1 juillet 2024

Boîte 1/5 : Achille Zavatta, l'homme qui rendit le clown plus humain, pour le MIAP de Christophe

Pour répondre à son appel sur le Monde du Cirque, je complète mes précédents envois pour le MIAP de Christophe : n'hésitez pas, si vous avez aussi envie de participer, il vous reste une quinzaine de jours pour le faire. 

Cette fois, j'ai décidé de créer une mini série de cinq boites rondes, en 3D,  afin de célébrer les artistes circassiens ayant apporté beaucoup à leur métier de  clown, le plus connu, mais qui,  souvent, ont exercé d'autres fonctions à l'intérieur du cirque ou en rapport avec ce dernier.

J'espère qu'elle parviendront chacune à l'adresse de Christophe, à qui j'ai voulu faire une réponse, sous la même forme de boite à camembert garnie, que son appel. Je lui en souhaite bonne réception 

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Achille Zavatta, artiste complet, fut l'homme qui révolutionna le cirque  
(1915-1993)



L’extraordinaire destin d’Achille Zavata, un Auguste exceptionnel.

Photo relevée sur le site de l'Ina sans nom d'auteur
La saga d’Achille Zavatta narre sa petite enfance en Afrique du Nord avec le cirque de son père Frederico, son apprentissage avec ses frères, son premier numéro le trio Fortunello avec Michel et Rolph, ses acrobaties et la voltige à cheval avec sa sœur Eléonore…

Son arrivée en France au Cirque Lamy, puis au Zoo Circus, chez Pinder, au chapiteau du Cirque de Paris, au French Circus Farina en Espagne, aux Arènes Olympiques à Marseille… Achille devint ensuite le partenaire de son frère Michel dans un numéro de perche portée, puis participa au quadruple jockey au Cirque Wilhelm Hagenbeck dirigé par Alfred Court. En 1932, au Cirque Figuier, Achille devint l’Auguste Alphonso dans le trio Zavatta, avec son père Frederico et son frère Michel.

Deux ans plus tard, il se mariait avec Julia Moore et rencontra le clown Robert Despard-Plège avec qui il se produisit au Cirque André Rancy, fin décembre 1934.

En mars de l’année suivante, le duo Despard et Zavatta débutait au Cirque Hiver Bouglione, établissement dans lequel Achille resta une vingtaine d’années. En plus de leurs entrées, ils participèrent aux opérettes à grand spectacle comme La Perle du Bengale, Princesse Saltimbanque ou Le Courrier du Texas. Le duo se transforma ensuite en trio avec Oscardos Detry et participa à La Princesse de Saba. En 1938, Achille fit équipe avec son frère Michel et Oscardos, puis encore en trio avec Michel et Martin Sosman. L’année suivante, ils furent les héros de L’idole de Shanghai.

L’hiver, Achille retrouvait avec joie son public parisien qui l’attendait avec impatience. En 1948, Achille faisait équipe avec son frère Rolph, avec qui il entreprit notamment une grande tournée en Italie, au Maroc et en Algérie.

Toujours avec ses associés, Achille monta ensuite le Super Circus avec des vedettes de la chanson comme Tino Rossi et Jacques Hélian, puis l’année suivante, Edith Piaf, La famille Duraton et à nouveau l’interprète de Marinella. En hiver, Achille retrouvait ses amis Alex et Polo Rivel. Au Super Circus, en juillet 1953, Achille entra courageusement dans la cage aux lions pour sauver la vie du dompteur Maurice Froment, attaqué par ses fauves.

Achille, Star du Cirque

Jérôme Medrano l’engagea en vedette pour la saison 1955/1956. Ce fut une consécration parisienne. Au cours du spectacle Chesterfolies 56, mis en piste par Gilles Margaritis, il donna toute la mesure de son talent, en interprétant plusieurs sketchs sensationnels comme l’écuyère, mademoiselle Zaza, le dompteur Zavatarzan ou Soir de réveillon. Dans ce festival Zavatta, Achille s’était affranchi du personnage du clown et avait pris comme faire-valoir l’excellent présentateur Jean Dréna. De toutes parts, les propositions affluèrent.

Gilles Margaritis en fit son enfant chéri pour ses émissions télévisées comme la Piste aux Etoiles. De vedette, Achille Zavatta devint une star ! Il enregistra son premier disque, tourna dans le film Du Sang sous le chapiteau, enchaîna deux tournées avec le Cirque des frères Amar dont les affiches annonçaient Le clown le plus payé du Monde. Il fut programmé dans plusieurs music-halls, comme à Paris, l’Olympia, le Théâtre de l’Etoile, Bobino et Pacra, interpréta au théâtre « Voulez-vous jouer avec môa » de Marcel Achard et fut la vedette du feuilleton télévisé Le trésor des 13 maisons.

Un malencontreux concours de circonstance fit que le 2 décembre 1959, au moment où il présentait son fameux sketch du saut à la batoude à la Piste aux Etoiles, le barrage hydraulique de Malpasset céda brusquement, dévastant la ville de Fréjus et sa région. Vedette internationale, Achille Zavatta devint l’ambassadeur du rire français au Cirque de Leningrad et à celui de Moscou.

 Chansons, Cinéma, Télévision, Cirques

Après un retour à Medrano en 1961, il enregistra quelques disques de chansons, tourna dans plusieurs films, tout en continuant ses tournées avec des cirques comme Francki, Spirou de Jean Nohain ou Circorama des frères Gruss. Son grand ami Jean Richard le prit comme vedette de son cirque pendant deux saisons, puis de sa nouvelle unité Pinder-Jean Richard.

Touche à tout de talent, il dirigea, un temps, le cabaret Kiss me et revint dans le monde du Cirque où il fut la tête d’affiche du chapiteau Zavatta dirigé par ses enfants Lydia, William et Willie. Achille retourna au Cirque Amar, dirigé par Firmin Bouglione Junior. Après s’être remarié avec Annick, Achille monta, en 1978, son propre cirque.

Malgré des débuts relativement modestes, il n’hésita pas à se mesurer aux plus grands, et à sortir victorieux de ces contrecarres. Trois ans plus tard, son épouse qui, par amour, était devenue trapéziste, tombait de son agrès…

Le Cirque Zavatta

En décembre 1982, Achille montait, à Paris, sur la Pelouse de Reuilly un énorme chapiteau à 8 mâts pour y présenter un spectacle composé d’attractions internationales. Deux ans plus tard, en plus de son immense tente, il loua le Palais Omnisports de Paris-Bercy et engagea le fameux American Circus de la famille Togni.

Chaque année, les tournées s’enchaînèrent jusqu’en 1987, où l’entreprise connut quelques difficultés, dont un incendie qui endommagea une bonne partie des véhicules. Achille eut des soucis de santé qui l’obligèrent à ne plus se produire en piste, pour mieux se consacrer à la direction de son cirque. Deux ans plus tard, deux chapiteaux tournaient sous la même enseigne. En 1990, Achille présentait un spectacle à grande mise en scène, le Cirque de Mexico, qu’il emmena en tournée l’année suivante. Les mauvaises recettes du début de saison ajoutées aux frais trop importants de sa nouvelle production, l’obligèrent à arrêter la tournée. Il monta néanmoins, pour l’hiver, un dernier spectacle intitulé La légende du Nil.

Retiré du monde du spectacle, Achille vendit son cirque à un agent immobilier qui ne sut mener à bien cette entreprise. Pendant la dernière année de sa vie, Achille mena une lutte acharnée contre la maladie, et à bout de force, se donna la mort.

Artiste complet

Incontestablement, pendant un demi-siècle, Achille Zavatta fut plus qu’une étoile de la Piste, puisqu’il se produisit également au music-hall, au théâtre, au cabaret, au cinéma, à la radio et à la télévision. Artiste complet, il a été cascadeur comique, acrobate au tapis, clown de reprise, sauteur à la batoude, voltigeur à cheval, perchiste, contre-pitre, danseur acrobatique, comique à cheval, Auguste musical, comédien, mime, chanteur, acteur, dompteur et même ballerine à cheval…

En dehors de la piste, il pratiqua tous les emplois du cirque, de palefrenier à PDG. en passant par monteur, afficheur, électricien ou chauffeur de poids lourd. Sa renommée, amplement méritée, fut à la hauteur de son talent.

Source : article de Dominique Denis extrait de "Extrait de : Achille Zavatta – Star du Cirque – Arts des 2 Mondes (en cours de réédition)

 
Vidéo "Comment Zavatta révolutionna le cirque" publiée sur la chaine Youtube de France Culture
Achille Zavatta dans le sketch du repas de l'homme sandwich Vidéo publiée sur le Youtube de Georges François 

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« Le cirque, ça sent la poudre de maquillage,
la barbe à papa, ça sent la joie,
l’insouciance et l’émerveillement.
Le cirque, ça respire la vie.
Ça respire la fête.
Ça inspire l’amour. »
François Morel

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