25 juin 2020

T106 - Léger... comme un papillon, de Jeanne-Marie

Belle association que ce beau spécimen d'éléphant d'Afrique avec un papillon, en rappel de la très belle série des timbres de la Poste, mettant en valeur les ocelles et les couleurs magnifiques des ailes de ces lépidoptères. Les contrastes s'attirent, alors pourquoi pas ? le fond est magnifiquement travaillé et une belle guirlande en dentelle de papier reprend les couleurs du fond Fond papier magnifique. C'est du très beau travail! 
Voici encore une magnifique série de mon amie Jamari, toujours plus créative en cette année 2020,
 alors que,  pour ma part, je ne suis plus du tout en mesure de mailarter.
Je vais en avoir du rattrapage à faire dès je retrouverai mes matériaux et que je pourrai disposer d'espace pour m'installer mieux ... avant la fin de l'année je l'espère.

Un grand merci à toi, mon amie. 

23 juin 2020

Une sacrée tronche, de Christian

Ah quel bonheur aujourd'hui de trouver dans ma boite aux lettres un personnage en 3D (ou ronde-bosse) totalement modelé avec du papier kraft froissé, du papier journal collé, coloré et feutré, par le génial Monsieur R. 
Cet artisan mail-artiste fidèle continue de m'adresser ses grosses têtes insolites et/ou grotesques, pleine d'expressions et cela, malgré ma défection totale depuis quelques mois, et pour quelques mois encore!
Un grand merci à toi, Christian, tes délires humoristiques sont d'un grand réconfort pour moi,
 surtout en ce moment!

13 juin 2020

Naissance et histoire de l'art Aborigène d'Australie

Comment évoquer l'histoire de l'art Aborigène, sans souligner les grandes migrations humaines vers l'Australie, comme les dernières actualités ou découvertes archéologiques dans les territoires Aborigènes ? L'isolement des Aborigènes pendant des millénaires leur a permis de transmettre leur culture de façon continue pendant plus de 50 000 ans ce qui est unique au monde. 
Figure d'esprit peint sur une paroi rocheuse dans les territoires du nord, à la limite du parc du Kakadu.
© Photo Aboriginal Signature
Les dernières analyses génétiques d'échantillons de cheveux donnés par un Aborigène dans les années 20, révèlent le parcours singulier de représentants de ce peuple nomade aventurier. Ils passent d'Europe où ils récupèrent quelques 3 à 4% de gènes de l'homme de Néandertal, vers le sud de la Sibérie où ils ajoutent autour de 6% des gènes de l'homme de Denisnova... avant de gagner plus tard l'Australie, sans doute autour de 70 000 ans avant notre ère.

La traversée vers l'Australie n'est pas simple. Si le niveau des océans est sans doute beaucoup plus bas qu'aujourd'hui, il existe tout de même un bras de mer de plus de 30 km entre la Papouasie et l'Australie. A titre d'exemple, à cette époque la Mer du nord n'existait pas et était remplacée par une vaste plaine en partie glacée, où se retrouvait des Mammouths.

Les Aborigènes ne voient pas la terre de l'autre côté. Sans doute aperçoivent-ils des vols d'oiseau dans cette direction, ou des fumées liées à des feux spontanés dans les zones sèches. Aventuriers, peut-être animés d'une foi en autre chose au-delà des mers, ils décident de traverser. Le périple en lui-même devait comporter de nombreux risques mais ils finirent par bien arriver en Australie à l'aide de canots ou barques en roseaux finement tressés. L'aventure allait se poursuivre.

Les traces de ces premières arrivées en Australie ne sont pas visibles sur les côtes, celles-ci ayant été submergées par la remontée des océans. Différentes fouilles sous-marines sont complexes à mener mais les dernières analyses évoquent une fourchette de 85 000 à 65 000 ans pour l'arrivée des premiers Aborigènes d'Australie.

Ce peuple a fini par embrasser la totalité de cette île-continent, ne négligeant aucune partie, des régions tropicales au nord, au désert semi-aride dans le centre. Avant l'arrivée des Britanniques en 1788, les Aborigènes étaient un peu moins d'un million d'habitants, parlant plus de 250 langues différentes, avec de nombreuses différenciations culturelles et un profond respect pour la nature et les paysages.

Leurs techniques de brûlis ont sans doute profondément modelé les paysages Aborigènes, permettant la régénération des plantes, évitant des incendies majeurs par un brulis régulier se concentrant sur les plantes basses. Les Aborigènes parlent à ce sujet de "cleaning country".

LES PREMIÈRE PEINTURES RUPESTRES AUTOUR DE - 40 000 ANS
Les peintures les plus anciennes découvertes en Australie remontent à quelques millénaires, vers 40000 ans avant notre ère,  assez largement avant les peintures rupestres européennes les plus anciennes, comme la grotte Cosquer, ou Lascaux. La datation de ces œuvres n'est pas toujours chose aisée, les Aborigènes ayant peint par dessus des peintures anciennes pour transmettre et continuer à entretenir les mythes. Aussi les archéologues ont trouvé une parade innovante pour dater ces œuvres mêmes si les parties visibles sont en partie modernes : en analysant le sol sous les parois, ils découvrent des couches sédimentaires où figurent des traces de pigments grattés sur la roche à différentes périodes. La datation de morceaux de bois ou de restes carbonés au même niveau permet dés lors de dater les plus anciennes peintures portées sur ces endroits.

LES ABORIGÈNES CITOYENS AUSTRALIENS EN 1967, DERNIERS NOMADES EN 1986

Les Aborigènes en partie déracinés de leurs terres, sont regroupés dans des missions souvent éloignées. Les difficultés y sont fréquentes, car celles-ci réunissent des clans différents, où des segmentations sont nécessaires, éventuellement antagonistes. Sur l'ensemble du XXe siècle, les Aborigènes vont tous progressivement quitter une vie semi-nomade pour ces missions et les villes. Ce déracinement sera difficilement vécu. Les derniers nomades quittent définitivement le désert en 1984 pour les Pintupi du côté de Kintore-Papunya et en 1986 pour les Pitjantjara dans le grand désert du Victoria (Spinifex Art Project).

DU SIGNE À LA NAISSANCE D'UN MOUVEMENT D'ART CONTEMPORAIN

Les signes Aborigènes furent repérés depuis les débuts du XXe siècle par des anthropologues. L'artiste Karel Kupka fut probalement un des premier à collectionner des écorces peintes dans les années 1950 et à s'intéresser à l'individualisme de chaque artiste, pour ensuite les rapporter en Europe. Celles-ci figurent aujourd'hui dans les collections permanentes du Musée du Quai Branly à Paris mais également du MEG à Genève.

Différentes activités artistiques démarrent dans les missions comme à la fin des années 1930 à Hermannsburg avec l'artiste et aquarelliste Albert Namatjira. Ensuite suivront d'autres initiatives séparées comme autant d'étincelles et de préludes à l'émergence de ce mouvement artistique.

EXPÉRIENCE ARTISTIQUE D'ERNABELLA EN 1939

Dés 1939, un atelier créatif est crée à Ernabella et commence à réaliser des paniers décorés avec les herbes de Spinifex tressées. En 1940 les enfants commencent à dessiner des témoignages de designs ancestraux dans la classe de Mr Trudinger à l’école de la communauté. Dés 1952. Sous l’impulsion de Winifried Hilliard, le centre d’art se développe et prend de l’ampleur pour devenir en 1974 une entreprise gérée de façon complète par les Aborigènes de la communauté d'Ernabella.

EMERGENCE DU CENTRE D'ART DE PAPUNYA TULA
Régulièrement à Papunya, dans cette mission située à 240 km d'Alice Springs, des Aborigènes quittent le désert dans les années 1970. Ils ne sont pas toujours bien accueillis par les Aborigènes déjà sédentarisés, jugeant ces nouveaux venus comme peu avancés selon les critères occidentaux en vogue, alors qu'ils disposent au contraire de l'authenticité la plus intime avec les mythes et leur propre histoire. Je rencontrais en 2014, une infirmière présente en 1971-1972 à Papunya. Elle avait rencontré Geofrey Bardon et m'évoquait les tensions au sein du peuple Pintupi entre les derniers sédentarisés et les premiers, mais également dans les autres groupes linguistiques comme les Warlpiri, Kukatja, Anmatyerr...

Dans ce contexte, où des clans différents sont réunis au même endroit, les risques de violence sont nombreux, en raison d'une extrême pauvreté qui règne aussi dans ces communautés éloignées. En ces temps là, la valeur de la culture Aborigène est très loin d'être reconnue. Les choses vont changer radicalement par une démarche collaborative. Dés 1969, les Aborigènes de Papunya inquiets que leur culture soit absorbée par le monde occidental, commencent à transcrire leurs histoires sur des planches de contreplaqué. Juste deux ans après avoir reçu la citoyenneté Australienne, ils cristallisent ainsi la mémoire de leur peuple. 

Cette approche collaborative de la naissance de ce mouvement artistique est soulignée lors de recherches récentes menées par Luke Scholes auprès des derniers témoins du mouvement, et d'une exposition remarquable qui a suivi au Musée de Darwin en 2017. Cela ne retire en rien les mérites du professeur de l'école de Papunya, Geoffrey Bardon, qui va donner une amplitude toute particulière au démarrage de ce mouvement. Sympathisant avec les enfants, cet instituteur va demander de reproduire en 1971 sur les murs de l'école, un mythe du Temps du rêve dont il a entendu parler : le Rêve de la Fourmi à Miel.Les discussions sont vives avec les anciens qui ne souhaitent pas partager ces signes et mythes secrets avec des blancs non initiés. Cependant, loin de la vision du blanc qui découvre un peuple premier, les Aborigènes vont se mettre d'accord et saisir l'opportunité de peindre sur le mur de l'école ce mythe du Temps du rêve sur plus de 10 mètres, et ainsi répondre à l'intérêt du professeur Geoffrey Bardon.
Le Rêve de la Fourmi à Miel en 1971 sur le mur de l'école de Papunya.
Photo tirée de l'ouvrage de Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou, dans leur ouvrage "Peintures Aborigènes d'Australie".
 © Photo d'Allan Scott
Avant cela, dés 1969, les Aborigènes s'étaient constitués en centre d'art ou studio de création à Papunya afin de cristalliser leur culture et de transmettre leur art aux jeunes générations. Cet engagement collaboratif partagé de part et d'autre va bouleverser à jamais la vie de ce peuple. Geoffrey Bardon ne restera que très peu de temps au service de Papunya, tombant malade par la suite. Selon les Aborigènes il fut puni pour les avoir incité à révéler dans leurs peintures des éléments plus sacrés.

D'abord confidentielles, les premières peintures de Papunya vont très vite susciter l'intérêt. Nous assistons à un véritable Big Bang artistique. Les Aborigènes peignent sur des plaques de contreplaqué, réalisent des dessins sur papier. Il s'agit ni plus ni moins que de la naissance d'un nouveau mouvement artistique. Ces premières œuvres de 1972, 73, 74, feront l'objet d'une grandiose rétrospective en 2012 au sein du Musée du Quai Branly.

UNE PEINTURE POLITIQUE, UN MOUVEMENT D'ART RECONNU
D'autres centres d'art verront le jour peu après dans les territoires Aborigènes. La peinture, véritable témoignage sublimé et mythologique du territoire sera utilisée par les Aborigènes pour revendiquer leurs territoires dans le cadre de la loi du Native Act Title. Certaines communautés récupèreront ainsi plus de 71 000 km2 de terres grâce à des œuvres collaborative réunissant 20 artistes sur 8 m x 12 m.

Aujourd'hui les Aborigènes ont récupéré près de 20% des territoires Australiens et leurs peintures figurent dans de nombreux musées à travers le monde, de New-York à Sydney, en passant par Paris (Musée du Quai Branly). Leurs peintures font partie de nombreuses collections privées en Europe, aux USA ou en Australie. L'ensemble des musées Australiens disposent également d'une collection rare et pointue de peintures Aborigènes.

Leurs œuvres, avec des provenances impeccables comme celle des centres d'art officiels - présentés sur notre site dans la section peintures - font également l'objet de ventes aux enchères spécialisées, organisées par les grandes maisons spécialisées dans le monde.

En Europe, un musée spécialisé d'Art Aborigène - AAMU- réunit une très belle collection à Utrecht en Hollande. Des sections permanentes d'art Aborigène existent également au sein du Musée des Confluences à Lyon, au MEG à Genève et au Musée du Quai Branly à Paris.

Des expositions thématiques sur l'art Aborigène sont également organisées dans les plus grandes institutions comme le Bristish Museum et le Musée des Civilisations au Québec en 2015, le musée d'Aquitaine à Bordeaux en 2013, le musée du Quai Branly en 2012, le musée de Cologne en Allemagne en 2011 et 2017.

Aujourd'hui, à travers le regard des artistes, souvent de grands initiés, ce mouvement artistique ne cesse de puiser dans le terreau fertile d'une culture multi-millénaire, les gisements d'une créativité artistique insatiable, porteuse de la mémoire d'un peuple.

source : 

9 juin 2020

Frères et soeurs en humanité : ensemble faisons peuple!

Sur France Inter, dans  Boomerang, l'émission d'Augustin Trapenard d'aujourd'hui, écoutons la belle voix et les mots percutants de ce bel artiste : Abd Al Malik
Abd Al Malik en octobre 2019 à Paris
Abd Al Malik en octobre 2019 à Paris © Getty / Stephane Cardinale - Corbis

Auteur, compositeur, interprète, metteur en scène et réalisateur, sa rencontre avec celui qu’il appelle son frère a décidé de son destin. En cette période trouble et décisive, il vient faire souffler les mots de la révolte, de la fraternité et de la paix.

Artiste complet, citoyen investi et poète révolté, son art est celui du dialogue. Il vient nous parler de la résonance des mots d'Albert Camus aujourd'hui, du besoin de fraternité, du pouvoir rédempteur de la culture et de l'art.

Il m'a mis les poils au "garde à vous" en écoutant ses lectures à voix haute, et sa chanson "eux" écrite pour accompagner l'exposition du Musée d'Orsay de l'an passé, dédiée au modèle noir dans l'Art de Géricault à Matisse.

Pour ceux qui auraient raté cela, je vous mets le lien sur cette émission.

Merci l'Artiste!

7 juin 2020

Jolie mésange bleue, pour Marcelle

Une bien jolie mésange bleue s'est posée sur une branche décorée d'un splendide lichen jaune, comme je les aime. Cette boule de plumes m'a paru tellement espiègle et finaude, que j'ai décidé de la faire voler jusqu'à toi pour te souhaiter une bonne fête! 
Crédit photo @ Nathalia Santa Maria publié sur le site Oiseaux.net
Je t'en souhaite une bonne réception.

4 juin 2020

T105 - Légèreté et beauté, de Michel

Quoi de plus joli, de plus gracieux que le vol d'un papillon? 
C'est le beau cadeau que me fait Michel aujourd'hui, bien arrivé dans ma boite aux lettres malgré l'adresse erronée. 
Heureusement que c'est le même facteur qui dessert mon nouveau lieu de vie (provisoire) 
C'est un spécimen magnifique de Morpho Peléides avec ses superbes ocelles et du bleu phosphorescent, en complète harmonie avec le timbre de la très belle série sur les ailes de papillon édité par La Poste. 

Je te remercie Michel pour ton envoi, ton amitié et ta fidélité.

1 juin 2020

La gorgebleue chante pour Marcelle

Si tu connais très bien son cousin, ton ami rouge-gorge, voici un passereau moins bien connu, qui vit pourtant en Europe du Nord, dont la France : il s'agit de la gorgebleue à miroir.

La gorgebleue à miroir se reproduit dans la toundra avec des zones buissonneuses, dans les bosquets, les lisières de forêts humides, les zones arbustives sur les collines et les zones montagneuses, souvent près de l'eau. On peut aussi la trouver jusqu'à 2000 mètres d'altitude. Elle hiverne dans les zones broussailleuses au bord de l'eau et dans les roselières.
Crédit Photo ©Tom Kruissink
Ce très joli passereau vient de ma part te souhaiter un très bon anniversaire!

Guy Bedos tire son irrévérence


C'est décidément une année terrible et un très triste mois de mai que nous vivons là avec la perte de tant d'artistes dont le talent dans des registres variés ont fait rayonner la culture française. 

Ce 28 mai nous apprenions la disparition de Guy Bedos, comédien et humoriste à son tour, nous quittait, nous laissant orphelin une fois de plus.
Simon, le médecin hypocondriaque, irresistible dans le film d'Yves Robert : Un éléphant ça trompe énormément

En duo, avec sa femme et partenaire, Sophie Daumier, dans les années 1970

C'est surtout l'humoriste politique vachard, n'épargnant personne, ni à gauche ni à droite qui restera dans les mémoires, mais il était tellement plus que cela. Pour moi, je retiendrai surtout l'homme, à l'enfance brisée, qui a été sa vie entière constant dans ses engagements personnels, luttant inlassablement contre le racisme et l'antisémitisme, pour les droits des Sans Papiers et pour le Droit au Logement.

Reposes en paix l'ami! rejoins vite tes meilleurs potes Desproges et Dabadie, au paradis!
Guy , avec son fils Nicolas.
Diffusée ce jour sur Franc Inter, voici la très belle lettre d'intérieur rédigée par  Nicolas Bedos : les adieux d'un fils à son père aimé, magnifique.

Papa,

Une dernière nuit près de toi. Des bougies, un peu de whisky, ta main si fine et féminine qui serre la mienne jusqu'au p'tit jour du dernier jour. Ton regard enfantin qui désarme un peu plus le gamin que j'redeviens. Au-dessus de ton lit, un bordel de photos, de Jean-Loup Dabadie à Gisèle Halimi, de Desproges à Camus en passant par Guitry. Ça ne votait pas pareil, ça ne priait pas les mêmes fantômes, mais vous marchiez groupés dans le sens de l'humour et de l'amour.


Au bout de tes jambes qui ne marchent plus, tes chats – sereins, comme des gardiens. Sur la table de nuit, un fond de verre de Coca, ultime lien entre ce monde et toi, quelques gorgées de force qui te permettent, du fin fond de ta faiblesse, de nous lancer des gestes d'une élégance et d'une tendresse insolentes.

Fâché de ne plus pouvoir parler, tu envoies des baisers muets à ta femme adorée, à ta fille bien aimée, à la fenêtre sur l'Île Saint Louis, au soleil que tu fuis. Des gestes silencieux qui font un boucan merveilleux dans nos yeux malheureux. Tu auras mélangé les vacheries et l'amour jusqu'au baisser de rideau. Les « foutez l'camp » et les « je t'aime ». Caresses et gifles, jusqu'au bout. Incorrigible Cabotin, tu avais bien prévu ton coup : dans ton dernier morceau d' mémoire, tu avais mis des « vous êtes beaux, je suis heureux, j'ai de la chance. C'est ta mère, là, devant moi ? C'est ma femme ? Oh Tant mieux ! ».

On va t'emmener, maintenant, dans ton costume de scène. Celui des sketches et des revues de presse, des télés et des radios, celui qui arpenta la France, en long en large et en travers de la gorge de certains maires. J'ai dénoué ta cravate noire. On va t'emmener où tu voulais, c'est toi qui dictes le programme, c'est toi qui conduis sans permis. D'abord à l'église Saint-Germain, tu n'étais pas très pote avec les religions, mais les églises, ça t'emballait. Tu disais « Faudrait qu'on puisse les louer pour des spectacles de music-hall, des projections de films, des concerts de poésies ». Il y aura des athées, plein d'arabes et plein de juifs. Ça aurait consterné ta mère, tu aurais bien aimé que ta mère soit fâchée.

Puis on t'envole en Corse, dans ce village qui te rendait un peu ta Méditerranée d'Alger. On va chanter avec Izia et les Tao, du Higelin, du Trenet, du Dabadie et Nougaro. On va t'faire des violons, du mélodrame a capella : faut pas mégoter son chagrin, à la sortie d'un comédien. Faut se lâcher sur les bravos et occuper chaque strapontin. C'est leur magot, c'est ton butin. D'autant que je sens que tu n'es pas loin... Tu n'es pas mort : tu dors enfin.»