14 août 2020

Ousmane Sow, sculpteur des hommes debouts, pour Michel

Michel est un correspondant féru d'art postal mais surtout passionné d'Art , avec un grand A, sous toutes ses formes ; j'ai pensé qu'une sculpture d'Ousmane Sow  saura lui plaire. Ici il s'agit d'une pièce extraite d'une série sur le  peuple Peul.
Je t'en souhaite bonne réception, Michel

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Lorsque j'ai vu les statues de ce sculpteur sénégalais maintenant disparu, je me suis dit que j'avais vraiment raté quelque chose lorsqu'elles furent exposées à Paris, en 1999, sur le Pont des Arts, pour une grande rétrospective de son oeuvre. En effet, il se dégage une telle puissance et une si grande humanité de ses personnages, membres des tribus peul, nouba ou masaï.

les peuls
Ousmane Sow dans son atelier entouré de ses personnages 
Ousmane Sow, né le 10 octobre 1935 à Dakar, et mort le 1er décembre 2016 dans la même ville, est un artiste sculpteur sénégalais.


Ousmane Sow naît à Dakar, d’une mère saint-louisienne et d’un père dakarois de trente ans son aîné. Il grandit à Reubeuss, un des quartiers les plus chauds de Dakar, où il reçoit une éducation extrêmement stricte au cours de laquelle son père le responsabilise très jeune. Il hérite de ce père, la rigueur, le sens du devoir, et un esprit libre. À la mort de celui-ci, et malgré un immense attachement à sa mère, il décide de partir pour Paris, sans un sou en poche. Il se fait héberger dans les commissariats de police, et connaît la douceur d’une France alors terre d’accueil. Tout en pratiquant divers petits métiers, et après avoir renoncé à suivre l’enseignement de l’école des beaux-arts, il passe un diplôme de kinésithérapeute.

Bien que sculptant depuis l’enfance, c’est seulement à l’âge de cinquante ans qu’il fit de la sculpture son métier à part entière. Mais la kinésithérapie qu’il exerça jusque là n’est sans doute pas étrangère au magnifique sens de l’anatomie que l’on trouve dans son œuvre. Durant toutes ces années d’activité, il transforme la nuit son cabinet médical et ses appartements successifs en ateliers de sculpture, détruisant ou abandonnant derrière lui les œuvres qu’il crée.

Révélé en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar, où il présente sa première série sur les lutteurs Nouba, l’artiste expose six ans plus tard, en 1993, à la Dokumenta de Cassel en Allemagne. Puis, en 1995, au Palazzo Grassi, à l’occasion du centenaire de la Biennale de Venise.

Son exposition sur le pont des Arts au printemps 1999 attira plus de trois millions de visiteurs. Depuis, son œuvre a été exposée dans une vingtaine de lieux, dont le Whitney Museum, en 2003, à New York pour une partie de la série sur la bataille de Little Big Horn.

quelques pièces de l'expo-rétrospective sur le pont des arts en 1999
Jusqu’à cette première exposition, organisée par le entre culturel français de Dakar en 1987, on ne connaît rien de sa création, si ce n’est l’extrait d’un film d’animation qu’il a lui-même réalisé et qui mettait en scène des petites sculptures animées.

C’est en 1984, inspiré par les photos de Leni Riefenstahl représentant les Nouba du Sud-Soudan, qu’il commence à travailler sur les lutteurs de cette ethnie et réalise sa première série de sculptures : Les Nouba. En 1988, naîtront Les Masaï, en 1991 Les Zoulou, et enfin, en 1993, les Peul.

En 1991, il achète le terrain sur lequel il construit sa maison, née de son imagination. Recouverte entièrement de sa matière, murs et carreaux, elle représente symboliquement le Sphinx et est la préfiguration d’une série qu’il imagine sur les Égyptiens.

C’est dans la cour de cette maison que naît la bataille de Little Big Horn, une série de trente-cinq pièces, exposée à Dakar en janvier 1999, en avant-première de l’exposition parisienne au printemps 1999, qui réunit toutes ses œuvres.

En 2001, il confie aux Fonderies de Coubertin, avec lesquelles il continuera à travailler, la réalisation de trois bronzes, à partir de ses originaux : La Danseuse aux cheveux courts (série Nouba), Le Lutteur debout (série Nouba) et La Mère et l’Enfant (série Masaï). Ces trois pièces ont été exposées au printemps 2001 à Paris au musée Dapper. Ont été réalisées depuis une vingtaine de grands et une vingtaine de petits bronzes.

Cette même année, il répond à une commande pour le Comité international olympique, et crée Le Coureur sur la ligne de départ, aujourd’hui installé au musée des Jeux olympiques à Lausanne.

Durant l’été 2002, il réalise, à la demande de Médecins du Monde, une sculpture de Victor Hugo pour la Journée du refus de la misère.

Le bronze de cette sculpture a été commandé par Besançon, ville de naissance de Victor Hugo. Elle y a été installée le 17 octobre 2003, place des Droits de l’Homme.
Les petites noubas


En 2004, il entreprend la réalisation d’une série de petites sculptures Nouba, aboutissement de la série des grandes sculptures Nouba réalisées en 1984, série à laquelle il ajoute de nouveaux thèmes.

En 2005, Ousmane Sow a fait son entrée dans le Petit Larousse illustré.

En 2008, le maire de Genève lui commande une œuvre destinée à son combat pour la régularisation des sans-papiers. Cette œuvre, intitulée L’Immigré, a été installée au cœur de Genève.

En 2009, il réalise la sculpture de l’épée d’académicien de Jean-Christophe Rufin. Cette sculpture représente Colombe, le personnage emblématique de son roman Rouge Brésil.

En 2010, le Museum of African Art de la Smithsonian Institution à Washington acquiert aux enchères une œuvre qu’il réalisa en 1989 pour la commémoration du Bicentenaire de la Révolution française, Toussaint Louverture et la vieille esclave. Cette pièce fait partie d’un groupe de sculptures incluant Marianne et les révolutionnaires (collections du musée du Quai Branly).

Toussaint Louverture et la
vieille esclave
Pour son installation, le Museum of African Art dédie une salle spéciale à Ousmane Sow, incluant l’œuvre et une exposition de photographies d’atelier accompagnée d’une projection permanente du film Ousmane Sow, réalisé par Béatrice Soulé.

En 2011, à l’occasion du déplacement du monument aux morts de Besançon, parc des Glacis, il réalise une œuvre intitulée L’Homme et l’Enfant, destinée compléter, à l’été 2013, un ensemble des trois sculptures existantes. En représentant cet homme et cet enfant dont on perçoit seulement la forme sous le manteau, l’artiste souhaite mettre en lumière « l’action de ceux qui, au péril de leur vie, ont protégé ou sauvé des personnes. »

Cette pièce rejoindra la création d’une série en hommage aux grands hommes qui marquèrent sa vie. C’est ainsi, que, dans le sillage de Victor Hugo, sont nés à Dakar le général de Gaulle, Nelson Mandela, et son propre père Moctar Sow.

En 2013, reprenant le thème développé dans Toussaint Louverture et la vieille esclave, l’artiste répond à une commande de la ville de La Rochelle et réalise une nouvelle effigie de Toussaint Louverture pour le Musée du Nouveau Monde. Une pièce qui rejoint également sa série « Merci ».

Sa dernière création est une sculpture intitulée Le Paysan, de cinq mètres de haut, commandée par la Présidence de la République du Sénégal et l’Agence de la Francophonie. Cette sculpture devrait être installée en bronze devant le centre international de conférence Adbou Diouf à Diamnadio, pas très loin de Dakar.


Ousmane Sow, 78 ans, est le premier 
Africain à entrer à l'Académie 
des Beaux Arts 
Photo AFP / Eric Feferberg
Le 11 décembre 2013, il est le premier artiste noir à entrer à l’Académie des beaux-arts, au fauteuil de Andrew Wyeth, le second sous la Coupole depuis l’entrée de Léopold Sédar Senghor à l’Académie française.

Toujours, il sculpte sans modèle. Sa matière, il l’invente. En une savante alchimie, il laisse macérer pendant des années un certain nombre de produits. Cette matière est pour lui une œuvre en elle-même, une matière qui le rend presque aussi heureux que la naissance de la sculpture elle-même. Il l’applique sur une ossature faite de fer, de paille et de jute, laissant à la nature et au matériau sa part de liberté, ouvrant la porte à l’imprévu.

Sa vie autant que son œuvre sont profondément ancrées dans son pays. Il n’imagine pas sculpter ailleurs qu’au Sénégal. Et, alors qu’il vécut une vingtaine d’années en France, plus rien ni personne ne pourrait lui faire quitter sa terre africaine.

Le choix du bronze 
En 1999,avec l’aide et le talent des fondeurs et patineurs de Coubertin, il choisit le bronze. Le choix de ce matériau permet de magnifier son œuvre. Son souhait d’utiliser le bronze est dans l’intention de faire voyager ses sculptures à travers le monde à la manière de l’Oba du Bénin : selon la tradition, l’Oba faisait fondre en bronze la tête de ses ennemis décapités pour les envoyer à leurs fils en guise de menace le jour où ceux-ci accédaient au pouvoir. Le bronze classique africain est donc la réplique d’un original vivant, un métal issu de la chair.

Ousmane Sow a travaillé en étroite coopération avec la fonderie de Coubertin, située à Saint-Rémy-lès-Chevreuse dans les Yvelines. En moins d’une décennie, plus de quarante bronzes dont plus de vingt œuvres monumentales ont été créés dans cette fonderie. Les ouvriers de la fonderie ont démontré l’étendue de leur talent pour que dans le bronze se retrouve l’aspect si singulier de sa mixture et les couleurs de ses pigments. Les bronzes sont signés de l’artiste : le mimétisme entre les sculptures originales et les bronzes est troublante.

Il a réalisé ses premières fontes à partir de ses premières œuvres : la Danseuse aux cheveux courts et Le Lutteur debout de la série des Nouba, La Mère et l’enfant de la série des Masaï. Ces trois pièces furent présentées pour la première fois au musée Dapper.

Victor Hugo à Besançon
Besançon a acquis en 2003 la statue de Victor Hugo installée le 17 octobre 2003 sur la place des  Droits de l’homme et L’Homme et l’Enfant destiné à compléter le monument aux morts en rendant hommage à « l’action de ceux qui, au péril de leur vie, ont protégé ou sauvé des personnes ». Ousmane Sow admire profondément Victor Hugo. Une de ses œuvres l’a particulièrement marqué : Bug Jargal, écrit à 16 ans par Victor Hugo, qui relate le courage d’un esclave qui n’hésite pas à sacrifier sa vie pour sauver son maitre,un capitaine de Saint Domingue. Cette statue est l’occasion de témoigner sa foi en l’homme et en Dieu.

Ses liens avec la littérature contemporaine existe aussi. Jean-Christophe Rufin de l’Académie française, reçu solennellement sous la Coupole le 12 novembre 2009, ancien ambassadeur de la France au Sénégal, a demandé à Ousmane Sow de réaliser son épée d’académicien. L’artiste s’est inspiré du personnage de Colombe de son roman Rouge Brésil, prix Goncourt en 2001.

Il souhaite créer de nouveaux exemplaires d’humanité passé et à venir. La série intitulée Merci est destinée à rendre hommage aux grands hommes qui l’ont aidé « à ne jamais désespérer du genre humain » et qui comptent pour l’humanité.

1 commentaire:

Miss_Yves a dit…


Ses statues gigantesques, hyperréalistes dans le traitement de la peau
m'ont autant impressionnée que créé un certain malaise .