de grâce infinie saisit juste avant son éparpillement. Une fois l’installation achevée, la photographie, la fige pour l’éternité et devient l’œuvre à part entière.

“Dessiner avec des fleurs. Peindre avec des nuages. écrire avec de l’eau. Enregistrer le vent de mai, la course d’une feuille tombante. Travailler pour un orage. Anticiper un glacier. Orienter l’eau et la lumière... Dénombrer une forêt et une prairie...”. Nils-Udo
***
Nils Udo : Un instant de sérénité.

Baie, oeuvre originale de Nils Udo
Les feuilles sont tombées et les boules de sureau ont depuis longtemps achevé leur dispersion. Pourtant en contemplant le travail de Nils Udo on ne peut s'empêcher de s'absorber dans la réalité photographique de l'instant qui a été. Le corps défie les lois de la pesanteur pour se transporter, immatériel, à la découverte d'un autre espace à habiter. On navigue à la surface d'un nénuphar sur lequel la disposition systématique de pétales rose fuchsia fait naître un moment d'équilibre, une beauté saisissante. Le temps s'arrête. Et la raison se heurte aux limites du cadre. Car cette nature, donnée, seul le regard l'habite.

Nils Udo que l'on rattache au «land art» a rapidement ancré sa pratique artistique dans le dialogue avec une nature généralement vidée de toute présence humaine, autre que celle suggérée par ses interventions. De l'installation, en passant par la sculpture ou la photographie, rien ne permet de circonscrire l'activité de l'artiste bavarois qui intègre également la botanique et une certaine science des couleurs. Toutes ces composantes réunies en une seule activité, artistique, font de lui cet arpenteur aux yeux grands ouverts, ce cueilleur patient de fleurs et de baies qui ne peut manquer d'évoquer à l'homme de la post-modernité le modèle d'un rapport à la nature quelque peu délaissé sous nos latitudes.

L' utilisation des ressources par Nils Udo est en effet infiniment lente et respectueuse. Ces installations sont des écosystèmes au devenir chaotique figés par la photographie dans une improbable permanence. La démarche est écologique, elle s'apparente à une pollinisation. Prélevant ici, pour transporter là-bas, la création naît du déplacement, de la mise en rapport de l'être avec le milieu. La nature devient donc le terrain d'expérimentation où l'homme agissant sur son environnement est conscient d'agir sur lui même. Car les oeuvres de Nils Udo ne naissent que de l'interventions de l'artiste dans le paysage. C'est à dire d'un dialogue, d'un échange. Ce qui est essentiel ici, ce n'est ni la nature en elle même, ni le geste pour lui même, c'est l'entre deux, l'interaction. 

Nils Udo dispose des grappes de sureau traversant en une ligne rouge vif un bosquet de sapin vert. Alors le regard peut s'émerveiller de la beauté graphique ou de l'intensité des couleurs de ce paysage identifiable et pourtant tellement autre. Ces travaux portent insidieusement en eux quelque chose de l'ordre du transcendantal. D'ailleurs on les contemple plus qu'on ne les regarde. Les photographies de Nils Udo développent cette sorte d'attention à l'environnement qui fonde la religiosité. Pourtant rien de magique ici, ni même de religieux. Si ces images comportent du merveilleux c'est qu'elles sont le témoignage d'une certitude, d'un possible à saisir. Celui d'une nature, qui, si l'on prend le temps de vivre a son rythme, peut encore être l'habitat idéal.
Article d'Hélène Gugenheim - Expo De l'Art avec la Nature - en 2000 à la Galerie Alain Gutharc 47 rue de Lappe 75011 Paris

Aucun commentaire: