30 mars 2019

TP18 - Ethnies Hmong aux magnifiques traditions textiles, par Jean-Paul

Un grand merci à Ursu qui m'a adressé une nouvelle enveloppe/documentation en art postal sur une minorité ethnique d'Asie du Sud-Est : les Hmongs (ou Méos ou encore Miaos).Voilà encore de quoi voyager via le textile à la découverte de ces peuplades lointaines mais si riches de traditions ! 

Les origines des Hmongs : ils trouveraient leurs origines dans la région du fleuve jaune en Chine, 3000 ans avant J.-C, même si de nombreux experts pensent qu’elles remontent plus loin que ça. Ils ne commencèrent à migrer que dans les années 1800, en se déplaçant d’abord vers l’Indochine, puis le nord du Laos, la Birmanie, la Thaïlande, le Vietnam, pour éviter l’oppression. Après la guerre du Vietnam, encore plus de Hmongs migrèrent en Thaïlande comme réfugiés. Néanmoins, vu que beaucoup ont rejoint les rangs du parti communiste pendant la guerre, il furent persécutés. A ce jour, on refuse toujours à certains leur droit de citoyenneté, ou leur droit de propriété sur les terres qu’ils cultivent. 
Au 21ème siècle, il y a désormais des Hmongs un peu partout le monde, dans des pays comme l’Australie, la France, ou encore les États-Unis. Malgré tout, 95% vivent toujours en Asie.
                          Jeune fille hmong noire                                           Fille Hmong au Sud du Vietnam 
La culture Hmong est riche et fascinante. Traditionnellement, un shaman dirige la tribu, et joue un rôle vital dans les complexes rites funéraires ou de mariage. Quand les gens sont malades, pour les soigner, il entre dans une transe pour visiter les enfers et transférer l’âme des personnes malades en question. Il assume aussi parfois un rôle politique dans le village. Le nouvel an est particulièrement important pour les Hmongs. Il est célébré le 30ème jour du 12ème mois lunaire. Pendant cette période, la famille et les ancêtres spirituels sont honorés, et les garçons et les filles sont encouragés à jouer des jeux ensemble, dans l’espoir de déclencher un coup de foudre qui les conduirait au mariage.

L’ethnie Hmong, divisée en plusieurs groupuscules locaux : Hmong blanc, Hmong fleur, Hmong rouge, Hmong noir, Hmong vert, Na Mieo (le nom de ces groupuscules s’inspire de la couleur des vêtements), qui émigrèrent de la Chine au Vietnam entre la fin du XVIIè et le début du XIXè siècle.


Au Vietnam, ils vivent souvent dans les proviences aux endroits de très haute altitude. Les ressources principales proviennent de l’agriculture.


Les Hmong ont une architecture spécifique composée de trois travées et de deux appentis. L’autel des ancêtres est disposé dans la travée principale. C’est également dans cet endroit que les gens prennent les repas. Une travée latérale est réservée aux hommes y compris les visiteurs et l’autre travée aux femmes et à la cuisine.

le rapt 
Le mariage Hmong : en fait, le mariage par rapt est fréquent sans subir aucune opposition de la famille de la jeune fille. Le garçon en informe ses beaux-parents deux jours après l’enlèvement et demande la cérémonie de noces.

Le modèle patrilinéaire et polygamique est encore de rigueur.

          tenue de mariage          
La jeune femme après le mariage ne peut rentrer chez ses parents qu’avec la permission de ses beaux parents et en compagnie de son mari. Est condamnée la relation de mariage entre les gens du même lignage. Si le mari meurt, la veuve épouse le jeune frère du défunt. Si ce dernier n’a pas de frère, elle épouse un de ces cousins. En cas de divorce, la femme loge dans la maison d’un notable qui la protège jusqu’au moment de se remarier. Au cas où elle souhaite reprendre sa liberté, elle doit verser à sa belle famille une certaine somme à titre de dédommagement.

Leur style vestimentaire coloré et emblématique. Les vêtements traditionnels Hmong mettent en avant des motifs complexes, des broderies, des batiks indigo et clairs, des couleurs accrocheuses. Ils ont aussi bien inspiré les voyageurs que les adeptes de la mode depuis des années.
 Détail de broderie d'une veste                                       Veste hmong
 Les textiles jouent un rôle dans la culture Hmong. En effet, ils sont considérés comme quelque chose de si importants que les filles apprennent la broderie dès leur 5 ans, pour les préparer à la tâche de créer des textiles pour leur mariage ou leurs funérailles dans le futur.
Les textiles Hmongs sont renommés à travers le monde, grâce à leurs couleurs riches et leur esthétique élaborée. Leur broderie est plus particulièrement réputée. Avant le 20ème siècle, les Hmongs n’avaient aucune forme d’écriture, et à la place, communiquèrent des idées et des récits sur des morceaux de tissus.
Cette pratique n’était pas limitée aux femmes, même les hommes du village créèrent des broderies qui racontent des histoires, pour transmettre le passé de leur peuple au monde extérieur, et dans certains cas, pour révéler l’étendue de leur persécution.

Les vêtements Hmong : le vêtement féminin comprend une jupe ample et un corsage ouvert sur le devant. Les Hmong blanc ont des jupes teintes en tissu écru alors que l’indigo est adopté par les Hmong fleuris, verts ou noirs. Elles marchent pieds nus et portent des jambières. Les hommes mettent des pantalons larges, noués à la ceinture et une courte veste à manches amples. Ils ont des cheveux tombant sur les épaules ou bien rasés, laissant une touffe au sommet de la tête et ont un large turban à la tête. Les Hmong fleurie enroulent les cheveux. Les jeunes Hmong vert les laissent tomber librement sur les épaules.
Hmong noir                                                                                Hmong crouge
                                                                                                 

                                       Hmong fleur                                                                      Hmong vert
Les Hmong fleur (appelés également Hmong fleuri ou bien Hmong bariolé) sont l’une des branches de cette ethnie. En particulier, le district de Bac Ha est connu en tant que capitale de la région des Hmong fleur, représentant environ 80% de la population dominante. Les Hmong fleur à Bac Ha se concentrent dans des villages originaux, nichés aux pentes des montagnes parsemées de rizières en terrasse.
Femmes Hmong Fleur à Bac Ha
Chez les Hmong fleur, les habits traditionnels se caractérisent par leurs costumes très colorés avec beaucoup de motif ingénieux. Normalement, il faut entre 4 ou 6 mois pour faire un costume complet tout à la main. Les femmes portent une jupe couleur indigo avec des motifs brodés ou imprimés à la cire. Leurs chemisiers sont fendus sur les côtés et ont des morceaux d’étoffes de couleur piqués sur les épaules et la poitrine. Elles laissent pousser les cheveux qu’elle enroule autour de la tête, renforcés de mèches postiches pour les faire apparaître encore plus longs. 

Chez certains Hmong implantés en Thailande, les femmes travaillent magnifiquement le batik apposé sur du tissu teinté à l'indigo, noir. 
 
Il est ici impossible de retracer l'immensité de la gamme des parures textiles produites artisanalement par tous ces groupes ethniques, plus richement vêtus les uns que les autres!

TP17 - Les Saamis, dernier peuple autochtone d'Europe, de Jean-Paul

Merci Ami Ursu pour ce nouveau voyage que tu me proposes avec cette belle enveloppe/documentation en art postal : cette fois-ci, nous partons vers l'Europe du Nord à la découverte d'un peuple très attachant : les saamis. 
Ils sont entre 80 000 et 100 000 à vivre dans l’extrême nord de la Suède, la Finlande, la Norvège et la péninsule de Kola en Russie à hauteur du cercle polaire. Leur territoire est appelé Sápmi ou Laponie à la fonte des glaces et c’est l’une des dernières contrées sauvages en Europe. Ils s'y sont installés il y a environ 10 000 ans. Les saamis ont une longue histoire ininterrompue d’attachement à ces territoires où ils ont vécu et développé leur culture depuis des temps qui remontent bien avant la création des états nationaux. Les critères qui désignent un peuple autochtone sont ainsi réunis. Depuis 1977, ce caractère est reconnu par le parlement suédois qui accorde d’ores et déjà aux samis le droit de traitement préférentiel.

Le mot « guerre » n’existe pas dans leur langue, leur calendrier se découpe en 8 saisons selon le cycle de vie du renne et les femmes participent à la chasse. Les saamis sont traditionnellement des éleveurs de rennes, chasseurs ou pêcheurs dans les fjords. Mais ils se voient aujourd’hui menacés par l’absence de statut reconnaissant leurs droits et par la dégradation de leur culture qui n’est pas acceptée partout. Colonisés puis discriminés,les saamis portent sur leurs épaules un passé douloureux.

La colonisation de leurs terres pour exploiter leurs ressources a débuté au Moyen-Âge avant de s'intensifier au XIIIème et XIVème  siècle. Avec l'apparition de frontières, les saamis ont du redessiner eux-mêmes leurs territoires. Ils ont pu conserver leur indépendance, du moins dans les régions sous autorisé suédoise. Au XVIème siècle, ce peuple a acquis des droits principaux, tels que l'accès à la terre et à l'eau, sous le règne de Gustave Vasa. Pas pour longtemps, puisqu'au XIXème, ceux-ci ont été contestés au moment des révolutions industrielles.

Le peuple saami a été victime de acisme et discrimination suite aux théories de Darwin et du «racisme biologique». L’infériorité de ces autochtones est devenue «normale ». 

La Suède retirait leurs enfants pour les placer en internat, où il leur était interdit deparler leur langue. Oppressés, les saamis ont souvent dû changer de patronyme. Mais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Déclaration universelle des droits de l’homme, signée en 1948, représente un tournant important pour le peuple saami. Les politiques discriminatoires étant dès lors interdites, ils ont pu s’organiser politiquement.
C’est à la seconde moitié du XXème siècle que les Saamis obtiennent le statut de nation à part entière pour toute la population répartie entre la Scandinavie et la Russie. Aujourd’hui, à côté de l’élevage de rennes, ils ont un emploi traditionnel avec des conditions sociales « normales ». Reste encore aux pays scandinaves d’accepter de leur accorder tous les droits. Ces dernières années, le dernier peuple autochtone d’Europe tente de faire adopter une convention saami.

Ce serait un grand pas en avant pour cette population, puisqu'elle leur accorderait des droits comme l'auto-détermination, droit d'avoir leur propre langue officielle et leur culture, droit à la terre et à l'eau, droit d'être consultés pour les décisions les concernant. Malheureusement, il n'y a aucune avancée dans les négociations depuis 2005. 

Le 6 février c’est la fête dans tout le territoire « Sápmi » . Cette journée est célébrée dès le début des année 90 en mémoire du premier congrès national sami qui eut lieu le 6 février à Trondheim (Norvège) en 1917.

Contrairement aux idées occidentales bien trop répandues, le costume traditionnel n’est pas une toilette folklorique pour faire plaisir aux touristes. Le costume est un symbole important de l’identité saami. La fourrure et la peau des rennes sont utilisées pour la fabrication des costumes et des chaussures. De magnifiques châles aux couleurs chatoyantes couvrent les épaules des femmes.De très beaux bijoux traditionnels ornent ces vêtements.

Les vêtements saamis sont des tenues très colorées : la blouse en laine bleue, grise ou noire selon les régions, avec des décorations rouges ou jaunes sur les épaules et le dos, ceinture large en cuir, port d’un poignard, bottes en fourrure, chapeau des 4 vents (copie de ceux des capitaines de navires marchands russes d’il y a 2 siècles). 

Le Kolt est le costume traditionnel des Sames, tunique de feutrine de laine, couleur bleu roi, bordée de rubans et de ganses colorés habillé d’une ceinture ornée de plaques d’argent. Des bande plissées décorent les jupes des femmes nécessitant plus de 30 mètres de tissu.


TP16 - L'étoffe conçue par Monsieur Jacquard, de Jean-Paul

Ursu me gâte en me proposant aujourd'hui le "jacquard", une étoffe si richement tissée avec des motifs complexes que l'on rencontre actuellement principalement dans la confection de tissus d'ameublement et le linge de maison, beaucoup moins pour l'habillement. Merci Ursu!

Il ne s'agit pas à proprement parler d'un tissu, mais bien d'une méthode particulière de tissage car on trouve du "jacquard" aussi bien en coton, qu'en soie ou même en éponge.


Qu’est-ce qu’un tissu Jacquard et comment le reconnaître ? On appelle tissu façonné (nommé par extension tissu Jacquard) un tissu qui comporte un motif complexe réalisé au moyen d’une mécanique disposée sur un métier à tisser. Ce type de motif, souvent très large, implique un nombre de fils de chaîne trop important pour pouvoir être exécuté sur un métier traditionnel à lames. Un appareil de tire est alors indispensable pour accueillir jusqu'à plusieurs milliers de fils.


La mécanique Jacquard fut la première à permettre le tissage de dessins complexes sans aucune assistance manuelle.


Il est courant de nommer ce mode de tissage « tissage à la Jacquard » par opposition au tissage à l’armure et au tissage à l’excentrique (tous les deux réalisés sur un métier traditionnel à lames).

Sur un tissu Jacquard, les motifs sont tissés et sont obtenus par l’entrecroisement des fils de chaîne et des fils de trame. Ce sont les jeux de combinaisons de fils qui forment le dessin. Souvent le tissu est réversible avec un envers en miroir.
                                                                  tissu Jacquard, endroit et envers

Il ne peut être confondu avec un tissu imprimé où les couleurs d’impression sont appliquées sur des zones définies du support afin d’obtenir le dessin désiré : ce tissu-là n’est pas réversible.

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Description de l'image A la mémoire de J.M. Jacquard.jpg.
Joseph Marie Charles dit Jacquard, né le 7 juillet 1752 à Lyon, mort le 7 aout 1834 à Oullins, est un inventeur français, à qui l'on doit le métier à tisser mécanique programmable dit métier Jacquard.

Fils d'un maître-fabricant en soie brochée et d'une mère liseuse de dessins, il exerce de nombreuses professions comme relieur, fondeur, ou employé dans le Bugey à l'exploitation d'une carrière à plâtre. Ayant étudié seul la mécanique, il met au point, en 1801, le métier à tisser Jacquard, dit métier Jacquard. Dans la continuité des travaux de Jacques de Vaucanson, il équipe son métier d'un mécanisme sélectionnant les fils de chaîne à l'aide d'un programme inscrit sur des cartes perforées. Il devient ainsi possible à un seul ouvrier de faire fonctionner le métier à tisser, sans l'assistance d'un tireur de lacs (emploi généralement tenu par une femme).

Amélioré par Jean-Antoine Breton en 1806 et 1817, le métier connaît un succès international (certains sont encore utilisés de nos jours). À Lyon, le métier Jacquard marque les prémices de la révolution industrielle, qui profite beaucoup à la ville, mais qui entraîne aussi une restructuration sociale difficile. À ce titre, le métier Jacquard, accusé de mettre des tisseurs au chômage, est souvent évoqué comme l'une des causes de la révolte des Canuts de 1831.

Le métier Jacquard, qui a inspiré Charges Babbage, est souvent présenté comme l'un des ancêtres de l'ordinateur, il ne fait pas à proprement parler de traitement de l'information mais c'est la plus ancienne machine programmable.

métiers jacquard et cartes perforées d'antan

métier à tisser jacquard d'aujourd'hui 

D110 - Bouquet de dentelle printanier, de Rosa

Quel plaisir de trouver dans ma boite aux lettres cette merveille d'art postal de la part d'une toute nouvelle correspondante, dont l'aquarelle semble la spécialité. 
J'apprécie d'autant l'exploit d'avoir  conçu un tel mail art textile !

Si l'on observe bien, branches et fleurs du bouquet ont été aquarellés délicatement sur le cadre cartonné où ils ont prolongé le carré de dentelle ; un vieux bouton dont le centre est textile vient ponctuer cette carte magnifiquement!






Un grand merci à toi Rosa : tu m'as fait là un cadeau superbe qui arrive à point nommé pour me faire chaud au coeur. Je te demande un peu de patience pour la réponse que je ne manquerai pas de te faire, dès qu'il me sera possible à nouveau de me consacrer à l'art postal.