Pour le deuxième voyage du carnet sur les oiseaux et la poésie qu'Isabelle a créé pour moi,
c'est une fable d' un auteur du 18e siècle, académicien, qui a été le centre de ma composition
car j'en aime tout particulièrement la morale.
Si je connais peu le serin, je parle de celui qui vit en liberté bien sûr, le chardonneret fait partie de mes passereaux préférés avec ses si belles couleurs, et puis tout comme moi, il aime les chardons !
Les serins et le chardonneret
Un amateur d'oiseaux avait, en grand secret,
Parmi les œufs d'une serine
Glissé l'œuf d'un chardonneret.
La mère des serins, bien plus tendre que fine,
Ne s'en aperçut point, et couva comme sien
Cet œuf qui dans peu vint à bien.
Le petit étranger, sorti de sa coquille,
Des deux époux trompés reçoit les tendres soins,
Par eux traité ni plus ni moins
Que s'il était de la famille.
Couché dans le duvet, il dort le long du jour
A côté des serins dont il se croit le frère,
Reçoit la becquée à son tour,
Et repose la nuit sous l'aile de la mère.
Chaque oisillon grandit, et, devenant oiseau,
D'un brillant plumage s'habille ;
Le chardonneret seul ne devient point jonquille,
Et ne s'en croit pas moins des serins le plus beau.
Ses frères pensent tout de même :
Douce erreur qui toujours fait voir l'objet qu'on aime
Ressemblant à nous trait pour trait !
Jaloux de son bonheur, un vieux chardonneret
Vient lui dire : Il est temps enfin de vous connaître ;
Ceux pour qui vous avez de si doux sentiments
Ne sont point du tout vos parents.
C'est d'un chardonneret que le sort vous fit naître.
Vous ne fûtes jamais serin : regardez-vous,
Vous avez le corps fauve et la tête écarlate,
Le bec... Oui, dit l'oiseau, j'ai ce qu'il vous plaira ;
Mais je n'ai point une âme ingrate,
Et mon cœur toujours chérira
Ceux qui soignèrent mon enfance.
Si mon plumage au leur ne ressemble pas bien,
J'en suis fâché ; mais leur cœur et le mien
Ont une grande ressemblance.
Vous prétendez prouver que je ne leur suis rien,
Leurs soins me prouvent le contraire : Rien n'est vrai comme ce qu'on sent.
Pour un oiseau reconnaissant
Un bienfaiteur est plus qu'un père.
Jean-Pierre Claris de Florian (Fable de 1792)
J'espère que cette nouvelle page du carnet fera plaisir à Isabelle, sachant que je ne dispose pas d'accessoires destiné au collage sur papier (rubans masquants entre autres) et que je m'applique à faire bien, et si possible beau, mais avec mes propres "outils".
***
Jean-Pierre Claris de Florian
Auteur dramatique, Fabuliste, Poète et Romancier,
Né dans les
Cévennes, le 6 mars 1755.
Officier de dragons, il était un des
familiers du château de Sceaux et le protégé de Voltaire qui était allié de sa
famille. Auteur dramatique, romancier, poète, fabuliste, il fut lauréat de
l’Académie. Il y remplaça, le 6 mars 1788, le cardinal de Luynes et fut reçu le
14 mai 1788 par Michel-Jean Sedaine. Banni de Paris pendant la Révolution, il
fut emprisonné sous la Terreur et relâché au 9 thermidor ; il mourut des souffrances
endurées pendant sa détention, une année après, âgé de trente-neuf ans. Il a
laissé des Fables, les meilleures après celles de La Fontaine,
quelques pièces de théâtre et des pastorales, plus une traduction un peu trop
libre de Cervantès.
Mort le 12 septembre 1794.
Mort le 12 septembre 1794.
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