5 novembre 2025

Rendre l'indicible invisible et en faire un livre défiguré, par Daniella

Une enveloppe blanche bien épaisse avec mon adresse libellée d'une écriture que je connais bien : quel est ce mystérieux contenu envoyé aujourd'hui par mon amie Daniella depuis sa Bretagne?  

C'est un cadeau, c'est une merveille, je n'ai pas de mots pour définir ce que je ressens en ouvrant l'ouvrage : j'en suis encore toute bouleversée lorsque j'ai vu les pages de ce livre d'artiste intégralement composé par ses soins. 

à gauche, une page de Mein Kampf intégralement recouverte des nombre 1939-1945
avec au dessus les corps de ceux qui sont tombés à cause de toute cette haine.
Par égard pour le travail de Linda Ellia, je ne publierai pas les autres pages de ce superbe livre d'artiste.

Pour le réaliser, Daniella s'est inspirée d'une part des dessins du livre de Linda Ellia "Notre combat" (lire ci-dessous) et des textes de la chanson "Where Have All the Flowers Gone" composée par Pete Seeger en 1955 et magnifiquement interprété en français par Marlène Dietrich.
Livre "Notre combat" de Linda Ellia

Notre combat est un projet artistique atypique, véhiculant un message fort de paix universelle. Lorsque, par hasard, Mein Kampf– le livre programme d’Adolf Hitler – tomba entre les mains de Linda Ellia, elle fut saisie d’un sentiment de colère, d’injustice, et l’idée s’imposa à elle : il ne s’agissait pas d’oublier l’ouvrage honni mais au contraire de le combattre en permanence, de l’affronter. « Je décidai, explique-t-elle, de rendre son texte illisible, de le recouvrir, de l’éradiquer, comme une sorte de réponse face à son intolérance et à celle du monde d’aujourd’hui. » L’auteur de Notre combat est d’abord intervenue seule sur une trentaine de pages avant de confier à des inconnus, des artistes, des enfants, une page de Mein Kampf en leur demandant d’exprimer comme ils souhaitaient leur émotion face à un tel support. « Un soir, écrit-elle, l’idée m’est venue de faire participer un public de tous horizons et de toutes conditions… Je découperais chaque page du livre, la distribuerais à une personne de mon choix ou prise au hasard, et cela pour les 689 pages du livre. » Chaque personne est invitée à peindre, sculpter, gribouiller, noircir dans, autour, sur sa page de Mein Kampf. Véritable « atelier collectif », l’ensemble est saisissant : une page entourée de barbelés, un collage de goudron, des lignes entières noircies à l’encre de Chine pour effacer les mots sans les oublier. Certains ont aussi découpé la page, l’ont tressée, en ont fait des objets pour détourner la source de son horreur initiale et constituer ainsi un nouveau livre à partir d’un autre.

            * Mein Kampf signifie mon combat en allemand

Marlène Dietrich - Qui peut dire où vont les fleurs ? - Couverture de Pete Seeger
Vidéo sur la chaine Youtube de Reno Sixtine
A sa manière Daniella s'élève contre les mots de haine, et ne veut surtout pas faire honneur à qui fait le mal, car aucune nation, aucun humain ne devrait subir la violence d'autres nations, d'autres humains. 

La-dessus, nous nous rejoignons totalement : honte à ces media mainstream qui toute honte bue, diffusent à longueur d'antenne de télé, d'articles de journaux ou dans l'édition de certains livres, des contre-vérités pour attiser la haine des arabes, des noirs et des musulmans tout en propageant les propos nauséabonds de l'extrême droite qui prend chaque jour un peu plus la confiance.

Quand on sait que tous les créneaux d'infomations sont détenus à 80 % par seulement quelques multi-milliardaires aux idées conservatrices et anti-sociales, qui veulent nous cantonner dans leur vision étriquée et rétrograde du monde, comment s'étonner de n'avoir aucune image, aucune information pertinente et fiable sur les horreurs que subissent en continu les suppliciés de Gaza, du Soudan et de la République du Congo depuis des années.

Alors oui, un énorme merci à toi Daniella, pour ton magnifique cadeau et pour ta belle humanité. 

3 novembre 2025

BT07 - Les broderies afghanes de Shahrak, de la part de Cécile

Le Carrefour Européen du Patchwork vient d'avoir lieu à la mi-septembre dans le Val d'Argent,  aussi ne suis-je pas complètement étonnée de voir arriver dans ma boite aux lettres une superbe enveloppe de Cécile en rapport avec le textile. 

Elle me fait la très grande joie de me parler des broderies à la main réalisées par des réfugiées Afghanes dans le cadre d'une collaboration élaborée de longue date entre Allemagne et Afghanistan consistant à relier la culture afghane au reste du monde.

enveloppe recto avec quelques vrais points de broderie, du fil et une petite broderie afghane
Les broderies de Shahrak- Non loin de Herat, à l'ouest de l'Afghanistan, se trouve la petite ville nouvelle de Shahrak La population exclusivement Hazar est constituée de réfugiés rentrés de l'Iran et des familles qui n'ont pas quitté l'Afghanistan pendant la guerre. Un centre de formation pour femmes, du style Université Populaire, y a été créé en 2003 avec l'aide de la Deutsche-Afghanische Initiative (DAI) qui co-finance depuis cette institution. Une cinquantaine de brodeuses réalisent à la main des broderies très fines en fil de soie, nommées Khamak (broderie blanche) et Keshide (broderie colorée) ; elles les livrent plusieurs fois par an au centre. Vous trouverez plus d'informations sur le site Guldusi 

enveloppe verso 

 le point utilisé pour ces broderies est bien visible sur cette carte

Par le passé, lorsque je me rendais régulièrement à Sainte Marie aux Mines pour le Carrefour Européen du Patchwork, je retrouvais chaque fois le stand exposant tous les travaux  de broderie à la main des Afghanes, sous la houlette de Pascale Goldenberg. Apparemment le mouvement de solidarité et d'échanges s'est étoffé et s'est poursuivi, ce qui permet à ces femmes de garder un lien avec le monde. Bravo à toutes les personnes impliquées dans ce beau projet ! Quel courage ont ces femmes-là! 

Merci beaucoup Cécile, c'est vraiment un beau cadeau que tu me fais là.

***
Projet Afghanistan Broderie de Pascale Goldenberg
La broderie des femmes hazaras

Les Hazaras, peuple d'origine mongole, constituent le troisième groupe ethnique d'Afghanistan. Appartenant à la minorité chiite, ils sont souvent réduits en esclavage par d'autres groupes ethniques, notamment les Pachtounes, et servent fréquemment de boucs émissaires. Victimes de massacres, ils se sont finalement installés dans la région du Hazarajat, au centre de l'Afghanistan, après des décennies d'exil et d'errance. Une grande partie de cette population vit également dispersée dans le reste du pays, au Pakistan et en Iran.

Près d'Hérat, dans l'ouest de l'Afghanistan, d'anciens réfugiés iraniens de retour au pays ont fondé la communauté de Shahrak, aux côtés des Hazaras restés en Afghanistan pendant la guerre. La petite ville de Shahrak s'apparente à un ghetto, sa population étant presque entièrement hazara. L'organisation DAI y soutient depuis plusieurs années un centre communautaire pour femmes. On y propose des cours d'alphabétisation, d'anglais, de couture et même de dessin et de karaté.

Les femmes hazaras sont réputées pour leur talent de brodeuses, maîtrisant une grande variété de techniques de broderie traditionnelles afghanes. Il était important pour moi d'enrichir cette région, où le DAI est très actif, par un projet de broderie, et aussi de faire revivre d'autres techniques. Les premiers essais, menés par écrit, ont donné des résultats prometteurs, bien que modestes. À l'été 2009, je me suis rendue pour la première fois à Hérat afin de rencontrer les femmes de Shahrak. Nous avons constaté que seules celles qui n'avaient pas quitté le pays pendant la guerre maîtrisaient réellement la broderie traditionnelle. Les autres, réfugiées en Iran, rejetaient complètement cette technique ancestrale ou l'avaient totalement oubliée.

Bien que les femmes hazaras soient considérées comme plus indépendantes que les autres en Afghanistan, j'ai rencontré des femmes très timides (je n'ai même pas osé leur demander une photo en partant) et ce n'est que grâce à l'indispensable intervention de Mme Aquila Nazari, la directrice du centre pour femmes, que j'ai pu persuader 5 femmes de réapprendre cette ancienne technique de broderie.

Nous nous sommes rencontrés à trois reprises afin d'instaurer une relation de confiance et de définir les modalités techniques du nouveau projet. Nous avons discuté et convenu des prix à fixer pour deux types de broderie : le Keshide (une broderie colorée semblable à la tapisserie vénitienne) et le Kandaharidusi (le voile intégral des Tshadris, entièrement blanc). La broderie serait réalisée exclusivement en fil de soie, offert par la société « Madeira Yarn ». Les femmes ayant perdu la plupart de leurs biens durant la guerre, elles ne possèdent pratiquement aucun motif traditionnel ; je leur ai donc envoyé une série de photographies de ces motifs à mon retour à Fribourg.

La première livraison de Shahrak est arrivée à Fribourg à la fin du printemps 2010. Au final, 17 femmes ont participé au projet. L'évaluation des broderies a révélé que certaines avaient suivi scrupuleusement les modèles fournis, tandis que d'autres étaient parvenues à les combiner avec talent. Certaines pièces pouvaient même être qualifiées d'improvisations très réussies.

Un grand merci à Rateb Assimi de Heart pour son aide très aimable et sa journée portes ouvertes !


Pascale Goldenberg -  Goldenberg-Freiburg@t-online.de
source : article du 11 janvier 2011 sur le blog d'art textile d'Adèle Thomas

2 novembre 2025

"L'homme qui lisait des livres" : un magnifique conseil de lecture pour se reconnecter à notre humanité

Je relaie ici l'intégralité du post de ce jour de l'ami Eric Babaud qui me paraît fort intéressant : je vais me procurer ce livre au plus tôt, car aujourd'hui lire est presque devenu un acte de résistance.

Sur le trajet de ma fugue en Ré, j'ai acheté dans une petite librairie un magnifique petit bouquin :"L'homme qui lisait des livres" de l’écrivain franco-marocain Rachid Benzine.

Je vous en conseille vivement la lecture.
L'homme qui lisait des livres - Rachid Benzine

"Des avis parlent d'un récit court et bouleversant, d'un chant discret et d'une fable historique qui donnent à voir la guerre du point de vue de ceux qui la subissent. Ils évoquent un cri de douleur et une solennité habitée d'espoir, comme une ode à la lecture."

"Entre les ruines fumantes de Gaza et les pages jaunies des livres, un vieil homme attend. Il attend quoi ? Peut-être que quelqu'un s'arrête enfin pour écouter. Car les livres qu'il tient entre ses mains ne sont pas que des objets – ils sont les fragments d'une vie, les éclats d'une mémoire, les cicatrices d'un peuple.

Quand un jeune photographe français pointe son objectif vers ce vieillard entouré de livres, il ignore qu'il s'apprête à traverser le miroir. " N'y a-t-il pas derrière tout regard une histoire ? Celle d'une vie. Celle de tout un peuple, parfois ", murmure le libraire. Commence alors l'odyssée palestinienne d'un homme qui a choisi les mots comme refuge, résistance et patrie.

De l'exode à la prison, des engagements à la désillusion politique, du théâtre aux amours, des enfants qu'on voit grandir et vivre, aux drames qui vous arrachent ceux que vous aimez, sa voix nous guide à travers les labyrinthes de l'Histoire et de l'intime. Dans un monde où les bombes tentent d'avoir le dernier mot, il nous rappelle que les livres sont notre plus grande chance de survie – non pour fuir le réel, mais pour l'habiter pleinement. Comme si, au milieu du chaos, un homme qui lit était la plus radicale des révolutions."

***

J'ai immédiatement fait le lien avec cette photo qui m'avait déjà marquée, avec ce libraire qui passe sa  journée à lire, dans une échoppe où il stocke des milliers de livres. C'est à cet homme-là que Rachid Benzine rend hommage avec son récit.

photo et article de Jamal Ikazban sur Facebook

Le libraire de 76 ans (1948), Mohamed Aziz, originaire de Rabat au Maroc, passe 6 à 8 heures par jour à lire des livres. Ayant lu plus de 5000 livres en français, arabe et anglais, il reste le plus vieux libraire de Rabat après plus de 43 ans au même endroit. Quand on lui a demandé pourquoi il avait laissé ses livres sans surveillance dehors, où ils pourraient potentiellement être volés, il a répondu que ceux qui ne savent pas lire ne volent pas de livres, et ceux qui savent lire ne sont pas des voleurs.

Il est connu comme le libraire le plus photographique au monde. Il a son stand de livres usagés depuis 1963 à la Médina, le plus vieux quartier de Rabat, la capitale du Maroc.

Orphelin à l'âge de 6 ans, il a essayé de pêcher pour réaliser son rêve d'obtenir son diplôme du lycée, mais à 15 ans, il a abandonné l'école parce qu'il ne pouvait pas se permettre les manuels scolaires, qui étaient trop chers pour sa famille. Frustré et sans études, il a décidé d'ouvrir une librairie, en plaçant des livres sur un tapis par terre sous un arbre, et maintenant depuis plus d'un demi-siècle, il dirige sa boutique, réalisant son rêve d'étudier.

Sa journée dure douze heures. Avant d'ouvrir la librairie, il cherche des livres usagés dans d'autres boutiques pour les lire et les revendre. Aujourd'hui, plus de sept ans, il dit qu'avec deux oreillers et un livre suffit pour se sentir heureux.

Il accumule des tours de livres et quand tu lui demandes combien il en a, il répond qu'il n'en a jamais assez. Il interrompt la lecture uniquement pour prier, fumer, manger et servir et conseiller les clients intéressés par des sujets spécifiques. Au fil du temps, sa librairie est devenue célèbre et beaucoup de touristes la visitent pour acheter des livres et prendre des photos de lui.

Annulation de l'Appel à Mail-Art international "Fiction-Réality 2026"

ANNULATION de l'APPEL A MAIL ART INTERNATIONAL 


Explication de l'auteur de l'appel : J'ai décidé de mettre fin à ce projet afin de préserver l'intégrité et l'ouverture de la communauté artistique du courrier qui compte tellement pour moi. - Je vais contacter ceux qui en ont fait partie dans les jours à venir.
Si vous avez déjà envoyé un article, n'hésitez pas à m'écrire un message, j'aimerais y répondre avec l'un des miens.
Je vous relaie un appel à mail art international publié sur Instagram que l'ami Marc a porté à ma connaissance et qui pourrait vous intéresser. Il émane de l'Association Artistique de la ville de Rehau en Allemagne.

Où s'arrête la réalité et où commence la fiction ? Comment les récits, les médias et l'imagination déforment-ils ce que nous appelons la « vérité » ?
Envoyez-nous quelque chose qui joue avec ces frontières : une carte postale, un mot, un fragment, peut-être même un témoignage d’un autre monde. Ludique, poétique, absurde, critique : tout est le bienvenu.

🌀 Détails
–  Cartes postales préférées
– Technique et interprétation libres
– Pas de jury · Pas de frais · Pas de retour
– Participations illimitées (veuillez envoyer chaque participation séparément)
– Pas de censure (dans les limites légales)
– Indiquez votre adresse postale si vous souhaitez une réponse

📬 Envoyer à l'adresse postale suivante :  
Kunstverein Rehau eV  
Eugen-Gomringer-Platz 1
95111 Rehau
ALLEMAGNE


En ligne : Instagram :@fictionreality2026
Documentation sur IUOMA et exposition finale au Kunsthaus Rehau (date à déterminer)

🕒 Date limite d'envoi : 31 août 2026

30 octobre 2025

Pom-pom girl et broderie fine, de Sylvie

Waouh, quelle merveille encore m'a apporté le facteur aujourd'hui! 

Sylvie m'avait bien annoncé qu'elle allait tenter de se mettre à la broderie main et voilà ce qu'elle m'envoie, c'est plus que réussi comme coup d'essai non? Apparemment il me semble qu'il s'agit d'une broderie sur carton, ou sur carte postale, et je suis bien placée pour vous dire que ce n'est pas le plus simple à exécuter. Alors une fois encore, bravo l'Artiste!

Cette correspondante est incroyableet me scotche à chacun de ses envois : il y a toujours beaucoup de goût et de raffinement dans ses compositions et toujours une recherche pour tirer un maximum de possibilité en jouant avec le timbre dans l'espace,  quitte à le dénaturer. 

J'adore l'explosivité de cette demoiselle rayonnante au diadème fleuri, un grand merci à toi chère Sylvie. Profites bien des vacanciers qui passent dans le Jura.

Gincko biloba, dit arbre aux quarante écus ou arbre aux écus d'or, pour Marc

Pour faire écho à un récent échange sur Instagram avec l'ami Marc, et parce que j'ai fait l'acquisition récemment d'une dentelle dans le ton du feuillage merveilleux en automne du Gincko Biloba, (ou arbre aux écus d'or), j'ai souhaité créer et lui envoyer cet art postal doré, puisqu'à Strasbourg il a la chance de pouvoir profiter d'un lieu planté de plusieurs de ces grands et majestueux arbres.

Par chance, il me restait un timbre de la série sur les arbres pour finaliser l'ouvrage.

Lumière du matin
Nouveau jour de renaissance 
Soleil du possible
Ginkgos sur le campus Hongo de l'Université de Tokyo /photo de Hiroya Kobaysashi publiée sur Instagram

Alors cher Marc, je te souhaite bonne réception de ce mail-art très coloré, mais par les temps qui courent, la couleur nous fait un bien fou, avant d'entrer dans la mauvaise saison. 

*** Le Gincko biloba ***

L’histoire de l’arbre Ginkgo biloba
L’histoire du Ginkgo biloba remonte au XVIIᵉ siècle, lorsque ses graines ont été introduites aux Pays-Bas. En 1780, M. de Pétigny acquiert cinq jeunes Ginkgo à Londres pour 40 écus, déclenchant ainsi le surnom “l’arbre aux quarante écus.” À noter qu’à l’époque, tous les individus connus en Europe étaient des mâles. Ce n’est qu’en 1814 qu’un spécimen femelle est découvert à Genève.

La résistance du Ginkgo biloba est fascinante. On peut notamment évoquer l’incroyable anecdote de Hiroshima. Après l’explosion, un Ginkgo situé près d’un temple détruit fut le premier végétal à fleurir au printemps suivant, soulignant ainsi sa robustesse face à la pollution et aux radiations.

La feuille de Ginkgo est aussi devenue le symbole de la ville de Tokyo, représentant la croissance, la prospérité, le charme et la tranquillité.

Les propriétés de l’arbre Ginkgo biloba
Les feuilles de l’arbre aux quarante écus sont riches en flavonoïdes, des antioxydants, et en terpénoïdes. Ce sont des molécules aux propriétés odoriférantes, ce qui leur permet de repousser les insectes néfastes pour se protéger. Elles disposent aussi de propriétés médicinales telles que la lutte contre les bactéries, les champignons ou le stress. Ces deux composants confèrent à l’arbre de nombreux bienfaits médicinaux. Le Ginkgo biloba est reconnu pour contribuer au bon fonctionnement de la mémoire, agissant comme un neuroprotecteur. Son feuillage est notamment utilisé pour réduire les symptômes de la maladie d’Alzheimer.

Souvenir de jeunesse dans le Vexin français, pour Pascale et Patrick

Situé tout près de la Seine, dans l'ancienne Seine-et-Oise devenue depuis le département des Yvelines, voici le château de La Roche-Guyon, un endroit où nous aimions nous rendre en famille, dans mon enfance et mon adolescence.

Ce n'était pas très loin de chez nous et comme nous ne partions ni en vacances, ni en week-end (c'était comme cela à cette époque, ce n'est pas pour me plaindre) je garde un très joli souvenir de ce lieu.

 Château de La Roche-Guyon (XIIe-XVIIIe siècle) Classé MH le 6 janvier 1943.
Photo : JH Mora Creative Commons
 Château de La Roche-Guyon (XIIe-XVIIIe siècle)
Val d’Oise, vu depuis son potager, dos à la Seine.
Classé MH le 6 janvier 1943.Photo : JH Mora Creative Commons
En fait, nous allions surtout y pique-niquer le dimanche en empruntant la route qui chemine au- dessus des falaises et donc de la ruine du vieux château. De là-haut, nous avions une vue privilégiée sur le site des boucles de la Seine, et sur la commune de Chérence, nous aimions voir les planeurs qui décollaient de là pour aller tournoyer ensuite dans le ciel comme de grands oiseaux blancs. 

La Roche-Guyon : le donjon du château rouvre au public après travaux : ce monument incontournable peut enfin être à nouveau visité. L’occasion de profiter de la meilleure vue sur les boucles de la Seine et de remonter le cours de l’histoire

A Chérence, planeur © Laurence Bastet Photoclub de Flins
Je souhaite une bonne réception de ce mail-art souvenir à Pascale et à Patrick. 

Histoire millénaire du Château de la Roche-Guyon, pour Nadine

Même si Nadine a choisi un nouveau thème maintenant, je m'aperçois que je ne  lui avais pas encore parlé de ce château exceptionnnel , alors qu'il est situé si près du lieu où j'ai vécu mes jeunes années. D'ailleurs, j'en ai déjà parlé sur ce blog ici et ici. 

Le château de la Roche-Guyon par Chastillon en  1610

Chère Nadine, je te souhaite une très bonne réception de cet art postal en espérant qu'il te trouvera dans la meilleure forme possible.

***

Histoire du château de la Roche Guyon   : voyage à travers le temps

Niché dans un méandre de la Seine, le Château de La Roche-Guyon se dresse, tel un gardien du temps, au cœur du Vexin français. Sa silhouette singulière, qui épouse les contours d'une falaise calcaire, évoque plus d'un millénaire d'histoire. Ce remarquable château féodal, qui a connu des transformations au fil des siècles, offre un panorama exceptionnel sur l'évolution de l'architecture militaire et résidentielle en France. Une visite à La Roche-Guyon est une plongée dans les profondeurs de l'histoire, et c'est une idée cadeau inestimable pour les passionnés de patrimoine et d'histoire.

Les origines du château remontent au 12ème siècle, époque à laquelle une première fortification fut érigée par la famille de La Roche-Guyon. La construction initiale a été progressivement étendue, et ce jusqu'au 14ème siècle, pour devenir une formidable forteresse médiévale. Au fil des siècles, le château a été le témoin privilégié et parfois acteur des soubresauts de l'histoire française. Durant la Guerre de Cent Ans, il a servi de point de défense stratégique contre les Anglais. En 1642, suite à un héritage, il passe entre les mains des célèbres La Rochefoucauld, qui vont entreprendre de vastes travaux de modernisation, donnant au château son apparence actuelle de résidence élégante de la Renaissance.

Le 18ème siècle marque un tournant avec l'introduction d'une nouvelle esthétique. Les jardins à la française, œuvre du célèbre architecte Le Nôtre, viennent embellir le domaine, et le château lui-même est remanié pour refléter les goûts de l'époque. Mais ce n'est pas seulement la beauté architecturale qui fait de La Roche-Guyon un lieu d'une richesse exceptionnelle. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château a été utilisé par l'armée allemande, et le Général Rommel l'a choisi comme quartier général pendant la bataille de Normandie. Chaque pièce du château, chaque pierre des remparts, chaque arbre des jardins raconte une histoire, une époque, une vie.

Les murs qui parlent : secrets et histoire du château
La profondeur historique du Château de La Roche-Guyon ne peut être surévaluée. Chaque salle, chaque couloir, chaque pierre semble chuchoter les échos des événements passés, des conversations oubliées et des secrets bien gardés. En déambulant dans ses espaces, on peut presque entendre le claquement des bottes des soldats du Maréchal Rommel ou les discussions animées des philosophes des Lumières qui y ont été conviés. C'est un trésor vivant, où les visiteurs peuvent toucher du doigt la grandeur et les complexités du passé français.

Au-delà de son importance militaire, le château a été un centre culturel proéminent, attirant des personnalités telles que l'écrivain et philosophe Denis Diderot. C'est dans le cadre de ces murs que des idées révolutionnaires circulaient, contribuant à l'éveil intellectuel qui a préfiguré la Révolution française. Le château a également inspiré des artistes, des poètes et des musiciens, qui y ont trouvé un refuge paisible, propice à la création et à la contemplation. La richesse de son histoire culturelle en fait une idée cadeau d'autant plus précieuse pour ceux qui cherchent à s'immerger dans l'histoire de l'art et de la pensée française.

Le 19ème siècle a vu le château traverser une période de déclin, comme beaucoup de grandes maisons de l'époque. Cependant, au tournant du 20ème siècle, de nouveaux efforts de restauration ont été entrepris pour préserver le patrimoine et l'histoire du château. Ces projets de rénovation ont été cruciaux pour assurer la survie du château à travers les turbulences du 20ème siècle, notamment les deux guerres mondiales qui ont laissé une marque indélébile sur la région et le château lui-même.

Le château de la Roche-Guyon est un exemple éloquent de la manière dont l'architecture peut être adaptée pour répondre aux besoins changeants de ses occupants tout en préservant son essence historique. C'est cette capacité à évoluer avec le temps, tout en restant ancré dans une histoire riche et variée, qui en fait un lieu unique. Pour ceux qui recherchent une idée cadeau qui sort de l'ordinaire, une visite guidée du château pourrait offrir une expérience immersive dans l'histoire et l'art de vivre français. C'est une opportunité pour apprendre, comprendre et ressentir les différentes époques qui ont traversé et modelé la société française.

En conclusion, le Château de La Roche-Guyon est bien plus qu'un simple monument historique ; c'est un livre d'histoire à ciel ouvert, où chaque visiteur peut lire une page différente. 

Source : extrait d'un article lu sur le site :  https://www.venezvoler.com

Offrande à l'occasion de la "Holi" en Inde, pour Thérèse

Les mains font toujours partie des thèmes préférés de Thérèse, ma correspondante nordiste.

Les couleurs très vives des pigments offerts dans les mains en coupe d'une indienne en train de participer à la Fête des Couleurs (ou Holy) m'ont particulièrement inspirée : j'ai choisi d'utiliser une dentelle au jaune bien vif pour être raccord avec l'intensité de la poudre et de réaliser maintenant ce mail-art pour Thérèse, même si cette fête se déroule début mars chaque année. 

Chère Thérèse, j'espère que toutes ces couleurs t'enchanteront  et je te souhaite une très bonne réception de cet art postal flashy.


La Holi (होली (holī)), parfois appelée fête des couleurs ou Phalguna, est une fête hindoue originaire de l'Inde célébrée vers l'équinoxe de printemps. Elle trouve son origine dans la Vasantotsava, à la fois un sacre du printemps et célébration de la fertilité. Elle est fêtée notamment dans certaines régions de l'Inde du Nord durant deux jours au cours de la pleine lune du mois de Phalguna qui est en février ou mars. La Holi est dédiée à Krishna dans le nord de l'Inde et à Kâma dans le sud. Holi est une des célébrations les plus anciennes en Inde et qui existait déjà dans l'antiquité.

Holi est fêtée avec une ferveur particulière en Orissa et dans la région de Mathura, ville de naissance de Krishna. C'est une célébration emblématique du monde indien qui est néanmoins surtout observé dans la moitié nord de l'Inde, au Deccan (Maharashtra, Goa et nord du Karnataka) et au Népal. Ailleurs, elle peut être inconnue (au Cachemire, y compris parmi les cachemiris hindous) ou célébrée de façon plus sporadique (festivités du Kama ou Manmada Dahanam dans certains temples et certaines régions du Tamil Nadu, de l'Andhra Pradesh et du Karnataka), notamment dans les grandes villes et les milieux cosmopolites. Holi est aussi fêtée parmi les populations diasporiques nord-indiennes et népalaises, telles qu'en Guyana, au Suriname, à Trinité-et-Tobago, en Amérique du Nord, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Afrique de l'Est, à Maurice, aux Fidji, etc.

Dans le sikhisme, il correspond à la fête du Hola Mohalla, célébré le jour suivant Holi ou bien le même jour en fonction des changements calendaire.

Déroulement :
La nuit du premier jour de la fête, un feu est allumé pour rappeler la crémation de Holika, une démone brûlée par Vishnu. Holi veut dire « brûler » et provient du mot Holika. Les pigments de couleurs remplacent aujourd'hui les cendres, dont les hindous se recouvraient le visage.

Le deuxième jour, connu sous le nom de Rangapanchami, les gens, habillés en blanc, circulent avec des pigments de couleurs qu'ils se jettent l'un à l'autre, il est alors d'usage de s'excuser, après avoir sacrifié au rite coloré, par « Bura na mano, Holî hai » (« Ne soyez pas fâché, c'est la Holi » en hindi). C'est aussi l'occasion de s'inviter à partager des mets préparés spécialement pour l'occasion, notamment le bhang, boisson traditionnelle à base de cannabis.
Holy au Rajasthan - photos libre de droit
Les pigments que se jettent les gens ont une signification bien précise : le vert pour l'harmonie, l'orange pour l'optimisme, le bleu pour la vitalité et le rouge pour la joie et l'amour.

Selon l'écrivain indianiste Alain Daniélou, la fête de Holi c'est « le jour où toutes les castes se mêlent, où les inférieurs ont le droit d'insulter tous ceux devant qui ils ont dû s'incliner pendant toute l'année ».
Source : Wikipédia

Rose Valland : héroïne discrète de la Résistance au service de l’art, pour Eric

Pour élaborer cette première composition de réponse à mon tout nouveau correspondant Eric Bensidon, j'ai choisi de parler d'une femme remarquable à mon sens, bien que plutôt malconnue ; il s'agit de Rose Valland (1898-1980) cette héroïne de la Résistance de la Seconde Guerre mondiale, une héroïne improbable qui a infiltré les dirigeants nazis à Paris pour sauver les œuvres d'art les plus précieuses au monde.
En haut à gauche,  carte d'étudiante aux Beaux-Arts -  site Connaissance des Arts
Image issue de la 
Projection "L’espionne aux tableaux" de Brigitte Chevet 
Salle des tableaux "Martyrs" du Musée du Jeau de Paume à l'époque de la guerre  en 1940- photo DR l'Alsace -
Rose Valland en mission en 
Allemagne examinant le revers d'un tableau - photo Camille Garapont
Les archives du Service français de Récupération Artistique où RV travailla avec les dossiers des propriétaires spoliés
- image francearchivesgouv.fr
Les nombreuses médailles dont Rose Valland a été récompensée 
Rose Valland en train de dédicaer son livre "Le front de l'Art" dans sa version originale de 1961  

Eric, j'espère que le sujet de ce premier mail-art consacré à cette femme résistante saura te plaire : je t'en souhaite une bonne réception.

Rose Valland dans la vingtaine.
Collection familiale Camille Garapont

Son nom est souvent mentionné lorsqu’un historien revient sur les spoliations d’œuvres d’art durant l’Occupation. En 1940, Rose Valland est bénévole au musée du Jeu de Paume, à Paris, qui va devenir la gare de triage des dizaines de milliers d’œuvres d’art volées en France par les nazis. Rose Valland s'efforça d'apparaître aussi discrète et essentielle que possible, conservant son poste au musée pendant des années tout en conservant un enregistrement méticuleux et secret de la provenance et de la destination de chaque œuvre. 

Après la Libération, elle passera près de dix années en Allemagne pour récupérer 60.000 pièces qui seront restituées à leurs propriétaires légitimes. Durant plus de quatre ans, elle avait tout noté, le nom des œuvres, les institutions ou les familles juives auxquelles elles avaient été confisquées. Même le numéro des trains. Les renseignements recueillis permirent la récupération de centaines de milliers d'œuvres d'art pillées, cachées dans les mines de sel d'Autriche et dans des châteaux allemands durant les derniers jours de la guerre et après. Elle œuvrera ainsi aux côtés des «Monument Men» puis en solo. A partir de 1948, les recherches gouvernementales vont en effet mollir, puis s’arrêter. La «guerre froide» avec une URSS devenue elle-même spoliatrice, la partition de l’Allemagne en deux et la remontée économique de la partie restée à l’Ouest monopoliseront dès lors les attentions.

Rose ne va jamais abdiquer, mais elle deviendra vite dérangeante comme une mauvaise conscience. Les trois quarts de 60 000 œuvres récupérées (sur un total estimé à 100 000) avaient retrouvé leurs propriétaires. Le reste était confié à des musées quand il n’avait pas été… vendu. La France va en effet disperser des tableaux qui l’encombraient, ce qui rend aujourd’hui les restitutions si difficiles. Régnera désormais l’idée que la guerre formait un chapitre clos, et qu’il fallait impérativement passer à autre chose.

Le poste de Rose alland en Allemagne est supprimé en 1951. Son travail n’est pas achevé mais les dirigeants politiques, plus soucieux d’œuvrer à la reconstruction qu’à la restitution, la remercient. Rose Valland rentre en France où elle reprend sa vie maritale avec Joyce Heer, une traductrice de l’ambassade des États-Unis. Le 4 juin 1952, elle est nommée conservatrice des Musées nationaux. Bien qu’on lui demande officiellement de ne plus se mêler de restitutions, elle n’abandonne pas ses recherches.

C’est à partir des années 1990 seulement que les spoliations nazies reprendront de l’acuité, tant à cause des héritiers lésés que d’avocats américains zélés. Elles sont aujourd’hui devenues presque obsessionnelles. 

En 1977 après le décès de sa compagne, Rose Valland, alors à la retraite, décide de déposer ses archives en lieu sûr, à la direction des Musées. Elle n’interrompt pas ses recherches pour autant. Victime d’un malaise le 18 septembre 1980, elle décède. Enterrée dans son village, elle n’a pour seule escorte que le maire et quelques villageois. Ainsi, dans la discrétion qui la caractérise, l’espionne la plus décorée de France, tire en silence sa révérence.

Chevalière de l'Ordre des Trois Etoiles (1939)
Médaille de la Résistance française (1946) 
En 1948, le Président des États-Unis lui décerne la prestigieuse médaille de la Liberté.
Médaille de l'Ordre du Mérite de la République Fédérale d'Allemagne (1952)
Médaille de commandeure de l'Ordre des Arts et des Lettres (1960)
Médaille d'officière de la Légion d'honneur (1969)
Au-delà de cette mission qu'elle mena toute sa vie et pour laquelle on la connaît mieux désormais, son parcours de vie a été fascinant. Fille d’un simple maréchal-ferrant de l’Isère, elle est un exemple de la promotion sociale par l’excellence dans la IIIe République. Elle accumule les diplômes, est l’une des premières à se pencher sur les origines byzantines de la Renaissance, explore les ruines d’Aquilée en Vénétie. Extrêmement discrète, elle meurt à Paris en 1980, à l’âge de 82 ans. 

sources :https://www.pointdevue.fr/culture/livres/les-secrets-de-rose-valland
https://www.bilan.ch/story/quand-rose-valland-surveillait-les-uvres-spoliees-281710484643

Plusieurs biographies lui ont maintenant été consacrées ainsi qu'une BD parue chez Dupuis en 2009 dont voici quelques pages.
Une exposition lui a été consacrée par le Département de l'Isère dans le cadre du 75e anniversaire de la Libération  "Rose Valland - En quête de l'art spolié".

C'est bien que son nom sorte de l'ombre car il est essentiel pour la jeunesse d'aujourd'hui qu'elle comprenne la valeur d'un tel engagement et salue le courage de cette jeune femme qui n'a pas pourtant toujours eu la reconnaissance qu'elle méritait.

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Vidéo publiée sur la chaine Youtube de France Culture

Quand l'Allemagne nazie occupe Paris à partir de 1940, Rose Valland, conservatrice au musée du Jeu de Paume, n'hésite pas une seconde : elle sera résistance. Durant quatre ans, au péril de sa vie, elle espionne les hauts dignitaires venus piller les œuvres d'art des familles juives et des opposants au régime. Un travail acharné qu'elle poursuit après-guerre, participant à la restitution de dizaines de milliers d'œuvres à leurs propriétaires légitimes.

Pour en savoir davantage, je vous recommande l'écoute du podcast de France -Culture " Rose Valland, héroine de l'ombre".

"Je suis ce que je plante", un chant qui réconforte

Ce matin j'ai envie de partager cette chanson que j'ai récemment découverte : je l'écoute souvent car elle me fait du bien à l'âme, ce qui est plutôt précieux en ce moment.

 

Prenez le temps d'écouter les paroles, les jeunes personnes qui en sont les auteurs y ont mis beaucoup d'humanité et de bon sens, et cela c'est plutôt réconfortant (même si leur musique reggae a été générée par l'intelligence artificielle). 

Vidéo publiée sur la chaine Youtube de Rape Game IA
Ce morceau est une déclaration d'intention, une philosophie de vie : ce que tu plantes, tu le récoltes. Des mots, des salutations, des gestes… chaque graine semée dans le monde revient un jour sous forme de fruit ou d'épreuve. C'est un hommage au pardon, à la résilience, et à la lumière intérieure. Laisse pousser en toi ce que tu veux offrir au monde. 


Je suis ce que je plante   

J'suis pas mes habits, ni c'qu'on dit d'moi
J'suis ce que je plante quand j'croise une voix
Pas ceux qu'on écrit pour moi dans les livres
J'suis la racine qu'on voit pas, j'suis l'arbre qui respire

Je suis ce que je plante, quand j'croise une voix
Pas c'qu'on m'prête, ni c'qu'on me vante parfois
Je suis le silence qui devance
Je suis le geste pur sans récompense

On ne tire pas sur une herbe pour la faire pousser
On laisse le temps creuser son sentier
Y'en a qui sèment des larmes dans les regards
Mais moi j'plante la lumière, même quand y'a plus d'espoir
J'fais pas les comptes, j'fais des semis
Même quand la terre est sèche, j'y crois la nuit
J'suis pas la haine qu'on m'a transmise
J'suis c'que j'ai refusé d'être, et c'que j'arrose quand j'hésite

Je suis ce que je plante, quand j'croise une voix
Pas c'qu'on m'prête, ni c'qu'on me vante parfois
Je suis le silence qui devance
Je suis le geste pur sans récompense
Certains plantent des couteaux dans des cœurs vivants
Et s'étonnent qu'y pousse la colère ou le sang
Mais j'leur jette pas la pierre, j'les excuse pas non plus
Faut pas vivre avec la haine, sinon elle t'use, elle t'use
Tu peux labourer, semer, attendre et rien voir venir
Mais faut pas tout vouloir le même jour, faut bâtir
Les anciens gardaient les graines avec soin
Maintenant on jette tout et on oublie d'où vient le pain

Les écrans nourrissent nos solitudes en boucle
On plante des likes, on récolte des doutes
J'vise pas la vitesse, j'vise l'équilibre
J'suis pas ce qu'on consomme, j'suis c'que je fais vivre
J'suis c'qui germe quand un regard m'éclaire
Pas les vers dorés qui brillent sans racine
Pas les mots qu'on m'impose ni les musiques des foules
J'suis ce que je laisse, le bon, le brut, le vrai sans leurre
J'suis la pousse et le caillou, le pardon et le clou

Je suis ce que je plante, pas c'qu'on m'prête ni c'qu'on me chante
Je suis l'élan, pas la distance, le geste pur sans récompense
Je plante des rêves sans défense, des amours sans récompense
Et même quand la vie m'étrangle, j'réponds par la renaissance
Je suis ce que je plante
Pas ce qu'on m'attache, pas c'qu'on m'invente…
Je suis ce que je plante.

Source : LyricFind / Paroliers : Rap Game IA / Paroles de Je suis ce que je plante © O/B/O DistroKid

29 octobre 2025

Au cinéma actuellement "Put Your Soul on Your Hand and Walk", documentaire sur la vie des civils dans l'enclave de Gaza après le 7 octobre 2023

Je n'ai pas l'habitude de parler de cinéma sur ce blog, bien qu'étant une fervente cinéphile de films d'auteurs, d'art et d'essai essentiellement. 

Mais là, je sors tout juste d'une séance qui m'a tant bouleversée que j'ai tenu à aller remercier le directeur-programmateur de mon ciné de quartier ; en effet, je ne suis pas certaine que ce documentaire présent au dernier festival de Cannes sera programmé partout. Si c'est le cas près de chez vous, ne ratez surtout pas l'occasion d'aller voir "Put your soul on your hand and walk".

 
Portrait de la photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, par Andrea Ebert. 

Fatima Hassouna (en arabe : فَاطِمَة حَسُّونَة), parfois orthographié Fatma Hassouna ou Fatma Hassona, née en mars 2000 et tuée le 16 avril 2025 à Gaza, est une photojournaliste indépendante palestinienne, dont le travail documente la vie des civils pendant la guerre à Gaza. Elle obtient une reconnaissance internationale pour ses images poignantes illustrant les conséquences de la guerre, et devient la protagoniste du documentaire Put Your Soul on Your Hand and Walk, réalisé par la cinéaste iranienne Sepideh Farsi et sélectionné pour le Festival de Cannes 2025.

Elle est assassinée le 16 avril 2025, avec dix membres de sa famille, dont sa soeur enceinte, lors d'un bombardement israélien ciblé visant leur maison à Gaza, afin de l'empêcher de documenter le génocide perpétré par Israël.
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Ce documentaire bouleversant de Sepideh Farsi a déjà fait beaucoup parler de lui. Il était au Festival de Cannes, dans la sélection de l’ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) et lors de son discours d’ouverture, Juliette Binoche a rendu hommage à Fatma Hassouna, héroïne du film. Fatma aurait dû être présente, mais elle a été tuée par l’armée israélienne, ainsi que presque tous les membres de sa famille, le lendemain du jour où Sepideh Farsi lui apprenait que le film avait été sélectionné à Cannes. Par la suite, la réalisatrice a été invitée à de nombreuses émissions de radio ou télévision et a pu parler longuement de son film et de « Fatem », comme elle l’appelle très vite.

Sepideh Farsi a fui l’Iran à 18 ans, après y avoir fait de la prison, et vit depuis en France. Particulièrement sensible au sort des Gazouis, elle espérait pouvoir entrer à Gaza pour documenter la vie de ses habitants, mais ce fut impossible. Un Gazoui rencontré au Caire lui conseilla alors d’entrer en contact avec Fatem, une photographe extraordinaire, disait-il, qui documentait la vie quotidienne à Gaza depuis le début de la guerre. D’emblée, Fatem, que ses ami.e.s appellent « l’œil de Gaza » accepte de partager son regard avec Sedipeh et de lui raconter/montrer Gaza et ce qu’elle y vit.

C’est la rencontre entre ces deux femmes, via le réseau WhatsApp, que raconte ce documentaire poignant, qui aura sans aucun doute une valeur historique inestimable. D’un côté Fatem, 24 ans au début des échanges, coincée à Gaza dont elle n’est jamais sortie, photographe de grand talent et poète, qui publie ses photos sur Instagram et les fait aussi parvenir à divers journaux étrangers,  de l’autre Sedipeh, soixante ans, réalisatrice chevronnée, qui se promène à travers le monde pour montrer ses films, mais ne peut retourner en Iran, dont elle est sortie miraculeusement. Étrange effet de miroir inversé.

Le courant passe très vite entre les deux femmes, qui, petit à petit, deviennent de vraies amies. Sedipeh filme le visage de Fatem et son sourire magnifique lors de leurs entretiens via le téléphone portable. La connexion est parfois impossible, ou difficile, ou de mauvaise qualité, et son visage se fige ou disparaît, l’écran devient noir, sinistre symbole.

Ces prises de vue sont l’essentiel du film. S’y ajoutent les superbes photos de Fatem, instantanés de la vie dans l’enclave, et des extraits de divers journaux télévisés (Al Jazeera, CNN, France 24).

Leurs échanges commencent le 24 avril 2024 et se terminent le 15 avril 2025. Nous y découvrons une jeune femme solaire, d’une énergie, générosité, joie de vivre incroyables, malgré des conditions de vie terribles, les bombes qui tombent sans relâche, la mort omniprésente, les déplacements forcés, les nuits dans les abris. «Nous allons rire et vivre notre vie, qu’ils le veuillent ou non… Ils ne peuvent nous vaincre, nous n’avons rien à perdre.» Parfois, un membre de sa famille passe sa tête dans l’écran, curieux et ravi de voir cette correspondante inattendue.

Fatem est très fière d’être palestinienne et très attachée à « son Gaza » qui a besoin d’elle, dit-elle. Certes, elle aimerait découvrir le monde et suit avec beaucoup d’attention et de plaisir les différents déplacements de Sepideh, mais elle reviendrait ensuite à Gaza, sa terre chérie. Elle est certaine qu’ils pourront la reconstruire.

Dès qu’elle le peut, elle arpente les rues de Gaza avec son appareil photo qu’elle considère «comme une arme». «Put your soul on your hand and walk» – «Mets ton cœur dans ta main et marche», qui donne son titre au film, est une sorte de devise pour elle et témoigne de son courage et de sa profonde humanité. Souvent aussi, elle tourne son téléphone portable vers l’extérieur, vers des immeubles démolis, des quartiers qui viennent d’être bombardés. Elle a perdu beaucoup de membres de sa famille et, durant le film, la mort emporte encore des gens qu’elle aime. Des frappes sur une école transformée en abri la révoltent au plus haut point. Parfois, elle a l’impression d’être « dans une scène de film. »

Sepideh et elle parlent de tout, et la réalisatrice devient parfois une sorte de mentor. Elle est aussi une ouverture sur le monde, et un soutien pour Fatem «Tu es à mes côtés, cela suffit».

Les derniers temps, Fatem perd un peu de sa joie de vivre. Elle souffre de la famine, rêve de poulet et de chocolat, est atteinte de dépression, même si elle veut continuer à croire à la fin de la guerre et garde son sourire. Dans sa tête «c’est chaotique» Et ses photos sont de plus en plus sombres. «Ici, tu peux mourir à cause d’une bombe, de la peur ou de la famine. Tu as le choix entre différentes options…»

Elle évoque sa propre mort dans un magnifique poème, où elle devient un ange. Et affirme : «Je voudrais une mort bruyante, éclatante, je ne veux pas être un chiffre à la dernière page d’un journal». Ce qui, hélas, se réalise, grâce à ce film, sa présence à Cannes, l’immense émotion qu’il provoque.

Ce film de Sepideh Farsi, à la forme si inhabituelle, est essentiel : il redonne leur humanité aux Gazouis, trop souvent réduits à des statistiques, fait entendre leur voix, nous fait partager le quotidien de leur vie. La Ligue des Droits de l'Homme se devait de le soutenir car il est en complète adéquation avec les valeurs qu’elle défend, et sa mobilisation pour les Palestiniens.

Début mai, on comptabilisait plus de 200 journalistes tués à Gaza. Le nombre s’est accru depuis. Fatem, qui publiait ses photos, est considérée comme photojournaliste et fait désormais partie de cette liste abominable. Mais nous n’oublierons jamais son sourire.

Réalisation : Sepideh Farsi / Production et distribution : Rêves d’eau Productions /Durée : 112 minutes
Source: https://www.ldh-france.org/la-ldh-soutient-put-your-soul-on-your-hand-and-walk-un-film-de-sepideh-farsi/

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Ce film a le mérite de présenter les Gazaouis dans leur vie  de tous les jours : les images Whatsapp échangées entres les deux femmes, ou dans les photos de Fatima, montrent des personnes harcelées, qui tentent de survivre comme elles le peuvent à toutes les privations, les déplacements incessants, le bruit et les ravages des bombardements permanents. 

Grâce à Fatima et à ses nombreux compatriotes qui ont payé de leur vie leur volonté de témoigner sur la réalité du génocide perpétré à Gaza, nous recevons des images que le gouvernement d'Israël a pourtant tout fait pour empêcher la diffusion.  Merci à ces reporters et photographes pour leur grand courage et pour leur abnégation, ne les oublions pas 

Nota : 220 journalistes ont été tués à Gaza depuis octobre 2023, selon Reporters sans frontières. Parmi eux, au moins 56 ont été ciblés par l'armée israélienne ou tués dans l'exercice de leur travail, indique l'ONG le 5 septembre 2025