31 mai 2021

Ours et orsahler en Ariège, au 19e siècle, de la part de France

France sait combien j'ai en horreur de voir les animaux asservis à l'homme, que ce soit dans un cirque ou un delphinarium ou tout autre lieu censé nous distraire, mais où il y a surtout maltraitance et non respect de l'intégrité de l'animal dans son milieu naturel.

Par le biais d'un article de Pyrénées Magazine de 1993, elle me fait part du rôle économique qu'a pu jouer l'animal dans certains villages pyrénéens dans le Haut-Couserans. 

Ces images me font très mal mais je publie car c'est un fait historique, même si c'est fort dérangeant. J'ai entendu parler de ces montreurs d'ours lorsque j'ai eu la chance de pouvoir passer un moment dans ce beau pays qu'est le Couserans.

  

Merci France pour ce MA et sa documentation!

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Ils vivaient de l'ours

"Allons Martin, il faut gagner notre pain". Aux mots de son maitre -l'orsalher- l'ours se dressait sur ses postérieurs, dansait, mimait les attitudes ou vices humains, titubant comme un ivrogne. Voilà comment, dès le début du 19e siècle, certains habitants du Haut-Couserans tentèrent de conjurer l'adversité qui frappait l'Ariège : en domestiquant et en exhibant l'ours. Couple poignant, enchaînés l'un à l'autre, l'ours et l'orsalher ont trainé leur désarroi jusque sur les routes d'Amérique. Souvenirs...

Dans cette région des Pyrénées ariégeoises, certains villages ont préféré pratiquer la chasse à l'ours systématiquement pour éliminer le prédateur. Comme pour exorciser la peur qu'il inspire aux peuples pasteurs, il était d'usage pour le chasseur de s'exhiber revêtu de la peau de l'animal dans les hameaux d'alentour pour récolter félicitations et récompenses. A contrario dans d'autres villages, comme à Ercé ou à Ouste, l'ours faisait partie intégrante du cadre de vie, de la vie même des habitants pour qui le plantigrade était une richesse potentielle. On a vu les derniers orsalheurs partir chercher sinon fortune, du moins de quoi  tenter d'effacer les dettes de la famille sur les routes de l'Europe et d'Amérique en allant exhiber leur ours, avec les tours savants qu'ils avaient appris à l'animal captif à forces de contraintes en tout genre. La guerre de 1914 mit fin à ce "métier" très spécial de montreur d'ours. 

Animal totem, l'ours était paré de vertus thérapeutiques diverses : il guérissait, dit-on, les enfants du "haut mal" -l'épilepsie-, et était garant de fécondité pour les femmes désireuses de donner la vie.
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De nos jours, il y a toujours autant de passion autour de la présence de l'ours réintroduit dans les Pyrénées. Entre les farouches défenseurs de la biodiversité et de la réimplantation du plantigrade d'une part,  et les éleveurs qui doivent équiper les pâturages de clôtures et faire garder les troupeaux à l'estive avec des patous pour aider les bergers à surveiller leurs  bêtes, d'autre part,  c'est toujours la guerre et l'incompréhension respective.

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