31 mai 2021

Ours et orsahler en Ariège, au 19e siècle, de la part de France

France sait combien j'ai en horreur de voir les animaux asservis à l'homme, que ce soit dans un cirque ou un delphinarium ou tout autre lieu censé nous distraire, mais où il y a surtout maltraitance et non respect de l'intégrité de l'animal dans son milieu naturel.

Par le biais d'un article de Pyrénées Magazine de 1993, elle me fait part du rôle économique qu'a pu jouer l'animal dans certains villages pyrénéens dans le Haut-Couserans. 

Ces images me font très mal mais je publie car c'est un fait historique, même si c'est fort dérangeant. J'ai entendu parler de ces montreurs d'ours lorsque j'ai eu la chance de pouvoir passer un moment dans ce beau pays qu'est le Couserans.

  

Merci France pour ce MA et sa documentation!

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Ils vivaient de l'ours

"Allons Martin, il faut gagner notre pain". Aux mots de son maitre -l'orsalher- l'ours se dressait sur ses postérieurs, dansait, mimait les attitudes ou vices humains, titubant comme un ivrogne. Voilà comment, dès le début du 19e siècle, certains habitants du Haut-Couserans tentèrent de conjurer l'adversité qui frappait l'Ariège : en domestiquant et en exhibant l'ours. Couple poignant, enchaînés l'un à l'autre, l'ours et l'orsalher ont trainé leur désarroi jusque sur les routes d'Amérique. Souvenirs...

Dans cette région des Pyrénées ariégeoises, certains villages ont préféré pratiquer la chasse à l'ours systématiquement pour éliminer le prédateur. Comme pour exorciser la peur qu'il inspire aux peuples pasteurs, il était d'usage pour le chasseur de s'exhiber revêtu de la peau de l'animal dans les hameaux d'alentour pour récolter félicitations et récompenses. A contrario dans d'autres villages, comme à Ercé ou à Ouste, l'ours faisait partie intégrante du cadre de vie, de la vie même des habitants pour qui le plantigrade était une richesse potentielle. On a vu les derniers orsalheurs partir chercher sinon fortune, du moins de quoi  tenter d'effacer les dettes de la famille sur les routes de l'Europe et d'Amérique en allant exhiber leur ours, avec les tours savants qu'ils avaient appris à l'animal captif à forces de contraintes en tout genre. La guerre de 1914 mit fin à ce "métier" très spécial de montreur d'ours. 

Animal totem, l'ours était paré de vertus thérapeutiques diverses : il guérissait, dit-on, les enfants du "haut mal" -l'épilepsie-, et était garant de fécondité pour les femmes désireuses de donner la vie.
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De nos jours, il y a toujours autant de passion autour de la présence de l'ours réintroduit dans les Pyrénées. Entre les farouches défenseurs de la biodiversité et de la réimplantation du plantigrade d'une part,  et les éleveurs qui doivent équiper les pâturages de clôtures et faire garder les troupeaux à l'estive avec des patous pour aider les bergers à surveiller leurs  bêtes, d'autre part,  c'est toujours la guerre et l'incompréhension respective.

Abstraction II , pour Marc

Voici un troisième notan, issu de la technique japonaise de découpage et d'application en miroir, réalisée normalement avec du papier mais que je tente de décliner en tissu. Je ne maîtrise pas encore totalement cette adaptation car découper finement le tissu n'est pas toujours aisé sur des petites surfaces, avec de nombreuses circonvolutions, mais je trouve celui-ci suffisamment réussi pour t'en faire profiter sous la forme d'un mail-art.

En espérant que ce mail-art saura te plaire, Marc,  je t'en souhaite une bonne réception.

Abstraction I, pour Eni

Nouveau notan,  technique japonaise où l'on joue avec le négatif et le positif  et l'effet miroir, avec du papier. Ici j'en ai décliné une version textile mais je tâtonne encore : pardon, Eni, je compte sur ton indulgence pour ces premiers essais, qui demandent à être perfectionnés encore. Notamment, il me faut trouver des couleurs de tissu offrant un contraste plus manifeste. 

Bonne réception, Eni.

Oiseaux en noir et blanc, pour Dani

J'ai fait quelques tests de notan, technique japonaise permettant de jouer avec le négatif et le positif : ce premier essai a été enrichi avec deux beaux oiseaux, pour satisfaire le nouveau thème de Dani, en noir et blanc.
Je t'en souhaite bonne réception, Dani.

Dégustation de chocolat à la Cour, pour l'association Lettres et Images

J'adore participer à des appels à mail-art lancés par des médiathèques ou bien des associations et cela faisait  un bon moment que cela ne m'était pas arrivé. 

Alors j'ai décidé de créer pour l'association Lettres et Images, dont l'appel à participation annuel à mail-art est sur le thème du "noir et blanc"en 2021. C'est une source d'inspiration sans limites et je ne manquerai sûrement pas de réaliser quelques autres MA avant la date limite d'envoi. 

Illustration trouvée sur Gallica, le site en libre-service  de la BNF

Un Cavalier et une dame beuvant du Chocolat
Ce jeune Cavalier, et cette une belle Dame
se régalent de chocolat 
Mais l'on voit dans leurs yeux aucune flame
Qu'on croit qu'il leur faudrait mets plus délicat

Si vous voulez répondre à cet appel de l'Association Lettres et Images, il  est encore temps de participer: la date limite d'envoi des réalisations est fixée au 31 août 2021. 

La sorcière et son chat, pour Jeanne-Marie

Pour Jeanne-Marie, voici encore une gentille sorcière,  très chic avec son aumonière en dentelle noire , qui parlemente avec son chat sur le toit avant de prendre son envol sur son balai magique.

J'espère qu'elle te plaira, et viendra compléter ta collection qui doit être bien garnie, maintenant.

Souricière pour petits rats, pour Eric

Voici un nouveau détournement d'art auquel je réfléchissais depuis un bon moment pour mettre en lumière ce qui se passait dans le corps de ballet de l'opéra, dans la seconde partie du 19e siècle, à l'époque où le peintre Edgar Degas y a fait moult toiles. Je pense qu'Eric sera sensible à ce thème.

En effet, cela n'est pas très connu, mais c'était là  un milieu où la prostitution régnait dans la population des petits rats, avec mère maquerelle et messieurs protecteurs pour les "encadrer".

Composition effectuée à partir de plusieurs oeuvres d'Edgar Degas
Je t'en souhaite bonne réception, Eric!

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Derrière l’œuvre de Degas, la terrible réalité des petites danseuses de l’Opéra

Que nous révèlent les dessins, peintures et statues d’Edgar Degas sur le quotidien des petits rats de l’Opéra de Paris au XIXe siècle ?

A l’occasion de l’exposition Degas Danse Dessin. Hommage à Degas avec Paul Valéry, du 28 novembre 2017 au 25 février 2018 au Musée d’Orsay (Paris), retour sur la triste réalité que donnent à voir les œuvres du célèbre artiste.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, à Paris, le temps est à la fête : pas de guerre, une économie plutôt prospère, on refait le monde aux terrasses des cafés, on s’amuse au Bal Bullier et, surtout, on se bouscule pour assister aux grands spectacles. Ceux de l’Opéra de Paris, par exemple.

Parmi les spectateurs assidus de cette prestigieuse institution, Edgar Degas, un peintre innovant et qui ne se contente pas d’assister aux représentations. Tel un artiste-reporter, il s’invite en coulisses et nous fait découvrir l’envers du décor, les efforts et souffrances des jeunes danseuses de l’Opéra.

Dans les coulisses avec Degas
Tour à tour dessinateur, peintre, sculpteur et photographe, Edgar Degas est un artiste curieux, un fin observateur de la vie parisienne du XIXe siècle qui, grâce à l’un de ses amis musiciens, parvient à se glisser jusque dans les coulisses du prestigieux Opéra de Paris.

Ce qu’il y découvre ne manque pas de l’inspirer : près d’un milliers de ses toiles et dessins sont consacrées aux danseuses de l’Opéra. Pourquoi la danse plutôt que la musique ? Parce qu’elle est un art visuel, un travail de l'équilibre et du mouvement. De plus, l’exposition des bras et jambes des ballerines - le tutu étant une tenue plutôt dénudée aux yeux de l’époque - fait de ces jeunes danseuses un parfait sujet d'exercice pour le coup de crayon de Degas.

Peut-être aussi que l'entraînement physique exigé par la danse lui rappelle celui tout aussi précis et méticuleux du dessinateur, qui soigne chacune de ses courbes et de ses lignes. Le réalisme de l’oeuvre de Degas, la fidélité de ses croquis aux mouvements du ballet, font aujourd’hui encore référence.

Un réalisme qui fait scandale
Ces danseuses tant admirées n’ont pourtant pas toujours fait l’unanimité… Car du temps de Degas, au XIXe siècle, l’Art est supposé transcender la réalité, la sublimer, et non la représenter. Aussi, les visages parfois disgracieux de ces petites ballerines, leurs airs fatigués ou découragés, apparaissent comme bien grossiers aux yeux de certains critiques.

Parmi les scandales provoqués par les œuvres de Degas : La Petite Danseuse de 14 ans, une statue qui, lorsqu’elle est pour la première fois exposée, en 1881, suscite les plus vives critiques. (Cf. article ci-dessous)

Pourquoi un tel rejet ? D’une part l’original de cette petite danseuse est fait de cire - un matériau jugé peu noble - et d’autre part, elle est affublée d’un accessoire, le tutu, procédé inhabituel pour l’époque. «Pour beaucoup des spectateurs de l’époque, ce n’est donc pas de l’art mais une poupée, une marionnette », explique Marine Kisiel, conservatrice au Musée d’Orsay et commissaire de l’exposition Degas Danse Dessin. Mais le scandale va plus loin que ces considérations esthétiques. L’expression du visage de la ballerine est qualifiée de bestiale, de vicieuse et « le fait que l’on voit la naissance de ses cuisses a également pu choquer », suppose Elisabeth Platel. En effet, l’exposition du corps de la jeune danseuse va être jugée indécente et reprochée à Degas.

Des critiques hypocrites
L’indiscrétion - voire le voyeurisme - que la critique dénonce dans les oeuvres de Degas, dans sa représentation réaliste des corps, est en fait celle-là même qui explique le succès de ses danseuses. Car en cette fin de XIXe siècle, le ballet souffre d’un certain déclin et le public (majoritairement masculin) ne semble assister aux spectacles que pour admirer les jolies ballerines.

Un cliché qui n’en est pas un, comme en témoigne l’histoire cachée de La Petite Danseuse de 14 ans. Son véritable nom est Marie van Goethem. Issue d’une famille précaire et illettrée, elle est envoyée à l’Opéra par sa mère afin d’y rencontrer et séduire des hommes fortunés, plutôt que pour y apprendre un métier. Les leçons de danse coûtent cher, et Marie est forcée de se prostituer.

Voilà quel modèle choisit Degas pour son oeuvre, lui qui connaît parfaitement l’histoire de la petite fille (sans faire partie de ceux qui l’ont abusée). Voilà quelle réalité il offre à voir au public parisien : une enfant danseuse qui semble s'offrir et devant laquelle la critique feint de s’offusquer. Car la réalité des petits rats de l’Opéra, au XIXe, tout le monde la connaît.

Les abonnés
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’Opéra « est à la fois un haut-lieu de la danse, très glorieux, et en même temps l’endroit où les abonnés viennent faire, en quelque sorte, leur marché érotique », raconte Elisabeth Platel, directrice actuelle de l’Ecole de danse.

Ces abonnés, ce sont les hommes vêtus de noir et parés de haut-de-formes que l’on retrouve sur les toiles de Degas. En 1831, suite à une décision de l’administrateur Louis Véron, les abonnés acquièrent officiellement le droit d’assister aux répétitions et d’accéder au Foyer de l’Opéra, où ils peuvent rencontrer les jeunes danseuses en toute sérénité.
la petite danseuse de 14 ans, statue d'Edgar Degas, au Musée d'Orsay Paris
Certaines ballerines refusent leurs avances tandis que d’autres, souvent issues des milieux les plus modestes, s’emploient à trouver un ‘protecteur’. Mais comment concevoir que de si jeunes filles choisissent par elles-mêmes ce double métier ? Il n’en est rien : derrière ces fillettes, il y a des mères. Que Degas n’a pas non plus manqué de représenter.
Monsieur et Madame Cardinal et leurs filles Les Petites Cardinal, aspirantes danseuses
Illustration par Degas  d'un recueil de Maupassant la Maison Tellier

Les mères maquerelles
Celles qu’on appelle les “mères” - mais qui peuvent tout aussi bien être des tantes, des cousines ou des grandes soeurs - on les voit assises au fond de la salle de cours ou en train d’ajuster le tutu de leurs filles. Or cette attitude attentionnée révèle une sordide motivation. Les “mères” marchandent en fait « le droit de cuissage de leurs filles, leur viol », pour reprendre les termes employés par Louis Véron dans ses Mémoires, Véron qui est celui à avoir autorisé l’accès des abonnés au Foyer.

Quand l’abonné n’est pas assez fortuné, ces mères proxénètes n’hésitent pas à jouer la carte de l’indignation, arguant que leurs filles sont bien trop jeunes pour se livrer à des “rendez-vous galants”. Mais quand l’intéressé semble suffisamment généreux, elles négocient elles-même les compensations matérielles et financières.

« La jeune ballerine est à la fois corrompue comme un vieux diplomate, naïve comme un bon sauvage ; à 12 ou 13 ans, elle en remontrerait aux plus grandes courtisanes », écrit Théophile Gautier dans son roman Les deux étoiles (1848). Et ces petites danseuses n’ont de toute façon pas le choix : quelle que soit leur ambition, faire carrière ou trouver un ‘protecteur’, il faut se plier à un ordre masculin, plaire au maître de ballet, au chorégraphe et au directeur de l’Opéra, a minima…

A la conquête du statut d’artiste
Si l’administration de l’Opéra de Paris entame un grand ménage au début du XXe siècle, ce n’est pas pour secourir ses jeunes danseuses - car celles qui affichent trop ouvertement leur activité de prostitution sont traitées comme des coupables : punies ou renvoyées - mais plutôt pour redorer son propre blason. L’accès aux coulisses est interdit aux mères et aux abonnés.

Les ballerines bénéficient également d'une nouvelle génération de professeures, des danseuses qui ont connu la triste époque des 'rencontres galantes' et qui encouragent leurs élèves à évoluer en toute indépendance, au service de leur art : la danse. Les danseuses revendiquent peu à peu leur statut d'artiste, un statut qu’Edgar Degas aura été parmi les premiers à leur accorder, dépeignant aussi bien leur performance scénique que leur quotidien et leurs efforts.

L’exposition Degas Danse Dessin. Hommage à Degas avec Paul Valéry s'est tenue du 28 novembre 2017 au 25 février 2018 au Musée d’Orsay, à Paris.

Source : France Musique vendredi 15 décembre 2017 à 14h22

25 mai 2021

T118 - Homme de Lascaux, de Liberty

Je suis contente de recevoir aujourd'hui des nouvelles de Liberty qui m'apprend qu'elle délaisse de plus en plus l'art postal.  C'est vraiment dommage, pour une fois que j'avais une correspondante aussi fondue de textile que moi!

Quoi qu'il en soit, elle a merveilleusement marié les couleurs de son homme des cavernes avec le très beau timbre sur les peintures des grottes de Lascaux.

Quel dommage que le facteur ait ainsi crayonné le numéro erroné dans mon adresse (heureusement, grâce aux correcteur d'image, j'ai pu effacé le gros gribouillis qu'il avait fait à gauche du personnage).

Un grand merci à toi Liberty, pour tout tes envois très réussis dont tu m'as comblée.

Cerises rouges et merles moqueurs, de Maryse

Nous célébrons en ce moment les 150 ans de la Commune de Paris, et je ne peux manquer, en recevant cette si jolie enveloppe de penser à la chanson " Le temps des cerises", immanquablement associée à cette période de notre histoire.

"Le temps des cerises" est une chanson dont les paroles furent écrites en 1866 par Jean-Baptiste Clément et la musique composée par Antoine Renard en 1868. Bien que lui étant antérieure, cette chanson est néanmoins fortement associée à la Commune de Paris de 1871, l'auteur étant lui-même un communard ayant combattu pendant la Semaine sanglante.
Pour fabriquer de si belles enveloppes dont elle a le secret, Maryse utilise une feuille A4 d'un très beau papier artisanal, qu'elle plie judicieusement et agrémente ensuite avec sa superbe calligraphie et ses tampons maison en linogravure. Un grand merci à toi, l'Artiste!

Touche de romantisme au jardin, pour Sylvie et Jean-Christophe

Sylvie et Jean-Christophe  m'avaient adressé un mail-art sympa, il y a déjà un bon mois. Pour leur répondre et les remercier de cette gentille attention, j'ai voulu, par cet art postal, mettre en avant une autre de leurs passions, en montrant comment il est possible de faire du beau avec des matériaux de récupération.

Voyez comment cette vieille porte mal peinte peut avoir beaucoup de charme, incluse dans la clôture de ce coin de verdure et équipée d'une belle jardinière de fleurs! Sympa non ? 

Mise en bocal potagère, pour Tony,

Depuis que nous sommes entrés dans cette période de contraintes et de confinement, l'ami Tony s'est fait très discret et s'est replié sur son jardin. Avec sa future production au potager et son goût des bonnes choses bien cuisinées, j'imagine qu'il va y avoir bientôt de quoi faire des conserves savoureuses à retrouver à la mauvaise saison.

D'où mon jeu de mot sur cet "agité du bocal" qu'est Tony, troublion débordant toujours d'idées loufoques pour amener plaisir et joie à ceux qui le côtoient dans ses joyeux délires. 

A quand les prochains défis, à quand la reprise de la Postenomade ? Tu nous manques Tony!

Gerry Mulligan au saxo, pour Jeanne-Marie

Pour le nouveau thème de Jeanne-Marie, je complète sa collection sur les saxophones avec ce musicien américain qui met toute son âme à produire de belles sonorités  avec ce majestueux instrument.

Je t'en souhaite bonne réception, mon amie. 

Le saxophone et son histoire, pour Jeanne-Marie

En 2021, Jeanne-Marie a un nouvel appel à mail art sur le thème du saxophone.
Voici donc ma première création sur le sujet, avec ce curieux musicien réalisé uniquement avec des couverts détournés
J'espère que ce curieux musicien saura te plaire, mon amie!
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Comme cet instrument est encore fabriqué dans la région mantaise, avec les sociétés Buffet-Campron et Selmer, où plusieurs hommes de mon village ont passé toute leur vie professionnelle, j'ai eu envie de vous raconter l'histoire de cet instrument de musique dont la création est relativement récente.

Fabrique d’instruments de musique de M. Sax, L’illustration, vol. 10, n°258, 5 février 1848. © BNF

La famille Sax, célèbre pour ses fabriques d’instruments à vent à Bruxelles, puis à Paris, incarne parfaitement l’esprit d’entreprise et l’énergie débordante d’un XIXe siècle conquérant et sûr de l’avenir. Le membre le plus illustre est sans conteste Adolphe Sax, l’inventeur du saxophone et de la famille des saxhorns.

Charles Joseph Sax dit aussi Sax père s’installe à Bruxelles en 1815 comme facteur d’instruments de musique à vent. Ses qualités manuelles et intellectuelles expliquent une ascension fulgurante puisqu’en 1818 Guillaume 1er, roi des Pays-Bas, le charge de fabriquer la majorité des instruments destinés aux musiques régimentaires du pays. Récompensé à plusieurs reprises lors des grandes Expositions nationales de produits industriels (Gand en 1810, Haarlem en 1825), sa renommée se répand dans toute l’Europe. 

Des onze enfants qui naissent entre 1814 et 1832, quatre deviennent facteurs d’instruments. Le plus célèbre est l’aîné de la fratrie, Antoine Joseph dit Adolphe Sax, animé d’une fièvre créatrice. Comparé souvent à un héros de roman, Adolphe Sax est tout à la fois éditeur de musique, professeur, organisateur de concerts, chef de fanfare à l’Opéra de Paris et facteur d’instruments, renommé surtout pour ses surprenantes inventions (33 brevets accordés).

Installée à Paris, rue Neuve-Saint-Georges, en 1842, la maison Sax emploie déjà 200 ouvriers et représente 45% de la facture parisienne des cuivres à l’aube de la révolution de 1848. Elle participe régulièrement aux expositions de l’industrie française et aux expositions universelles. Y sont présentés des clarinettes, des flûtes et des cors perfectionnés et de nouvelles familles d’instruments à vent : saxotrombas, saxhorns, saxtubas. Le saxophone est l’instrument le plus célèbre mis au point par Adolphe Sax. 

En 1845, une ordonnance intègre officiellement les instruments Sax aux musiques militaires et en 1848, une classe de saxophone s’ouvre au Conservatoire de Paris.

Esprit d’une invention prodigieuse, Adolphe Sax est un des premiers à reléguer au second plan le rôle du matériau utilisé dans la sonorité d’un instrument à vent. Il privilégie les proportions données à la colonne d’air, donc au tube de l’instrument, plutôt qu’à sa forme Cette constatation acoustique fondamentale est à la base de ses travaux et de leur réussite.

Adolphe se brouille avec l’un de ses frères, Alphonse Sax, concernant l’invention du piston ascendant. Alphonse se fait connaître surtout pour son action émancipatrice envers les femmes : il encourage celles-ci à la pratique des instruments à vent, salutaire à leur hygiène physique et mentale. Il crée ainsi des fanfares féminines.

Après trois faillites successives, Adolphe Sax s’associe en 1878 à son neveu Henri Sax pour créer une nouvelle société. Enfin, le fils d’Adolphe, Adolphe Edouard Sax continue l’activité au sein des ateliers de la maison Sax avant de la céder, en 1929, à la maison Selmer.

Belle jardinière, pour Stéphanie

J'aurai aimé être capable de réaliser moi-même une si jolie dentelle au fuseaux pour cette experte de la dentelle en papier qu'est Stéphanie...j'ai dû me contenter d'un ersatz mais j'espère que ce mail-art saura lui plaire néanmoins.

J'imagine qu'il lui arrive de temps en temps de se rendre au jardin et potager pour y humer le parfum des fleurs ou pour récolter quelques belles tomates. Bonne réception, Stéphanie!
 

Larguer les amarres, pour Bertrand

J'ai la chance de connaître un pratiquant de la voile, alors pour lui aussi, j'ai réalisé un mail-art avec le reste du tissu avec des voiliers, extraits d'un ancien tablier de ma maman.

Du croquet pour figurer les vaguelettes de la grande bleue, de la dentelle mousseuse pour représenter les remous laissés par l'étrave du bateau qui fend l'onde, et des couleurs aquarellables pour donner l'ambiance globale de cette scène nautique... et l'affaire est faite.
De quoi compenser un petit peu le manque de grandes bordées l'an passé!

Une chouette très nature, pour Isabelle

Pour Isabelle qui aime beaucoup les chouettes, j'ai trouvé ce beau specimen tout fait de matériaux de récupération mais d'un chic indéniable. Sur un fond de tissu teinté avec du sumac qui lui donne un air vieilli, cette chouette a belle allure, installée sur une branche faite d'écorce!
Je t'en souhaite bonne réception Isabelle!

Régate au large , pour Emmanuelle

Pour la changer des eaux calmes du Léman, j'adresse à cette nouvelle correspondante une scène de voiliers régatant sur une mer un peu agitée. Avec son spinnaker bien déployé, chaque bateau cherche à prendre la tête de la course, les skippers rivalisent avec vigueur.. Qui, de ces deux leaders, franchira la ligne le premier ?

Voilà-là, Emmanuelle,  un exemple de ce que j'aime réaliser comme style d'art postal textile. Je t'en souhaite bonne réception. 

Ce mail-art complète mes réponses fournies à ton questionnaire destiné aux pratiquants "timbrés d'art posté". C'est pour toi le moyen de recueillir  des  informations sur le thème du mail-art, en amont d'une future exposition que tu vas animer dans le cadre de tes activités tant à  l'Espace des Inventions que dans ton atelier E comme Ecriture à Lausanne. 

Destinée au grand public et en particulier aux enfants dès 7 ans et aux familles, cette exposition atelier  d'éveil culturel aura lieu de novembre 2022 à juin 2023. Affaire à suivre donc!

22 mai 2021

Scène de tendresse, de Nadine

 Nadine m'a adressé une belle citation sur la tendresse, avec une scène tout aussi tendre entre une girafe et son girafon. Grand merci à toi Nadine.


La tendresse est plus forte que la dureté, 
L'eau est plus forte que le rocher, 
L'amour est plus fort que la violence. 
Hermann Hesse

21 mai 2021

T117 - Du coeur à l'ouvrage, de la part de Sylvie

Comme je suis heureuse d'avoir des nouvelles de Sylvie : son art postal est reconnaissable entre tous.

Ici, elle joue avec le fond ocre jaune de l'enveloppe et le noir & blanc du timbre coeur de Balmain, relayés par les petites étiquettes au bout de fils, dans un dégradé de blanc, gris et noir. 

Quelle superbe composition, j'adore. Merci beaucoup Sylvie.

20 mai 2021

D136 - Oiseau et fleurettes, de Colette

Ce mail-art est resté un moment mystérieux pour moi, car à réception, je n'osai pas ouvrir sur un coté ou l'autre cette fragile enveloppe textile faite dans un morceau d'étamine de rideaux... A force d'en examiner les contours, j'ai fini par tenté l'ouverture sans rien abîmer.... cela aurait été dommage de ne pas lire la carte à l'intérieur et le gentil mot de Colette qui m'écrit depuis la Bretagne. 

De la dentelle argentée, un bel oiseau en feutrine, quelques fleurettes plus un jeu des transparences font de ce mail-art une création très originale.

Merci Colette pour ce cadeau, et pas d'inquiétude, il n'y a pas de délai qui tienne, tant que le fil de l'amitié n'est pas rompu. 

19 mai 2021

T116 - Mésange bleue au nid, de la part de Nadine

Oh la belle enveloppe aux couleurs printanières que voilà! En fait elle m'est parvenue, soigneusement emballée dans une enveloppe de protection de la Poste, craignant pour les éléments fragiles du nid. En effet, ce dernier est composé de raphia, de brins de laine épaisse et irrégulière, avec même quelques plumes. Et la jolie mésange bleue n'est pas peu fière d'y couver sa future progéniture.

Depuis la Suisse, c'est Nadine qui me fait ce bel envoi, se désespérant dans sa  montagne de voir le printemps arriver car il reste encore beaucoup de neiges sur les sommets, et la température très froide encore n'est pas vraiment digne d'une mi-mai. 

Merci beaucoup pour cette composition alliant le timbre avec le thème de l'envoi, tout comme j'aime! J'ai bien noté le thème de la légèreté  à traiter dans mon mail art de réponse,  mais ce ne sera pas pour tout de suite,  un petit peu de patience va être nécessaire. 

Encore merci Nadine, pour la belle complicité que nous sommes en train d'établir. 

Doigts de fée, pour Michele

Mon amie Michele est une brodeuse émérite, et moi j'adore broder et j'admire les dentellières. Alors ce mail-art réunit nos deux passions.  

image trouvée sur Pinterest, non attribuée

Là nous voyons essentiellement des grands-mères qui s'activent. Pourtant, il semble qu'aujourd'hui la broderie reprenne mais sous une forme plus moderne. Quant à la dentelle aux fuseaux, c'est au sein de couviges (rassemblement de dentellières) qu'il lui arrive de renaître dans des régions comme celle du Puy en Velay dans la Haute Loire ou bien dans les Vosges, à Mirecourt.

Je te souhaite bonne réception de ce mail-art faisant honneur à toutes ces dames aux doigts de fée qui savaient réaliser des chefs d'oeuvres de finesse.

La Pavlova, pour Nadine

Pour traiter du thème de la danse qui fait plaisir à Nadine, je lui ai fait un mail-art dédié à la très grande ballerine russe Anna Pavlova (ou Pawlova) qui reste dans toutes les mémoires comme une virtuose de la danse, l'interprète exceptionnelle d'un solo sur la Mort du Cygne sur une musique de Camille Saint Saens (costume dessiné par Léon Baskt)
Et plutôt que d'alimenter ce post par une rubrique Wikipédia, j'ai préféré la description du parcours et de la vie de cette artiste telle que publiés dans un livre pour la jeunesse : ce beau livre magnifiquement illustré est un cadeau tout trouvé pour les enfants avides de beauté et passionnés de danse.


de Laurel Snyder (Auteur) Julie Morstad (Illustration) La Danse du Cygne - La vie et la danse d’Anna Pavlova 

Du canard chétif au cygne majestueux : le parcours émouvant de la ballerine Anna Pavlova dans la Russie du début du XXe siècle.

Anna Pavlova naquit à Saint-Pétersbourg en 1881 dans une famille modeste ; sa mère était lessiveuse et devint ballerine en 1891. Elle se passionna pour la danse classique, après avoir observé l’enchantement de sa mère à la vue de La Belle au bois dormant et s’en être émue au point de danser pour les écureuils de sa cour, entre deux lessives.

Elle entra à dix ans à l’École Impériale de Danse, en dépit d’une maigreur certaine (contrairement aux danseuses plus enveloppées de l’époque) et d’une santé fragile. Ses rêves de ballerine, puis de danseuse étoile, s’accomplirent, en toute grâce, et sans tirer de sa gloire la moindre prétention. En 1899, elle rejoignit le Ballet du Théâtre Mariinsky, dont elle devint Première Danseuse en 1906. Elle imposa son style de « Sylphide », pâle et évaporée dansant évidemment les Sylphides et Giselle, dans les rôles-titre, et en s’illustrant surtout dans le solo de trois minutes de La Mort du cygne, écrit par le chorégraphe Michel Fokine, sur la musique de Camille Saint-Saëns.

Celle qui alors fut « rebaptisée » : « La Pavlova », en hommage à sa virtuosité inégalée, connut un succès mondial, dès 1908, quand elle partit dans le monde entier danser. Mais elle quitta le Mariinsky en 1913, afin de monter sa propre compagnie, dont le succès ne se fit pas attendre. La musicalité de son expressivité fut toujours soulignée par des critiques aux anges de voir cet être aux bras infinis, d’une grande précision gestuelle, mais aussi au buste très parlant sillonner la scène sans se brûler les ailes. Les codes de la danse classique en furent ainsi revisités grâce à la singularité de ses interprétations. « Anna nourrit le monde de beauté », c’est une « reine », un « cygne », une « libellule », une étoile qui brille la nuit comme le jour.

Cependant, quand la Première Guerre mondiale éclata, elle se réfugia à Londres, puis mourut, épuisée, lors d’une tournée aux Pays-Bas, d’une pneumonie, ou pleurésie, en 1931. Le train où elle se trouvait en avait percuté un autre, elle sortit en pyjama et marcha le long de la voie pour savoir ce qu’il s’était passé, sans remarquer qu’elle prenait froid et en mourut (elle repose au Crématorium de Golders Green, non loin de Londres). Il paraît, qu’avant de mourir, Anna demanda à enfiler son costume de Cygne, comme si elle allait monter sur scène et ses derniers mots furent : « Jouez cette dernière mesure très doucement ».

La petite Anna a bien révolutionné la danse classique du XXe siècle, et donné de l’espoir à toute une génération de jeunes danseuses issues de milieux défavorisés et ne craignant plus de se lancer à corps gagnant dans la danse. 

Source : Article d’Anne O’Byrne de décembre 2018 sur le site resmusica.com

18 mai 2021

PP05 - Hozho, peinture de sable et de guérison du peuple Navajo, de la part de Nicole

En 1996, Nicole a participé avec son travail à une manifestation culturelle sur le thème des peuples menacés comme elle m'en a déjà fait part dans un post précédent. 

Elle poursuit sur ce thème dans ce nouveau mail-art, dédié aux peintures de sable, tout à fait éphémères, réalisées par les chamans dans un but de guérison chez les amérindiens Navajo.

Entre autres documents et livres qu'elle a lus sur le sujet, Nicole s'est aussi rendue cette année-là  à une exposition qui se tenait à la Villette -cf. le player ci-dessus- où il est précisé au verso :

Pour la première fois en France, des "medecine men navajo" réalisent en public des peintures éphémères et sacrées.  Les peintures de sable sont l'un des temps forts des complexes cérémonies pratiquées en terre Navajo depuis des siècles.
Leur but est d'entretenir ou de rétablir l'harmonie qui unit l'être humain à l'ensemble de son environnement naturel, social, moral, voire politique.
Pendant près de six semaines, six indiens navajos, venus d'Arizona, se relaieront, à la Villette, pour créer, en présence du public, des oeuvres éphémères commencées le jour et effacées le soir même.
Cette exposition-création exceptionnelle livrera aux visiteurs une approche inédite de la pensée d'un peuple qui place la santé au coeur de sa philosophie, à travers la présentation d'une vingtaine d'oeuvres fixes, tapisseries, aquarelles et peintures dont certaines n'ont jamais été montrées au public

Quelle chance Nicole, tu as eu d'être témoin de cette manifestation-là! Tu dois en garder un grand souvenir.  Je te remercie infiniment, car comme toujours, ton art postal est  très documenté. Tu sais combien j'en suis particulièrement friande. 

Pour compléter, quelques chants navajos sont joints à l'envoi : 

Chant de la beauté 
Dans la beauté je marche
Avec la beauté devant moi, je marche
Avec la beauté derrière moi, je marche, 
Avec la beauté au-dessus de moi, je marche
Avec la beauté autour de moi, je marche
La beauté est revenue
La beauté est revenue
La beauté est revenue
La beauté est revenue.

Chant de la guérison
Avec joie, je guéris
Avec joie, la fraîcheur me pénètre
Avec joie, mes yeux retrouvent leur pouvoir
Avec joie , la fraîcheur pénètre ma tête
Avec joie, mes membres retrouvent leur pouvoir
Avec joie, je retrouve le pouvoir d'entendre
Avec joie, le sortilège a fini
Avec joie, je retrouve le pouvoir de marcher
Insensible à la douleur, je marche, 
Léger au-dedans, je marche,
Les sens aiguisés, je marche.

Chant du pollen 
Que le pollen arrête tes pieds,
Que le pollen immobilise tes mains,
Que le pollen fasse baisser ta tête !
Alors, tes pieds deviendront pollen. 
Tes mains, pollen
Ton corps, pollen
Ton esprit, pollen
Ta voix , pollen :
Le chemin est beau
Sois en paix.

Ci-dessous, vous trouverez de quoi en connaître davantage sur ces  rites chamaniques de guérison, hélas en train de s'éteindre petit à petit,  tout comme ce peuple amérindien.

***
Peintures de sable, de guérison (hozho) Navajos

Le terme navajo pour désigner les peintures de sable, "sandpaintings" : "iikààh" peut être traduit littéralement par "l'endroit par lequel les dieux viennent et vont".
Ces dessins sont faits à base de pierres pulvérisées, de sable sec saupoudré et coloré avec des pigments naturels. L'intention de ces peintures est de permettre au patient d'être investi par les pouvoirs des êtres mythiques présents à travers ce diagramme coloré et de le guérir.

Feest et de rares auteurs utilisent plus spécifiquement le terme de "peintures sèches" ou "drypaintings" pour qualifier les peintures navajos originelles. En effet, elles ne sont pas uniquement faites à l'aide de sables colorés, rouges, jaunes (dépôt d'ocre) et blancs (craie), mais également de matières, à l'état pur et mélangées, telles que farine de maïs, pollen, pétales de fleurs pulvérisées et charbon de bois, qui sont répandues sur un fond sableux généralement doré. On observe l'utilisation d'autres matériaux, végétaux, minéraux.

Avant la cérémonie, sont déposés sur un tapis une grande pierre à moudre, du sable et des pierres de couleurs variées. En général ce sont les femmes qui pilent les différents sables colorés qui sont ensuite utilisés comme colorants. "Il y avait des grès blancs, rouges et jaunes, du charbon de bois noir qu'il fallait mêler à du sable pour le rendre plus lourd ; des racines de chêne de rocaille qui, pilées avec du sable blanc, donnaient un beau ton bleu clair. D'autres couleurs telles que le brun, le rose et le gris étaient obtenues en mélangeant plusieurs teintes existantes."

La peinture de sable navajo est l'un des éléments les plus importants d'une cérémonie de guérison. A travers ce dessin, élaboré et coloré, dont les teintes noire, rouge, jaune, blanche et turquoise sont sacrées aux yeux des Navajos, les Etres Saints sont contactés afin de guérir le patient.

Ces peintures sont sacrées et font partie intégrantes de cérémonies. Elles ne sont réalisées que par un "Medecine-Man", ou par ses apprentis, mais toujours sous sa responsabilité. S'il ne trace pas lui-même la structure de la peinture de sable, dans tous les cas il dirige l'opération dans ses moindres détails. Ses assistants ont ainsi la possibilité d'apprendre en pratique les différentes peintures associées à chaque cérémonie.

La technique de réalisation d'une peinture demande énormément de précision dans le geste. Un peu à la manière des moines tibétains qui réalisent des mandalas de sable, les hommes-médecine, quant à eux utilisent leur pouce et leur index recourbé entre lesquels ils laissent le sable fin et coloré s'écouler en une ligne bien nette et régulière. Cette pratique nécessite une très grande maîtrise du geste. Les grains sont méticuleusement déposés sur un fond de sable de couleur terre préalablement étalé. Il s'agit d'une véritable mosaïque de sable !

Les peintures de sable navajos sont à la base une forme d'art éphémère ; aucun fixatif n'est employé. Ces peintures éphémères, dont Washington Matthews fait état pour la première fois en 1887 dans une première monographie vont évoluer vers une forme plastique fixe et permanente, lorsque des copies seront réalisées par des observateurs blancs puis par les Navajos eux-mêmes, malgré l'interdiction formelle mythologique de représenter ces motifs sacrés de façon permanente.

Il existe près de 600 peintures connues à travers la plupart des collections du début du siècle, environ quatre à cinq sont réalisées pour chaque cérémonie. Les peintures de sable traditionnelles appartiennent à deux catégories. Dans un premier temps, il y a les peintures spécifiques qui accompagnent les chants pendant une partie de la cérémonie. Puis, une autre catégorie est utilisée pour illustrer les "histoires" de la mythologie navajo et sur lesquelles le patient va s'agenouiller. De nos jours, des peintures traditionnelles et éphémères sont encore pratiquées dans les réserves par des hommes-médecine au cours de cérémonies de guérison. Ces dernières ne sont pas secrètes mais semblent faire preuve d'une très grande discrétion. Ainsi, des hommes-médecine navajos en viennent à réaliser deux sortes de peintures de sable, les traditionnelles et les peintures de dimension artistiques destinées à des usages différents et qui évoluent dans des espaces bien distinctifs.

Toutefois, il est important de savoir qu'aujourd'hui les peintures de sable navajos existent essentiellement sous forme d'œuvres d'art permanentes. Ces peintures ne sont plus uniquement pratiquées dans un contexte religieux ni pour des raisons thérapeutiques, mais ont intégré un marché de l'art ainsi que le champ de l'Art Contemporain.

Les peintures navajos originelles représentent "des personnages : êtres surnaturels et figures mystiques, placés aux quatre points cardinaux, ou en file, les uns à la suite des autres, presque toujours groupés par pairs hommes et femmes, vieux et jeunes et également des représentations symboliques d'éléments sacrés : le soleil, la lune, l'éclair, le maïs, un arbre, une montagne, un serpent, un lac, des nuages, une ville, un champ, l'arc-en ciel, des étoiles".

Chaque peinture de sable illustre un instant d'un mythe. En règle générale, les copies possèdent un titre qui permet de les identifier avec plus de précision. La peinture de sable navajo traditionnelle est exécutée sur le sol balayé du hogan cérémoniel par le chanteur, medecin-man et ses aides. Ensuite, au cours de la cérémonie, le patient s'assied sur la peinture de sable face à l'est.

Extrait d’une maîtrise d'arts plastiques, Sorbonne, 1999

A  travers les peintures de sable, les Navajos tendent vers Hozho. Hozho c'est être en harmonie avec l'univers. C'est être bien dans son corps, en sécurité, en accord avec soi et tous ce qui nous entoure. C'est un état intérieur qui surgit quand tout est à sa juste place. Hozho, c'est aussi quelque chose qui protège la beauté, qui veille à ce qu'elle puisse être.

Hozho compte plusieurs cérémonies ou Voies. Certaines sont féminines, d'autres masculines. En voici quelques une parmis les plus célèbres : la voie de la bénédiction, de la beauté, de l'eau, de la plume, de la perle, de la fourmi et la voie de l'aigle etc.

Il existe au moins mille deux cents peintures de guérison. Même un Hataalii (homme médecine) ne les connaît pas toutes. Il ne retient que celles qui se rattachent à sa spécialité.


La voie de la bénédiction : cette voie n'est pas faite pour soigner, mais pour ponctuer les grands passages de la vie : naissance, puberté, mariage, départ à l'armée d'un conscrit, l'entrée d'un homme en politique, protection d'un troupeau ou l'ouverture d'un nouveau restaurant.

Le cérémonial est court : deux jours deux nuits et simple : quelques chants et prières, des bains de mousse de Yucca, quelques peintures.

La voie de la beauté  : dans la voie de l'ennemi, deux belles femmes sont données en butin de guerre aux vainqueurs inattendus d'une bataille, deux hideux vieillards, homme-ours, homme serpent, capables de prendre l'apparence de la jeunesse et de la beauté. Elles s'enfuient l'aînée vers l'Ouest, la cadette vers l'Est, mais rattrapées, elles deviendront Bispali, l'héroïne de la voie de la montagne, et Glispah celle de la voie de la beauté.

Les voies Navajo sont ainsi de grands et sinueux voyages initiatiques. L'importance de ces héroïnes rappelle la place privilégiée des femmes dans la société Navajo ou la descendance matrilinéaire : un Navajo appartient au clan de sa mère, étant seulement né pour celui de son père.

Glispah apprendra au pays de peuple Serpent comment contrôler les forces de la fécondité, elle aura gâché des moissons, provoqué des ouragans de grêle, été punie, démembrée, puis reconstituée par le peuple serpent, maître en ce pouvoir d'utiliser et de contrôler la fécondité. L'homme serpent, son époux, peut enfin lui prodiguer cette cérémonie de quatre jours la voie de la beauté. A elle de porter cet enseignement au peuple de la terre puis de revenir vivre parmi le peuple serpent ou Femme serpent, déesse de la fertilité et de la guérison, règne depuis sur les nuages, la pluie, le brouillard la végétation pour le bien du peuple de la surface de la terre.

La voie de l'eau :  les voies, notamment les majeures, finissent toutes par rejoindre un même tracé. Le héros commet des impairs à cause de sa nature, laquelle n'est pas aussi tranchée qu'il paraît, la preuve en est que des Etres intermédiaires lui viennent en aide pour lui révéler sa propre ambiguïté ni tout a fait méchant ni tout à fait bon, capable du pire comme du meilleur, jusqu'à ce qu'il croise leur chemin.

Conscient de ses possibilités, il peut gagner ses galons d'Etre Sacré en rejoignant le monde de ceux qui ont déjà ce statut pour l'avoir acquis ou toujours eu. Là-haut ou tout en bas, il reçoit la cérémonie qui le sanctifie puis revient dans le monde des humains pour la leur léguer. Rejoignant définitivement le panthéon sacré des Navajos, il veille désormais à l'accomplissement de ce que sa nature avait de prophétique. Mais tous ces héros semblent nous encourager à tendre, même si c'est par des chemins différents vers l'immatérialité du pollen, la matière à l'interface du monde visible et invisible, de faire de sa vie une conquête spirituelle.

La voie de l'eau semble aujourd'hui éteinte, et ses deux derniers praticiens remontaient à l'époque du grand Homme-médecine du XXe siècle, Hosteen Klah (1867-1937).

Cérémonie majeure, elle ne se déploie plus, alors, que sur cinq nuits contre neuf à l'origine. On la dit liée au retrait des eaux après le déluge. Dans cette Voie de l'Eau comme dans la Voie de la Grande Etoile dont on pense qu'elles appartiennent au même groupe, que la Voie du Projectile, on voit surgir, aux côtés du héros, le Coyote : il est son animalité, son ombre lubrique.

Mais rien de manichéen, car si le coyote recherche à abuser de la naïveté du héros, le Blaireau lui, l'encourage à grimper toujours plus haut afin de s'élever vers les Etres Sacrés. Le Coyote n'est jamais loin, il guette à la fois tentateur, imaginatif, trouble, et celui qui propulse vers les choses de l'esprit. Ambigu à jamais : n'est-ce pas lui qui a donné le feu aux hommes mais a aussi provoqué le déluge ?

La voie du vent : vieil homme vent, vieille femme vent, petits vents de la montagne du yucca, vent noir à l'est, vent bleu au sud, vent jaune à l'ouest vent blanc au Nord, vent rayé et vent gaucher, vend fou, cyclone et tourbillon, vent rouge, vent gris...Les vents sont le principe même de la vie dans sa manifestation. Au sein même du corps, ils le parcourent, animent les poumons, le cœur, circulent dans l'œsophage et les intestins. C'est le souffle de la vie.

Et celui qui sait capter, comme l'homme médecine, les chants des vents, sait aussi raccorder l'homme aux grands souffles qui traversent et gèrent l'univers et prodiguer l'immunité préventives. C'est ce que tente de faire cette cérémonie ou abondent les images du soleil et de la lune, des nuages et de l'arc-en ciel, des tourbillons, des tonnerres, des cyclones, des cactus et des serpents.

Le serpent est une figure omniprésente de la voie du vent. Il est la personnification animale du vent, sa puissance est aussi fulgurante et destructrice que celle des tempêtes. Dans les peintures de cette voie, qui durait autrefois jusqu'à neuf nuits, le serpent remplace l'arc-en-ciel protecteur, il habille le corps des vents ou traverse en croix les personnages.

La voie de la perle : pouvoir de l'esprit et des cieux sur les piètres bien terrestres : telle est la leçon prodiguée par le Héros de la Voie de la Perle, dit le clochard qui vit habillé d'oripeaux et se nourrit de détritus. Mais sa richesse intérieure lui permet de s'allier avec les puissances suprêmes : à la fois celle de l'aigle, représentation de l'esprit indestructible, et celle de l'éclair et des serpents qui, prenant le relais, permettent au Clochard de franchir la porte du ciel. Mais comme tout héros, le Clochard aura commis préalablement des impairs, reçu l'aide de la Grande Mouche, bienveillante intermédiaire entre les humains et les Etres sacrés, donné l'abeille au monde terrestre et récupéré les trésors du plus riche de tous les peuples, le Peuple Araignée : il les retient dans les mailles serrées de sa toile et notamment des perles qui donnent leur nom à cette Voie de neuf nuits.

Ayant reçu la cérémonie des Etres sacrés, il n'a pas manqué non plus de revenir dans le monde des humains pour la leur transmettre à son tour. Rentré dans sa maison céleste, le corps paré de perles de sa victoire, le Clochard assure une distribution équitable des richesses. Au soleil, par exemple, il offre un très long collier de turquoises et son précieux bonnet de plumes rouge, qui depuis, donne sa couleur au crépuscule. Quant à ces peintures navajo, ceux qui sont capables de réaliser un tel équilibre doivent avoir en eux-mêmes un sens aigu de l'harmonie.

La voie de la nuit : cette voie se déploie sur 9 nuits et seulement pendant l'hiver, elle est destinée à rétablir l'ordre et la beauté chez les personnes dont le désordre s'exprime par un mal de tête, d'yeux, d'oreilles. Cette procédure consiste à exorciser le mal pendant les 4 premiers jours puis à rétablir l'ordre et la beauté nécessaires à la personne qui souffre. Ainsi assiste-t-on initialement à des bains de sudations et une série d'offrandes(k'eet'aan) préparées pour inviter les Etres Sacrées, ces ancêtres invisibles, occupant aujourd'hui les sites sacrés de la terre navajo, et s'assurer de leur présence. Car ils sont nécessaires si l'on veut que la procédure fonctionne correctement et que pour la personne chantée soit rendue entièrement à l'ordre navajo.

Les premiers jours, c'est une succession de sudations, répétitions de prières, chants. Et plus tard surviennent les peintures de sable, les quatre derniers jours de la cérémonie. Chacune est une rhétorique de guérison en soi, complexe, des chefs d'œuvre de ré-ordonnancement. Les chants, prières, peintures sont de véritables chef-d'œuvre de beauté évoluant dans un univers Navajo organisé selon un ordre bien précis et imprégné d'une beauté lancinante.

Cette Voie Mâle par excellence est très pratiquée encore de nos jours. Elle vient pour lutter contre toute forme de paralysie aussi bien physique que mentale. Les héros de cette cérémonie se nomment Les Rêveurs ou Visionnaires. Hosteen Klah '1867-1937 fut l'un des plus brillants praticiens de cette voie complexe dont l'apprentissage culmine avec la constitution d'une trousse de médecine fournie, notamment en masques très difficiles à obtenir, les Maîtres de cette voie les cèdent difficilement à leurs apprentis. Aujourd'hui, de nombreux homme médecine continuent de la pratiquer dans l'ombre et le froid des nuits d'hiver.

Techniques

Les couleurs pour la peinture de sable sont habituellement faites avec le sable naturellement coloré, le gypse écrasé pour le blanc, le grès pour le rouge et un mélange de charbon de bois et de gypse pour les bleus. Le brun peut être fait par un mélange de rouge et de noir. Le rouge et le blanc donne le rose. D'autres agents de coloration participent à l'élaboration des couleurs : la farine de maïs, le pollen, les racines et l'écorce en poudre.

Les peintures de sable sont habituellement associées à une cérémonie. En raison de la nature sacrée des cérémonies, les peintures de sable sont réalisées et détruites au cours d'une période de douze heures.

Le rituel des peintures de sable fait partie d'une cérémonie plus vaste qui comporte des chants spécifiques en fonction du type de cérémonie (guérison, purification etc.). Chaque cérémonie dure habituellement de cinq à neuf jours, mais jamais moins de trois jours. Une peinture de sable est réalisée chaque jour.

Beaucoup de peintures de sable incluent les yéi, qui sont les êtres faisant parti de la mythologie Navajo. Les cérémonies curatives font participer des chamans chantant des chansons particulières et qui créent simultanément une peinture de sable sur la terre. Le chaman demande les yéis pour "sentir" la peinture et pour aider à la guérison du patient en reconstituant l'équilibre et l'harmonie : Hozho qui pourrait se traduire par la voie de la beauté.

Bien sûr, les peintures de sable vendues dans le commerce n'ont rien à voir avec celles utilisées dans les cérémonies...

Source : le Site Arizonadream
Je viens de dénicher sur le net un très beau livre qui illustre bien ses peintures extraordinaires : je pense que je vais me le procurer...

17 mai 2021

Le charme des roses trémières, pour Marcelle

Tu as toujours adoré les fleurs du jardin, aussi voici une hampe florale pleine de poésie, dont le port majestueux orne magnifiquement cette façade ancienne et cette fenêtre à tout petits carreaux, tout à fait charmante. 

Bonne Fête, Marcelle, et bonne réception!

Colibri et fuschia, pour Marcelle

Voici de beaux fuschias comme ceux que tu as eu longtemps dans ton jardin :ils sont si gracieux qu'on dirait des ballerines en tutu, faisant des pointes.

Je te souhaite un très bel anniversaire, avec ce colibri faisant sa collecte de nectar au coeur des corolles de fuschias. Cet oiseau est très emblématique, il symbolise  pour moi ce que chacun doit pouvoir faire à son niveau pour protéger le mieux possible la planète.

Bon anniversaire Marcelle!
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La légende amérindienne du colibri !
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! "

Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."