30 avril 2025

Mappemonde et reliure vintage customisées, de la part de Lubomyr

Contrairement à ce que je reçois d'habitude, c'est l'enveloppe de Lubomyr qui est très décorée avec des timbres très éloquents sur l'état de l'Ukraine, trois ans après l'envahissement des oblast de l'Est par la Russie - celui avec la petite fille et les colombes est magnifique.

 

Au lieu de multiples petites créations sur des cartons publicitaires et autres petits carnets "faits maison",  je trouve à l'intérieur de l'enveloppe une carte du monde ainsi que la reliure recyclée d'un ancien livre avec dessins et tampons à l'encre rouge, qui me sont maintenant familiers  dans l'art postal fluxus pratiqué par mon correspondant ukrainien.


A chaque réception d'un nouveau mail-art de ta part, l'émotion m'envahit, car je me dis que cette fois encore,  tu es là avec ton art pour exprimer au monde ta révolte. A travers celle-ci, c'est celle de tout ton peuple contre l'envahisseur russe sans scrupule, pour qui la vie humaine ne vaut rien face à ses prétentions de reconquête d'un grand empire, même si au fil du temps  et de l'inégalité des forces en présence, il vous devient de plus en plus dur de résister. 

Je te remercie infiniment Lubomyr pour ce nouvel envoi. Bonne chance et bon courage!

La noblesse des femmes africaines, par Daniella

Daniella s'est mise (ou remise) au dessin depuis quelques mois et j'ai la chance de recevoir de temps à autres quelques unes de ses créations. 

Ma correspondante connaît bien mon goût pour tous les peuples du monde et la richesse de la diversité humaine vivant sur cette planète : elle me comble là avec ces deux silhouettes de femmes africaines revenant d'une corvée, leur tête lourdement chargée. J'admire le coup de crayon de Daniella qui a su merveilleusement rendre le port altier de ces femmes ne ployant pas sous la charge et leur grâce infinie.

Merci à toi l'artiste, je te remercie vivement Daniella de cette belle création, sobre et efficace. 

29 avril 2025

MO04 - A partir de 1880, revendication pour le passage aux huit heures de travail quotidien, par Vincent

Vincent me fait très plaisir en m'adressant aujourd'hui un mail-art sur le monde ouvrier, thème qui l'interpelle ; je l'en remercie infiniement car ce n'est pas un sujet qui intéresse grand monde! 

Et pourtant tous ces ouvriers et ces ouvrières ont largement contribué à l'enrichissement du pays, après-guerre mais aussi jusqu'au moment des "trente glorieuses", ce que beaucoup de  personnes semble avoir oublié aujourd'hui, quand ils n'en ont pas honte. 

Beaucoup de ces petites abeilles y ont laissé leur santé, ont eu une vie raccourcie souvent pénible et n'ont guère eu le temps de bénéficier d'une retraite, trop abimés ou malades pour cela.  

mail art recto
mail-art verso
Merci Vincent, pour leur mémoire et pour ton envie de traiter de ce sujet là, merci beaucoup.

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l'affiche originale et le contexte de sa parution 

L'application des 8 heures (source : https://histoire-image.org/etudes/application-8-heures)
Date de publication : Octobre 2003 Auteur : Danielle TARTAKOWSKY

Contexte historique / La loi des 8 heures

La limitation de la durée de la journée de travail à 8 heures constitue l’une des revendications majeures du monde du travail dès les années 1880. A partir de 1890, la manifestation internationale du 1er Mai s’organise autour de cet objectif. Au sortir de la Grande Guerre, dans un climat marqué par une forte pression revendicative et par la crainte d’une contagion révolutionnaire, le gouvernement Clemenceau satisfait à cette exigence. La loi est votée le 23 avril, une semaine avant un 1er Mai dont il craint qu’il ne donne le coup d’envoi d’une puissante grève générale. Le texte contient toutefois des restrictions et dérogations propres à susciter l’inquiétude syndicale. Cette affiche éditée pour le premier mai la donne à voir.

Analyse des images / Poursuivre le combat

Les affiches que le mouvement syndical publie avant guerre sont des placards dépourvus d’illustrations (ou presque). C’est à la une de la presse syndicale qu’on trouve ces dernières. Cette affiche constitue à cet égard un tournant. Elle émane de l’Union des syndicats de la Seine. En son centre, un énorme huit avec, dans sa boucle supérieure, le label et le sigle CGT et dans l’autre une horloge où des lettres se substituent à chacune des douze heures. En fond, un paysage industriel exprimant une dynamique à l’œuvre : le ciel est couleur de soleil, les cheminées d’usines fument à plein, une grue charge ou décharge des marchandise et des derricks, signe de modernité, se mêlent aux échafaudages de constructions, selon une diagonale ascendante qui fait mouvement. De part et d’autre du huit en forme d’horloge, deux groupes de personnages suspendus à une corde tentent d’agir sur le temps a contrario. A gauche, deux employés, deux ouvriers et deux femmes, identifiables à leur tenue : chapeaux mous et costumes, manches de chemises retroussées, tablier de forgeron, ceinture de terrassier, femmes « en cheveux ». Ils s’essaient à ramener l’aiguille des minutes vers 8 heures précises. A droite, quatre bourgeois portant un chapeau haut de forme ou melon et une dame en chapeau. Le graphisme crée une apparente symétrie au prix d’une jambe supplémentaire du côté des salariés... Mais, pour l’heure, les possédants pèsent un peu plus lourd.

Interprétation / Une défiance à double détente

Cette affiche subvertit très légèrement une affiche confédérale contemporaine. Elle révèle les divergences entre la centrale dirigée par Léon Jouhaux, qui se réclame alors d’une « participation aux affaires de la nation » et l’union parisienne, où les syndicalistes révolutionnaires sont en position de force. La différence majeure entre les deux affiches s’exprime dans les messages explicites. On peut lire sur l’affiche confédérale, sous le bandeau 1e rmai, en marge, « Ouvriers, employés, encore un effort et... ». La phrase se prolonge sur l’horloge à la faveur des lettres qui font mot : « NOUS AURONS LES » et, barrant comme ici l’horloge : 8 heures. Le pluriel fait ici place au singulier, pour mieux responsabiliser chacun et l’inviter à agir. Puis le texte se transforme : « Le principe en est voté mais seule ton action... APPLIQUERA LES 8 heures ». La partie graphique demeure inchangée à une nuance près : dans l’affiche confédérale, le groupe des ouvriers et des employés avait pratiquement ramené l’aiguille à 8 heures. L’optimisme est moindre ici puisqu’il est presque 8 heures 2 : la mobilisation du 1er Mai demeure nécessaire

28 avril 2025

Couleurs de printemps pour monotype végétal, de Cécile

Comme cette création artisanale printanière me fait plaisir tout comme l'enveloppe textile sur laquelle elle a été réalisée! Pour ce faire, Cécile a utilisé feuilles et fleurs de pissenlits plus quelques pétales de primevères bleues.

Merci Cécile, cela me rappelle un temps où je faisait aussi de telles impressions avec le "jus" contenu dans le végétal en frappant avec un marteau sur feuilles et pétales pour les faire s'imprimer sur le tissu... le résultat est quelquefois très surprenant, surtout avec des végétaux insignifiants pourtant chargés de tanins.
enveloppe textile, recto et verso

J'aime infiniment ce résultat à la fois très primitif mais également tellement touchant à l'heure où la nature est si malmenée et la biodiversité en train de disparaître. 

Merci beaucoup et rendez-vous à la fin juin, à Rencurel. 

26 avril 2025

VSS "Je t'accuse" : une chanson percutante de Suzane contre le laxisme de la Justice

Au nom de la sororité, je remercie Suzane, Andréa et toutes les autres femmes présentes dans ce clip pour dénoncer tous les abus subis par les femmes victimes de violences sexuelles ou sexistes, passés sous silence depuis tant et tant d'années avec la complicité non avouée des pouvoirs publics, afin  que la justice s'exerce pour elles comme pour tous les autres citoyens de ce pays. 

Je vous remercie de relayer cette chanson, de la faire écouter un maximum afin de changer les mentalités. La peur doit changer de camp!

Vidéo publiée sur  sur la chaine Youtube de Suzane
Chanson écrite par Suzane, composée par Suzane et Valentin Marlin - Clip réalisé par Andréa Bescond Ce clip est porté par des victimes de VSS (violences sexistes et sexuelles) et militant.e.s qui ont choisi de se tenir ensemble pour faire exister leurs voix et celles de toutes les victimes. Nous les remercions sincèrement pour leur confiance, leur courage et leur engagement :

Charlotte Arnould, Caroline Darian, Lyes Louffok, Sandra NKaké, Clara Achour & Hélène Martinelli du collectif Notre Ohrage, Eve Simonet, Miranda Starcevic, Catherine Ringer, Muriel Robin. Ainsi qu’Isabelle B, Caroline B, Emmanuelle C, Leslie C, Marie C, Ty CL, Camille D, Silvia de P, Justine D, Elise D, Julie F, Eugénie F, Zoé F, Vanessa F, Alisse G, Chloé G, Emeline G, Aude G, Jennifer G, Marie J, Emma J, Sofia L, Magali L Thomas M, Dimitri M, Karine M, Charlie N, Aïko O, Morgane P, Mélanie R, Adèle R, Lola S, Slavica S, Marika T, Caroline T, Anne T. Merci aux danseuses : Déborah Moreau, Fanny Rouyé, Marion Gallet, Shirley Demoison, Tatiana Seguin et Tishou Kane. 

La totalité des droits éditoriaux de cette chanson sera reversée à la Fondation des Femmes en soutien à leurs combats. Merci à eux et tout particulièrement à Jessica Ohayon pour son aide sur la mise en place de ce projet. Pour soutenir la Fondation des Femmes et faire reculer les inégalités, rendez-vous sur fondationdesfemmes.org

Voici les paroles de cette chanson publiées sur instagram sur le compte de suzanemusique

D’abord y’a eu Gisèle
Et puis y’a eu Sophie
Lisa, Kadhija
Et Marie
Et ma copine Claire
Et puis y’a moi aussi
Et puis toutes celles
Qui n’ont jamais rien dit

Mais t’en as rien à faire toi
Ce sera qu’un nom de plus
sur la liste
Dans un fait divers,
dans un tiroir
Des tonnes de vie
Classées sans suite

Mais tu vas rien faire toi
C’est bien ça le problème
Justice est ce qu’on doit
Te faire nous même ?

Car Je t’accuse
De fermer les yeux
Alors que t’as tout vu
Je t’accuse
Fais pas l’innocente
T’as rien fait quand t’as su
Je t’accuse
Main droite levée
Je t’accuse
Et j’assume

T’étais où ?
Sûrement que t’existes pas
Pourquoi t’es jamais là
Quand on ne croit plus
Qu’en toi ?

Demande à tous les gosses
que tu ne protèges pas
Tous les monstres ne sont pas
Que dans les salles de cinéma

Mais t’en as rien à faire toi
Ce sera qu’un nom de plus
Sur la liste
Dans un fait divers, dans un tiroir
Des tonnes de vie classées sans suite
Mais tu vas rien faire, toi
Ou faudrait qu’on t’harcèle
Justice est ce qu’on doit
Te faire nous même ?

Car Je t’accuse
De fermer les yeux
Alors que t’as tout vu

Je t’accuse
Fais pas l’innocente
T’as rien fait quand t’as su

Je t’accuse
Main droite levée
Je t’accuse
Et j’assume

Pour toutes celles que la violence
a condamné au silence
Je t’accuse
Pour celles qui avaient prévenu
Et que t’as jamais entendu
Je t’accuse
Pour celles qui prennent
la plus lourde des peines
Pour les victimes
de ton système
Je t’accuse
Et j’assume.
***

Nous savons tous et toutes maintenant qu'il y a une sorte d'amnésie traumatique qui empêche les victimes de réagir immédiatement après de telles violences. 

Au premier quart de ce 21e siècle, il me semble plus que nécessaire   :
- que les délais de prescription tombent dans ces affaires-là, 
- que la parole des femmes ne soit pas systématiquement mise en doute, surtout si l'agresseur est une personne bien "considérée" dans la société. 
- qu'on entende les plaignantes dans les postes de police, qu'on les écoute vraiment ; qu'on accorde du temps et des moyens aux policiers pour instruire les plaintes déposées 
- qu'on fasse en sorte que la Justice ait aussi les moyens humains et financiers pour instruire les dossiers qui leur remontent.

Regardons les chiffres, ils sont terriblement parlant : 
en 2025 :    46 féminicides déjà au 20 avril 
en 2024 : 136 féminicides 
en 2023 :   96 féminicides
etc....
sachant que ne sont pas décomptés là les suicides des femmes qui ne supportent plus les coups et la violence de leur mari ou compagnon....

Merci Suzane d'assumer tes mots, ils sont forts, ils sont vrais!

25 avril 2025

Faire dans la dentelle, pour L'Être anonyme

J'ai beaucoup de retard dans mes envois, car je ne trouve pas toujours des sujets en adéquation avec les goûts de mes correspondants.

Cependant, ici,  je suis tombée sur une photographie d'un mur joliment tagué et cela m'a semblé très opportun comme envoi pour l'Être anonyme, elle en Bretagne et moi passionnée de costumes traditionnels, de broderies et de dentelles, avec notre état d'esprit commun face à une actualité terriblement révoltante à bien des égards.
d'après l'oeuvre de la graffeuse "Madame" 
« Faire dans la dentelle n’empêche pas de vouloir en découdre » La goutte d’or/ Février 2025.

"Prise par les aléas d’une vie de quarantenaire qui court pour ne pas panser, j’avais depuis un moment délaissé la rue.  Je l’avais abandonnée comme on laisse un vêtement que l’on a trop porté et qui ne semble plus vraiment correspondre à ce que l’on a envie de montrer…Peut-être avais-je dernièrement simplement plus de velléités à trouver du sens plus qu’à tenter d’en donner…

Je n’ai jamais ressenti autant d’incompréhensions face au monde dont je suis censée faire partie, et jamais ce que je tente de faire, dire, écrire depuis des années ne m’a semblé être plus vain… Ainsi, face à des bourrasques qui empêcherait n’importe quel moulin de tourner, je tente de croire, malgré tout, qu’il est important de continuer, face aux vents contraires, à faire tourner celui de la parole, même si ce dernier n’est que de papier…"

Ce mail-art est un sympathique trait d'union entre nous, et je t'en souhaite une très bonne réception. 

Une mamie craquante, pour Michele

Le thème des grands-mères est toujours d'actualité pour Michele, d'autant qu'elle est en une formidable, de grand-mère! Aussi lorsque j'ai trouvé cette illustration tirée d'une publication très ancienne, cela ne pouvait que devenir le coeur d'un nouveau mail-art textile pour mon amie belge. 

d'après une illustration de la chanson enfantine Little Tommy Tucker “Sing Mother Goose” une magnifique collaboration entre l'auteur Opal another wonderful collaboration between author Opal Wheeler et l'artiste  Majorie Torrey. Copyright 1945, by E.P. Dutton & Co., Inc. - trouvé sur Flickr

Toujours au fourneau pour préparer des douceurs à ses petits-enfants, Michele est une mamie gateau, comme cette mamy vintage. Bonne réception à toi, mon amie.

Femme de marin, attendant le retour des bateaux, pour Colette

Lorsque j'ai découvert les superbes peintures de ce peintre graveur autrichien, amoureux de la Bretagne où il fit de nombreux séjours, j'ai immédiatement pensé à Colette.

Femme bretonne avec enfant  - Gravure sur bois, 1923

Evidemment, moi ce sont les tenues traditionnelles et les coiffes qu'il a si bien rendues dans ses tableaux qui m'ont fait choisir cette gravure sur bois de Carl Moser pour lui en proposer un mail-art dédié à sa région. Je t'en souhaite une bonne réception, Colette. 

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Biographie de Carl Moser 1873-1939

Carl Moser est un peintre et graveur autrichien, né le 27 janvier 1873 à Bolzano et mort le 23 juillet 1939 dans la même ville.

Carl Moser fait partie d'une famille de tanneurs installée à Bolzano depuis le XVIIIe siècle, qui compte plusieurs artistes autodidactes, comme son grand-père Karl Sigmund Moser (1790-1865), créateur de crèches et qui dessine un jardin public à Bolzano ; son père Karl Vinzenz Moser (de) (1818-1882) est un peintre paysagiste qui a laissé plus de 200 tableaux ou aquarelles et de nombreux dessins ; son frère Josef sera également peintre.

Carl Moser suit d'abord une formation commerciale à Dresde en 1891-1893 afin de reprendre l'affaire familiale ; mais à l'instigation du peintre Franz Defregger, lié à son père, et qui a reconnu son talent, il se forme de 1896 à 1901 à l'Académie des beaux-arts de Munich où il suit les cours de Gabriel von Hackl, Louis Herterich et Karl Raupp ; à l'issue de cette formation, il voyage en Allemagne, en Corse, en Italie et en France. Installé à Paris en 1901, il suit les cours de l'Académie Julian de 1906 à 1907.

Il découvre à Paris le japonisme en peinture et dans la gravure : la visite de l'Exposition de la gravure sur bois ancienne et moderne organisée à l'École des beaux-arts par Auguste Lepère et la Corporation des graveurs sur bois est à ce titre déterminante.Chaumière en Bretagne, 1904, Vienne, Albertina Museum.

Moser passe ses étés en Bretagne, en particulier à Douarnenez et Concarneau ; en 1902, il fait la connaissance à Concarneau du peintre Max Kurzweil qui l'incite à se confronter à la gravure sur bois en couleur ; à Douarnenez, il se lie avec le graveur Henri Rivière.
Il est également en contact avec le groupe des artistes qui se retrouvent au Café du Dôme à Paris, en particulier avec Jules Pascin et Albert Weisgerber.

Carl Moser opère pour la technique de la gravure sur bois en couleur une synthèse remarquable entre l'art japonais et l'art européen. Cependant, au bois, il préfère substituer le linoléum : il continue néanmoins à qualifier ses réalisations de Farbholzschnitte ou, en français "gravure sur bois originale".

De retour à Bolzano à partir de 1907, il expose ses gravures en Allemagne ainsi qu'en Autriche dans une des galeries les plus importantes de Vienne, la Galerie Miethke ; il participe à l'exposition internationale d'art graphique à Leipzig en 1914. De 1910 à 1915, le musée de l'Albertina achète pour son cabinet d'art graphique un grand nombre de ses gravures sur bois.

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale et la séparation après la guerre du Tyrol du Sud, devenu province autonome de Bolzano, d'avec l'Autriche et son rattachement à l'Italie, vont limiter les activités artistiques de Moser à l'Italie (en 1919, il a reçu la nationalité italienne) : il expose ses gravures lors de la plupart des Biennales de Venise et dans diverses galeries à Turin, à Rome et à Milan.
Carl Moser meurt à la fin des années trente, dans la pauvreté et oublié.

Son œuvre graphique est redécouverte dans les années soixante-dix, avec notamment l'exposition d'Innsbruck en 1978. Elle aborde  trois thèmes principaux :
- la Bretagne, ses paysages, ses habitants dans leurs activités quotidiennes et leurs costumes traditionnels ; la représentation des hommes et des femmes, souvent vus de dos, tend vers la distanciation et l'anonymat. Ce thème va l'occuper pendant encore 20 ans après son retour en Autriche : il travaille alors de mémoire ou sur la base de cartes postales.
- le Tyrol du Sud et ses habitants ; l'accent est également mis sur les costumes et les métiers traditionnels, mais l'individu est davantage mis au premier plan et Moser se rapproche du portrait.
- les oiseaux : paon, flamant rose ou grue. Moser joue avec les contraintes formelles de la gravure sur bois japonaise. Il atteint le meilleur de son art avec la série de ses versions du paon.

source Wikipédia

Pyrargue à tête blanche, land-art ou plutôt beach-art, pour Michèle

Ma correspondante Michèle aime beaucoup l'art de la rue et l'art dans la nature. 

Alors pour changer du street-art et même du land-art je lui envoie aujourd'hui une oeuvre réalisée par l'un des membres de cette famille d'artistes extraordinaires qui sait faire du merveilleux rien qu'en ramassant des galets, aux couleurs et aux formes appropriées. Ici il s'agit d'un pyrargue à tête blanche, absolument superbe. 

Chère Michèle, je te souhaite une bonne réception de ce mail-art textile et t'adresse en même temps une bonne bolée de bon air iodé.

en partant de la réalisation de l'artiste vue sur Instagram

Toutes ces oeuvres éphémères qui demandent un temps fou à réaliser sont empreintes de beaucoup de réalisme mais surtout de beaucoup de poésie. C'est pourquoi nous les aimons tant. 
Dzintars de Beach4art en plein travail, vu sur Instagram 

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Beach4Art : Une famille de quatre personnes s'amuse à décorer 
des œuvres d'art charmantes sur la plage

Pour une famille, la plage est un moment de pur bonheur. Ils se sont baptisés Beach4Art et leur projet en cours met en lumière les talents d'Ieva Slares, de son mari Dzintars et de leurs deux enfants. Ensemble, ils créent des œuvres d'art éphémères le long des côtes du nord du Devon, en Angleterre. Le groupe rassemble des pierres colorées, des coquillages, du verre de mer et bien d'autres objets pour réaliser des portraits de sujets variés, comme des oiseaux, des mammifères et des fleurs. Le résultat est ludique et met en valeur les magnifiques couleurs que l'on retrouve dans l'utilisation de matériaux naturels. Parallèlement, leurs créations évoquent la nature éphémère du land art. Ceux qui ont la chance de tomber sur ces œuvres sont les seuls à pouvoir les admirer en personne, tandis que nous autres apprécions les œuvres en photographie.

Cette famille de quatre personnes a commencé à créer des œuvres d'art sur la plage lorsqu'un enfant a été chargé de réaliser un mandala pendant le premier confinement lié à la COVID-19. Ils ont décidé de profiter de cette mission pour sortir de la maison et collecter des matériaux naturels. Ils ont tellement apprécié le processus qu'ils ont commencé à le faire tous les week-ends. Aujourd'hui, des années plus tard, ils continuent de créer du land art, dont certains dépassent les frontières. Lors d'une visite à leur famille en Lettonie, leur pays natal, ils ont assemblé des motifs à partir de fruits verts, pourris ou tombés, ainsi que de fleurs. Leurs œuvres fruitières présentent la même minutie que celles sur la plage, tout en révélant une autre facette de la générosité de la nature. 

Beach4Art vend ses œuvres sous forme de tirages photo disponibles sur internet.

Vivre la beauté d'un début de printemps, tout en poésie, pour Claire

Claire aime particulièrement ce qui touche à la mode des années 1920 et aux années folles.

Pour cette fois-ci j'ai un peu extrapolé et j'ai remonté le temps pour elle : je l'emmène en Autriche avec ce  "Début du printemps" de Koloman Moser,  l'un des grands artistes du mouvement Art Nouveau et de la Sécession de Vienne. 

Composition emperlée avec le Début de printemps, oeuvre de Koloman Moser 1901
Début de printemps :Illustration d'un poème de Rainer Maria Rilke. 1901
C'est une mise en image du poème du grand Rainer Maria Rilke dont je n'ai pas réussi à trouver le texte en français. hélas. Par contre voici toutes les explications sur cette belle oeuvre.

Les principes de travail du printemps. L'illustration d'un poème de Rainer Maria Rilke par Koloman Moser, créé en 1901, est un charmant exemple du symbolisme et de l'art décoratif du mouvement moderniste au début du XXe siècle. Cette peinture évoque non seulement l'esprit du printemps, mais aussi intrinsèquement lié à la poétique de Rilke, en capturant l'essence du renouvellement et de la beauté de la nature à travers une représentation visuelle délicate et subtile.

Moser, un membre exceptionnel de la sécession de Vienne, se caractérise par sa capacité à fusionner des éléments décoratifs avec une conception philosophique et émotionnelle profonde dans son travail. Dans ce travail, le choix de la couleur est fondamental; La palette douce dans des tons de touches vertes, bleues et jaunes suggère la fraîcheur et la lumière qui accompagnent la renaissance du printemps. Les couleurs sont entrelacées afin qu'elles fournissent une atmosphère presque éthérée, enroulant le spectateur dans un sentiment de paix et de renouvellement. La capacité de Moser à utiliser la couleur symboliquement et de manière évocatrice est révélée, amenant le spectateur à une sorte d'état méditatif qui invite la contemplation.

Quant à la composition, le travail est équilibré de sorte que chaque élément semble avoir sa place, créant une harmonie visuelle. L'inclusion de motifs floraux est caractéristique de l'immobilisation de Moser, où vous pouvez voir une stylisation qui rappelle à la fois la nature et l'ornementation. Il n'y a pas de figures humaines dans la peinture, ce qui permet à l'approche d'être dans la nature elle-même, dans sa capacité à renaître et à s'épanouir chaque année. Cela résonne avec l'écriture de Rilke, qui explore souvent le lien entre l'être humain et le monde naturel, suggérant une relation symbiotique dans laquelle les deux sont en dialogue constant.

Un aspect intéressant de cette œuvre est sa fonction comme une illustration d'un poème, qui vous invite à considérer comment la poésie et la visualité se complètent mutuellement. Moser traduit non seulement le texte poétique en un langage visuel, mais fournit également une interprétation qui peut ouvrir de nouvelles voies de compréhension. La sensibilité que Moser montre lors de la sélection et de la capture d'éléments évocateurs renforce l'idée que la poésie et la peinture des disciplines peuvent converger et enrichir l'expérience du spectateur.

Dans le contexte plus large du travail de Moser, le début du printemps est représentatif de son exploration constante de l'esthétique moderniste, où la beauté et la fonctionnalité sont liées. Comme d'autres œuvres de son Gustav Klimt contemporain, Moser utilise une approche ornementale et décorative, bien qu'il établit également son propre style distinctif, plus influencé par le symbolisme et la nature que par des éléments figuratifs plus complexes.

En conclusion, les principes du printemps sont une œuvre qui célèbre non seulement l'arrivée de la nouvelle station, mais établit également un pont entre le mot et l'image, entre l'émotion de la poésie de Rilke et le lyrisme de Moser. Grâce à sa couleur vibrante et à sa composition harmonieuse, il invite le spectateur à vivre la beauté du printemps sous sa forme la plus pure, devenant une pièce intemporelle qui continue de résonner dans la philosophie de l'art contemporain.

Chère Claire, j'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir changé d'époque, et que tu recevras ce mail-art en bon état, dans des délais acceptables. 

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Biographie de Koloman Moser  1868-1918

Une conscience artistique forte 

Entre études aux Beaux-Arts et petits boulots prestigieux

Koloman Moser est le fils de Josef Moser et Theresia Hirsch, un couple bourgeois autrichien. Koloman grandi au sein de cette famille aisée, et bénéficie d’une éducation appuyée. Après avoir entamé des études en école de commerce, il passe des examens en vue d’intégrer la prestigieuse école des Beaux-Arts de Vienne en 1885, alors qu’il n’a que 17 ans. Il réussit le concours, mais voilà : ses parents ne sont pas au courant de son projet ! Il devient donc étudiant aux Beaux-Arts, et a la chance d’assister aux cours de professeurs prestigieux à l’époque : Franz Rumpler, Josef Trenkwald ou encore Christian Griepenkerl.

Malheureusement, une triste nouvelle vient entacher les heureuses années étudiantes de Koloman : son père décède en 1888, et il doit désormais subvenir à ses propres besoins. Qu’à cela ne tienne : le jeune artiste a de la suite dans les idées, et ils arrive à financer ses études aux Beaux-Arts en vendant ses illustrations à différents magazine d’Art autrichiens, dont notamment le Meggendorfer-Blätter ou encore la Wiener Mode. Les talents de dessinateur de Koloman Moser ne restent pas inaperçus longtemps auprès de ses professeurs : Josef Trenkwald l’encourage à donner des cours. C’est ainsi que Moser enseigne le dessin aux enfants de Karl Ludwig. Une mission prestigieuse, puisque Karl Ludwig est un archiduc qui lui permet de dispenser ses cours au sein du magnifique château Wartholz.

En 1894, alors âgé de 26 ans, Koloman Moser rejoint le Siebener-Club, dont il reste membre jusqu’en 1897. Le siebener Club, ou «Club des 7» en Français, est un groupe de discussion qui se réunit régulièrement au café Sperl de Vienne. Ses membres échangent leurs opinions sur les Arts Appliqués, l’Architecture, et leur vision de leur mission en tant qu’artiste.

Parmi leur débat revient souvent la question de la pertinence de l’enseignement académique. Les membres du Siebener Club sont en effet plus adeptes de l’enseignement à travers la pratique plutôt qu’à travers un enseignement classique et des cours magistraux. Une conviction paradoxale pour Koloman Moser, puisqu’il suit lui-même de très longues études, qu’il ne finit qu’à la fin des années 1890 !

Pour autant, il aime se réunir avec ses amis du Siebener Club. C’est d’ailleurs via ce groupe qu’il fait la connaissance d’autres grandes figures du mouvement d’Art Nouveau, comme Gustav Klimt, Josef Maria Olbrich ou encore Josef Hoffmann.

Koloman Moser et la Sécession Viennoise : le projet d’une vie

 Koloman Moser, la Sécession Viennoise et le Ver Sacrum : Entre 1893 et 1895, Kolo rejoint en tant qu’étudiant la Kunstgewerbeschule (ou école des Arts Appliqués en français) de Vienne. Il y devient même professeur par la suite en 1899. Une expérience de courte durée puisqu’il démissionne de son poste à peine 6 mois plus tard.

En 1897, Kolo fonde la Sécession viennoise (Die Wiener Secession en Allemand). Il s’agit d’un courant artistique que l’on peut comparer aujourd’hui avec recul comme un sous-mouvement d’Art à la croisée du Jugendstil et de l’Art Nouveau. Toutefois, la Sécession ne peut se résumer à cette simple définition : elle possède en effet ses propres caractéristiques, mais aussi son manifeste, ses artistes et expositions dédiées.

Le mouvement possède sa propre revue mensuelle intitulée « Ver Sacrum » et fondée par Gustav Klimt et Max Kurzweil en 1898. Koloman Moser y publie plus de 140 illustrations ! Il gère par ailleurs majoritairement l’organisation des expositions dédiées au mouvement, ce qui représente beaucoup de travail : rien qu’en 1897, il voyage à Nuremberg, Bamberg, Prague, Dresde ou encore Munich pour monter ces évènements.

La Sécession de Vienne sera particulièrement influente à Vienne, mais aussi à Prague, et plus largement en Europe de l’Est, et ce jusqu’à la fin des années 1900.

 Ditha Mautner, Carl Moll et les expositions : En 1902, Koloman Kolo Moser sort d’une décennie riche de nombreuses aventures artistiques à travers l’Europe, et de rencontres passionnantes faisant de lui un artiste Art Nouveau accompli. Il décide de se rapprocher de sa famille, et s’installe donc avec sa mère et sa sœur dans un immeuble-atelier à Vienne, dans le quartier Hohe Warte, alors prisé par les artistes (Carl Moll habite même dans son immeuble !). Soucieux du moindre détail, Kolo dessine les meubles de leur appartement. Mais son rythme de travail ne ralentit pas pour autant : durant l’été 1902, il se rend dans 4 villes à l’étranger pour des expositions : Padoue, Venise, Abbazia, Trieste et Lovran. Son agenda ne désemplit pas non plus les années suivantes : Carl Moll l’accompagne dans ses nombreux voyages en 1903, où il fait la rencontre de Cuno Amiet et Ferdinand Hodler. En 1904, c’est Ditha Mautner Markhof, sa future épouse, qui l’accompagne, en présence également de sa future belle-mère.

En route vers de nouvelles aventures : Koloman a envie d’autre chose. En 1905, avec Gustav Klimt et d’autres artistes, il quitte définitivement le mouvement de la Sécession Viennoise qu’il a fondé. Il épouse Ditha et devient protestant comme elle. Ce mariage l’amène à quitter l’appartement qu’il occupait depuis 3 ans avec sa mère et sa sœur à dans le Hohe Warte de Vienne. Les deux jeunes mariés s’installent à Landstrasse, dans l’hôtel particulier appartenant à la famille de Ditha. Si l’immeuble appartient à la famille de son épouse, la personnalité de Koloman y est bien présente : il y dessine encore une fois le mobilier Art Nouveau qu’il souhaite y installer. 

Apogée de Koloman « Kolo » Moser et fin de vie

Consécration artistique et maladie

A partir du milieu des années 1900, la chance semble sourire à Koloman Moser. En 1906, le premier enfant de la famille Moser naît : c’est un petit garçon prénommé Karl. En 1908, il participe à une exposition formée par Gustav Klimt et sa clique à Vienne. Koloman Moser ont par ailleurs un deuxième enfant en 1909 : un autre garçon, Dietrich.

En 1911, une exposition à la galerie Miethke de Vienne lui est entièrement consacrée. Cette même année, il participe par ailleurs à l’exposition internationale à Rome. Les années suivantes seront toujours riches de voyages, d’exposition et de rencontres avec d’autres artistes influents qu’il respecte, comme Ferdinand Hodler.La consécration est là : il participe à la première exposition internationale de la Sécession Viennoise à Rome, suivie dune autre exposition à Düsseldorf et une à Mannheim. En 1916, il expose ses propres œuvres lors d’une exposition à Berlin dédié à l’art viennois.

Malheureusement, le célèbre Koloman « Kolo » Moser, que rien ne semble arrêter, tombe gravement malade cette même année. Atteint d’un cancer du larynx, l’artiste se bat contre la maladie 2 années durant, mais perd finalement la bataille et meurt en 1918. Il est enterré le 21 octobre au cimetière de Hietzing, et laisse derrière lui une veuve, 2 jeunes garçons et des centaines d’œuvres emblématiques du mouvement Art Nouveau.

Architecture en dentelles de pierre, pour Marie

Cela n'est pas un mystère, j'aime la dentelle, oui mais toutes les dentelles, qu'elles soient de fil textile ou de fil de fer, minérales ou végétales, ou bien même animales comme les toiles de l'araignée. 

Ici, j'ai choisi d' adresser à Marie des dentelles de pierre avec la magnifique architecture visible dans la petite bourgade de Rue, dans la Somme, avec la Chapelle du Saint-Esprit : en pur style gothique flamboyant, c'est un chef d'oeuvre de finesse que l'on regarde le tympan du porche, les arcs-boutants, les voutes du vestibule, ou encore la Trésorerie! 

Que du beau à aller visiter si vous passez par le Marquenterre.

à gauche, Trésorerie, partie haute photgraphie par Jacques Rocquet 
au verso de l'enveloppe et cidessous :  voute du vestibule 

à gauche, tympan de l'entrée / à droite - la Trésorerie basse
Autres photos trouvées sur le site des Hauts de France : https://www.escapades-en-hautsdefrance.com/la-superbe-chapelle-du-saint-esprit-de-rue-lart-gothique-flamboyant

Chère Marie, je te souhaite une très bonne réception de cette enveloppe de dentelle. 

Les chevaux sauvages du graveur Hans Baldung Grien, pour Vincent

Toujours à la recherche d'oeuvre artistiques avec de beaux chevaux, je me suis régalée en trouvant sur Gallica l'oeuvre d'un graveur sur bois exceptionnel, éléve de Dürer, qui a magnifiquement traité des groupes de chevaux sauvages avec une observation très fine des détails, lors des parades précédent l'accouplement. Ils sont siréalistes et paraissent si vivants !

Je ne vous ai pas encore dit qu'il s'agit d'Hans Baldung Grien. A travers les gravures consacrées aux chevaux sauvages, Baldung traite de l’instinct animal et développe par là même un langage plastique à part entière.

Sept chevaux sauvages dans la forêt, avec un singe

Le combat des chevaux sauvages 

Groupe de six chevaux combattant

Les chevaux de Hans Baldung Grien Mende 77-79

Dans cette suite de bois gravés, sans précédent dans la peinture, Hans Baldung Grien aborde sous trois angles différents le comportement frénétique de chevaux sauvages dans une forêt, notamment lors de diverses phases d'accouplement. 

Ainsi, la première planche représente sept chevaux libres, sans harnais ni selle, offrant l'image d'une mêlée confuse entre l'étalon central et le reste des équidés. Les deux bois suivants illustrent de manière explicite leurs tentatives d'approche, entre rut et ruade. Baldung, ayant vraisemblablement répondu à une commande de dessins anatomiques, s'est aidé de croquis pris sur le vif. Ceux réalisés à la pointe d'argent et conservés aujourd'hui à Karlsruhe (Koch 195-199) peuvent difficilement être considérés comme des études préparatoires, voire contemporaines des gravures. L'on imagine mal que de telles études soient à la base de figures équines rendues avec un tel réalisme. L'intérêt de l'artiste pour les luttes de chevaux est déjà décelable vers 1515, puisqu'il avait apporté sa contribution à la décoration des marges d'un livre de prières pour Maximilien Ier, en mettant en scène ces animaux. 

Ainsi, le Combat de chevaux sauvages (Koch 51) représente un groupe de trois chevaux en pleine dispute, tandis qu'une quatrième monture porte un enfant, sous le regard d'un putto ailé, témoin de la scène. Dans le dessin, l'effet produit est beaucoup plus fade que dans la série des bois, car les têtes de chevaux sont esquissées sans grande précision à la plume. Plus tard, en 1531, Baldung va poursuivre ce travail à la plume, en dessinant Quatre étalons se querellant (Koch 131). Les similitudes entre les dessins et les gravures sont d'ordre général. Dans la série qui nous intéresse, c'est pourtant le graphisme, proche d'un dessin spontané à la plume, qui crée la sensation de mouvement violent propre à chaque tableau. Les chevaux, pris individuellement, sont cernés par un trait de contour, tandis que de petites hachures parallèles suggérant le modelé de leur corps, et en particulier de leur croupe, délimitent avec netteté les zones d'ombre et de lumière des montures. Même le parterre herbeux de la forêt participe de l'effet dramatique : les traits se multiplient entre le premier plan et le fond tout obscurci qui souligne le côté impénétrable des lieux. L'interprétation globale de la série est allée longtemps dans le sens que lui avait donné Carl Koch, soit ' la passion amoureuse et l'amertume amoureuse de [toutes] les créatures '. Dans la deuxième gravure, la présence au loin à gauche d'un observateur vêtu à la mode de l'époque indique que le sujet de la composition ne relève ni de l'histoire ni de la mythologie classique ; et le singe tenant la tablette munie de la signature de Baldung suggère que l'intérêt de la représentation dépasse le simple rendu réaliste d'une horde de chevaux sauvages dans une forêt septentrionale. Utilisé à des fins symboliques très variées, le singe, en effet, placé de surcroît sous le sexe en érection de l'étalon, devient ici une allégorie de la puissance sexuelle. Il est d'ailleurs souvent associé, comme le cheval, au tempérament sanguin. Depuis l'Antiquité, les équidés, mâles et femelles, sont reconnus pour leurs appétits sexuels. Baldung, au travers des yeux exorbités des montures, de leurs expressions d'angoisse, traduit avec une rare intensité la frénésie de ces animaux sauvages, apparemment libres, mais enfermés dans une forêt obscure et livrés au quotidien à la violence de leur sexualité. Les trois gravures offrent aussi une lecture de la condition humaine, puisque la présence dans la deuxième planche d'un singe, symbolisant la Chute, se trouve être une allusion à l'incapacité de l'homme, ou de l'animal à résister au désir sexuel. Simple constat, sans jugement moral de la part de Baldung. Décrivant la puissance sexuelle comme quelque chose d'imparable, l'artiste propose un point de vue sombre, à relier vraisemblablement à l'apparition, dans la deuxième gravure, d'un élan, traditionnellement représentatif de l'humeur mélancolique. Dans cette suite, le bois intitulé Sept chevaux sauvages dans une forêt (cat. 96 et 97) provient de la collection du Strasbourgeois Ferdinand Reiber et a été acquis en 1896 au lendemain de sa mort, lors de la mise en vente de son riche fonds d'alsatiques (cat. Reiber 1896, p. 284, no 4556), qui va véritablement signer l'envol du Cabinet des Estampes et des Dessins. Aussi cette estampe est-elle considérée comme faisant partie des oeuvres fondatrices du musée. (Anny Claire Haus) ; voir aussi : Sept Chevaux sauvages dans une forêt (77.985.7.2)
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Biographie d'Hans BALDING 1484-1545


à gauche Hans Baldung. Autoportrait (v. 1516) -Huile sur bois, détail du maître-autel de la cathédrale de Fribourg
à droite, son monogramme.

Hans Baldung naît en 1484 ou 1485 à Schwäbisch Gmünd, ville située à 200 km à l’est de Strasbourg, à proximité de Stuttgart. Cette ville faisait partie à l’époque de la région appelée Souabe. Baldung appartient à une famille ayant fréquenté l’Université, chose rare pour les peintres du 15e siècle. Son père, Johann Baldung, est un juriste qui exerce la fonction de conseiller de l’évêque de Strasbourg. L’un de ses oncles est docteur en médecine et son cousin est professeur de droit à Fribourg. Dès sa petite enfance, la famille s’installe à Strasbourg.
La formation artistique de Hans Baldung commence entre 1498 et 1502, comme compagnon chez divers maîtres de Souabe et du Rhin supérieur. Les peintres étaient considérés comme des artisans devant effectuer leur « tour », c’est-à-dire mener une vie itinérante d’apprentissage. En 1503, à l’âge de 18 ans, Hans Baldung devient l’assistant d’Albrecht Dürer dans son atelier de Nuremberg. Il y reste jusqu’à 1507 et assimile parfaitement le style de Dürer. Sa prédilection pour la couleur verte lui vaut un surnom de Grien (vert) qu’il utilisera ensuite dans le monogramme lui permettant de signer ses œuvres et qu’il ajoutera à son patronymique (Hans Baldung Grien).

L’exceptionnelle polyvalence de Dürer permet à Baldung de s’initier à tous les aspects des arts graphiques : dessin, gravure sur bois, peinture, vitrail. Il est très apprécié par Dürer et certains historiens évoquent une véritable amitié entre les deux artistes. A la mort de Dürer en 1528, il recevra une mèche de cheveux du maître. Des dessins destinés à la gravure ou à la réalisation de vitraux sont créés par Baldung pendant son séjour chez Durër

A partir de 1507, Hans Baldung devient un artiste indépendant, créateur de retables, l’un des premiers étant le Retable de saint Sébastien à Nuremberg.

Élève le plus célèbre d’Albrecht Dürer, Hans Baldung devint, comme son maître, un artiste polyvalent dont l’œuvre comporte des dessins, des gravures, des tableaux sur bois (portraits, scènes religieuses et mythologiques, allégories) et de grands polyptyques. Son œuvre reflète la transition entre la Renaissance et le maniérisme.

23 avril 2025

Valaisanne et sa fille en costume traditionnel de Savièse, pour Nadine

Vous me connaissez comme je suis passionnée de broderies et de costumes traditionnels. Aussi imaginez ma joie lorsque j'ai découvert une partie importante de l'oeuvre du peintre suisse Ernest Bieler et là, j'ai craqué pour son tableau nommé "le petit cheval rouge" que je  destine à mon amie Nadine.
Recto ; Le petit cheval rouge / verso : autoportrait du peintre Ernest Biéler

Son art pour représenter les personnages du monde rural du Valais, notamment de la région de Savièse où il finit par installer son atelier est très surprenant de véracité et de précision. Peints ou dessinés dans leurs activités quotidiennes, au gré des saisons et des moments importants de la vie, c'est tout un monde en costume régional qui est ainsi croqué, pour ma plus grande joie. 

Si c'est le premier mail-art inspiré par l'oeuvre de ce peintre suisse que vous voyez là, ce ne sera à coup sûr pas le dernier. Je t'en souhaite une très bonne réception, chère Nadine. 
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Ernest Biéler - Peintre suisse - 1863-1948

Ernest Biéler était un peintre, dessinateur et graveur suisse aux multiples talents. Il travaillait à l'huile, à la tempera, à l'aquarelle, à la gouache, à l'encre, au fusain, au pastel, à l'acrylique et au crayon. Il créa également des mosaïques et des vitraux.

Il est né à Rolle, en Suisse. Après avoir terminé ses études à Lausanne, il étudie à l'Académie Julian à Paris. En 1900, il reçoit la médaille d'argent de l'Exposition universelle de Paris. Il fonde, avec Raphaël Ritz, Édouard Vallet et d'autres, l'École de Savièse. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur.

Bien qu'il ait beaucoup voyagé, il est resté attaché à Savièse et a souvent représenté des scènes de la vie paysanne avec un niveau de détail remarquable. Bieler a également réalisé des vitraux pour l'église et le bâtiment fédéral de Berne, et décoré un plafond pour le Théâtre municipal de Berne.

Il décède en 1948 à Lausanne.

22 avril 2025

Gens de Fleurette, oyez : Eude Azero vient de marquer un but, de Christian

En allant me promener sur le blog de Christian, j'avais lu que ses géniaux personnages créés en partant des bidons de crème fleurette vides n'étaient plus acceptés par son Bureau de Poste. 

Quelle surprise donc, aujourd'hui, de trouver Eude Azero dans ma boite aux lettres. Ce blondinet coiffé en Riquet à la Houppe est bien jovial d'avoir enfin mis le ballon dans la cage! 


Si je suis totalement nulle en football (ce sport à fric ne m'intéresse absolument pas), je suis par contre totalement fan et conquise par les personnages hors sol qu'est capable de nous inventer Christian.

Merci pour ta fantaisie, ton humour et ton amitié Christian, ce sont des valeurs qui nous font chaud au coeur et dont on a diablement besoin en ce moment. A bientôt de mes nouvelles dans ta BAL.

Deux hirondelles venues de Suisse pour me faire un printemps, de Nadine

Nos correspondances régulières m'ont manqué :  comme je suis contente de recevoir aujourd'hui l'art postal si particulier de Nadine, car en plus de l'enveloppe toujours textile, il y a une longue lettre à l'intérieur pour se donner des nouvelles (et oui, nous jouons le jeu à fond, en proscrivant l'usage de la messagerie ou du SMS, sauf pour accuser réception d'un ouvrage). 

Pour des raisons propres à chacune,  nous avons très peu communiqué ce début d'année, contrairement à ce qui se passe d'habitude. Personnellement j'ai des soucis de vue m'empêchant tous travaux d'aiguille précis comme la broderie depuis la fin d'automne et cela m'a un peu plombée (heureusement que j'ai pu tricoter pour le projet de Tony pendant deux mois, cela m'a permis de passer ce temps plus confortable).

Pour renouer, il fallait pour cela attendre le printemps et voir arriver ces hirondelles, oiseaux qui ont quasiment disparu de notre ciel ici, et que j'aime tant. 

Oui les hirondelles étaient importantes pour nous, à la campagne : nous aimions les voir revenir, elles nous indiquaient s'il allait faire de l'orage en été, c'était un porte bonheur que d'avoir un nid sous sa toiture (de préférence quand même sur un batiment de ferme plutôt qu'une habitation principale) et lorsqu'elles commençaient à se réunir en portées magnifiques sur les fils électriques, nous savions qu'elles préparaient leur migration et que l'automne s'annonçait. 

Merci de m'avoir fait ce cadeau, Nadine, et merci pour la promesse de rencontre prochaine autour de l'art postal, je n'en dit pas davantage. J'ai quelque chose en cours pour toi, mais je n'arrive pas à faire comme je le voudrai. Encore un peu de patience. A bientôt.

20 avril 2025

Chien incognito à son poste d'observation, pour Christian

C'est à Christian,  le seul de mes correspondants à posséder un chien à ma connaissance, que je  destine ce mail-art canin, même si je sais que son animal n'a rien à voir avec un golden retriever.

C'est vrai que là ,  j'ai craqué : je le trouve vraiment trop chou avec ses fausses oreilles pendantes et ses bésicles d'adoption... à la fois cette photo est pleine d'humour mais aussi de tendresse.  

photo présente  sur de nombreux sites, mais pas de nom d'auteur
Je ne parle pas souvent de chien, car je ne sais pas l'apprécier comme animal de compagnie. Mais je sais reconnaître que ce sont des animaux formidables.

Bien formés, ils aident l'homme dans de nombreuses situations dramatiques grâce à leur flair incroyable, qu'il s'agisse de sauvetage des personnes survivantes sous les décombres provoquées par une explosion, un éboulement, un séisme, un bombardement... ils sont aussi là pour aider les brigades de recherche des personnes disparues ; ils aident les aveugles et les  personnes handicapées à mieux vivre leur quotidien souvent difficile car leur mobilité est toujours compliquée faute d'accès convenable aux différents services publics. Les chiens sont dressés aussi pour déceler la drogue des dealers et des contrebandiers, et maintenant certains le sont même pour réagir devant le malaise de certains malades, ou pour détecter un cancer chez une personne qui ne le soupçonne pas encore. 

Allez, merci les chiens, je vous aime bien, aussi, mais pas pour les mêmes raisons que les chats 

Frida Kahlo, une femme artiste si vaillante, pour Florence

L'été passé j'ai eu l'occasion d'en apprendre bien davantage sur la vie si riche et si douloureuse de Frida Kahlo, lors d'un stage en Haute-Saône, sur le journal créatif, où nous avions comme fil rouge la vie et l'oeuvre de femmes  artistes précurseurs du féminisme.

C'est donc à Florence que j'adresse ce mail-art textile, en hommage à tout ce qui s'est dit sur cette femme incroyable, un personnage qui est devenue une icône du merchandizaing aujourd'hui (je ne suis pas certaine qu'elle apprécierait). 

Bien que je n'ai pas encore recouvré une bonne vision, j'ai tenté un brin de broderie ce qui ne m'était plus arrivé depuis des mois, handicapée que j'étais devenue avec cette cataracte sur les deux yeux et cette défaillance de ma vue latérale. 

Les deux Fridas, peinture de l'artiste réalisée en 1939 après son divorce

Cette peinture à cœur ouvert symbolise la souffrance de l’artiste après son divorce. "Les deux Fridas" a été réalisée par l’artiste mexicaine Frida Kahlo en 1939 et ce n’est pas un hasard. C’est cette année là que Frida divorce de Diego Rivera, avec qui elle vit depuis dix ans. Une déchirure pour l'artiste. Ce double portrait en est le symbole.

Le ciel nuageux et orageux en arrière plan est représentatif des tourments par lesquels passe l’artiste durant cette dure épreuve. La Frida de droite, en costume mexicain représente la personne qu'aimait Diego Rivera. Elle tient une amulette dans sa main dans laquelle se trouve le portrait miniature de son mari enfant. Cette Frida semble forte et sur d’elle.

Tournons-nous maintenant vers la Frida de gauche. Elle est plutôt de type européen dans une robe blanche en dentelle et représente la Frida que Diego n'aimait plus. Elle est pâle et fragile. Vous n’avez pas pu les rater. Les cœurs des deux femmes sont bien visibles. C’est comme ça que l’artiste exprime sa douleur.La Frida de gauche a le coeur en lambeau, le sang a taché sa robe blanche jusqu’alors immaculée. Ciseaux à la main, on la voit se couper sa propre artère coronarienne. L’autre Frida, celle de droite, conserve son coeur intacte. Elle est en fait le produit de l’imagination de l’artiste, un double qui la soutient dans l'épreuve de la séparation. 

Cette toile symbolise la déchirure sentimentale, la douleur du cœur. Une œuvre saignante de souffrance.

Source https://www.museumtv.art/artnews/oeuvres/les-deux-fridas-de-frida-kahlo/

Lieu d'exposition : Musée d'Art moderne de Mexico.