Claire aime particulièrement ce qui touche à la mode des années 1920 et aux années folles.
Pour cette fois-ci j'ai un peu extrapolé et j'ai remonté le temps pour elle : je l'emmène en Autriche avec ce "Début du printemps" de Koloman Moser, l'un des grands artistes du mouvement Art Nouveau et de la Sécession de Vienne.
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Composition emperlée avec le Début de printemps, oeuvre de Koloman Moser 1901 |
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Début de printemps :Illustration d'un poème de Rainer Maria Rilke. 1901 |
C'est une mise en image du poème du grand Rainer Maria Rilke dont je n'ai pas réussi à trouver le texte en français. hélas. Par contre voici toutes les explications sur cette belle oeuvre.
Les principes de travail du printemps. L'illustration d'un poème de Rainer Maria Rilke par Koloman Moser, créé en 1901, est un charmant exemple du symbolisme et de l'art décoratif du mouvement moderniste au début du XXe siècle. Cette peinture évoque non seulement l'esprit du printemps, mais aussi intrinsèquement lié à la poétique de Rilke, en capturant l'essence du renouvellement et de la beauté de la nature à travers une représentation visuelle délicate et subtile.
Moser, un membre exceptionnel de la sécession de Vienne, se caractérise par sa capacité à fusionner des éléments décoratifs avec une conception philosophique et émotionnelle profonde dans son travail. Dans ce travail, le choix de la couleur est fondamental; La palette douce dans des tons de touches vertes, bleues et jaunes suggère la fraîcheur et la lumière qui accompagnent la renaissance du printemps. Les couleurs sont entrelacées afin qu'elles fournissent une atmosphère presque éthérée, enroulant le spectateur dans un sentiment de paix et de renouvellement. La capacité de Moser à utiliser la couleur symboliquement et de manière évocatrice est révélée, amenant le spectateur à une sorte d'état méditatif qui invite la contemplation.
Quant à la composition, le travail est équilibré de sorte que chaque élément semble avoir sa place, créant une harmonie visuelle. L'inclusion de motifs floraux est caractéristique de l'immobilisation de Moser, où vous pouvez voir une stylisation qui rappelle à la fois la nature et l'ornementation. Il n'y a pas de figures humaines dans la peinture, ce qui permet à l'approche d'être dans la nature elle-même, dans sa capacité à renaître et à s'épanouir chaque année. Cela résonne avec l'écriture de Rilke, qui explore souvent le lien entre l'être humain et le monde naturel, suggérant une relation symbiotique dans laquelle les deux sont en dialogue constant.
Un aspect intéressant de cette œuvre est sa fonction comme une illustration d'un poème, qui vous invite à considérer comment la poésie et la visualité se complètent mutuellement. Moser traduit non seulement le texte poétique en un langage visuel, mais fournit également une interprétation qui peut ouvrir de nouvelles voies de compréhension. La sensibilité que Moser montre lors de la sélection et de la capture d'éléments évocateurs renforce l'idée que la poésie et la peinture des disciplines peuvent converger et enrichir l'expérience du spectateur.
Dans le contexte plus large du travail de Moser, le début du printemps est représentatif de son exploration constante de l'esthétique moderniste, où la beauté et la fonctionnalité sont liées. Comme d'autres œuvres de son Gustav Klimt contemporain, Moser utilise une approche ornementale et décorative, bien qu'il établit également son propre style distinctif, plus influencé par le symbolisme et la nature que par des éléments figuratifs plus complexes.
En conclusion, les principes du printemps sont une œuvre qui célèbre non seulement l'arrivée de la nouvelle station, mais établit également un pont entre le mot et l'image, entre l'émotion de la poésie de Rilke et le lyrisme de Moser. Grâce à sa couleur vibrante et à sa composition harmonieuse, il invite le spectateur à vivre la beauté du printemps sous sa forme la plus pure, devenant une pièce intemporelle qui continue de résonner dans la philosophie de l'art contemporain.
Chère Claire, j'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir changé d'époque, et que tu recevras ce mail-art en bon état, dans des délais acceptables.
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Biographie de Koloman Moser 1868-1918
Une conscience artistique forte
Entre études aux Beaux-Arts et petits boulots prestigieux
Koloman Moser est le fils de Josef Moser et Theresia
Hirsch, un couple bourgeois autrichien. Koloman grandi au sein de cette famille
aisée, et bénéficie d’une éducation appuyée. Après avoir entamé des études en
école de commerce, il passe des examens en vue d’intégrer la prestigieuse école
des Beaux-Arts de Vienne en 1885, alors qu’il n’a que 17 ans. Il réussit le
concours, mais voilà : ses parents ne sont pas au courant de son
projet ! Il devient donc étudiant aux Beaux-Arts, et a la chance
d’assister aux cours de professeurs prestigieux à l’époque : Franz
Rumpler, Josef Trenkwald ou encore Christian Griepenkerl.
Malheureusement, une triste nouvelle vient entacher les
heureuses années étudiantes de Koloman : son père décède en 1888, et il
doit désormais subvenir à ses propres besoins. Qu’à cela ne tienne : le
jeune artiste a de la suite dans les idées, et ils arrive à financer ses études
aux Beaux-Arts en vendant ses illustrations à différents magazine d’Art
autrichiens, dont notamment le Meggendorfer-Blätter ou encore la Wiener Mode.
Les talents de dessinateur de Koloman Moser ne restent pas inaperçus
longtemps auprès de ses professeurs : Josef Trenkwald l’encourage à donner
des cours. C’est ainsi que Moser enseigne le dessin aux enfants de Karl Ludwig.
Une mission prestigieuse, puisque Karl Ludwig est un archiduc qui lui permet de
dispenser ses cours au sein du magnifique château Wartholz.
En 1894, alors âgé de 26 ans, Koloman Moser rejoint
le Siebener-Club, dont il reste membre jusqu’en 1897. Le siebener Club, ou «Club des 7» en Français,
est un groupe de discussion qui se réunit régulièrement au café Sperl de
Vienne. Ses membres échangent leurs opinions sur les Arts Appliqués,
l’Architecture, et leur vision de leur mission en tant qu’artiste.
Parmi leur débat revient souvent la question de la
pertinence de l’enseignement académique. Les membres du Siebener Club sont en
effet plus adeptes de l’enseignement à travers la pratique plutôt qu’à travers
un enseignement classique et des cours magistraux. Une conviction paradoxale
pour Koloman Moser, puisqu’il suit lui-même de très longues études, qu’il
ne finit qu’à la fin des années 1890 !
Pour autant, il aime se réunir avec ses amis du Siebener
Club. C’est d’ailleurs via ce groupe qu’il fait la connaissance d’autres
grandes figures du mouvement d’Art Nouveau, comme Gustav Klimt, Josef Maria
Olbrich ou encore Josef Hoffmann.
Koloman Moser et la Sécession Viennoise : le projet d’une
vie
Koloman Moser, la Sécession Viennoise et le Ver Sacrum : Entre 1893 et 1895, Kolo rejoint en tant qu’étudiant la
Kunstgewerbeschule (ou école des Arts Appliqués en français) de Vienne. Il y
devient même professeur par la suite en 1899. Une expérience de courte durée
puisqu’il démissionne de son poste à peine 6 mois plus tard.
En 1897, Kolo fonde la Sécession viennoise (Die Wiener
Secession en Allemand). Il s’agit d’un courant artistique que l’on peut
comparer aujourd’hui avec recul comme un sous-mouvement d’Art à la croisée du
Jugendstil et de l’Art Nouveau. Toutefois, la Sécession ne peut se résumer à
cette simple définition : elle possède en effet ses propres caractéristiques,
mais aussi son manifeste, ses artistes et expositions dédiées.
Le mouvement possède sa propre revue mensuelle intitulée «
Ver Sacrum » et fondée par Gustav Klimt et Max Kurzweil en 1898. Koloman
Moser y publie plus de 140 illustrations ! Il gère par ailleurs
majoritairement l’organisation des expositions dédiées au mouvement, ce qui
représente beaucoup de travail : rien qu’en 1897, il voyage à Nuremberg, Bamberg,
Prague, Dresde ou encore Munich pour monter ces évènements.
La Sécession de Vienne sera particulièrement influente à
Vienne, mais aussi à Prague, et plus largement en Europe de l’Est, et ce
jusqu’à la fin des années 1900.
Ditha Mautner, Carl Moll et les expositions : En 1902, Koloman Kolo Moser sort d’une décennie
riche de nombreuses aventures artistiques à travers l’Europe, et de rencontres
passionnantes faisant de lui un artiste Art Nouveau accompli. Il
décide de se rapprocher de sa famille, et s’installe donc avec sa mère et sa
sœur dans un immeuble-atelier à Vienne, dans le quartier Hohe Warte, alors
prisé par les artistes (Carl Moll habite même dans son immeuble !). Soucieux du
moindre détail, Kolo dessine les meubles de leur appartement. Mais son rythme
de travail ne ralentit pas pour autant : durant l’été 1902, il se rend dans 4
villes à l’étranger pour des expositions : Padoue, Venise, Abbazia, Trieste et
Lovran. Son agenda ne désemplit pas non plus les années suivantes : Carl Moll
l’accompagne dans ses nombreux voyages en 1903, où il fait la rencontre de Cuno
Amiet et Ferdinand Hodler. En 1904, c’est Ditha Mautner Markhof, sa future
épouse, qui l’accompagne, en présence également de sa future belle-mère.
En route vers de nouvelles aventures : Koloman a envie d’autre chose. En 1905, avec Gustav Klimt et
d’autres artistes, il quitte définitivement le mouvement de la Sécession
Viennoise qu’il a fondé. Il épouse Ditha et devient protestant comme elle.
Ce mariage l’amène à quitter l’appartement qu’il occupait depuis 3 ans avec sa
mère et sa sœur à dans le Hohe Warte de Vienne. Les deux jeunes mariés
s’installent à Landstrasse, dans l’hôtel particulier appartenant à la famille
de Ditha. Si l’immeuble appartient à la famille de son épouse, la personnalité
de Koloman y est bien présente : il y dessine encore une fois le mobilier
Art Nouveau qu’il souhaite y installer.
Apogée de Koloman « Kolo » Moser et fin de vie
Consécration artistique et maladie
A partir du milieu des années 1900, la chance semble sourire
à Koloman Moser. En 1906, le premier enfant de la famille Moser naît : c’est
un petit garçon prénommé Karl. En 1908, il participe à une exposition formée
par Gustav Klimt et sa clique à Vienne. Koloman Moser ont par
ailleurs un deuxième enfant en 1909 : un autre garçon, Dietrich.
En 1911, une exposition à la galerie Miethke de Vienne lui
est entièrement consacrée. Cette même année, il participe par ailleurs à
l’exposition internationale à Rome. Les années suivantes seront toujours riches de voyages,
d’exposition et de rencontres avec d’autres artistes influents qu’il respecte,
comme Ferdinand Hodler.La consécration est là : il participe à la première
exposition internationale de la Sécession Viennoise à Rome, suivie dune autre
exposition à Düsseldorf et une à Mannheim. En 1916, il expose ses propres œuvres lors d’une exposition
à Berlin dédié à l’art viennois.
Malheureusement, le célèbre Koloman « Kolo » Moser, que
rien ne semble arrêter, tombe gravement malade cette même année. Atteint d’un
cancer du larynx, l’artiste se bat contre la maladie 2 années durant, mais perd
finalement la bataille et meurt en 1918. Il est enterré le 21 octobre au
cimetière de Hietzing, et laisse derrière lui une veuve, 2 jeunes garçons et
des centaines d’œuvres emblématiques du mouvement Art Nouveau.