29 septembre 2025

La vie en rose et en plumes, de la part de Nadine

Troisième et dernier courrier en provenance de la Suisse et celui-ci me change des couleurs des missives reçues habituellement : d'ailleurs mon interlocutrice Nadine, facétieuse, l'a adressé à Dentellerose cette fois!

Tout comme l'enveloppe délicieusement couverte de plume et de duvet blanc et rose, c'est une missive pleine de douceur  et d'attentions : dans ce monde qui marche sur la tête, qu'il est bon de lire les mots plein de sagesse de Nadine. Je suis admirative de cette factulté qu'elle a et qu'elle cultive d'arriver à se mettre en retrait de tout ce qui est facheux, et de rester ouverte au positif afin de voir le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide. C'est une qualité qui ne m'est pas donnée hélas, et je le regrette bien. 

Chère Nadine, je te remercie infiniment de cette magnifique enveloppe et de tout ce que tu me racontes : tu as pu passer un bel été, entre visites des amis, randos, expositions et concert... c'est super tu as pu faire le plein de bonnes énergies et je m'en réjouis pour toi. 

Alors bonne entrée dans l'automne, et à bientôt dans ta boite aux lettres. 

Fantômes de papier en visite au Château de Nyon + beaux timbres , de la part de Martine

Cette deuxième missive m'arrive également de Suisse, de la part de Martine, une autre belle personne rencontrée à la Distylerie, passionnée d'exposition et aimant l'art.  


En plus de m'adresser de superbes scènes à l'intérieur du Chateau de Nyon  où des personnages de papier en habit d'époque trônent dans de superbes décors:

l'enveloppe de Martine, affranchie avec  nouveaux timbres suisses contient à l'intérieur des trésors philatéliques : 

- le  magnifique timbre suisse en tissu avec la colombe de la paix
- le timbre suisse dédié à l'art avec la représentation d'une toile d'araignée
  
Et comme Martine rentre d'un beau voyage en Islande, je trouve également à l'intérieur deux pépites : un timbre ancien islandais de 1956 plastifié et monté en magnet ainsi qu'une planche de 4 timbres islandais sur une variété d'éponge.

Je n'ai pas les mots pour remercier de si belles attentions venues de personnes rencontrées à la Distylerie, dans une activité qui n'avait rien à voir avec l'art postal ; Martine fait partie de ce groupe et je n'en revient pas d'avoir autant touché mes interlocutrices l'été dernier lorsque je leur ai parlé de ma passion pour l'art postal. 

Je suis tellement reconnaissante, et je te remercie infiniment Martine pour ces cadeaux incroyables : même si je ne suis pas philatéliste, il est évident que ces belles pièces sont à conserver comme des trésors. Encore un énorme merci, vraiment!

Cadeau textile brodé et mains d'artiste de la part de Mireille

Aujourd'hui, après plusieurs semaines très troublées au niveau de la distribution postale, je reçois trois courriers en provenance de Suisse: je suis vraiment très gâtée!

Le premier est en fait un cadeau de Mireille que j'ai connue à la Distylerie : c'est une pochette cousue et brodée aux couleurs des fleurs alpines, envoyée sous pli plastique avec des timbres représentant des mains, ce qui est bien vu étant donné que ma correspondante est calée en couture et qu'elle est aussi amatrice d'art textile et de broderie, à défaut de pratiquer l'art postal. 

Chère Mireille,  je t'ai précédemment envoyé un mail-art textile car je te l'avais promis cet été mais je n'attendais rien en retour  : alors, comme je te remercie d'avoir eu la belle attention d'y répondre avec ce cadeau que tu as intégralement réalisé de tes mains. Cela me touche beaucoup, merci infiniment.

Entre les deux, mon coeur balance, de Christian

Avec toute une série d'anciennes cartes postales,  kitschissimes à souhait, Christian a bricolé à son habitude des compositions rocambolesques en combinant une carte complète dessous et un morceau de de visage de femme dessus afin d'obtenir un volume et de générer de la surprise ...

Voilà, je vous présente donc le personnage qu'il a appelé "Adèle Scotte" - je dois cette fois avouer que je sèche totalement sur cette appellation - dont les tons de sépia mêlés au rose sont plein de douceur et de mélancolie. 

Elle a mis le temps pour arriver mais ta composition est intacte. Merci Christian pour cet envoi plein de douceur et de mélancolie, c'est très sympa d'avoir pensé à moi dans cette nouvelle série "piles de face mais de profil".

Terminaison florale d'un bouquet en art Fraktur, pour Chantal

Je n'en finis pas d'explorer cet art populaire qu'on dit "Fraktur" que je vous ai déjà longuement détaillé ici, ou encore ici

Cette fois-ci, pour Chantal qui aime les fleurs et les jardins, j'ai trouvé sympa d'enrichir de quelques perles et embellissement cette représentation de végétaux en fleurs avec une terminaison florale d'une extrême finesse, en  pur style Fraktur, apparemment une pièce créée aux alentours de 1760. 

Crédit : Collection du cloître d'Ephrata en Pennsylvanie
Les premiers fraktur créés en Amérique du Nord ont été dessinés par des artistes du cloître d'Ephrata vers 1760.
 Les premiers fraktur ont été créés avec des encres, des peintures et du papier produits au cloître.
J'espère que ce mail-art te trouvera en pleine forme : je t'en souhaite une très bonne réception, chère Chantal. 

Classe des Papillons, pour Sasha

"Même pour le simple envol d’un papillon, tout le ciel est nécessaire.» Paul Claudel

Depuis la rentrée de Sasha en grande section de maternelle, début septembre, la voici devenue papillon en compagnie des autres garçons et fillettes de sa classe : je ne pouvais pas manquer de marquer le coup en lui adressant ce mail-art brodé où un papillon machaon aux ailes noires et jaunes caractéristiques vient délicatement sur poser sur une fleur pour se nourrir de son nectar. 

 papillon Machaon sur fragment de napperon ancien brodé

Continues de bien travailler à l'école Sasha, ta mamie est particulièrement fière de toi.

Ce panda a trouvé un poste d'observation idéal, pour Léo

Même si c'est sous la forme de peluches, le panda est l'animal préféré de Léo : alors aujourd'hui, pour lui faire plaisir et parce que je suis fière de lui, maintenant qu'il s'est lâché et qu'il a fait ses premiers pas en toute liberté, je lui envoie son animal mascotte.
Image rebrodée d'un panda Géant en Chine - Photo de Yukihiro Fukuda, publiée sur National Geographic 
Celui-ci a décidé d'occuper un poste d'observation de choix, pour te faire un coucou Léo, depuis ses lointaines montagnes de Chine. Bonne réception.

27 septembre 2025

Quand la parodie et l'actualité nous font bien plaisir : écoutons les Goguettes

Merci de chanter et d'enchanter l'actualité. 
En attendant que nous plongions et crevions encore
Palme d'or à ce groupe.
Quelqu'un qui m'a dit ...
Vidéo Youtube du groupe Les Goguettes

25 septembre 2025

Projet Conte & Mail-Art Le Cor Beau : Epilogue de Françoise

Quelle jolie surprise aujourd'hui dans ma boite aux lettres! J'y ai trouvé une enveloppe décorée joliment sur les deux faces, et bien gonflée! Les timbres sur le thème du conte, les photos sur les corbeaux et une danseuse, et le  nom de l'expéditrice, Françoise Tournet : plus de mystères, j'ai compris que je recevais là un très très beau cadeau! 

Françoise, conteuse et mail-artiste à l'occasion est à l'origine de ce projet un peu fou qui mêlait conte et art postal : nous étions cinq personnes en tout sur le projet et voici qu'aujourd'hui c'est l'épilogue de cette magnifique histoire. Elle m'envoie le dépliant complet de notre conte mail-arté "Le Cor beau"

Pour ceux qui n'auraient pas suivi, voici comment a commencé cette aventure originale. Une publication intermédiaire vous montrait le dépliant inachevé avec le mail-art d'un côté et sur l'autre le texte associé.

Je reprends ci-après le déroulé complet du conte, cette fois en  essayant de  faire se juxtaposer l'image et le texte associé pour vous en permettre une lecture optimisée.

Merci infiniment Françoise pour cette magnifique idée que tu as eu là : cela aura été une superbe et riche aventure collaborative entre une conteuse, un artiste, une poétesse, une peintre et une bricoleuse textile qui se termine... en ce qui concerne le projet intial.

Cependant, comme l'idée en avait été émise dès le début, il pourrait être intéressant de poursuivre l'expérience à nous cinq, en démarrant un nouveau projet "Conte + Mail-Art" dans quelque temps. Ce serait dommage de laisser tomber une si belle initiative, non? Alors, à bientôt peut-être pour de nouvelles aventures Françoise, Patricia, Cathy et Eric!

24 septembre 2025

Destinataires multiples pour 16ème édition de la JMFTA du jeudi 20 novembre 2025

Comme chaque année quand revient l'automne, nous attendons avec impatience l'Appel à Artiste de Tony Mazzocchin à propos de la nouvelle journée de créativité débridée qu'est la Journée Mondiale du Faux-Timbre d'Artiste.

Je vous relaie donc ici  l'appel de Tony  pour lancer la 16e édition de la JMFTA  : n'hésitez pas à le diffuser largement !

APPEL À ARTISTE

16ème Journée Mondiale du Faux Timbre d'Artiste

Le jeudi 20 novembre 2025 sera le jour de la 16ème Journée Mondiale du Faux Timbre d'Artiste.

Cette année il n’y a pas de destinataire unique...cette année il doit y en avoir 1000, 10000, 100000 de destinataires et pourquoi pas un million !

Le jeudi 20 novembre 2025, choisissez vos destinataires !

Envoyez des enveloppes d’art postal à vos amis, connaissances, avec une unique contrainte : un faux timbre à la place de l’affranchissement officiel.   

Faites exploser votre créativité. Toutes les techniques sont admises (collage, dessins, aquarelle, gouache, photos, objets, etc).

Vos lettres doivent être postées uniquement le jeudi 20 novembre 2025         

Faites apparaître sur l'enveloppe la mention:«16ème JMFTA». 

ATTENTION: ne collez surtout pas de vrai timbre sur l'enveloppe car l'envoi n'aura plus aucune valeur artistique!!!

Merci de transmettre cet appel à vos réseaux ou à vos connaissances.

…scannez ou photographiez votre enveloppe avant de la poster,

et envoyez-moi le visuel par mail: tonyaime@orange.fr

Toutes les créations seront aussi publiées dans mon blog http://postenomade.over-blog.com et/ou sur mon compte Instagram mazzocchintony avec le #jmfta2025

Si vous avez aussi envie de m'écrire voici mon adresse postale :

Tony Mazzocchin 1, rue Rose Sage 38500 Voiron France

  

   Tony Mazzocchin  organisateur la JMFTA©

22 septembre 2025

Free Palestine : Partageons et unissons nos pensées pour son peuple , de la part de Sabine

Sabine m'adresse un mail-art très engagé pour la cause palestinienne avec des symboles forts comme les quatre couleurs du drapeau, le keffieh, le personnage d'Handala et une tranche de pastèque, aujourd'hui 22 septembre 2025. C'est la date à laquelle la France enfin se décide à se bouger pour faire reconnaître la Palestine comme état, lors d'un sommet de l'ONU à New-York. 

Evidemment cela intervient fort tard -alors que ce qu'il reste de Palestiniens est à l'agonie-. Depuis le sept octobre 2023 notre pays n'a pas levé le petit doigt pour entraver l'action totalement génocidaire  de Netanyaou et de son gouvernement d'extrême-droite sur Gaza ; mieux il a continué à lui livrer des armes, a maintenu toutes ses relations commerciales et diplomatiques avec Israël, et envoie la police contre les citoyens français qui osent arborer un drapeau aux couleurs de la Palestine dans la rue.

Enveloppe Recto
Enveloppe Verso

Oui, il y a deux poids, deux mesures dans notre Pays : tout le monde pouvait pavoiser sa maison aux couleurs de l'Ukraine lorsque ce pays a été attaqué par la Russie en 2022 (et j'en faisais partie) mais pour la Palestine, ce n'est pas permis : pourquoi ? parce qu'il s'agit de défendre un peuple arabe, comme si ces gens là n'avaient pas un coeur au même endroit que nous, et le même sang rouge qui leur coule dans les veines?

Ah elle est bien jolie notre humanité, totalement gangrénée par la propagande israélienne, qui fait comme si rien ne s'était passé avant le 7 octobre 2023 sur le territoire historique de la Palestine alors qu'il y a 77 ans que cela dure :  démarré en 1948 le conflit s'est encore aggravé en 1967, la portion de territoire laissée aux Palestiniens se réduit comme peau de chagrin, ils y sont devenus des "sous-habitants" soumis à des tas de brimades en permanence, se faisant sans cesse harceler par les colons qui n'hésitent pas à les chasser de leurs terres pour ceux qui en avaient encore en Cisjordanie.

Qui peut décemment croire que des bambins de la bande de Gaza, agés de quelques jours ou de quelques mois,  puissent être des terroristes complices du Hamas? Qui peut encore penser que tant d'écoles, d'hôpitaux, d'infrastructures nécessaires à la production d'électricité, à la fourniture de l'eau, soient autant de cibles militaires alors que celles-ci sont bombardées systématiquement pour réduire le peuple palestinien à l'horreur, à la déportation et à la famine? Qui peut croire qu'il n'y a pas de blocus à Gaza pour empêcher tout apport de secours et de vivres par le mer? Qui peut penser que tous les humanitaires des ONG et les services de presse ne sont là que pour aider les terroristes du Hamas, alors qu'Israël a fait le choix de les éliminer pour étouffer tous leurs témoignages et supprimer toutes les aides possibles aux gazaouis!

Voulez-vous une preuve de plus : les Israéliens bombardent une cible en deux temps, sachant qu'à la deuxième frappe, ils pourront tuer un maximum de secouristes et d'autres personnes de la famille venues secourir les blessés! Oui tous ces gens-là, majoritairement des civils, sont exterminés sciemment  : ce sont de vrais crimes contre l'humanité qui sont perpétrés ici!

Et nous devrions nous taire face à une telle boucherie! Moi, cela me fait hurler!  

Je te remercie Sabine, pour ce mail-art particulier, si plein de belle humanité et de compassion pour ce peuple martyr. 

B61- Jardin aux couleurs de l'automne, en son premier jour, de la part de Claire

Waouh, que voilà une belle réalisation avec beaucoup de recherche entre les  motifs du tissu de base, les  formes et couleurs des timbres et des boutons, dans une belle harmonie automnale ! 

Claire me fait un bien joli cadeau avec son jardin d'automne, qu'elle mitonne pour moi depuis un bon moment, collectant patiemment les différents boutons et attendant que ce soit vraiment la saison pour me l'envoyer sans "fausse note".

Il a mis beaucoup de temps pour arriver jusqu'à moi mais il a bien fait de tarder un peu dans les circuits de distribution de la Poste car je l'ai reçu dans ma boite aux lettres pile-poil le jour officiel du changement de saison. 

Un très grand merci à toi, Claire, tu m'as réellement gâtée. 

21 septembre 2025

Ce week-end, les Journées du Matrimoine ont 10 ans : Les femmes ne sont pas que des muses !

Créées en 2015 à l’initiative de l’association HF Île-de-France, les Journées du Matrimoine font écho aux Journées du Patrimoine pour faire émerger «l’héritage des mères» et rendre visibles leurs œuvres. Elles se déroulent chaque année au cours du week-end de la 3ème semaine de septembre.

Portrait de la concertise Louise Farrenc (née Jeanne-Louise Dumont)- (1804-1875), la figure Matrimoine 2020 -
ca. 1855, Bibliothèque nationale de France..

Les journées du Matrimoine ambitionnent de faire connaître et de rendre visibles les femmes du passé, par le biais d’une programmation culturelle variée. Parcours, visites, expositions, installations, spectacles, performances, concerts, conférences, lectures, projections…. de nombreux événements sont proposés gratuitement au public tout au long du week-end. Les journées du Matrimoine s’adressent à un public large, de tous âges.

Chaque année, cette manifestation culturelle accueille davantage de visiteur·ses et bénéficie d’une couverture médiatique croissante. De nombreuses initiatives se développent sur le territoire français et au-delà des frontières (Belgique, Espagne, Royaume-Uni, Italie…). La conviction que l’égalité entre femmes et hommes passe par la valorisation de l’héritage des femmes est donc désormais largement partagée, par le public et une partie des institutions. On peut ainsi parler d’effet Matrimoine.

Longtemps invisibilisées, les artistes féminines reprennent leur place dans notre mémoire collective. En parallèle des Journées européennes du Patrimoine, les Journées du Matrimoine nous font découvrir les contributions des femmes à la culture. Parcours, visites, expositions, installations, spectacles, performances, concerts, conférences, lectures, projections…. de nombreux événements sont proposés gratuitement au public tout au long du week-end, dans toute l'Île-de-France. Les journées du Matrimoine s’adressent à un public large, de tous âges.

 *** Le matrimoine n'est pas une notion récente ***

source : Wikipédia

Le matrimoine culturel est l'héritage culturel légué par les générations de femmes précédentes. Bien que le terme matrimoine existe depuis le Moyen Âge pour décrire les biens hérités de la mère, il fut supplanté par la notion de patrimoine et son usage resta longtemps limité. À partir des années 2000, la notion réapparaît dans un sens nouveau sous la plume d'auteurs souhaitant insister sur le rôle des femmes dans le développement culturel.

Étymologiquement, matrimoine est un dérivé du latin mater, «la mère»

Matrimoine est emprunté au latin impérial matrimonium, mariage, et à son pluriel matrimonia, les femmes mariées. Ceux-ci ont donné l'ancien français matremuine (1155), matremoine (1356), matrimoigne (1380) puis matrimoine en 1408. Ce dernier désigne dès lors l'ensemble des biens, des droits hérités de la mère, comme son vocable dérivé du latin mater, la mère, le suggère. C'est là une forme de legs parmi les plus courants.

Historique :

D’après Le Robert historique de la langue française, le mot apparaît dès 1155 en ancien français sous la forme de matremuine. On le retrouve en 1160, dans un manuscrit du poète anglo-normand Wace Au Moyen Âge, quand un couple se mariait, il déclarait son matrimoine d'une part, biens hérités de la mère, et d'autre part son patrimoine, l'héritage paternel.

Enluminure de 1413 montrant Christine de Pizan présentant ses Épîtres du Débat sur Le Roman de la Rose à la reine Isabelle de Bavière. Coll. BnF, Paris © Heritage Images / Fine Art Images / akg-images

Le terme patrimoine, à l'instar de matrimoine, dérive du lexique latin qui connaît patrimonium, lui même dérivé du latin pater, le père. Au XIIe siècle, patrimoine supplante progressivement matremoigne jusqu'à l'éclipser totalement. Cependant on rencontre le mot matrimoine encore au XIVe siècle. En 1408, l'orthographe du mot évolue de «matrimoigne» à « matrimoine ».

Le mot matrimoine est utilisé dans la traduction de La Cité des dames de Christine de Pizan (1405) réalisée par Thérèse Moreau et Éric Hicks en 1986 : «mes cheres dames si ne vueillés mie user de ce nouvel heritage sicome font les arrogans qui deviennent orgueilleux quant leur prosperité croist et leur richece multiplie» / «mes chères amies, ne faites pas mauvais usage de ce nouveau matrimoine, comme le font ces arrogants qui s’enflent d’orgueil en voyant multiplier leurs richesses et croître leur prospérité".

***

Pour en savoir davantage, quelques liens intéressants sur les femmes à découvrir :

* lien sur le site  Si/si les femmes existent, mémoire poétique :

C'est une association, loi 1901, dont le but est de faire sortir des oubliettes de l'Histoire une série de femmes remarquables. Notre démarche est née de la lassitude d'entendre dire que s'il n'y a pas de femmes dans les livres d'Histoire, les manuels scolaires, les maisons d'édition, musées, saisons théâtrales et autres diffuseur.se.s de culture, c'est parce qu'il n'y en a pas. Si, si, il y en a ! Les femmes méritant de figurer dans nos mémoires existent, elles sont nombreuses, mais nous ne les connaissons pas.

* lien sur le programme des Journées du Matrimoine 2025 en régions : renseignez vous pour ce qui est organisé près de chez vous. 
journées du Matrimoine 2025 en Ile de France  
journées du Matrimoine 2025 en Normandie
- etc...

18 septembre 2025

EL164 - Maharajah et ses éléphants, de la part de Thérèse

Il y a bien longtemps qu'un éléphant était venu compléter ma collection et même s'il a mis du temps à arriver jusqu'à ma boite aux lettres, je l'apprécie tout particulièrement,  vous allez comprendre pourquoi.

C'est Thérèse ma correspondante nordiste, qui se desaisit de l'un de ses trésors pour m'en faire le cadeau... si cela,  ce n'est pas de la confiance et de la générosité! En effet, sa composition est partie d'un d'un dessin croqué par sa fille lorsqu'elle avait 15 ans et déjà un joli coup de crayon.Trente quatre ans plus tard, Thérèse remet la main dessus en faisant du tri et décide de m'en faire un mail-art, génial. Une précision :  adulte, sa fille est devenue... prof de dessin!

J'adore le mail-art pour cela, pour les belles histoires qui sont tissées entre nous, pour le recyclage d'objets du passé, désuets, ou pour certains souvenirs auxquels on veut donner une autre vie, pour prolonger et entretenir les liens que nous avons noués au fil des années, avec sincérité et amitié. 

Extrêmement touchée par cet envoi, je te remercie grandement, chère Thérèse.

Moisonner le riz à grandes brassées, de la part d'Anne

Comme je suis contente d'avoir reçu une réponse mail-artée d'Anne au tout premier courrier que j'ai osé lui adresser. 

Sur un fond bleu qu'elle a peint, figurent deux femmes semblant s'activier à une moisson mais Anne ne s'en souvient plus très bien de quel film italien ancien elle s'était inspirée. 

Après en avoir parlé avec une amie cinéphile, j'ai retrouvé que cette scène était extraite d'un plan du célèbre et magnifique film italien  "Riz amer" de 1949 tourné par Giuseppe de Santis.

Un film noir intense à dimension sociale puissante dans l'Italie pauvre d'après-guerre, avec des scènes d'une beauté absolue, porté par un casting séduisant, irradié par la sensualité torride de Sylvana Mangano. Un classique du cinéma néoréaliste italien ( https://www.iletaitunefoislecinema.com/riz-amer-riso-amaro-giuseppe-de-santis-1948/)
( https://www.iletaitunefoislecinema.com/riz-amer-riso-amaro-giuseppe-de-santis-1948/)
Dans tous les cas, c'est bien joli et original, je n'avais pas encore reçu d'art postal comportant une sérigraphie. Anne, je te remercie beaucoup d'avoir été si réactive pour me répondre avec cette jolie création. Je te souhaite une belle fin d'été.

17 septembre 2025

Handala, icône de la résistance palestinienne, de la part d'Eric

C'est avec beaucoup d'émotion que je publie aujourd'hui l'enveloppe que m'a adressé Eric : elle contient à la fois toute l'horreur que vivent les Palestiniens au quotidien, mais aussi tout leur esprit de résistance avec ce petit personnage dessiné, Handala, inventé par le dessinateur de presse Naji Al-Ali.

à noter la petite fleur que Handala tient dans ses mains 

Ce dessin de gamin m'intriguait, je l'avais déjà repéré mais dont je ne connaissais absolument pas son origine ni toute l'histoire de son créateur. J'avais juste remarqué qu'un des bateaux de la Flottille en route pour briser le siège de  Gaza portait son nom, 

Je remercie vivement Eric de cet envoi et je relaie avec son accord l'article publié hier sur son blog, dont la lecture donne à penser vraiment sur ce qui se passe là-bas et depuis bien longtemps. 

***

« Il a tout d’abord été un enfant de Palestine pour ensuite devenir un enfant arabe et un enfant de l’Humanité » (Citation reprise dans l’avant-propos de « Le Livre de Handala », Naji Al-Ali, 2011, p. 5.)

Handala - Naji Al-Ali

C’est l’histoire des Palestiniens et du conflit israélo-arabe. C’est l’histoire de Handala, jeune garçon de 10 ans aux mains serrés et aux cheveux hérissés qui tourne le dos aux spectateurs parce qu’il se sent trahi. C’est l’histoire d’une indignation face à une situation vécue comme une injustice, mais plus que tout c’est l’histoire d’un combat, celui d’un enfant qui refuse de grandir pour ne pas se résigner, qui refuse de baisser les bras devant l’adversité. Handala incarne les souffrances et les espérances de son créateur, le dessinateur Naji Al-Ali et, à travers lui, celui du peuple palestinien. Handala n’acceptera de se retourner que lorsque son peuple aura un Etat [1]. Depuis sa naissance dans les années 60, son combat n’a pas pris une ride.

Naji Al-Ali : sa vie, son combat

« La Palestine est une de mes principales indignations. Les dessins de Naji Al-Ali la justifient et la renforcent. Sans doute parce qu’ils portent l’histoire des réfugiés palestiniens, ceux dont le sort est le plus incertain, bien qu’ils soient la racine de cette douloureuse et injuste histoire. Mais Naji Al-Ali, c’est aussi une création, et donc une résistance vivante. La puissance de sa non-violence l’a tué. Mais son espérance n’en est que plus à venir. » [2] (Stéphane Hessel, ancien ambassadeur de France, auteur de Indignez-vous !)

Qui est Naji Al-Ali ?

Vers 1937, année de sa naissance, Al-Shajara est encore un village palestinien situé dans le district de Tibériade, en Galilée, entre Nazareth et Tibériade. En mai 1948, après plusieurs jours de combat, l’armée israélienne s’empare et détruit le village, dont seules quelques décombres subsistent aujourd’hui, comme en témoigne l’historien Palestinien Walid Khalidi en 1992 : « les ruines des maisons et des barres d’acier brisées dépassent des lits de végétation sauvage. Un côté d’une porte voûtée tient toujours » [3]. Al-Shajara est l’un des près de 500 villages à avoir été détruits pendant la « Nakba » (catastrophe), et le jeune Naji, alors âgé d’une dizaine d’années, se trouve parmi ceux qui fuient les combats, parmi les plus de 750 000 réfugiés palestiniens [4] qui ont abandonné plus de la moitié de leur terre aux Israéliens. Lui et sa famille trouvent refuge au camp d’Aïn Al-Helwa, près de Saïda dans le sud Liban. Cette expérience marque sa vie et son œuvre jusqu’à sa mort : « De ces regards dans les yeux de nos mères et pères qui ne parlaient pas de faits, mais exprimaient une tristesse qui était la langue dans laquelle nous découvrions le monde, un langage de la colère qui trouve parfois son débouché dans le discours, parfois dans les actes. La plupart des garçons et des filles de la génération des années cinquante, à laquelle j’appartiens, a ressenti un profond sentiment d’abattement » [5].

Parallèlement à ses études en mécanique et en génie électrique dans un institut professionnel de Tripoli et à son activité d’ouvrier saisonnier agricole, il ne tarde pas à s’exprimer sur ce qu’il considère comme une injustice : dessiner sur les murs et les sols du camp de réfugiés, improviser avec ses camarades des pièces de théâtre prenant pour sujet la Palestine et la vie des réfugiés, manifester avec les membres du Mouvement des nationalistes arabes (actes pour lesquels il se fera plusieurs fois arrêter), tous les moyens sont bons.

Après une brève expérience à Djeddah, en Arabie saoudite, où il travaille comme tourneur de 1957 à 1959, il rentre au Liban où il décide de reprendre des études artistiques à l’Académie libanaise d’art en 1960. Cette expérience sera de courte durée. Sa participation dans le journal politique manuscrit Al-Sarkha (le cri), avec certains membres du Mouvement nationaliste arabe dont il a rejoint les rangs, lui vaut un bref séjour en prison. A sa sortie, il part pour l’école Jaafarite de Tyr où il enseigne le dessin pendant deux ans. C’est à cette période que sa vie bascule. L’écrivain Ghassan Kanafani (assassiné en 1972), en visite au camp d’Aïn Al-Helwa, remarque ses dessins et décide d’en publier quelques-uns dans le numéro 88 de la revue Al-Hurriya (La Liberté), le 25 septembre 1961.

En 1963, il part pour le Koweït où il exerce librement son art dans la revue d’opposition Al-Tali’a (l’Avant-Garde), puis au journal Al-Siyassa (La Politique) à partir de 1968 où il prêche l’espoir et la révolution. C’est là qu’il imagine le personnage de Handala, représentant sans détours et sans fioritures les problèmes auxquels les Palestiniens sont confrontés, nous plongeant par là même, avec une honnêteté parfois brutale, au cœur du conflit israélo-arabe. Quelques années plus tard, il retourne au Liban comme écrivain et caricaturiste pour le journal Al-Safir (L’Ambassadeur) à la demande de son éditeur en chef Talal Salman. Il est alors témoin et acteur de la guerre civile libanaise en 1982, année pendant laquelle il est détenu par les forces armées israéliennes avec d’autres réfugiés d’Aïn Al-Helwa. Il décide ensuite de repartir au Koweït où il travaille pour Al-Qabas (1983-1985), avant de s’en faire expulser sous la pression de Yasser Arafat. Eternel exilé, il doit quitter le monde arabe, craignant pour sa vie et conscient qu’il lui serait impossible d’y dessiner librement. Il part se réfugier à Londres où il intègre l’édition internationale du journal Al-Qabas. Son but : ne jamais oublier, toujours se battre pour la cause palestinienne : « J’ai toujours été troublé par mon incapacité à protéger les gens. Comment mes dessins allaient les défendre ? J’avais l’habitude de souhaiter pouvoir ne serait-ce sauver la vie d’un seul enfant » [6].

Mercredi 22 juillet 1987, vers 17h13, à Eves Street, au cœur de Londres. Sur son chemin vers les locaux du journal, Naji est victime d’un assassinat par balle. Le caricaturiste politique palestinien meurt de ses blessures cinq semaines plus tard, le 20 août 1987. Les commanditaires de son assassinat n’ont jamais pu être identifiés. Détracteur sans vergogne des régimes arabes et de l’occupation israélienne, Naji a été autant aimé qu’il a pu être détesté. Ses ennemis étaient nombreux et puissants, autorité palestinienne comprise - l’O.L.P l’aurait même menacé de représailles s’il ne corrigeait pas son attitude -, tant sa dénonciation était radicale et acerbe.

Porte-parole de la cause palestinienne, décrit par The Guardian en 1984 comme « la plus proche chose qu’il y ait d’une opinion publique arabe » [7], Naji Al-Ali a reçu de nombreuses distinctions. De son vivant, il obtient le premier prix de l’Association des caricaturistes arabes en 1979, et le premier prix ex-aequo en 1980. Un an après sa disparition, l’Union Internationale des éditeurs de journaux (FIEJ) remet en son nom à sa femme Widad et son fils Khaled le prix du Crayon d’or de la liberté, faisant de lui le premier arabe et le premier caricaturiste à en être honoré. Ses milliers de dessins [8] témoignent des souffrances du peuple palestinien autant qu’ils dénoncent la trahison et la corruption des régimes arabes.

Naji Al-Ali n’est plus, mais son œuvre lui survit. Et Handala, jeune garçon de 10 ans dessiné par Naji Al-Ali, se charge de poursuivre son combat.
Handala, « le gavroche palestinien [9] »

Son effigie est partout, taguée sur le Mur séparant Israéliens et Palestiniens, sur les porte-clés, les tee-shirts et même les pendentifs, représenté tel que Naji l’a imaginé : « Handala est né à l’âge de 10 ans et depuis son exil les lois de la nature n’ont aucune emprise sur lui. Il ne recommencera à croître que lors de son retour sur sa terre natale. Il n’est pas un enfant bien portant, heureux, serein et couvé. Il va nu-pieds comme tous les enfants des camps de réfugiés. Ses cheveux sont ceux de l’hérisson qui utilise ses épines comme arme. Bien qu’il soit rude, il a l’odeur de l’ambre. Ses mains, toujours derrière son dos, sont le signe du rejet des solutions porteuses de l’idéologie américaine. »

Ce personnage-culte, « aussi célèbre au Moyen-Orient que le keffieh », selon une expression de la journaliste Constance Desloire [10], s’inspire directement de la vie du caricaturiste. C’est vers l’âge de 10 ans que Naji fuit la Palestine, lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948. C’est la date de naissance d’un combat et d’un espoir, celui des réfugiés palestiniens qui veulent croire à un retour possible sur leur terre natale pour les uns, sur la terre de leurs ancêtres pour les autres. Avec Handala, Naji dresse un rempart symbolique contre le renoncement, et revendique le droit des Palestiniens à toute la Palestine historique. Handala, qui signifie « l’amertume de la coloquinte » en arabe, représenté pour la première fois le 13 juillet 1969 dans le journal koweitien Al-Siyassa, incarne cette espérance. Le jeune garçon, né le 5 juin 1967, se présente alors en ces termes : « Le nom de mon père n’est pas important, celui de ma mère est Nakba [la « catastrophe », l’exil de 1948], et ils ont appelé ma petite sœur Naksa [extension de la zone d’occupation israélienne après la défaite arabe dans la guerre des Six-Jours de 1967]. […] J’ai rencontré l’artiste Naji par hasard […]. Il m’a expliqué comment, à chaque fois qu’il dessine une caricature sur un pays, son ambassade proteste et les autorités officielles avertissent et menacent.[…] Je lui ai dit que j’étais disposé à dessiner ses caricatures pour lui chaque jour, que je n’avais peur de personne à part Dieu, et que celui qui se met en colère et n’aime pas les caricatures pouvait aller paver la mer ».

Handala représente l’innocence et la détermination de la Palestine combattante, le flambeau de la résistance, une résistance non-violente, faisant écho aux souffrances des Palestiniens, faisant appel aux émotions de l’ensemble des spectateurs. Il ne dévoilera son visage que le jour où « la dignité arabe ne sera plus menacée, et qu’elle aura retrouvé sa liberté et son humanité ». Plutôt que de représenter des hommes politiques spécifiques, les dessins en noir et blanc de Naji, riches en références historiques, parfois accompagnés de quelques mots, illustrent des situations et des réalités où personne n’est épargné : il condamne l’aide américaine à Israël, critique les abus contre les droits de l’homme dans les pays arabes, la complaisance des Etats du Golfe à l’égard des Etats-Unis, les régimes arabes qui préfèrent blâmer Israël plutôt que de reconnaitre leurs échecs. Il évoque la destruction, la prison, l’exil, la résistance mais aussi la colère, l’espoir et le désespoir, la patiente et la ténacité. Handala représente un garde-fou pour les nouvelles générations, mais aussi pour les anciennes et pour lui-même, comme il le dit en 1984 : « ‘’Je suis Handala du camp d’Ain Al-Helwa. Je donne ma parole d’honneur que je resterai fidèle à la cause… ‘’. C’était la promesse que je m’étais faite à moi-même. Le personnage de Handala était une sorte d’icône qui protégeait mon âme de la chute à chaque fois que je me sentais léthargique ou que j’oubliais mon devoir. Cet enfant était comme un vent d’air frais sur mon visage, me préservant de l’erreur et de l’oubli. Il était la flèche de la boussole, pointant constamment vers la Palestine » [11]. Selon le dessinateur, la mission de Handala, en plus de dénoncer les complots ourdis contre le peuple arabe, d’insuffler l’énergie du combat pour la justice et l’auto-détermination, de reconnaitre le rôle des femmes dans la résistance et l’espoir dans le panarabisme issu de Nasser, est de garder vivante la mémoire palestinienne :

« Reste le témoin de cette période, Handala, enregistre tout.
Enregistre tout, Handala, n’oublie rien ;
Laisse l’Histoire témoigner de qui nous a vendus.
Qui nous a trahis, qui s’est enrichi sur notre dos.
Enregistre et n’oublie personne. » [12].
Les dessins sont simples et sans artifices, faciles à comprendre et souvent dénudés de paroles ; son langage est symbolique. Handala est souvent accompagné de trois autres personnages récurrents : Fatima (dessin de gauche), l’homme bon (Al-Zalama, au milieu) et l’homme mauvais (à droite). Fatima représente une forme de refuge, la mère et la terre de Palestine, l’épouse dévouée, la femme souffrante et la protectrice. Elle incarne également l’implication des femmes palestiniennes dans la résistance. Al-Zalama est un homme honnête et bon qui représente, comme Handala, l’homme arabe ordinaire : « je ne suis ni Palestinien, ni Jordanien, ni Koweitien, ni Libanais, ni Egyptien, aucun. En bref, je n’ai pas de carte d’identité et ne suis pas intéressé à prendre la nationalité d’un quelconque pays. Je suis juste une personne arabe » [13]. Sa maigreur symbolise l’oppression et la pauvreté des réfugiés. Son antagoniste, l’homme mauvais - laid, obèse, paresseux, sale, sans jambes car sans soutien populaire - personnifie la stupidité, la bassesse, l’oppression, les trahisons et les complots contre la résistance palestinienne.

Naji utilise aussi toute une symbolique de la résistance : Jésus et la Croix, emblèmes du combat et du sacrifice ; la clé de la maison, symbole de la Palestine originelle et du droit au retour des Palestiniens ; le drapeau palestinien ; les tentes et les camps de réfugiés, etc. Puis tout un vocabulaire visuel réparti en deux registres : les « bonnes valeurs » (fleurs et bougies représentant l’espoir, la paix et l’amour ; racines et arbres, la Terre de Palestine ; le stylo et la plume, la démocratie et la liberté d’expression ; le cœur, l’attachement à la Palestine et au Liban) ; les symboles de l’occupation et de l’oppression (soldats, armes, fils barbelés, etc.).

Longtemps méconnu à l’extérieur des pays du Proche-Orient, l’œuvre de Naji tend ces dernières années à franchir les frontières (ici principalement linguistiques) séparant le monde musulman du monde occidental. « A child in Palestine » (2009) et le « Livre de Handala » (2011) l’introduisent respectivement dans le monde anglophone pour le premier, dans la sphère francophone pour le second, participant d’autant plus à faire de Handala, « enfant arabe », un « enfant de l’humanité » comme le souhaitait son créateur.

« Handala est un témoin de son époque et il ne mourra jamais, il pénètre la vie avec une force qui ne le quitte jamais, une légende dont l’existence est un défi à l’éternité. Ce personnage que j’ai créé ne disparaîtra pas après moi. Je ne crois pas exagérer en disant que je serai immortalisé à travers lui ». (Naji Al-Ali)

Pour approfondir :
– Naji Al-Ali, A child in Palestine : the cartoons of Naji al-Ali, Verso, 2009 (introduction de Joe Sacco).
– Naji Al-Ali, Le Livre de Handala. Les dessins de résistance de Naji Al-Ali ou l’autre histoire de Palestine, Scribest Publications, Hœnheim, 2011 (préface de Plantu, postface d’Alain Gresh).
– Olivier Gérard, Te retourne pas, Handala !, Kyklos Editions, 2010.
http://www.handala.org/ (site hélas désactivé sur internet)

***
Handala, petit bonhomme dessiné devenu le symbole de la résilience palestinienne
Créé en 1969 par le dessinateur de presse palestinien Naji Al-Ali, le personnage de Handala aura éternellement 10 ans. Reconnaissable entre mille, sa frêle silhouette orne aujourd’hui de nombreuses fresques et banderoles, comme un symbole des horreurs de la guerre et du destin de la Palestine.
Source : Courrier International

16 septembre 2025

Ce 16 septembre, Robert Redford ne s'est pas réveillé : sa belle âme va beaucoup nous manquer

C'est le choc aujourd'hui d'apprendre sa disparition : on sait que personne n'est éternel mais Robert Redford faisait partie de mes préférés parmi les grands artistes américains, acteur-réalisateur-producteur, pour ne parler que de la facette cinématographique de son activité, puisqu'il était également peintre.
Robert Redford en 2019 - Photo Corbis via Getty Images

Pour moi, ce n'est pas le côté "beau gosse" qui m'enthousiasmait en lui, mais plutôt ses engagements pour l'indépendance de la création, pour l'environnement, pour les libertés civiles et  pour les peuples autochtones. 

Dès qu'il a pu le faire, il a toujours préféré suivre sa propre voie, en tant que citoyen responsable et progressiste, ce qui ne l'empêchait pas d'être romantique et plein d'humour. 

Amoureux du cinéma indépendant, il a voulu sortir du carcan formaté du "système hollywoodien". Lorsque s'est présenté l'opportunité, il a encouragé en Utah un festival de cinéma américain débutant en 1978 sous le nom d'"Utah US Film Festival", dont il a repris et poursuivi l'activité en 1980 en le renommant  "Sundance".  Son but était d'y permettre toutes les sortes de cinéma, de soutenir les nouveaux talents pour des réalisations personnelles montrant plus de liberté, plus d'audace, en dehors des grands studios. Les Quentin Tarentino, Damien Chazelle, Chloé Zao ou Ryan Coogler y ont connu leur premier succès. 

Grâce au festival "Sundance", aujourd'hui, le cinéma indépendant américain rivalise sans rougir avec les blockbusters holluwodiens. 

Robert Redford dans « L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux”,
qu’il réalise en plus d’y tenir le rôle principal. Wildwood-Touchstone

"L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux", "Out of Afrika", "Et au milieu coule une rivière" composent le trio de tête des films avec lui que j'ai le plus regardés, mais il y en a beaucoup d'autres à citer comme "l'Arnaque", "Les hommes du président", "Jérémiah Johnson", "Gatsby le Magnifique", "Butch Cassidy et le kid",  etc...

Merci Robert pour l'ensemble de ton oeuvre mais surtout pour la personne passionnante et passionnée  que tu étais. 
Merci  pour tout ce que tu as fait pour le cinéma indépendant de ton pays. 
Merci de nous avoir comblé au cinéma comme acteur, comme réalisateur, comme producteur
Au pays de l'oncle Sam, merci surtout d'avoir eu le courage d'affirmer ton indépendance dans tes prises de position sur les sujets politiques qui nous concernent tous, pour peu qu'on se donne la peine d'y réfléchir. 
Tu vas beaucoup nous manquer.