Vincent me fait très plaisir en m'adressant aujourd'hui un mail-art sur le monde ouvrier, thème qui l'interpelle ; je l'en remercie infiniement car ce n'est pas un sujet qui intéresse grand monde!
Et pourtant tous ces ouvriers et ces ouvrières ont largement contribué à l'enrichissement du pays, après-guerre mais aussi jusqu'au moment des "trente glorieuses", ce que beaucoup de personnes semble avoir oublié aujourd'hui, quand ils n'en ont pas honte.
Beaucoup de ces petites abeilles y ont laissé leur santé, ont eu une vie raccourcie souvent pénible et n'ont guère eu le temps de bénéficier d'une retraite, trop abimés ou malades pour cela.
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mail art recto |
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mail-art verso |
Merci Vincent, pour leur mémoire et pour ton envie de traiter de ce sujet là, merci beaucoup.
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l'affiche originale et le contexte de sa parution |
L'application des 8 heures (source : https://histoire-image.org/etudes/application-8-heures)
Date de publication : Octobre 2003 Auteur : Danielle TARTAKOWSKY
Contexte historique / La loi des 8 heures
La limitation de la durée de la journée de travail à 8 heures constitue l’une des revendications majeures du monde du travail dès les années 1880. A partir de 1890, la manifestation internationale du 1er Mai s’organise autour de cet objectif. Au sortir de la Grande Guerre, dans un climat marqué par une forte pression revendicative et par la crainte d’une contagion révolutionnaire, le gouvernement Clemenceau satisfait à cette exigence. La loi est votée le 23 avril, une semaine avant un 1er Mai dont il craint qu’il ne donne le coup d’envoi d’une puissante grève générale. Le texte contient toutefois des restrictions et dérogations propres à susciter l’inquiétude syndicale. Cette affiche éditée pour le premier mai la donne à voir.
Analyse des images / Poursuivre le combat
Les affiches que le mouvement syndical publie avant guerre sont des placards dépourvus d’illustrations (ou presque). C’est à la une de la presse syndicale qu’on trouve ces dernières. Cette affiche constitue à cet égard un tournant. Elle émane de l’Union des syndicats de la Seine. En son centre, un énorme huit avec, dans sa boucle supérieure, le label et le sigle CGT et dans l’autre une horloge où des lettres se substituent à chacune des douze heures. En fond, un paysage industriel exprimant une dynamique à l’œuvre : le ciel est couleur de soleil, les cheminées d’usines fument à plein, une grue charge ou décharge des marchandise et des derricks, signe de modernité, se mêlent aux échafaudages de constructions, selon une diagonale ascendante qui fait mouvement. De part et d’autre du huit en forme d’horloge, deux groupes de personnages suspendus à une corde tentent d’agir sur le temps a contrario. A gauche, deux employés, deux ouvriers et deux femmes, identifiables à leur tenue : chapeaux mous et costumes, manches de chemises retroussées, tablier de forgeron, ceinture de terrassier, femmes « en cheveux ». Ils s’essaient à ramener l’aiguille des minutes vers 8 heures précises. A droite, quatre bourgeois portant un chapeau haut de forme ou melon et une dame en chapeau. Le graphisme crée une apparente symétrie au prix d’une jambe supplémentaire du côté des salariés... Mais, pour l’heure, les possédants pèsent un peu plus lourd.
Interprétation / Une défiance à double détente
Cette affiche subvertit très légèrement une affiche confédérale contemporaine. Elle révèle les divergences entre la centrale dirigée par Léon Jouhaux, qui se réclame alors d’une « participation aux affaires de la nation » et l’union parisienne, où les syndicalistes révolutionnaires sont en position de force. La différence majeure entre les deux affiches s’exprime dans les messages explicites. On peut lire sur l’affiche confédérale, sous le bandeau 1e rmai, en marge, « Ouvriers, employés, encore un effort et... ». La phrase se prolonge sur l’horloge à la faveur des lettres qui font mot : « NOUS AURONS LES » et, barrant comme ici l’horloge : 8 heures. Le pluriel fait ici place au singulier, pour mieux responsabiliser chacun et l’inviter à agir. Puis le texte se transforme : « Le principe en est voté mais seule ton action... APPLIQUERA LES 8 heures ». La partie graphique demeure inchangée à une nuance près : dans l’affiche confédérale, le groupe des ouvriers et des employés avait pratiquement ramené l’aiguille à 8 heures. L’optimisme est moindre ici puisqu’il est presque 8 heures 2 : la mobilisation du 1er Mai demeure nécessaire
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