31 août 2020

Mode, dentelle et bouquet sec, de Sabine

En ouvrant ma boite aux lettres ce jour, j'ai le grand plaisir de trouver une carte joliment mailartée par Sabine, en direct de son pays des terres rouges.

Sur le recto, figure un joli timbre hibou au-dessus d'un bien beau bouquet sec, cueilli sur le versant du soleil ; au verso, se trouve un collage intéressant. Une table de fête; habillée d'une superbe nappe blanche incrustée de dentelle ancienne se mêle à la silhouette joliment parée d'une robe rouge, très vintage, ce qui avec mon pseudo composent les trois couleurs nationales.


 Merci à toi Sabine pour cette belle composition!  Je te souhaite bon courage pour la reprise du travail avec la nécessité de porter le masque à temps plein.

28 août 2020

Déconfinement et tourments, d'Eric

J'adore les situations croquées par Eric Babaud, toujours en rapport avec l'actualité.

Dans l'artposté qui'il a publié ce jour là sur son blog, il a créé toute une galerie de personnages, enfermés ou à demi-libérés ou bien totalement libres, avec ou sans masque et tous en train de tenir des conversations sans fin, sur le seul sujet qui nous lamine depuis des mois, la COVID, les mesures barrières, la responsabilité, le relâchement, la crise sanitaire, la crise économique, la crise sociale, la crise .... je crise!!!! avec ces informations/contre-informations et désinformations, on en entend des vertes et des pas mûres, et on en voit de toutes les couleurs.
Un grand merci à toi Eric pour ce mail-art dessiné et peint, en 3D, et livré sans encombre et rapidement chez moi!

Que du bleu et du beau ! de Jeanne-Marie

Oh quel plaisir me fait mon amie Jeanne-Marie avec l'envoi de cette magnifique enveloppe, de textile de toute beauté recouverte! Entre dentelle fine de coton et  ruban  à motifs bleus comme galons pour les bords, et une superbe gerbe de fleurs en dentelle de Calais pour le centre de la composition, j'avoue que là, la barre a été placée très haut...

Quant au timbre sapin bleu de la magnifique série sur les arbres éditée par la Poste il y a déjà deux années, il n'est là que pour encore rehausser le tableau.

Bravo Jamari,  la reine de la chine et de la brocante, très certainement : je ne sais pas où tu arrives à trouver de telles merveilles mais je suis heureuse très d'en bénéficier. Un très grand merci et plein de bises virtuelles, évidemment! Quel cadeau!

24 août 2020

T107 - Tolérance et intolérance dans la savane, de Marie

Et ce même jour, me parvient une belle aquarelle de Marie sur la savane africaine où éléphants et lions s'activent dans des registres tout à fait opposés.

Si au premier plan,  l'éléphant reste placide en laissant se désaltérer le lion dans le point d'eau qu'il s'apprêtait à occuper, à l'arrière plan  se joue une toute autre scène : un autre pachyderme est en train de charger un lion qui l'a manifestement extrêmement contrarié!

J'apprécie toujours beaucoup  les aquarelles de Marie qui a vraiment un don pour la peinture mais ici  il y a un plus car cette artiste est partie d'un timbre de la série "animaux du monde reflets" pour composer l'ensemble de la scène et là je dis chapeau, c'est superbe!

 . Merci beaucoup!

EL113 - L'heure du bain, de Jean-Paul

Aujourd'hui mes amis les éléphants sont de retour, pour mon plus grand plaisir.

C'est d'abord l'ami Ursu qui m'envoie le premier mail-art :  une scène de tendresse entre deux spécimens qui jouent à mêler leurs trompes, côtoie un rassemblement de tout un troupeau d'éléphants autour d'un point d'eau, à l'heure où la soif est grande mais peut être plus encore la nécessité de se rouler dans la boue pour protéger leur  peau et échapper aux parasites qui les asticotent.
Cela me fait plaisir de recevoir une nouvelle réalisation de ta part : merci, pour ce beau mail-art!

18 août 2020

Coiffe normande du Pays de Caux, pour Marcelle

En composant ce mail-art pour Marcelle, j'ai découvert que la Normandie possède, tout comme la Bretagne, de nombreuses déclinaisons de coiffes, chacune associée à une ville ou à un canton.
Ici, je suis partir d'un tableau inédit qui fut exposé au Musée Eugène Boudin, signé Gueudeville et daté de 1847. Dans cette "Diseuse de bonne aventure", on peut voir le détail de la coiffe très riche en dentelle  d'une jeune dame accompagnée de sa servante. Il est très probable, par recoupement, qu'il s'agisse d'une coiffe typique du Pays-de-Caux (région de Dieppe et de Saint-Valéry en Caux).
Source : Le patrimoine normand :

Je t'en souhaite bonne réception, Marcelle.

Ci-dessous gravures anciennes présentant d'autres coiffes cauchoises.

Autoportrait, pour Michele

Pour les personnes déjà rondes avant, le temps du confinement et l'ambiance anxiogène dans laquelle nous baignons depuis plusieurs mois n'a rien arrangé! Alors, comme un peu d'autodérision ne fait pas de mal, et que l'humour est tout ce qui nous reste, je me suis tout à fait reconnue dans cette femme qui se berce d'illusions...
Je n'étais jamais allée encore traiter ce thème de mon amie Michele : c'est maintenant chose faite !

Fraîcheur salutaire, pour Jean-Paul

Lorsque nous sommes contraints à vivre dans des bâtiments collectifs  pas toujours bien isolés, il est bien difficile de supporter les grosses chaleurs ... et nous cherchons à tout prix à nous rafraîchir. 
C'est pourquoi j'ai conçu ce mail art pour l'ami Ursu qui n'est pas parti à la campagne cet été, en  recherchant le timbre le plus en adéquation avec cette scène où, cette  jeune femme dans sa jolie robe à pois (un de ses thèmes) n'hésite pas à aller se "mouiller".

C'est un plaisir que nous prenons avec elle,  une giclée de fraîcheur bien appréciée!

Je te souhaite une bonne réception de ce mail-art,  Jean-Paul !

Couture sous la véranda , pour Michele

Voici une grand-mère pour mon amie Michele qui en a fait l'un de ses thèmes favoris.

Dans sa véranda, entourée de tournesols, cette mamie est concentrée sur son travail de patchwork  : elle réalise une courtepointe en assemblant patiemment moult morceaux de tissu, qu'elle a assemblé en harmonisant les couleurs et en faisant des figures géométriques.
Ces figures sont toutes codifiées aux USA - telle que celle reproduite sur le timbre - où cette activité est née, à l'initiative des premiers colons assez pauvres,  qui ont  recyclé des morceaux de tissus encore utilisables prélevés sur des vêtements usagés, pour en faire des couvertures baroques mais très chaudes.

C'est aussi un clin d'oeil à l'activité de patchwork que je pratique moi-même auprès de la MJC de Palaiseau depuis quelques années

Je t'en souhaite une bonne réception, mon amie.

Mamie apporte son aide, pour Michele

L'un des thèmes de mon amie Michele est dédiée aux grands-mères : c'est très important de garder le lien avec nos aïeules, mémoire de la famille et maillon indispensable pour la transmission de leur savoir et de leur savoir-faire vers les plus jeunes.
A la campagne, dans ma jeunesse, nos grands-mères vivaient avec ou à proximité de leurs enfants, elles dépannaient souvent en gardant les petits enfants, par exemple. Souvent aussi, l'été, elles donnaient un sérieux coup de main en cuisine, lorsque les légumes et les fruits abondaient : il fallait éplucher notamment les haricots verts pour en faire des bocaux de conserve ou bien laver et conditionner les fruits pour en faire de succulentes confitures maison.

Quel dommage qu'avec nos modes de vie actuelle hyperactive, les personnes âgées soient trop souvent retranchées dans des maisons de retraite où elles se sentent délaissées et inutiles, sans perpectives ni projets. 

Cette belle mamie et son chat sont pour toi Michele, je t'en souhaite bonne réception.

Cueillette sous les pommiers, pour Marcelle

La Normandie a été une destination très prisée cette année par les estivants contraints de rester en France ; ils ont découvert qu'il y a des paysages magnifiques et un patrimoine culturel et gastronomique fort intéressants.

Voici donc pour Marcelle, qui aime tant la peinture,  une jolie scène où mère et enfants sont en pleine cueillette des pommes, sous le pommier chargé de fruits juteux.
peinture à l'huile, dont l'auteur serait Frederick Morgan (1847-1927)
Je te souhaite une bonne réception de cette scène bucolique 

17 août 2020

L'art éphémère du Kolam, de Nicole

Je viens de trouver dans ma boite aux lettres ce jour une nouvelle belle enveloppe de Nicole qui me gâte beaucoup. Elle est très inspirée cet été, malgré la canicule qui ne semble pas avoir amoindri  sa très grande créativité, pour ma plus grande joie.

Deux marques-pages sont joints à sa missive si joliment décorée d'un motif qui était plein de mystère pour moi : cela ne l'est pas resté longtemps car Nicole m'entraîne à la découverte de l'Inde du Sud, et d'un art éphémère qu'il lui a été donné de découvrir il y a une bonne dizaine d'années.

merci Nicole pour ce beau cadeau et pour ce voyage que tu m'offres vers l'Inde du Sud 

***
Qu'est ce qu'un Kolam ?


Le Kolam, qu'on appelle aussi rangoli, se présente sous la forme d'un dessin au sol, notamment devant l'entrée de la maison, ou devant les représentations des divinités. Dans tous les cas, ce sont les femmes qui l'exécutent en général et elles le font en l'honneur de la déesse Lakshmî, qui est invitée ainsi à apporter chance et prospérité dans la maison et la famille. C'est aussi un signe de bienvenue pour les visiteurs... sans oublier l'agrément esthétique que de toute façon une telle décoration offre aux yeux de tous !

Exemple de Kolam

Le kolam un art éphémère qui se transmet de mère en fille

Le quotidien des femmes indiennes comporte de très belles traditions comme le tressage de guirlandes de fleurs, la mise en place de son sari et parfois le MehendiEt lorsque qu'il est demandé aux femmes tamoules d'évoquer l'art indien, elles ne citent dans un premier temps ni les temples ni les sculptures, mais témoignent plutôt d'une démarche artistique plus personnelle. Car parallèlement à ces formes d’art intemporelles, existe un florilège d’expressions artistiques éphémères dont le kolam fait partie.


Travaillée avec le savoir-faire des femmes indiennes, la poudre de riz blanche dessine sur le pas de la porte des habitations, des graphismes dont le but est de recevoir la bienveillance des divinités tout en projetant de faire rebrousser chemin aux forces obscures. Cette gestuelle renouvelée quotidiennement porte alors le nom de Kolam dans le Tamil Nadu. 

Chantal Jumel, spécialiste des arts visuels et rituels en Inde, dans son article intitulé "Les Kolams Indiens", décrit la procédure d'élaboration des kolams avec l'onirisme qui suit "juste avant le lever du soleil, sur les chemins de terre d'un village tamoul, ou sur les trottoirs d'une cité soigneusement balayée, des mains féminines en quête d'éternité créent du bout des doigts des peintures éhémères, pour y inviter les divinités à descendre. Les doigts, et plus précisément le pouce et l'index, s'écartent légèrement pour laisser échapper une cascade de grains blancs ou colorés qui se regroupent sur le sol jusqu'à former un trait parfait". Singulièrement ces traits ne sont donc qu'un amoncellement de grains blancs sur la terre battue, mais conjointement, ils parviennent à se doter de toute leur signification et vont finalement s'accorder pour donner vie à des graphismes aux motifs d'arabesques florales, dans leur grande majorité.

Ainsi, ces entrelacements graphiques dynamisent le paysage de la rue avant même que celle-ci ne prenne vie avec l'ouverture des échoppes matinales. Ces arabesques se voient conférées des vertues protectrices à destination des habitants de la demeure qu'ils agrémentent, mais également pour les passants. Les notions de bienveillance et de bienvenue constituent véritablement les notions maîtresses de la pratique du Kolam, dans la mesure où cet art ne se destine pas uniquement à un public humain ou divin. En effet, si la tradition ancestrale de la pratique du Kolam veut que les motifs soient réalisés avec de la poudre de riz, c'est également afin que les animaux arpentant les rues à la recherche d'une quelconque nourriture, puissent eux aussi trouver une certaine satisfaction en venant consommer la fameuse poudre. Les fourmis sont alors les animaux qui se délectent le plus souvent de ce nectar granuleux. Toutefois, la poudre de riz est progressivement devenue trop onéreuse pour un usage quotidien, et ce sont des matériaux moins naturels qui sont désormais réduits à l'état de grains blancs afin d'être utilisés pour élaborer des kolams. Par ailleurs, cet art n'illustre pas d'appartenance religieuse particulière et possède uniquement le statut de tradition culturelle fédérant l'ensemble des indiennes le pratiquant. Ces kolams se transmettent par voie orale et se révèlent être un héritage exclusivement féminin dont la technique se transmet de mères en filles depuis des générations. Aussi, il n'est pas rare dans les familles tamoules de prendre part à des discussions animées sur la technicité des kolams et les choix des motifs du lendemain, surtout s'il s'agit de la préparation d'une célébration particulière. Chaque femme tamoule possède d'ailleurs une anecdote sur les difficultés ou éventuelles maladresses rencontrées lors de son apprentissage du kolam étant jeune fille et toutes ont en tête un motif qui leur est cher et qu'elles ne réalisent que lorsque l'occasion s'y prête. La précision du geste du poignet et des doigts concernés, lorsqu'ils manient la poudre de riz, demeure la qualité principale qu'une jeune fille essaye d'atteindre lors de son apprentissage, et c'est seulement après cette maîtrise qu'il leur est donné la possibilité de faire preuve d'inventivité en créant des graphismes inédits. Les femmes indiennes pratiquant l'art du kolam prennent cette démarche très au sérieux puisque la richesse et la complexité de leur production sont révélatrices de la qualité de leur apprentissage, et donc de leur éducation.

L'art du kolam est alors un art complexe dont la richesse des significations est multiple. Il n’est pas simplement vecteur de spiritualité, c’est également un moyen de souhaiter la bienvenue à ceux qui franchissent le seuil d’une demeure. "Ces créations spontanées vont donc plus loin que de simples décorations votives et réjouissent autant l’œil que le cœur du passant" ("Les Kolams Indiens"): Chantal Jumel souligne ici l'égale importance de la signification du kolam que celle de la qualité de sa réalisation. Les femmes qui réalisent quotidiennement les kolams mettent régulièrement en avant la "dualité" qui fait l'unicité de cet art : "la force et la fragilité" (Chantal Jumel, "Les Kolams Indiens"). La force de la signification divine du message du kolam s'érige en puissant antagonisme face au tracé éphémère de la poudre de riz sur le sol de la rue. Cette fragilité est d’ailleurs fortement valorisée dans la mesure où l’effacement progressif du Kolam au fil de la journée est révélateur du passage et des nombreuses entrées au sein de la maison devant laquelle se dresse le motif : l’hospitalité d’une demeure se mesure donc en fonction de l’état de décomposition du kolam qui orne le pas de sa porte.

La pratique du Kolam peut également se voir considérée comme un puissant moyen d'évasion pour les femmes du Tamil Nadu. La dureté de leur quotidien, notamment dans les familles de pêcheurs où les coups échangés entre les membres d'une même famille sont des canaux de communication banalisés, ne leur laisse donc que peut de répis. Ainsi, des millions de femmes embrassent chaque matin le paysage paisible de la rue déserte qui s'offrent à elles dans un silence quasi cérémoniel. Cet horaire matinal leur permet de s'adonner à la création de leur kolam avec concentration et quiétude, et elles savourent avec calme ces quelques minutes où leur esprit vagabonde parmi les choix des tracés et des motifs, ces quelques minutes qui font d'elles des artistes aussi éphémères que leurs productions. Mais lors de ces quelques minutes de création solennelle, elles prennent possession de leur destinée en tentant d’affranchir leurs esprits de la matérialité du quotidien.

Bien que la tradition de la pratique du kolam se transmette de mères en filles, il s’agit d’une tradition orale qui trouve cependant ses racines dans les écritures anciennes. En effet, les tamouls possèdent une littérature foisonnante dont les prémices datent du IIIème ou IVème siècle avant JC. Si la littérature tamoule ne se réfère à la tradition du kolam qu’en l’évoquant et ne s'alourdit d'aucun détail, elle se fait toutefois le témoin de l'ancienneté de la tradition. Un écrit du XVIème siècle, relate d'ailleurs d’un royaume paisible où « le tigre et la vache buvaient au même point d’eau, les Brahmanes chantaient les Védas, les femmes décoraient les rues de kolams, la pluie tombait à point et ceux qui avaient faim étaient rassasiés. » ( Marcia Archer, "Les figures de Kolam en Inde du Sud")

Ainsi l’apprentissage du Kolam est une étape décisive dans l’éducation d’une jeune fille. Elles doivent en effet être capables de réaliser un éventail de figures conséquent tout en sachant déterminer quel motif associer à quelle occasion. Ceci dit, cette tradition de dessins n’est pas propre au Sud de l’Inde et l’on peut trouver d'autrs formes d'expressions artistiques utilisant des mélanges poudreux, tels que le Muggu, le Rangoli et l’Alpana qui sont présent dans d’autres régions. Même si l'histoire lie ces traditions il est évident que leurs significations et leurs procédures présentent d'importantes distinctions.

Vous êtes désormais familiarisés avec la pratique du Kolam dans le Tamil Nadu. Pour en savoir plus, rendez vous sur le site de Chantal Jumel, spécialiste des arts visuels et rituels en Inde ! Voici d'ailleurs le livre que cette spécialiste a écrit  : Kholam Kalam, peintures rituelles éphémères de l'Inde du Sud.

(Sources : webzine couleurs indiennes et le site arts.om de pondicherry )


Vidéo sur des kolams réalisés dans le cadre d'un festival 

14 août 2020

Alice Guy-Blaché, pionnière du cinéma, pour Nadine

Nadine a lancé pour 2020 un nouveau thème sur les femmes pionnières : voici l'une d'entre elles que j'ai choisi car j'aime infiniment le cinéma.
Le fond du mail art est fait d'un agrandissement photo d'une feuille de chou pour faire référence à son tout premier film, dont l'histoire est racontée ci-dessous.
Je t'en souhaite bonne réception, Nadine!
***
La cinéaste Alice Guy, près de mille films et cent ans d’oubli, un comble pour cette femme réalisatrice, la pionnière du cinéma. 
Alice Guy Blache (1873-1968), 
première réalisatrice de cinéma et créatrice de la Solax Film Co en 1910.
© Rue des Archives/PVDE
Sa vie elle-même est un véritable scénario, digne d'un biopic. Alice Guy, fille adultérine, est née en 1873 à Saint-Mandé. Sa petite enfance se passe en Suisse et au Chili où son père, propriétaire d’une chaine de librairie, fait faillite. Après avoir étudié la sténographie, Alice est engagée à 21 ans comme secrétaire de direction au Comptoir Général de la Photographie, bientôt racheté par un employé plein d’avenir, Léon Gaumont, qui fonde la compagnie "L. Gaumont et Cie".

Passionnée de photographie, Alice se lie d’amitié avec Frédéric Dellaye, un photographe avant-gardiste qui lui apprend les procédés de développement, l'utilisation du matériel et les techniques de trucage. Comme Léon Gaumont, à l’instar des Frères Lumière, se cantonne aux vues de paysages, Alice Guy, arrive à convaincre son patron de présenter autre chose, notamment des ‘’vues comiques’’ dans l’esprit de L’arroseur arrosé. Elle est alors autorisée à filmer ‘’à condition que ce soit en dehors des heures de travail’’.


En 1896, à 23 ans, elle réalise la première fiction connue au monde : La Fée aux Choux, un film d’une minute où l’on voit une jeune femme évoluant dans un champ planté de choux énormes d’où elle extirpe des bébés.

Gaumont lui confie alors les vues animées de fiction. Scénarios, casting, décors, costumes, lumière, prises de vue, mise en scène, elle supervise toutes les étapes de la création. Elle perfectionne les trucages, colorise les images, s’entourant de collaborateurs talentueux dont Louis Feuillade.

Dès 1902, elle recourt au "Chronophone Demenÿ" qui enregistre la voix sur un cylindre . Baptisé "Phono-scène", le résultat de l’association des images animées et du phonographe, fait d’Alice Guy une pionnière du cinéma parlant. C'est ainsi que seront conservées les prestations de chanteurs d’opéra et de chanteurs populaires comme Félix Mayol, ou Dranem, l’inoubliable interprète du Trou de mon Quai ! Notons que c’est à Alice Guy que l'on doit le premier Making of d’un film : Alice Guy tourne une phonoscène.

En 1906, elle tourne son premier long métrage La Vie de Jésus Christ : 35 mn, 25 tableaux, 300 figurants, 600 mètres de pellicule et premier péplum de l’histoire du cinéma ! 

Très rare femme à s’être imposée dans un milieu masculin, Alice Paul imagine alors une histoire où les rôles des hommes et des femmes sont inversés. Dans Les Résultats du Féminisme, on voit des hommes changer les couches de leurs bébés, pousser des landaus, tricoter ou coudre à la machine, tandis que les femmes paressent en lisant le journal, en buvant l’apéro et en houspillant les hommes.

En 1907, Alice Guy part pour les USA en compagnie de Léon Blaché un jeune opérateur qu’elle vient d’épouser. Après avoir vainement tenté de vendre le Chronophone, Alice crée la Solax Film, la plus importante société de production des Etats Unis avant l’essor d’Hollywood. Le succès est rapide et Alice fait construire des studios de plus en plus grands. Jusqu’à la première guerre mondiale, elle écrit, dirige et produit plus de 350 films. Sa filmographie est époustouflante : des mélodrames, des westerns, des films sur la Guerre de Sécession. Mais aussi des films qui traitent de problèmes "sociétaux" dont The Lure, un film sur la traite des blanches, et A fool and his money, le premier film joué par des acteurs afro américains. 

Après la guerre, le cinéma migre sur la côte Ouest. Alice, en grandes difficultés financières, doit fermer la Solax et se met au service d’autres compagnies. Son mari, à l‘origine de sa faillite, la quitte alors pour une jeune actrice qu’il suit à Hollywood.

Divorcée et ruinée, Alice rentre en France en 1922 avec ses deux enfants. Elle ne retrouve pas la place qui aurait dû être la sienne. Elle écrit des contes pour enfants et donne des conférences. Elle retournera à plusieurs reprises aux USA pour tenter de retrouver ses films. Hélas, sur les dizaines de films tournés, elle n’en retrouvera que trois! En 1957, à Paris, la cinémathèque lui rend enfin hommage. 

En 1968, à 94 ans c’est le clap de fin. Ses mémoires - un manuscrit retrouvé par sa fille - ne seront publiées qu’en 1976.

« Tournez, mesdames ! » disait en 1914 Alice Guy Blaché, pionnière du cinéma. Cette petite phrase mais surtout la carrière étonnante de la cinéaste en a fait un modèle pour beaucoup de féministes et une figure tutélaire pour le festival Elles Tournent qui utilise cette citation comme devise et mot d’ordre.

pour en savoir plus : 
  • A voir : "Be Natural" : documentaire sur la vie d'Alice Guy Blaché a été réalisée en 2020 par la réalisatrice américaine Pamela B. Green
    Synopsis : Première femme réalisatrice, productrice et directrice de studio de l’histoire du cinéma, Alice Guy est le sujet d’un documentaire mené tambour battant telle une enquête visant à faire (re)connaître la cinéaste et son œuvre de par le monde.

Junko Tabei, première femme sur le toit du monde, pour Nadine

Toujours pour Nadine  et son thème des femmes pionnières dans des domaines jusque là uniquement réservés au hommes, voici encore une inconnue qui s'est pourtant superbement illustrée : je vous présente Junko Tabei, alpiniste japonaise, la première femme à conquérir l'Everest!

Je t'en souhaite une bonne réception, Nadine.

***
Junko Tabei nait le 22 septembre 1939 dans la préfecture de Fukushima. A dix ans, son professeur l’emmène en excursion au sommet du Mont Nasu et cette expédition lui fait une forte impressionnée. Passionnée de montagne à partir de ce jour, Junko se lance dans l’alpinisme. Elle rejoint un club en parallèle de ses études de littérature anglaise à l’Université féminine de Showa et, après son diplôme, en 1969, elle crée un club d’alpinisme réservé aux femmes : le Ladies Climbing Club: Japan (LCC).

Avec son mari, elle se lance dans l’ascension des sommets du Japon puis fait de l’alpinisme dans les Alpes et devient rapidement réputée au Japon.


Dans les années 1970, le Japon pensait toujours que les hommes étaient ceux qui travaillaient à l'extérieur et que les femmes devaient rester à la maison. Mais Junko Tabei et ses 14 autres membres du club avaient une pensée différente qui les a incités à partir en expédition dans l'Himalaya alors que ce n'était pas aimé pour les femmes. Tabei croyait qu '«ils avaient tous la volonté et le désir de dépasser les frontières sociales qui obligeaient les femmes à rester à la maison tout en étant autorisées à sortir et à conquérir le monde». Elle voulait changer cette idée très radicalement et radicalement, elle l'a fait en escaladant l'Everest.

Ascension de l’Everest
Au début des années 70, le journal Yomiyuri Shimbun et Nihon Television décident d’organiser une expédition entièrement féminine vers le sommet de l’Everest et Junko Tabei fait partie des quinze femmes sélectionnées parmi de nombreuses candidates. Le projet est très critiqué, Junko s’entendant dire qu’elle ferait mieux d’élever des enfants, mais, après un entraînement intensif, les quinze alpinistes se rendent à Katmandou au début de l’année 1975.

Avec neuf guides Sherpa, le groupe se lance dans l’ascension de l’Everest. Le 4 mai, alors qu’ils campent à 6300 mètres d’altitude, une avalanche ensevelit leur campement, mais sans faire de victimes. Les alpinistes et leurs guides se retrouvent tous enterrés sous la neige, mais ils parviennent à s’en extraire. Alors qu’elle a perdu connaissance, Junko est sauvée par un des guides du groupe. Déterminée à poursuivre, elle prend la tête du groupe et, le 16 mai 1975, elle est la première à atteindre le sommet.

Le mot de la fin :
 « Je ne comprends pas pourquoi les hommes en font tout un foin de l'Everest,  ce n'est qu'une montagne. »

En 1992, elle est la première femme à réussir les Sept Sommets, les sommets les plus élevés de sept régions du monde : l’Everest en Asie, l’Aconcagua en Amérique du Sud, le mont McKinley en Amérique du Nord, le Kilimandjaro en Afrique, l’Elbrouz en Europe, le massif Vinson en Antarctique et le mont Kosciuszko en Australie.

Non seulement cela, mais elle s'est ensuite fixé un nouvel objectif: escalader la plus haute montagne de tous les pays, normalement parce qu'elle avait toujours le désir de faire plus d'escalade. Et elle a fait exactement ce qu'elle espérait en réussissant à gravir les plus hauts sommets de plus de 60 pays.

Directrice de l’Himalayan Adventure Trust of Japan, Junko Tabei continue à oeuvrer pour la protection de l’environnement dans les zones montagneuses. Elle meurt d’un cancer en octobre 2016.

 «Un héritage de l'escalade est transmis à la prochaine génération d'alpinistes»

Junko Tabei est vraiment une personne qui a inspiré de nombreuses personnes depuis sa première ascension de la plus haute montagne du monde. La curiosité d'escalade de Junko Tabei a vraiment commencé lorsqu'elle a rejoint le club d'alpinisme féminin après avoir obtenu son diplôme de l'Université des femmes de Showa. Là, elle a commencé à apprendre l'escalade, ce qui lui a permis de se faire une idée du sommet de hautes montagnes, dont le mont. Everest. Son amour durable de l'escalade a stimulé son enthousiasme au sommet du mont. Everest en 1975, faisant d'elle la première femme à le faire.

Ses réalisations dans le secteur de l'alpinisme ont incité de nombreuses femmes à suivre ses traces jusqu'au sommet des hautes montagnes, faisant d'elle une personnalité très ordinaire parmi les femmes du monde entier. La société n'a jamais eu une chance contre Tabei alors qu'elle continuait à grimper et à gravir d'autres hauts sommets du monde entier. Elle a dépensé tout son dévouement au domaine de l'alpinisme avec tout ce qu'elle avait. Elle n'a jamais cessé de grimper et de promouvoir l'escalade.

Les réalisations de Tabei étaient sans précédent et sans égal par aucune autre personne. C'est pourquoi Junko Tabei a été honoré par le Premier ministre japonais en 1995 et a reçu le Mountain Hero Award 2008 du Mountain Institute de Washington. Elle est l'une des personnes les plus honorées et les plus soignées dans le domaine de l'escalade et de l'alpinisme pour tous les efforts qu'elle a déployés pour gravir les hauts sommets de sa vie. Et comme il est dit dans sa biographie, la dernière ascension de Tabei a eu lieu sur le mont Fuji en juillet 2011, mais son héritage d'escalade passe toujours à d'autres alpinistes inspirées par le dévouement de Tabei à l'escalade.

Copyright : iciclesadventuretreks.com

Arlésienne, à la fête des gardians du 1er mai, pour Marie

L'une comme l'autre aimons les costumes et les coiffes, alors pour changer de la Bretagne, nous voici parties vers la Provence. J'emmène Marie voir les belles Arlésiennes, toutes vêtues de leur costume traditionnel avec robe de satin, châle de linon brodé et  dentelle, ombrelle et coiffe au ruban, sur le sommet de la tête.

Elles convergent vers les arènes d'Arles pour la célèbre fête des Gardians, chaque 1er mai. Ceci explique le brin de muguet dans la main droite, ci-dessous.
Composition effectuée en partant d'un tableau de Danielle Raspini 
Je t'en souhaite bonne réception, Marie 
J'ai trouvé de bien belles tenues peintes par Danielle Raspini éditée dans ce petit livre aux éditions Equinoxe
Originalité du costume d'Arles :
Ce costume d'Arles se distingue d'abord par une coiffe spéciale qui nécessite le port de cheveux longs. En fonction des jours de la semaine et des tâches à accomplir, cette coiffure était retenue sur le sommet de la tête par un ruban, une cravate ou un nœud de dentelles.

Mais elle exigeait toujours un temps de préparation important et des soins particuliers pour respecter l'exigence de ses canons. Cette coiffure est peu adaptée aujourd'hui à une vie professionnelle moderne. Face à la mode des cheveux courts, un substitut sous forme de postiche a été proposé, mais son manque de naturel l'a voué à l'échec.

Arlésiennes en costume traditionnel :
Parmi les pièces qui compose actuellement l'habillement et signe son élégance, il y a la chapelle ou cache-cœur, plastron de dentelle en forme de trapèze, apparu en 1860, et qui couvre la poitrine, le grand châle ou fichu, de forme carrée, qui moule le buste, la robe longue en satin de différentes couleurs, souvent pincée à la taille, les dorures (bijoux, agrafes, boucles ou crochets) qui sont transmises de génération en génération. Ces parures vont du tour de cou en argent, aux différentes croix d'or filigranées, dites croix provençales, des bracelets en or massif enrichis de diamants, aux boucles d'oreilles (pendants ou brandanto) réservées aux seules femmes mariées, en passant par les bagues rehaussées de pierres précieuses, les boucles de soulier en argent, les agrafes de manteau dorées ou argentées, les crochets d'argent pour la ceinture qui permettaient de suspendre les clefs, à la fois signe de richesse et de possession sur la maison familiale.

Inscription au Patrimoine Culturel Immatériel :
Depuis 2011, il a été demandé par le Conseil Régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur que le costume d'Arles soit inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO

Source Wikipédia

La reine d'Arles, pour Marie

Vous connaissez tous ma passion pour tout ce qui est tissu, démultipliée lorsqu'il s'agit de beaux  costumes et/ou de dentelle. Vous ne serez donc pas surpris de me voir traiter du sujet de l'Arlésienne  et de ses beaux atours.
Voici donc une composition où j'ai voulu marier les couleurs de la robe de satin de la Reine d'Arles avec celles du  timbre mettant en valeur ces si beaux costumes régionaux, si élégants et portés à toutes les fêtes traditionnelles et populaires autour de la vie des taureaux et des gardians.
Florence, nouvelle Reine d’Arles de 2002
© Michel Naval au Château de Fourques
Photo extraite du Site Internet Bouvine et Traditions (bouvino e tradicioun)
Je suis sûre que cela plaira à ma correspondante Marie qui aime le tissu, les costumes, les coiffes et l'harmonie des couleurs, et qui vénère Van Gogh, peintre qui marqua l'histoire de la ville d'Arles. 

J'espère juste que ce mail art te parviendra effectivement. Bonne réception, Marie 


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Election de la Reine d'Arles

Instituée à l'occasion du centenaire de la naissance de Frédéric Mistral, l'élection de la première reine d'Arles a eu lieu le dimanche 13 avril 1930.

Cette élection, régie depuis par le Comité des fêtes d’Arles, a su, au fil des années, faire évoluer les critères de sélection des jeunes filles pour devenir un événement incontournable. Si Angèle Vernet, première Reine d’Arles en 1930, eut le règne le plus long (dis-sept ans), et Nicole Michel le plus court (un an), il est aujourd’hui d’une durée de trois ans.

Elue le 1er mai dernier et couronnée le 30 juin, Florence Disset. sera la 18ème du nom, mais aussi la première Reine du Pays d’Arles puisque, évolution oblige, le choix s’est fait cette année entre deux jeunes filles de Barbentane, trois d’Arles et deux de Fourques.

La Reine d’Arles est avant tout l’ambassadrice de tout un peuple. Elle est la gardienne des traditions, de la culture et de la langue provençale, et bien entendu du costume. Le Comité des Fêtes, dépositaire des règles et des statuts de l’élection, veille à ce que tous ces critères soient respectés.

Chaque année des jurés dont le nom reste longtemps tenu  secret  ont eu à faire une présélection de jeunes filles qui dure 2 mois pour, à l’arrivée, n’en retenir que sept qui seront la Reine et les six demoiselles d’honneur.

Une tradition qui n’évolue pas est certainement vouée à disparaître. Aujourd’hui, et ce depuis 1999, avec tolérance et libéralisme, mais sans révolution, la tradition de l’élection de la Reine d’Arles a su évoluer pour adapter ses statuts et ses règlements. Du peuple d’Arles, la Reine est devenue l’ambassadrice du Pays d’Arles, mais aussi la représentante de toute une région, tant sur le plan national qu’à l’étranger.

Extrait de l'article de Bernard Gourgeon et publié sur La Fé de Biòu de juillet 2002.

Ousmane Sow, sculpteur des hommes debouts, pour Michel

Michel est un correspondant féru d'art postal mais surtout passionné d'Art , avec un grand A, sous toutes ses formes ; j'ai pensé qu'une sculpture d'Ousmane Sow  saura lui plaire. Ici il s'agit d'une pièce extraite d'une série sur le  peuple Peul.
Je t'en souhaite bonne réception, Michel

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Lorsque j'ai vu les statues de ce sculpteur sénégalais maintenant disparu, je me suis dit que j'avais vraiment raté quelque chose lorsqu'elles furent exposées à Paris, en 1999, sur le Pont des Arts, pour une grande rétrospective de son oeuvre. En effet, il se dégage une telle puissance et une si grande humanité de ses personnages, membres des tribus peul, nouba ou masaï.

les peuls
Ousmane Sow dans son atelier entouré de ses personnages 
Ousmane Sow, né le 10 octobre 1935 à Dakar, et mort le 1er décembre 2016 dans la même ville, est un artiste sculpteur sénégalais.


Ousmane Sow naît à Dakar, d’une mère saint-louisienne et d’un père dakarois de trente ans son aîné. Il grandit à Reubeuss, un des quartiers les plus chauds de Dakar, où il reçoit une éducation extrêmement stricte au cours de laquelle son père le responsabilise très jeune. Il hérite de ce père, la rigueur, le sens du devoir, et un esprit libre. À la mort de celui-ci, et malgré un immense attachement à sa mère, il décide de partir pour Paris, sans un sou en poche. Il se fait héberger dans les commissariats de police, et connaît la douceur d’une France alors terre d’accueil. Tout en pratiquant divers petits métiers, et après avoir renoncé à suivre l’enseignement de l’école des beaux-arts, il passe un diplôme de kinésithérapeute.

Bien que sculptant depuis l’enfance, c’est seulement à l’âge de cinquante ans qu’il fit de la sculpture son métier à part entière. Mais la kinésithérapie qu’il exerça jusque là n’est sans doute pas étrangère au magnifique sens de l’anatomie que l’on trouve dans son œuvre. Durant toutes ces années d’activité, il transforme la nuit son cabinet médical et ses appartements successifs en ateliers de sculpture, détruisant ou abandonnant derrière lui les œuvres qu’il crée.

Révélé en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar, où il présente sa première série sur les lutteurs Nouba, l’artiste expose six ans plus tard, en 1993, à la Dokumenta de Cassel en Allemagne. Puis, en 1995, au Palazzo Grassi, à l’occasion du centenaire de la Biennale de Venise.

Son exposition sur le pont des Arts au printemps 1999 attira plus de trois millions de visiteurs. Depuis, son œuvre a été exposée dans une vingtaine de lieux, dont le Whitney Museum, en 2003, à New York pour une partie de la série sur la bataille de Little Big Horn.

quelques pièces de l'expo-rétrospective sur le pont des arts en 1999
Jusqu’à cette première exposition, organisée par le entre culturel français de Dakar en 1987, on ne connaît rien de sa création, si ce n’est l’extrait d’un film d’animation qu’il a lui-même réalisé et qui mettait en scène des petites sculptures animées.

C’est en 1984, inspiré par les photos de Leni Riefenstahl représentant les Nouba du Sud-Soudan, qu’il commence à travailler sur les lutteurs de cette ethnie et réalise sa première série de sculptures : Les Nouba. En 1988, naîtront Les Masaï, en 1991 Les Zoulou, et enfin, en 1993, les Peul.

En 1991, il achète le terrain sur lequel il construit sa maison, née de son imagination. Recouverte entièrement de sa matière, murs et carreaux, elle représente symboliquement le Sphinx et est la préfiguration d’une série qu’il imagine sur les Égyptiens.

C’est dans la cour de cette maison que naît la bataille de Little Big Horn, une série de trente-cinq pièces, exposée à Dakar en janvier 1999, en avant-première de l’exposition parisienne au printemps 1999, qui réunit toutes ses œuvres.

En 2001, il confie aux Fonderies de Coubertin, avec lesquelles il continuera à travailler, la réalisation de trois bronzes, à partir de ses originaux : La Danseuse aux cheveux courts (série Nouba), Le Lutteur debout (série Nouba) et La Mère et l’Enfant (série Masaï). Ces trois pièces ont été exposées au printemps 2001 à Paris au musée Dapper. Ont été réalisées depuis une vingtaine de grands et une vingtaine de petits bronzes.

Cette même année, il répond à une commande pour le Comité international olympique, et crée Le Coureur sur la ligne de départ, aujourd’hui installé au musée des Jeux olympiques à Lausanne.

Durant l’été 2002, il réalise, à la demande de Médecins du Monde, une sculpture de Victor Hugo pour la Journée du refus de la misère.

Le bronze de cette sculpture a été commandé par Besançon, ville de naissance de Victor Hugo. Elle y a été installée le 17 octobre 2003, place des Droits de l’Homme.
Les petites noubas


En 2004, il entreprend la réalisation d’une série de petites sculptures Nouba, aboutissement de la série des grandes sculptures Nouba réalisées en 1984, série à laquelle il ajoute de nouveaux thèmes.

En 2005, Ousmane Sow a fait son entrée dans le Petit Larousse illustré.

En 2008, le maire de Genève lui commande une œuvre destinée à son combat pour la régularisation des sans-papiers. Cette œuvre, intitulée L’Immigré, a été installée au cœur de Genève.

En 2009, il réalise la sculpture de l’épée d’académicien de Jean-Christophe Rufin. Cette sculpture représente Colombe, le personnage emblématique de son roman Rouge Brésil.

En 2010, le Museum of African Art de la Smithsonian Institution à Washington acquiert aux enchères une œuvre qu’il réalisa en 1989 pour la commémoration du Bicentenaire de la Révolution française, Toussaint Louverture et la vieille esclave. Cette pièce fait partie d’un groupe de sculptures incluant Marianne et les révolutionnaires (collections du musée du Quai Branly).

Toussaint Louverture et la
vieille esclave
Pour son installation, le Museum of African Art dédie une salle spéciale à Ousmane Sow, incluant l’œuvre et une exposition de photographies d’atelier accompagnée d’une projection permanente du film Ousmane Sow, réalisé par Béatrice Soulé.

En 2011, à l’occasion du déplacement du monument aux morts de Besançon, parc des Glacis, il réalise une œuvre intitulée L’Homme et l’Enfant, destinée compléter, à l’été 2013, un ensemble des trois sculptures existantes. En représentant cet homme et cet enfant dont on perçoit seulement la forme sous le manteau, l’artiste souhaite mettre en lumière « l’action de ceux qui, au péril de leur vie, ont protégé ou sauvé des personnes. »

Cette pièce rejoindra la création d’une série en hommage aux grands hommes qui marquèrent sa vie. C’est ainsi, que, dans le sillage de Victor Hugo, sont nés à Dakar le général de Gaulle, Nelson Mandela, et son propre père Moctar Sow.

En 2013, reprenant le thème développé dans Toussaint Louverture et la vieille esclave, l’artiste répond à une commande de la ville de La Rochelle et réalise une nouvelle effigie de Toussaint Louverture pour le Musée du Nouveau Monde. Une pièce qui rejoint également sa série « Merci ».

Sa dernière création est une sculpture intitulée Le Paysan, de cinq mètres de haut, commandée par la Présidence de la République du Sénégal et l’Agence de la Francophonie. Cette sculpture devrait être installée en bronze devant le centre international de conférence Adbou Diouf à Diamnadio, pas très loin de Dakar.


Ousmane Sow, 78 ans, est le premier 
Africain à entrer à l'Académie 
des Beaux Arts 
Photo AFP / Eric Feferberg
Le 11 décembre 2013, il est le premier artiste noir à entrer à l’Académie des beaux-arts, au fauteuil de Andrew Wyeth, le second sous la Coupole depuis l’entrée de Léopold Sédar Senghor à l’Académie française.

Toujours, il sculpte sans modèle. Sa matière, il l’invente. En une savante alchimie, il laisse macérer pendant des années un certain nombre de produits. Cette matière est pour lui une œuvre en elle-même, une matière qui le rend presque aussi heureux que la naissance de la sculpture elle-même. Il l’applique sur une ossature faite de fer, de paille et de jute, laissant à la nature et au matériau sa part de liberté, ouvrant la porte à l’imprévu.

Sa vie autant que son œuvre sont profondément ancrées dans son pays. Il n’imagine pas sculpter ailleurs qu’au Sénégal. Et, alors qu’il vécut une vingtaine d’années en France, plus rien ni personne ne pourrait lui faire quitter sa terre africaine.

Le choix du bronze 
En 1999,avec l’aide et le talent des fondeurs et patineurs de Coubertin, il choisit le bronze. Le choix de ce matériau permet de magnifier son œuvre. Son souhait d’utiliser le bronze est dans l’intention de faire voyager ses sculptures à travers le monde à la manière de l’Oba du Bénin : selon la tradition, l’Oba faisait fondre en bronze la tête de ses ennemis décapités pour les envoyer à leurs fils en guise de menace le jour où ceux-ci accédaient au pouvoir. Le bronze classique africain est donc la réplique d’un original vivant, un métal issu de la chair.

Ousmane Sow a travaillé en étroite coopération avec la fonderie de Coubertin, située à Saint-Rémy-lès-Chevreuse dans les Yvelines. En moins d’une décennie, plus de quarante bronzes dont plus de vingt œuvres monumentales ont été créés dans cette fonderie. Les ouvriers de la fonderie ont démontré l’étendue de leur talent pour que dans le bronze se retrouve l’aspect si singulier de sa mixture et les couleurs de ses pigments. Les bronzes sont signés de l’artiste : le mimétisme entre les sculptures originales et les bronzes est troublante.

Il a réalisé ses premières fontes à partir de ses premières œuvres : la Danseuse aux cheveux courts et Le Lutteur debout de la série des Nouba, La Mère et l’enfant de la série des Masaï. Ces trois pièces furent présentées pour la première fois au musée Dapper.

Victor Hugo à Besançon
Besançon a acquis en 2003 la statue de Victor Hugo installée le 17 octobre 2003 sur la place des  Droits de l’homme et L’Homme et l’Enfant destiné à compléter le monument aux morts en rendant hommage à « l’action de ceux qui, au péril de leur vie, ont protégé ou sauvé des personnes ». Ousmane Sow admire profondément Victor Hugo. Une de ses œuvres l’a particulièrement marqué : Bug Jargal, écrit à 16 ans par Victor Hugo, qui relate le courage d’un esclave qui n’hésite pas à sacrifier sa vie pour sauver son maitre,un capitaine de Saint Domingue. Cette statue est l’occasion de témoigner sa foi en l’homme et en Dieu.

Ses liens avec la littérature contemporaine existe aussi. Jean-Christophe Rufin de l’Académie française, reçu solennellement sous la Coupole le 12 novembre 2009, ancien ambassadeur de la France au Sénégal, a demandé à Ousmane Sow de réaliser son épée d’académicien. L’artiste s’est inspiré du personnage de Colombe de son roman Rouge Brésil, prix Goncourt en 2001.

Il souhaite créer de nouveaux exemplaires d’humanité passé et à venir. La série intitulée Merci est destinée à rendre hommage aux grands hommes qui l’ont aidé « à ne jamais désespérer du genre humain » et qui comptent pour l’humanité.