Avec Eric, il nous est déjà arrivé d'évoquer des créatures imaginaires et fantastiques, récemment encore dans les profondeurs abyssales lors de l'élaboration en commun d'un de nos carnets à quatre mains. Mais là, je viens de dénicher un artiste de l'Art Brut très mal connu, Josep Baqué, qui s'est fait une spécialité de peindre un bestiaire imaginaire incroyablement dense : c'est absolument incroyable tout ce qu'il a pu imaginer.
Il ne m'en fallait pas davantage pour faire une enveloppe en art postal pour Eric, qui connaît sûrement cet artiste fabuleux. Je lui en souhaite une belle réception, d'autant que j'ai mis une petite surprise à l'intérieur.
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| enveloppe recto |
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| Enveloppe verso avec quelques uns de ces personnages montreux de Josep Baqué |
*** Josep BAQUÉ ***
Josep Baqué * (Barcelone 12/12/1895 - Barcelone 13/03/1967) était un artiste catalan de l'Art brut.
Pratiquement inconnu en France, sauf de quelques initiés (il a fait l’objet d’une exposition organisée par le collège de ‘pataphysique en 2007 au Fond’action Boris Vian, ainsi que d’une étude très fouillée de Guy Ciancia et Francine Degand dans la revue de ‘pataphysique Viridis Candela n°1, 8e série), Josep Baqué n’est pas mieux loti dans sa région d’origine, la Catalogne espagnole.
Il est pourtant l’auteur d’une importante et très singulière œuvre qui a déjà intéressé le musée d’art brut de Lausanne ainsi que le musée d’art moderne et d’art brut (le LAM) de Villeneuve-d’Ascq. A Paris, une prochaine vente aux enchères va révéler aux amateurs cette personnalité et ce créateur hors du commun.
S’il fait partie de ces artistes dits « inclassables », lui-même n’aura eu de cesse de classer, répertorier, inventorier méthodiquement ses propres créations. Né en 1895 à Barcelone, ayant pas mal voyagé dans plusieurs pays d’Europe, il reviendra en 1928 dans sa ville natale où il occupera le modeste poste d’employé à la police municipale, refusant tout grade ou promotion.
A partir des années 1930, il passera plus de dix ans à imaginer, créer, « fabriquer » consciencieusement, méticuleusement, d’étranges créatures, qualifiées par lui-même de « monstres merveilles et phénomènes rares » . Le résultat de ce travail mené en solitaire (célibataire, Josep Baqué vivait chez sa mère), est une impressionnante série de 1500 « animaux, phénomènes rares, bêtes jamais vues, monstres et hommes primitifs » , rassemblés sur 454 planches, chacune comportant de 1 à 8 dessins.
Toutes les techniques sont bonnes pour Josep, qui a découvert les arts décoratifs et l’imagerie populaire avec l’un de ses oncles, employé dans une entreprise d’estampage de textile : aquarelles, gouaches, encre, mines de plomb, rehauts d’or et d’argent. Un inventeur, mais aussi un «archiviste» : l’ensemble de ce Bestiaire est minutieusement rangé et numéroté selon une méthode propre à l’artiste, suivant les espèces représentées : «Animaux et bêtes sauvages» ; «Hommes primitifs»; «Chauves-souris et insectes» ; «Araignées géantes» ; «Serpents» ; «Escargots, poulpes, seiches, mollusques»; «Animaux à plumes»; «Poissons divers.»
Excepté la série des « hommes primitifs » dont certaines attitudes font penser à des danses rituelles, les autres spécimens sont présentés avec une apparente objectivité scientifique, comme s’ils étaient le résultat d’une description minutieuse, et non la fruit de l’imagination. Aucun de ces sympathiques monstres (parce qu’aucun d’entre eux n’inspire réellement la terreur !) n’est tout à fait semblable à ceux de sa catégorie. «Il s’agit de fabriquer chaque jour un nouveau spécimen, en bricolant celui de la veille, écrit Guy Ciancia. Ainsi prennent corps ces monstres de papier à la façon des monstres biologiques construits dans les laboratoires« .
L’environnement géographique de Josep Baqué (Barcelone, ville de Gaudi…) a t-il compté? Pour tentante que soit l’hypothèse, rien ne permette de l’affirmer. Il est troublant en revanche de constater d’étonnantes coïncidences avec certaines œuvres des surréalistes, en particulier le peintre cubain célébré par André Breton, Jorge Camacho (décédé en 2011). Les créatures de Josep Baqué seraient en tout cas restées inertes et dormiraient encore dans leurs cartons si le petit neveu de l’artiste, Esteve Freixa i Baqué, n’avait eu l’idée de leur donner vie… en les dispersant.
source : le singulier bestiaire de Joseph Baqué - extraits de article de Gérard Goutierre sur le site :https://www.lessoireesdeparis.com/2013/04/01/le-singulier-bestiaire-de-josep-baque/encheres/gerard-goutierre/8009/
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Josep Baqué Sans titre, entre 1932 et 1967, mine de plomb, encre et gouache sur papier. 25 x 32,4 cm Photo : Atelier de numérisation – Ville de Lausanne - Collection de l’Art Brut, Lausanne
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Fauves, hommes primitifs, chauves-souris, insectes, serpents et araignées géantes. Si ces mots ne relèvent pas un frisson ou un rictus de dégoût, c’est que vous connaissez certainement les créatures de Josep Baqué. C'était en octobre 2014 qu'à la Collection de l'Art Brut de Lausanne une exposition a été dédiée à Josep Baqué et son bestiaire fantastique.
L'univers de cet artiste situé quelque part entre le cauchemar et le dessin d’enfant. Sauf que le cauchemar ici se peint en flashy et fluo, si bien que dans le noir, les figures s’impriment encore.
Fantasques représentations de l’esprit qui peuvent parfois presque nous gêner, on se sent spectateur d’un univers bien défini mais où le thème de l’enfance est omniprésent. Les monstres se peignent de face et de profil (façon Usual Suspect) et ne présentent en aucun cas de comportements agressifs. L’artiste fait le choix de donner griffes et crocs acérés, antennes et cornes pointues, mais la gestuelle reste candide, les personnages ne se touchent pas les uns les autres et restent statiques, comme s’ils étaient sujet d’études. Pas de grognements donc, ni de froncements de sourcils. Ici, les visages dessinent des sourires et leurs yeux brillants semblent s’émerveiller de leur environnement.
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Josep Baqué. Sans titre, entre 1932 et 1967, mine de plomb, encre et gouache sur papier 26 x 32,7 cm Photo : Atelier de numérisation – Ville de Lausanne - Collection de l’Art Brut, Lausanne |
Chaque créature respecte son espace et celui de son voisin. Josep Baqué nous a dessiné là des bêtes tout en détails, en rondeurs, en hauteurs, en formes oblongues ou à l’anatomie diaprée. On sent le mentisme irisé de cet artiste décrit comme solitaire, rebelle et incontrôlable. Il est palpable et classé selon neuf catégories amenées par l’artiste lui-même.
A bien regarder, on a droit à toute la faune terrestre revue ou/et imaginée par monsieur Baqué. Sa production compte 1500 dessins, pour une cinquantaine seulement réunie dans le cadre de l’exposition.
Josep Baqué - Sans titre, entre 1932 et 1967 - mine de plomb, encre et gouache sur papier
- 25 x 32,6 cm - Atelier de numérisation - Ville de Lausanne / Collection de l'Art Brut
Source : extraits de deux articles publiés sur les sites internet
https://magazine.interencheres.com/art-mobilier/un-bestiaire-fantastique-et-engage/
https://www.lematin.ch/story/l-art-brut-expose-le-bestiaire-imaginaire-de-josep-baque-498222393904
* Attention à ne pas le confondre avec le peintre espagnol surréaliste Josep Baquès né en 1931.
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