6 juin 2025

Bouches de dénonciation, ancêtres de la boite aux lettres, pour Christian

Si l'arrivée dans ma boite aux lettres de Amadéus Pourpataché m'a bien fait rire, la tête du personnage créé par l'ami Christian m'a aussi inspirée pour la réponse à lui faire.

Avec sa bouche toute ronde, il m'a fait penser à ces têtes de personnage  qu'on peut voir notamment à Venise, près du Palais des Doges  : ce sont les "bocca della verita", en français "bouches de vérité" ou "bouches de dénonciation",  dont je vous raconte ci-après l'histoire.

Les photographies que j'ai utilisées sont visibles sur le site de Jean-Marie Sicard reporter voyageur et photographe. 

Bocca della verita - Palais des Doges - agrandissement à droite
Bocca della verita - Torcello

Cher Christian, je te souhaite une bonne réception de ce mail-art, un peu particulier, c'est vrai, et je te souhaite également un très bel été.
 *** 
La vérité sort de la bouche des Vénitiens 

Les bocca della verita littéralement les bouches de la vérité, sont de véritables boites à lettres (le courrier se glisse dans la fente au niveau de bouche).

Elles étaient utilisées à Venise pour dénoncer anonymement des personnes ne respectant pas les lois.

À cette époque, la république de Venise est une grande puissance et la puissance navale de son arsenal lui permet de régner sur la méditerranée.

Dans cette république, peu de tolérance, couper un arbre était passible de la peine de mort, autant vous dire que personne n’avait envie de voir son nom figurer dans cette boite.

En vous promenant dans la cité des doges, vous pouvez voir cette ancêtre de la boite aux lettres, qui était utilisée à l’époque par le pouvoir vénitien pour récolter les lettres de dénonciations secrètes sur les mauvais faits et gestes de ses administrés. En effet, chaque citoyen pouvait déposer dans cet espace un avis anonyme dénonçant les mauvaises pratiques de son voisin. C’est de cette façon que le célèbre Giacomo Casanova se retrouva derrière les barreaux puisqu’une missive non signée crut bon de révéler au pouvoir ses mœurs libertines. Ce système a aujourd’hui disparu et c’est bien dommage, car avec les révélations de la vie publique dans nos sociétés modernes, nous pourrions rire un peu plus encore.

Traduction du texte gravé dans la pierre :
« Dénonciations secrètes contre toute personne qui dissimule des faveurs ou des services, ou qui cherche à cacher ses vrais revenus »

Mais de nombreux vénitiens ont tremblés devant ces dénonciations anonymes, c’était vraiment une arme que le pouvoir politique de Venise utilisait à grande échelle pour faire régner l’ordre dans la cité des doges.

Vous pouvez en voir beaucoup autour du Palais des doges. Amusez-vous à les chercher, c’est rigolo !
source : https://venise-venice.com/bocca-della-verita/


*** L'ancêtre de nos boites aux lettres ***

La toute première fonction de la boîte aux lettres était la dénonciation. Connaissez-vous l’ancêtre de la boîte aux lettres, la fameuse « bouche de dénonciation » ?

Cet équipement urbain bien connu des Italiens aurait été à l’origine de nombreux actes de délation… 

La boîte aux lettres publique est aujourd’hui un objet urbain tout à fait banal, facilement détectable par sa couleur citronnée et sa multiplicité, servant à acheminer le courrier à travers le monde entier. Mais saviez-vous que la première fonction de notre banale boîte aux lettres n’était pas d’envoyer quelques pensées à ses proches, mais plutôt de les dénoncer ?

La « bouche de dénonciation », l’ancêtre de la boîte aux lettres

L’ancêtre de la boîte aux lettres publique s’appelait la « bouche de dénonciation » (ou « de vérité »), installée dès le XIVe siècle dans certains édifices italiens de Gênes, Venise ou Rome. Ces installations publiques recevaient des dénonciations secrètes au profit de l’État, relevant généralement de l’ordre fiscal ou sanitaire. Les bouches de dénonciation étaient couramment utilisées par les citoyens italiens jusqu’au XVIIIe siècle.

À Venise, au Palais des Doges, une bouche de dénonciation est toujours visible sur la façade, aussi qualifiée de bouche de lion du fait de la nature de la sculpture (voir photo ci-dessus). Cette boîte aux lettres d’un autre genre récoltait ainsi les dénonciations anonymes des citoyens de la ville. Le texte sculpté sur la pierre indique : Dénonciations secrètes contre toute personne qui dissimule des faveurs ou des services, ou qui cherche à cacher ses vrais revenus.

Au XVe siècle, à Paris, la maison des Messagers des Villes installe sa propre boîte de dépôt. Cette boîte postale acceptait alors les missives des particuliers, avec mention du lieu où ils se rendaient.

Quand est née la première boîte aux lettres publique ?

C’est à Jean-Jacques Renouard de Villayer qu’on devrait la création de la première boîte aux lettres en 1653, entrepreneur et membre de l’Académie française. Toute de bois vêtue, cette boîte trônant fièrement dans les rues de Paris permettait ainsi aux citoyens de déposer leur courrier. Le dispositif possédait plusieurs compartiments séparés à destination des différents quartiers.

Dans la foulée, Monsieur de Villayer crée La Petite Poste, service payant permettant l’acheminement du courrier à l’intérieur de la ville grâce au premier timbre-poste. En 1760, Monsieur Piarron de Chamousset redéveloppe ce service auparavant abandonné. Vingt ans plus tard, Louis XVI décide de le confisquer à son profit.

Source : extrait d’un article lu sur le site  https://sciencepost.fr/author/margaux/ rédigé par Margaux Blanc, experte environnement  le17 mai 2023

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