Pour Aude, nouvelle correspondante bretonne, voici une composition toute simple réalisée sur tissu, à partir d'un dessin touchant de Phyllis Pele de Palle, une artiste que j'aime beaucoup .
Comme l'analyse en est faite ci-dessous, cette fin d'été ne parait pas extrêmement détendue, les nouvelles lues dans le journal y étant sûrement pour quelque chose. La scène croquée en 1932 se situe sur une plage de Coney Island à Brookling, dans l'état de New York. Et même si on se situe quelques années après la Grande Dépression de 1929, le sort économique de beaucoup d'américains du peuple n'était pas encore très enviable . Est-ce ce malaise que l'artiste a voulu rendre?
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Coney Island 1932 -Phyllis PELE DE LAPPE Dessin, impression, crayon / Droits d'auteur : National Gallery of Art |
Éditeur : Ce dessin s’appelle *Coney Island* et a été réalisé en 1932 par Phyllis (Pele) de Lappe. C’est un dessin au crayon et je suis immédiatement frappé par l’atmosphère quelque peu sérieuse, presque mise en scène, au milieu de ce qu’on pourrait s’attendre à une scène de plage insouciante. Que voyez-vous dans cette œuvre ?
Commissaire : J’y vois un codage visuel des angoisses culturelles de la Grande Dépression. Imaginez le journal tenu par le personnage central, un marin. L’information devient un poids tangible, un contrepoint aux loisirs que nous associons à Coney Island. Elle divise et focalise notre regard, rassemblant des figures symboliques de l’allure féminine, par ailleurs disparates.
Éditeur : C’est intéressant, la façon dont le journal éclipse presque la scène de plage typique. Cela déplace vraiment le point de mire. Les femmes sont-elles aussi des symboles dans ce contexte ?
Commissaire : Absolument. Remarquez le contraste : l’une, drapée et voilée, évoque l’imagerie classique, tandis que l’autre est moderne, sportive, presque provocante. Elles représentent des idéaux féminins opposés luttant pour la domination dans une société en mutation, avec le marin, figure de force et de service, pris au milieu, essayant de lire son journal et de comprendre ce qu'il faut croire ou qui admirer. Il est question de changement et d'un certain désarroi.
Rédacteur : La plage est donc presque le théâtre de ces angoisses sociétales. Pensez-vous que cette interprétation aurait été claire pour les spectateurs de l'époque ?
Commissaire : Peut-être pas explicitement. Mais les symboles opèrent à plusieurs niveaux. Le malaise sous-jacent, la tension entre tradition et modernité, tout cela aurait résonné. Le dessin ne représente pas seulement une plage ; il dépeint un état d'esprit, et il pourrait même représenter la confusion de la modernité.
Rédacteur : Je n'avais pas pensé à cet état d'esprit ! Maintenant, en y repensant, je ressens beaucoup plus fortement le courant historique sous-jacent. Merci pour cet examen approfondi.
Commissaire : Il révèle comment les symboles visuels façonnent notre compréhension de l'histoire et son impact sur les interactions les plus simples, ce qui m'incite également à reconsidérer mes propres idées préconçues.
Source : https://artera.ae/artworks/3f7ae237-7297-4b6c-b6ba-e0f1c6a9e628
Aude, j'espère te faire plaisir avec ce mail-art et qu'il te parviendra sans trop de délai. Je te souhaite une bonne continuation dans l'art postal ainsi qu'une belle fin d'été.
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