21 juin 2025

"J'ai pas les mots"... Heureusement que Malik les a trouvés, pour en appeler à notre humanité

« Pour écrire une poésie qui ne soit pas politique, Je dois écouter les oiseaux, Et pour écouter les oiseaux, Il faut que cesse le bruit des bombardiers. » 
Marwan Makhoul, poète palestinien
***

"A quoi sert une chanson si elle est désarmée?" chante Julien Clerc sur son album Utile. Sa chanson insistant sur l'engagement et la solidarité a été largement reprise lorsque des évènements graves  se sont passés en France avec de nombreux  morts et des blessés innocents, lors des attentats du Bataclan en 2015 ou de Nice en 2016.

Ce fut le cas aussi, en mars 2022, lorsque Nagui a présenté une émission spéciale sur France 2, "Tous unis pour l'Ukraine", avec la collaboration bénévole de tout plein d'artistes pour lever des fonds et aider ainsi le peuple ukrainien subissant le feu des russes. Cette fois-là, c'était bien pour aider des victimes innocentes pour lesquelles nous éprouvions infiniment de compassion, des victimes non françaises et hors de France. 

Alors, pourquoi rien de tel ne se passe en France pour aider les Palestiniens? Pourquoi aujourd'hui acceptons-nous de devoir nous taire, sans frémir en voyant toutes les images atroces des enfants de Gaza déchiquetés, estropiés, sous les bombardements incessants d'Israël, sans médicaments, sans nourriture et quasiment sans eau, là où désormais l'aide humanitaire et sanitaire n'est plus permise depuis des mois? Pourquoi acceptons-nous tous passivement d'être les témoins en direct d'un crime contre l'humanité, d'un génocide? 

Un enfant gazaoui n'a donc pas la même valeur qu'un autre être humain sur cette terre à nos yeux? 

La chanson que je vous propose aujourd'hui en appelle à notre humanité et à ne surtout pas accepter l'inacceptable. 

Clip de la chanson de Malik sur sa chaine Youtube
Réalisé par Léo Desnoyelles Produit par Sorosoro Mix et master par ABDS Remerciements : Moonchild records

PAS LES MOTS par Malik

Ça m’arrive jamais mais j’ai pas les mots
Je fais que pleurer mais ça m’soulage
Pas vraiment
Y a des monstres à l’écran qui disent que c’est pas les nôtres
Les enfants qui meurent sur les images
Ils ont pas de cœur

Alors on marche on fait des tours d’la ville
On chante pour se donner du courage
Parce qu’on n’ sait pas quoi faire d’autre
Les corps ont brûlé toute la nuit
Faut pas qu’on s’habitue aux images
Ou on n’a pas d’coeur


J’ fais des chansons mais le cœur y est pas
Il y a des choses qu’on n’devrait pas voir
Pourquoi il manque un bout du p‘tit corps dans ses bras
J’ sais pas ce qu’on fait plantés-là
Il pleut sur Raffah et l’averse a la couleur des flammes

Tous les jours j’me lève et j’check comment va Bisan
J’essaie d’pas couler sous mes larmes
Alors j’rejoins ceux qui luttent près des barricades
Des gosses dans des habits sales
J’essaie de sourire mais j’y arrive pas
J’ai pas l’courage de Rima

Dedans je suis mort dehors ça shoot les colombes
J’espère qu’un jour on dansera l’dabke sur la terre des colons
L’argent au Panama les innocents sous l’Oeil de Sauron
Au son du zanana une nuit ça doit être beaucoup trop long

Les souv’nirs d’une vie chargée sur le dos
Quand tu ne sais même pas où aller
On sait pas comment c’est lourd
Le premier mur c'était le mur de trop
Même s’ils survivent à l’enfer
Ils vont recommencer où

Ça m’arrive jamais mais j’ai pas les mots
Je fais que pleurer mais ça m’ soulage
Pas vraiment
Y a des monstres à l’écran qui disent que c’est pas les nôtres
Les enfants qui meurent sur les images
Ils ont pas d’cœur

Alors on marche on fait des tours d’la ville
On chante pour se donner du courage
Parce qu’on n’ sait pas quoi faire d’autre
Les corps ont brûlé toute la nuit
Faut pas qu’on s’habitue aux images
Ou on n’a pas d’coeur


Comment t’écris le nom de quelqu’un qu’ t’aimes
Sur une bombe que t’envoies s’écraser sur des tentes ?
Comment tu fais pour oser être un père?
T’as tiré sur l’enfant du voisin, il sent plus ses jambes 

Comment tu fais pour dire que t’aimes cette terre
Elle étouffe sous tes bottes tu l’as noyée dans l’sang ?
Comment tu fais pour dire que t’aimes cette terre
T’as réduit tous les oliviers en cendres ?

Comment tu dors la nuit
Comment t’affrontes le miroir
Est-ce que t’arrives encore à r’garder ta mère dans les yeux ?
Comment t’embrasses tes proches
Depuis qu’tu tues des gosses
Depuis que t’es la mort qu’ils voient venir dans les cieux ?

Est-ce que des fois tu doutes
Et tu t’effondres sous la douche
Est-ce que tu sais encore comment les gens font l’amour ?
C’est toi qui a l’air libre
Alors pourquoi t’as l’air triste
Est-ce que c’est parce qu’au fond tu sais que c’est la Palestine

Ça m’arrive jamais mais j’ai pas les mots
Je fais que pleurer mais ça me soulage
Pas vraiment
Y a des montres à l’écran qui disent que c’est pas les nôtres
Les enfants qui meurent sur les images
Ils ont pas d cœur

Alors on marche on fait des tours d’la ville
On chante pour se donner du courage
Parce qu’on n’sait pas quoi faire d’autre
Les corps ont brûlé toute la nuit
Faut pas qu’on s’habitue aux images
Ou on n’a pas d’coeur


Zanana : un terme d'argot arabe utilisé par les Palestiniens de la bande de Gaza. Ce mot signifie « bourdonnement » et désigne le bruit produit par les drones israéliens dans le ciel de Gaza, ainsi que les drones eux-mêmes.

L'Œil de Sauron est un symbole puissant de surveillance et de contrôle totalitaire. Il représente la vigilance constante de Sauron sur la Terre du Milieu, un rappel que son influence est toujours présente, même si sa forme physique ne l'est pas (Le Seigneur des Anneaux)

Dabke ou dabkeh : danse de groupe en Palestine qui s'accompagne d'instruments à vent traditionnels et de chants populaires. La dabkeh est interprétée par onze danseurs, indépendamment de leur genre et de leur âge, lors de festivals, de célébrations et d'événements tels que les mariages et les remises de diplômes.

Aucun commentaire: