C'est fini, elles n'exécutent plus leur ballet dans le ciel !
Ce printemps je n'ai vu encore aucune hirondelle par ici, et cela m'attriste particulièrement. Disparition des insectes dans l'air ambiant, disparition des insectes autour des gros animaux à la campagne, disparition des zones humides indispensables à cet oiseau qui maçonne son nid avec de la boue, et par dessus tout cela, disparition des lieux où nidifier car ce n'est pas sous les toitures métalliques des étables de stabulations, brûlantes en été, qu'elles risquent de s'établir.
Chère Daniella, toi aussi tu es une amoureuse de la nature et des oiseaux, je suis certaine que tout comme moi, tu déplores ces disparitions, et pourtant, si la vie humaine pourrait se passer des éléphants et des ours blancs (quoique), elle ne pourra survivre à la disparition des insectes, premier maillon indispensable de la chaine alimentaire. Les hommes sont devenus fous!
Je te souhaite une bonne réception de ces hirondelles de cheminée, et de leur joyeux ballet au-dessus des fleurs de carotte sauvage.
***
Aux Hirondelles
De l’aile effleurant mon visage,
Volez, doux oiseaux de passage,
Volez sans peur tout près de moi !
Avec amour je vous salue ;
Descendez du haut de la nue,
Volez, et n’ayez nul effroi !
Des mois d’or aux heures légères,
Venez, rapides messagères,
Venez, mes sœurs, je vous attends !
Comme vous je hais la froidure,
Comme vous j’aime la verdure,
Comme vous j’aime le printemps !
Vous qui des pays de l’aurore
Nous arrivez tièdes encore,
Dites, les froids vont donc finir !
Ah ! contez-nous de jeunes choses,
Parlez-nous de nids et de roses,
Parlez-nous d’un doux avenir !
Parlez-moi de soleil et d’ondes,
D’épis flottants, de plaines blondes,
De jours dorés, d’horizons verts ;
De la terre enfin réveillée,
Qui se mourait froide et mouillée
Sous le dais brumeux des hivers.
L’hiver, c’est le deuil de la terre !
Les arbres n’ont plus leur mystère ;
Oiseaux et bardes sont sans toits ;
Une bise à l’aile glacée
A nos fronts tarit la pensée,
Tarit la sève au front des bois.
Le ciel est gris, l’eau sans murmure,
Et tout se meurt ; sur la nature
S’étend le linceul des frimas.
Heureux, alors, sur d’autres plages,
Ceux qui vont chercher les feuillages
Et les beaux jours des beaux climats !
O très heureuses hirondelles !
Si comme vous j’avais des ailes,
J’irais me baigner d’air vermeil ;
Et, loin de moi laissant les ombres,
Je fuirais toujours les cieux sombres
Pour toujours suivre le soleil !
Auguste Lacaussade
Saint-Nazaire, avril 1840
Poèmes et Paysages, 1897
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