Deuxième courrier du jour : Christophe me fait un cadeau magnifique avec ce mail-art présenté dans l'une de ses enveloppes pliées sur laquelle il a dessiné le portrait de Boris Vian - avec beaucoup de réalisme - car il est question de l'une de ses chansons que j'avoue ne pas connaître encore (les joyeux bouchers)...
mais le summum de l'affaire c'est lorsque je trouve le texte de la chanson tapé à la machine à écrire manuelle, sur le papier original et vintage d'une charcuterie lyonnaise d'antan !!!! un must!
Chanson dénonciatrice, création engagée, littéraire et musicale : avec cette chanson Boris Vian, à mi-chemin entre deux courants de chansons des années 50: celle de la chanson littéraire , dite "intellectuelle", le plus souvent engagée, et celle humoristique, de dérision, drôle et agressive. Les joyeux bouchers est une chanson politico-ironique, qui exprime la haine, le dégoût des tripes, de l'armée et de ses combats meurtriers. Boris Vian, sensible à la violence et à l'atrocité de la guerre, écrit ce texte à la fois pacifique et contestataire. En portant un regard acéré sur la société , cette chanson met en scène l'absurdité et les contradictions de l'ordre établi.
Faut qu'ça saigne! Cette formule expéditive fut reprise jadis (en 1955, bien avant la vague végétarienne ou vegan) par Boris Vian au refrain de sa chanson Les Joyeux Bouchers dont le texte est reproduit ci-dessous.
Source : extrait d'un article plus complet particellement lisible sur le site https://www.olivet-mag.fr/2018/11/faut-qu-ca-saigne.html
Les joyeux bouchers
C'est le tango des bouchers de la Villette
C'est le tango des tueurs des abattoirs
Venez cueillir la fraise et l'amourette
Et boire du sang avant qu'il soit tout noir
Faut qu'ça saigne
Faut qu'les gens aient à bouffer
Faut qu'les gros puissent se goinfrer
Faut qu'les p'tits puissent engraisser
Faut qu'ça saigne
Faut qu'les mandataires aux halles
Puissent s'en fourrer plein la dalle
Du filet à huit cents balles
Faut qu'ça saigne
Faut qu'les peaux se fassent tanner
Faut qu'les pieds se fassent panner
Que les tête aillent mariner
Faut qu'ça saigne
Faut avaler d'la barbaque
Pour être bien gras quand on claque
Et nourrir des vers comaques
Faut que ça saigne
Bien fort
C'est le tango des joyeux militaires
Des gais vainqueurs de partout et d'ailleurs
C'est le tango des fameux va-t'en guerre
C'est le tango de tous les fossoyeurs
Faut qu'ça saigne
Appuie sur la baïonnette
Faut qu'ça rentre ou bien qu'ça pète
Sinon t'auras une grosse tête
Faut qu'ça saigne
Démolis-en quelques-uns
Tant pis si c'est des cousins
Fais-leur sortir le raisin
Faut que ça saigne
Si c'est pas toi qui les crèves
Les copains prendront la r'lève
Et tu joueras la vie brève
Faut que ça saigne
Demain ça sera ton tour
Demain ça sera ton jour
Plus de bonhomme et plus d'amour
Tiens voilà du boudin voilà du boudin voilà du boudin
Source : Musixmatch
Un grand merci à toi Christophe : je trouve également que cette chanson est furieusement actuelle tant nous vivons tous dans un climat de violences politiques et sociales, avec un président va-t-en guerre, qui s'écoute beaucoup parler et qui se prend pour un négociateur favorisant la paix, alors qu'à bas bruit la France engrange le deuxième plus gros profit avec les ventes d'armes.
Marre de toutes les "boucheries" dont il ne faut pas parler, qu'elles soient en Ukraine ou à Gaza et en Palestine aujourd'hui, en Algérie et dans les pays que la France a colonisés hier, laissant encore aujourd'hui des séquelles profondes chez les Français.
Merci pour ce coup de gueule (déguisé) Christophe, comme cela fait du bien!
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