Parmi les projets les plus impactant pour la planète et pour l'argent du contribuable, en voici un vraiment scandaleux. Le contrat signé avec le CIO pour l'organisation des Jeux Olympiques d'Hiver dans les Alpes françaises en 2030 nous coûtera au moins 800 à 900 millions.
En pleine rigueur budgétaire, Michel Barnier a signé, le 2 octobre, les garanties financières nécessaires à l’officialisation de l’attribution des Jeux olympiques (JO) d’hiver de 2030 aux Alpes françaises. Le Comité international olympique (CIO) a en effet attribué fin juillet les JO aux Alpes françaises « sous conditions ». En retour, le gouvernement devait donner des garanties financières, notamment promettre d’éponger toutes les dettes de la compétition. Michel Barnier n’a pas précisé le montant que l’État s’engage à garantir auprès du CIO, mais selon les informations du Monde, un premier chèque de 520 millions d’euros devrait être inclus dans le budget de l’État pour 2025.
Entre les coûts d’organisation (2 milliards) et d’infrastructures (1 milliard), le budget global des JO d’hiver 2030 devrait atteindre 3 milliards d’euros selon les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Au départ, le dossier de candidature annonçait 2 milliards d’euros. Les subventions publiques, initialement prévues à hauteur de 460 millions d’euros, pourraient atteindre 800 à 900 millions d’euros, selon un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF).
Tous ces millions d’euros d’argent public pour un tel évènement interrogent : avec le dérèglement climatique, la neige va se faire de plus en plus rare à basse et moyenne altitude, c’est-à-dire sous les 2 000 mètres. Y en aura-t-il assez en 2030 ?
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Voilà déjà ce qu'il se passait en 2022 au Grand Bornand pour le championnat du monde de biathlon : les images sont très parlantes, même si ce ne sont évidemment pas celles qui nous ont été retransmises de l'évènement sportif
Depuis le lundi 28 novembre, une douzaine de camions a transporté 12 000 m3 de neige depuis la ferme à neige du Chinaillon jusqu’à la piste du stade. Photo Le DL /T.P.V.S. |
La station du Grand-Bornand a dû se résoudre à transporter de la neige en camions pour couvrir la piste du stade (située à 1 000 m d'altitude), faute de précipitations neigeuses suffisantes. L'organisation estime les besoins en neige à 24 000 m3, pour moitié stockée dans la ferme à neige du Chinaillon et mélangée à la neige de culture, comme l'indique Le Dauphiné Libéré.
Une neige « artificielle et carbonée »: dans un communiqué, un collectif d'associations composé de Mountain Wilderness, des antennes départementale et régionale de la FNE, la Nouvelle Montagne, Résilience Montagne et Pour une Transition Participative à Thônes précise que l'eau utilisée pour alimenter les canons à neige « est pompée dans le lac de la Cour, lui-même alimenté par la retenue collinaire du Maroly » et martèle : « produire de la neige artificielle n’est pas sans impact pour les grands équilibres du cycle de l’eau ».
Rappelant les JO de Pékin ou l'attribution des Jeux asiatiques d'hiver à l'Arabie Saoudite, les associations déplorent que « dans les montagnes françaises aussi, l’environnement est parfois encore sacrifié sur l’autel des grandes manifestations sportives » avec « l'obstination à maintenir à tout prix le modèle industriel de la neige ».
Elles estiment que ce « cirque motorisé » est « grave » à l'heure de « l’engagement de tous pour des transitions énergétiques et écologiques », pointant au passage le sponsor automobile du circuit mondial de biathlon et le greenwashing de l'évènement. Leur proposition : organiser les compétitions « à des périodes et lieux propices à l’enneigement naturel » et « tourner la page de la montagne artificialisée » pour s'engager vers la neutralité carbone.
Source : Reporterre
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