Ma septième et dernière contribution à l'appel des Timbrés de l'art postal de Pézenas.
Dom Juan ou le Festin de Pierre est une pièce de théâtre de Molière, représentée pour la première fois en 1665. C'est l'histoire d'un jeune noble séducteur (dom Juan) qui tue un haut gradé pour obtenir la main de sa fille. Le personnage de Dom Juan s'inspire du héros de la pièce espagnole de Tirso de Molina jouée en 1630. L'esprit du haut gradé réincarné sous la forme d'un buste de pierre l'invite à manger chez lui ; aussitôt mis à table, le haut gradé s'énerve puis va en Enfer et emmène Dom Juan avec lui.
L'histoire est aussi connue par sa reprise 122 ans plus tard pour un opéra de Mozart : Don Giovanni.
C'est une des pièces de Molière les plus connues.
Célèbre tirade des « conquêtes amoureuses » de Dom Juan dans la pièce de Molière (Acte I, scène 2)
Dom Juan :
Quoi ? Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle, de s’ensevelir pour toujours dans une passion, et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! Non, non : la constance n’est bonne que pour des ridicules ; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos cœurs. Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne. J’ai beau être engagé, l’amour que j’ai pour une belle n’engage point mon âme à faire injustice aux autres ; je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige. Quoi qu’il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable ; et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l’amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d’une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu’on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l’innocente pudeur d’une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur et la mener doucement où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu’on en est maître une fois, il n’y a plus rien à dire ni rien à souhaiter ; tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour, si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d’une conquête à faire. Enfin il n’est rien de si doux que de triompher de la résistance d’une belle personne, et j’ai sur ce sujet l’ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs : je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.
***
Cette pièce étant énormément jouée, il est difficile de faire une sélection des comédiens réputés pour avoir tenu le rôle de Dom Juan, succédant en cela aux grands acteurs du passé Jean Vilar ou Louis Jouvet. Dans la dernière décennie, on a pu remarquer :
Loic Corbery de la Comédie Française en 2014 |
Nicolas Bouchaud au Théatre de l'Odéon en 2014 |
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