9 août 2019

170-41 - Paire de poulains pour Michele

Pour fêter les 170 ans du premier timbre-poste français, j'ai choisi d'envoyer à mon amie Michele deux jeunes poulains s'égayant dans la pâture, avec leurs cabrioles et leurs soudaines  accélérations, juste pour sentir le vent dans leur jeune crinière.

Le cheval est l'un de mes animaux préférés, qui a tant fait pour l'évolution de  l'homme depuis que ce dernier l'a domestiqué.
Céramiques en raku créées par la céramiste Catherine Finot, visibles sur le site de l'atelier de poterie de Nemours 
Je t'en souhaite bonne réception, mon amie, ainsi qu'un bel été !

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LA DOMESTICATION DU CHEVAL 

L’aventure humaine en était encore à ses très longs débuts, quand le cheval fut l’objet de l’attention de l’homme. Au paléolithique, où l’on chassait pour subsister, les hommes ont fait grande consommation de cette espèce, particulièrement abondante au plus fort de la dernière glaciation (glaciation de Würm), qu’était le cheval Ils l’ont représenté notamment sur les parois de leurs cavernes, à la fois abris et sanctuaires. Le cheval faisait concurrence aux autres gibiers : bisons, aurochs, bouquetins, etc. Comment le cheval est passé du statut de gibier à celui du compagnon de l’homme tel que nous le connaissons aujourd’hui? Quel à été le processus de domestication et surtout pour quelles raisons l’homme à souhaiter dompter l’animal?

LE CHEVAL : DU GIBIER A L’ANIMAL DOMESTIQUE

 

Au demeurant, il n’est pas interdit de penser que l’homme ait pu éprouver le besoin de se constituer des réserves alimentaires sur  pied  en gardant vivants certains des chevaux (ou des rennes) qu’il avait piégés dans des corrals. Cependant, s’il avait déjà une première expérience de domestication avec le chien, il ne poussa pas la relation aussi loin avec le cheval.
Puis vint, avec la fin de la glaciation, le recul de la steppe, une toundra, et l’avancée de la forêt partout en Europe occidentale. Le cheval a disparu temporairement des faunes archéologiques (en contextes épipaléolithique et mésolithique) et paléontologiques. Au début de l’holocène, vers 8000 av. J.-C., on a vu que le cheval s’est retiré de son aire occidentale, conservant çà et là des îlots de populations relictuelles, notamment en Espagne et en France, le gros des populations équines se répartissant entre l’Est européen et l’Asie centrale. Pendant la plus grande partie du néolithique, le cheval est absent ou presque. Mais au néolithique récent (début du IVe millénaire av. J.-C.), sa fréquence augmente ponctuellement en Europe centrale, probablement à la faveur du déboisement qui a mis de vastes terrains découverts à sa disposition.
Ces chevaux, contemporains par exemple de la culture Altheim (3800 à 3400 av. J.-C.), se situaient entre 125 et 145 cm au garrot.

LES DEBUTS DE LA DOMESTICATION DU CHEVAL

 

Dans le contexte culturel et scientifique du XIXe siècle, où les races domestiques étaient en voie de sélection et de fixation, avec la création des livres d’origines (herd- books et stud-books), les spécialistes de l’époque voulurent trouver ou imaginer, pour chaque type d’une espèce domestique, un ancêtre particulier.
Entre autres:
–   Sanson (1869) identifiait huit types de chevaux, chacun avec “son” ancêtre ;
–   Franck (1875) distinguait plus simplement, parmi les chevaux domestiques, les chevaux d’origine orientale à “sang chaud” et les chevaux d’origine occidentale à “sang-froid” ;
–   Antonius (1922) différenciait les trois groupes suivants: Equus orientalis descendant du Tarpan, Equus férus descendant du Cheval de Przewalski et Equus robustus descendant des chevaux pléistocènes d’Europe occidentale (cheval germanique…).

Ces théories sont aujourd’hui dépassées et l’on en revient à l’opinion première de Darwin (1868), qui admettait l’origine mono spécifique du cheval domestique. Mais, dans l’aire de distribution eurasiatique encore très vaste que conservait le cheval holocène, on conçoit que de nombreuses formes locales se soient trouvées, adaptées à des conditions de milieux diverses, et que la domestication du cheval, si elle a été pluri- centrique, ait pu faire appel à différentes formes sauvages de la même espèce, comme ce fut le cas du chien ou du bœuf.
Des formes locales de chevaux, on en connaît au moins deux, l’une en Europe, récemment disparue, le Tarpan (mot kirghize pour cheval sauvage), et l’autre en Asie centrale, toujours vivante, le Cheval de Przewalski (ou Taki, en Mongol). Ce sont les ancêtres du Tarpan qui ont été domestiqués, sous leur forme steppique (Europe orientale), scythe (Balkans et Anatolie), sylvestre (Europe occidentale du Nord) ou lusitanienne (péninsule Ibérique).

POURQUOI LE CHEVAL FUT-IL DOMESTIQUE?

 

Ce n’est certainement pas parce que le cheval est plus abondant sur certains sites de la fin du néolithique de l’Europe centrale qu’il faut en conclure qu’il était nécessairement domestique: il a pu être chassé, comme
il l’avait été aux temps paléolithiques. Disposant déjà des principales espèces productrices de viande (mouton, chèvre, bœuf et porc), l’homme aurait été curieusement inspiré, a priori, d’entreprendre la difficile domestication d’un animal puissant et rebelle dans ce seul but. En revanche, rien ne s’opposait à ce qu’on le chassât, sans pour autant avoir dû le domestiquer, lorsqu’il fut redevenu localement abondant.
D’autres raisons de la domestication du cheval doivent donc être recherchées, qui seraient plutôt d’ordre culturel et économique, et qui sont certainement en relation avec l’habitat naturel des hommes, l’immensité des étendues de l’Europe orientale et ses ressources. Anthony fait une analyse approfondie des circonstances écologiques et anthropologiques qui ont entouré le contexte de Serednij Stog. Il souligne que l’innovation – en l’occurrence la domestication d’une nouvelle espèce – est fille de la nécessité : une pression démographique s’est exercée aux limites de la steppe ukrainienne et des forêts bordant les fleuves, zones écologiquement les plus riches. Des populations néolithiques de la culture de Cucuteni-Tripolije se sont déplacées jusqu’au Dniepr, où elles sont entrées en contact, vers 4500 av. J.-C., avec les populations mésolithiques de la culture indigène Dniepr-Donets I, auxquelles elles ont communiqué les techniques de l’élevage pastoral.
L’accroissement de la population aurait déterminé une diminution des ressources naturelles, compensée par l’élevage et la culture de l’orge. Mais la démographie et la sédentarisation firent reculer les bois et leurs habitants, gibiers privilégiés; le cheval, qui hantait la steppe de l’arrière-pays, prit de l’importance dans les tableaux de chasse. La culture Dniepr- Donets II se convertit, vers 4200 à 4100 av. J.-C., dans la culture Serednij Stog, qui est marquée par la déforestation, une plus grande dépendance vis-à-vis des ressources de la steppe et de l’utilisation du cheval. Entre 4300 et 3800 av. J.-C. survint un épisode climatique plus froid, l’oscillation de Piora; ce passage fut peut-être un auxiliaire précieux dans le processus de la domestication, en motivant les hommes, dont les troupeaux de moutons et de bœufs résistaient mal au refroidissement. Les chevaux constituaient une réserve alimentaire mieux adaptée aux rudes conditions, il devenait avantageux de la contrôler. On est donc encore loin des débuts de l’équitation au sens propre du terme.
Au début des âges des métaux, il devenait urgent de développer les moyens de transport des combustibles et des métaux. Connaissant déjà la “technologie” de la traction par les bœufs, probablement aussi par les ânes, il suffisait d’y adapter le cheval. Mais cette proposition est en réalité plus un effet qu’une cause de la domestication du cheval, car les conséquences d’une innovation ne peuvent pas être anticipées. La question, on le voit, reste ouverte.
Extrait d'un article sur WIKIHORSE

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