3 septembre 2025

Hubertine Auclert, la suffragette française pionnière de la désobéissance civile, pour Cécile

Dans le cadre du zoom que je m'applique depuis quelque temps à focaliser sur "les femmes remarquables", en voici une, Hubertine Auclert, dont je suis à peu près certaine que vous n'en avez jamais entendu parler. 

Cette femme, très engagée, est une journaliste, écrivaine et militante féministe française qui s'est battue en faveur de l’éligibilité des femmes et de leur droit de vote,  mais son nom, comme celui de beaucoup d'autres, n'a pas été retenu pour la postérité. 

Voici quelques unes  de ses citations marquantes : quand on les lit, plus d'une centaine d'années après cela fait froid dans le dos de se dire que nous en sommes encore bien éloignées, aujourd'hui!

- Il faudrait que nous soyons des créatures folles et insensibles pour ne pas nous occuper de politique.Hubertine Auclert, journaliste, militante, 1848-1914
- Quand on aura révisé le dictionnaire et féminisé la langue, chacun de ses mots sera, pour l'égoïsme mâle, un expressif rappel à l'ordre.Hubertine Auclert, journaliste, militante, 1848-1914
- Il ne doit pas plus y avoir de maîtres dans la maison que de maître dans l'État. Hubertine Auclert, journaliste, militante, 1848-1914 Les femmes au gouvernail, posthume, 1925
Je destine ce mail-art à Cécile qui sera sensible au combat de cette femme à qui nous devons tant et je lui en souhaite une bonne réception.
***

Hubertine Auclert : La suffragette française 
Source : https://www.centre-hubertine-auclert.fr/qui-est-hubertine-auclert


Hubertine Auclert

Les premiers mots sont empruntés à son biographe, Steven C. Hause. Hubertine Auclert, The French Suffragette (Yale, 1987) est le titre du livre qu’il lui a consacré. Dans le contexte politique de la Troisième République, ce qualificatif souligne d’emblée la singularité de cette femme. Tandis que ses contemporaines optent pour une stratégie des petits pas qui consiste à revendiquer d’abord l’égalité des droits civils, Hubertine Auclert milite en faveur des droits politiques des femmes.

Pour remettre en cause la hiérarchie entre les sexes, il faut que les femmes participent à la décision politique, qu’elles prennent part à l’élaboration et au vote des lois. Pourquoi les hommes changeraient-ils de leur propre initiative une situation qui leur est favorable ?

Si aujourd’hui, cette revendication apparaît bien légitime, à l’époque, elle signe l’originalité de son parcours militant. Hubertine Auclert est la suffragette française.

Une pionnière
Tel est le terme le plus souvent associé à son nom. S’il dit l’avant-gardisme et l’obstination du personnage, il tait la rigueur et la cohérence de son engagement. Hubertine Auclert est venue au féminisme par la lecture de Victor Hugo. Fervente républicaine, elle condamne un régime qui n’a pas su aller au bout de sa propre logique, un régime dans lequel le suffrage universel demeure un idéal à atteindre. Tout au long de sa vie, elle en pointera les paradoxes législatifs.

Lorsque de maigres progrès égalitaires voient le jour, elle s'engage pour de nouveaux droits ! C'est la première à souhaiter que les femmes puissent concourir pour les emplois publics. C'est aussi la première à mener campagne pour le contrat de mariage avec séparation des biens et partage des salaires.

En 1882, elle se ré-approprie le terme de "Féminisme", jusqu'ici méprisé par les détracteurs de la cause, pour lui donner une valeur positive et désigner la lutte pour améliorer la condition féminine. Pendant longtemps, on attribuera par erreur la création de ce terme au socialiste français Charles Fourier (le terme « socialism » était lui né dans les années 1830 en Angleterre). Le terme sera ensuite popularisé par la presse hexagonale en 1892 à l’occasion du « Congrès général des sociétés féministes » organisé à Paris.

Tout au long de sa vie, elle revendique la nécessité de féminiser la langue afin de dénoncer l’exclusion des femmes de la sphère publique. « L’omission du féminin dans le dictionnaire contribue, plus qu’on ne croit, à l’omission du féminin dans le code. (…) L’émancipation par le langage ne doit pas être dédaignée. N’est-ce pas à force de prononcer certains mots qu’on finit par en accepter le sens qui, tout d’abord, heurtait ? La féminisation de la langue est urgente, puisque, pour exprimer la qualité que quelques droits conquis donnent à la femme, il n’y a pas de mots. »

Citoyenne, législatrice, prud’femme, avocate…
Hubertine Auclert est sensible aux mots. Elle dénonce un usage dans lequel l’expression «Tout français» exclue les femmes quand il s’agit de voter, mais pas quand il s’agit de payer des impôts. C’est en jouant sur cette incohérence qu’elle demandera son inscription sur les listes électorales et refusera de payer ses impôts. En contrepartie, elle devient une ardente partisane de la féminisation des noms de métier et de fonction. L’usage systématique des termes masculins et féminins constitue, pour elle, un moyen efficace de promouvoir et de garantir l’égalité femmes-hommes dans toutes les sphères de la société.

Activiste
Pour faire comprendre ses idées et assurer leur diffusion auprès du plus grand nombre, Hubertine Auclert s'est efforcée de les traduire en formules, en images et en actes. De l'édition de timbres à la gloire des droits des femmes au boycott du recensement – « Si nous ne comptons pas, pourquoi nous compte-t-on? » - en passant par l'interruption intempestive de la lecture du Code lors d'un mariage civil, les récits de son combat sont toujours émaillés de ces actes symboliques qui ont marqué les esprits. À une époque où le débat public a principalement lieu dans la presse, elle a su faire parler d’elle. L’année de l’adoption de la loi sur la liberté de la presse (1881), elle se sert d’un prête-nom pour fonder un journal, La Citoyenne, qui paraîtra jusqu’en 1891.

(In)visible
Hubertine Auclert n’a jamais vu la concrétisation de sa principale revendication. Pourtant, grâce à ses nombreuses pétitions, les vendeuses et les ouvrières obtiennent le droit de s’asseoir dans les grands magasins et les ateliers ; puis, en 1907, les femmes deviennent électrices puis éligibles aux conseils des prud’hommes. Qui s’en souvient ?

En choisissant le nom d’Hubertine Auclert, le centre francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes contribue à cette vaste entreprise consistant à rendre visibles les femmes qui ont œuvré avec détermination et inventivité pour l’égalité des droits avant de tomber dans l’oubli.

*** Biographie de Hubertine Auclert ***


Née le 10 avril 1848 à Saint-Priest-en-Murat (Allier), 
morte le 8 avril 1914 à Paris (XIe arr.)
militante activiste et féministe.

Née dans une famille républicaine, orpheline de bonne heure, Hubertine Auclert (Marie, Anne, Hubérine Auclaire sur son acte de naissance) vint à Paris à vingt-deux ans et se lança dans l’action politique. En 1876, elle fonda la société Le Droit des Femmes. En 1878, au premier congrès international du Droit des Femmes, organisé par Léon Richer et Maria Deraismes, elle ne put prononcer, parce qu’on le jugea trop révolutionnaire, le discours qu’elle avait préparé.

En 1879, elle fut une des sept femmes déléguées au congrès ouvrier de Marseille. Elle habitait alors, 12, rue Cail, à Paris (Xe arr.). Elle représentait le Droit des Femmes et une association coopérative de vente et de production « Les Travailleurs de Belleville ». Elle rapporta au nom de la commission de la femme, le 22 octobre. « Esclave déléguée de neuf millions d’esclaves » et venue « faire entendre les réclamations de la moitié déshéritée du genre humain », elle déclara qu’« une République qui maintiendra les femmes dans une condition d’infériorité ne pourra pas faire les hommes égaux » (c. rendu, congrès de Marseille, p. 4). Le congrès se rangea à ses conclusions qui proclamaient sur tous les plans l’égalité des deux sexes. De telles proclamations rencontrèrent un large écho dans la presse et Hubertine Auclert eut son heure de célébrité. Si « Jean Prollo [la] félicite de tout son cœur » (Le Petit Parisien, 27 octobre 1879), à Marseille même, la conservatrice et catholique Gazette du Midi (25 octobre 1879) opposa à ces aspirations égalitaires « le rôle social et humain de la femme selon la loi et sous le regard de Dieu » et exhorta ses lectrices à être « de chères, d’aimantes et de fécondes mères pour l’humanité qui doit suivre ses voies, pour la patrie qui a besoin d’enfants et pour le ciel qui veut des élus. » Le Droit des Femmes fut encore représenté au « congrès ouvrier socialiste révolutionnaire de la région du Centre », c’est-à-dire de la région parisienne (18-25 juillet 1880) et au congrès national du Havre (14 novembre). C’était donc bien une organisation socialiste et elle devait son orientation comme sa vie même à sa créatrice.

Mais Hubertine Auclert ne se maintint pas longtemps sur ce terrain. Dès le congrès de Marseille, cette orientation future se profilait quand elle déclarait ne pas vouloir se laisser leurrer par des promesses d’égalité dans la société future. Elle finit par s’attacher à l’action purement féministe pour la conquête du droit de vote. À cet effet, elle lança, le 13 février 1881, le journal La Citoyenne qui fut l’organe du Droit des Femmes. Il n’y était pas question de socialisme. En 1880, déjà, elle avait appelé les femmes au refus de l’impôt puisqu’elles ne participaient pas à son établissement. En 1881, elle les invita à se soustraire au recensement puisqu’elles étaient bannies de la cité. La même année, elle organisa, en faveur des droits politiques de la femme, une pétition qui fut déposée, l’année suivante, sur le bureau de la Chambre des députés par Clovis Hugues (La Citoyenne, 2 juillet-6 août 1882). Pendant plusieurs années, Hubertine Auclert poussa les suffragettes à se faire inscrire sur les listes électorales.

Le droit de vote lui paraissait si essentiel pour la cause féministe qu’elle aurait accepté, si on l’avait proposé, un suffrage restreint (La Citoyenne, article « Malheur aux absents », no du 14 mai 1881). En 1883, le Droit des Femmes se mua en Suffrage des Femmes, marquant le terme et non le début d’une évolution. Il siégeait, 151, rue de la Roquette, XIe arr. au domicile d’Hubertine Auclert qui en fut la secrétaire générale. Ce groupement put compter des socialistes dans son sein, mais il avait cessé d’être une organisation socialiste et n’était plus représenté dans les congrès. Quand, aux élections législatives de 1885, la liste fédérative socialiste qui allait de Jules Guesde à Jules Joffrin, d’Édouard Vaillant à Leguerre, de Jean Allemane à Félix Pyat, s’adjoignit symboliquement cinq femmes, Hubertine Auclert n’y figurait pas, ce qui surprendrait si elle-même, son groupement, son journal avaient encore appartenu à une organisation socialiste. Par contre, on y trouvait Maria Deraismes, organisatrice du congrès de 1878, qui refusa sa tribune à Hubertine Auclert alors « révolutionnaire ».

En 1888, Hubertine Auclert épousa son secrétaire Antoine Levrier, et le suivit en Algérie, à Frendah où il venait d’être nommé juge de paix. Quand il y mourut, en 1892, elle regagna Paris et reprit ses campagnes féministes. Elle refusa toutefois de faire acte de candidature à la Chambre des députés en 1893. En 1898 puis en 1901, elle appela à féminiser la langue française. Le 29 octobre 1904, protestant contre le code Napoléon à l’occasion de son centenaire, elle participa à une manifestation féministe et tenta de mettre le feu à un exemplaire du code, mais en fut empêchée par la police. 
Le 3 mai 1908, à l’occasion d’élections municipales, Hubertine Auclert se rendit à la mairie du IVe arr. de Paris et renversa une urne ; jugée en correctionnelle un mois plus tard, elle fut condamnée à une amende de 16 francs avec sursis.
Réunion chez Hubertine Auclert (4e en partant de la gauche), candidate aux élections législatives de 1910 - Albert Harlingue/Roger Viollet
En avril 1910, elle fit partie des femmes qui se présentèrent aux élections législatives : elle fut candidate dans le XIe arr. de Paris. Parmi les autres candidates figuraient Renée Mortier, Gabrielle Chapuis, Marguerite Durand, Madeleine Pelletier, Caroline Kauffmann et Élisabeth Renaud.

***  Vignettes féministes ***

En 1901, la société « Le Suffrage des Femmes » présidée par Mme Hubertine Auclert, voulut donner la réplique au timbre-poste du type « Droit de l'Homme » de Mouchon, qui était alors en cours. Elle fit imprimer à cet effet des vignettes dentelées, représentant un homme habillé à l'antique, appuyé sur une sorte de plaque portant la mention « Droits de la Femme ». Cette vignette était tirée en bleu clair, bleu foncé et rouge.
La vignette “Droits de la femme”
Cinq ans plus tard, la même société mit en circulation des vignettes également dentelées représentant un homme et une femme déposant ensemble leur bulletin de vote dans une urne, avec au fond, un soleil portant la légende « Suffrage Universel », préfiguration symbolique de la réforme qui devait seulement se réaliser trente-neuf ans plus tard. Cette vignette existe en bleu, brun, rouge-brun et violet.

La vignette “Suffrage universel”, ici oblitérée sur fragment.

Les boulangers des cantons suisses sont très créatifs, pour Nadine

Récemment j'ai fait des recherches sur les pains du monde pour répondre à un appel à mail-art international. C'est ainsi que j'ai été amenée à rechercher en Europe les pays où il existe encore de belles traditions boulangères, avec des boutiques de boulangerie avec fournil, qui fabriquent et vendent directement à leurs clients du bon pain -au levain souvent-  loin de ces productions industrielles que l'on retrouve partout dans les chaines de boulangerie et les rayons boulangerie des grandes surfaces. 

Je pensai que la France était riche de variétés nombreuses de pain (environ 80)  mais hélas tous ne sont pas produits d'une manière naturelle. En fait, la Suisse nous bat platement car il existe pas moins de 200 spécialités de pain, une telle variété s'expliquant  par le fait que chaque canton a ses spécialités ; la géographie du pays plutôt montagneux explique peut-être aussi la variété de goût des céréales produites et utilisées pour la confection de ces pains,  essentiellement du blé tendre, un peu de seigle et d'épeautre.  

Quelques exemples : le pain tessinois,  le pain bâlois, le pain du 1er Août (jour de la fête nationale suisse), le bürli en Suisse alemanique, le pain du Jura,  la couronne de pain de seigle des Grisons, le pain vaudois, etc...Certains pains ont même reçu une AOP, comme le pain de seigle valaisan et la Cuchaule, c'est dingue!

Alors quoi de plus naturel que de confectionner un bel étal de pains suisses sur du linge de maison pour mon amie Nadine? Ils sont encore plein de farine! J'imagine qu'habitant à Chateau d'Oex, commune entrant dans le périmètre du  fromage d''Etivaz, elle ne doit pas bouder son plaisir en mariant ce deux productions naturelles locales pour en déceler toutes les qualités organoleptiques. 

Chère Nadine, je te souhaite une bonne réception de ce mail-art et bon appétit, bien sûr!

2 septembre 2025

T187 - Quand la Suisse met à l'honneur un tissu et en fait un timbre, par Emmanuelle

Voici encore une coïncidence comme il m'arrive fréquemment d'en constater avec mes correspondants : cela fait plusieurs mois que nous ne nous étions pas écrit par courrier et voilà que le facteur m'apporte aujourd'hui une enveloppe d'Emmanuelle de Lausanne, alors que je viens de confier à la Poste un mail-art qui lui est destiné ce matin-même!

Emmanuelle me précise les circonstances de la sortie de ce timbre réalisé dans un tissu bleu gris avec le motif de la fleur d'édelweiss, celui des chemises portées par les sportifs lors des compétitions de lutte suisse organisées tous les trois ans. Et en 2025 c'est le canton des Glaris qui a été retenue pour cette manifestation.

Vous trouverez tout le détail dans un post précédent, une autre correspondante suisse m'avait déjà fait connaître cette curiosité car le timbre est sorti il y a déjà plusieurs mois déjà. Il va sans dire que les beaux timbres en tissu émis par les services postaux nationaux sont suffisamment rares pour mériter d'être partagés plusieurs fois : cela ne retire en rien la belle intention d'Emmanuelle qui a eu un reflexe "tissu" et m'a aussitôt ciblée pour adresser son art timbré.

Dans l'enveloppe j'ai trouvé aussi la documentation proposée par la Poste Suisse lorsqu'elle a lancé ce nouveau timbre, avec un reportage sur la société qui diffuse ce tissu-là et fabrique les chemises en coton si célèbres et les autres déclinaisons plus modernes réalisées maintenant avec des coupes et des coloris différents.

Pour terminer son envoi en beauté, Emmanuelle m'a encore envoyé plusieurs feuillets extraits du Livre de Lina Bögli "En avant", avec "Lettres écrites pendant un voyage autour du monde" comme sous-titre  contant l'histoire d'une institutrice qui s'est mise à voyager pendant une dizaine d'année à travers le monde dans les années 1890 à 1900. 
Dans une de ses lettres écrite de Washington le 16 avril 1900, Lina Bögli décrit dans un passage savoureux le souvenir de sa visite dans les services des Postes et du Trésor de cette ville. Si la manière dont les billets retirés de la circulation finissent en une infâme bouillie de papier et transformés ensuite en papier pour carte postale dont le prix modique est si éloignée de la valeur nominale de chaque billet, c'est  son passage au "Service des Lettres Mortes" de la Poste qui a le plus interpellé Emmanuelle. 
Effectivement, cela  peut faire sourire de voir tant de personnes occupées à vouloir à tout prix acheminer un courrier dont l'adresse du destinataire est incomplète et le nom de l'expéditeur absent : nous sommes si loin du compte aujourd'hui à la Poste... quand le courrier à distribuer ne finit pas dans les poubelles, comme cela s'est déjà produit par deux fois à Massy.

Merci Emmanuelle pour ta fidélité, et pour ton humour. Contente de savoir que ton changement professionnel ne te conduit pas à abandonner l'art postal.

Des exclamations de surprise au MIAP, par Christophe

Aujourd'hui je reçois une enveloppe faite maison tout à fait identifiable grâce avec un savant pliage comme aime à les réaliser l'ami Christophe, le Vertacomicorien.

Il me donne des nouvelles de son été deux mois après la superbe Fête Timbrée qu'il a organisé le 28 juin dernier dans son jardin à Rencurel, et me parle des visiteurs de cet été, toujours enthousiastes après une découverte de son petit musée d'Art Postal que les fidèles de ce blog connaisse sous le nom de Micro Musée International de l'Art Postal (M.I.A.P.) 
Je suis heureuse de savoir que l'exposition d'environ 350 mails-art issus de la 15e édition de la Journée Mondiale du Faux Timbre d'Artiste du 23 novembre 2024 a continué d'attirer des visiteurs bien après la fête ; c'est un beau remerciement pour Christophe et son épouse Christine qui se sont vraiment donnés beaucoup de mal, pendant des mois, pour que cela soit une belle fête et reste un magnifique souvenir pour les gens qui avaient eu la possibilité de s'y rendre.

Merci de ce courrier et merci de me donner de vos nouvelles après votre séjour en Suisse au Pays-d'en-Haut et votre participation auprès de Michel Fontaine pour son Bazar de Saint Martin en Vercors. Belle fin d'été, les amis.

Licornes dans l'art Fraktur, pour Emmanuelle

Cela fait déjà quelques mois que j'ai découvert le style Fraktur et que j'en ai déjà largement parlé sur ce blog. Mais c'est vrai aussi que je fais sans arrêt de jolies découvertes que j'ai envie de les partager avec mes correspondants.

Aujourd'hui ce mail-art représentant deux licornes, probablement reprises d'un thème médiéval courant, confectionné en pure style fraktur avec deux initiales enfermées dans un coeur (acte de mariage peut- être?), est destiné à Emmanuelle, une grande passionnée de l'écriture, même si elle vient tout récemment de changer complétement d'activité. 

Impression d'art ancienne de licornes, dessin fraktur d'art folklorique américain, papier vieilli, XVIIIe siècle
Je ne doute pas qu'elle sera intéressée par ce type d'art populaire dans la mesure où tout est partie d'un style d'écriture européen, le style gothique et que cet art populaire était surtout pratiqué au 18e siècle  par des migrants venus d'Europe, qui se sont installés en Pennsylvanie et l'ont principalement utilisé dans la rédaction des actes de baptème, de mariage, de propriétésqu'ils ont enjolivé de dessins et d'aquarelles, ils l'ont appliqué aussi pour des ex-libris ou bien des ouvrages religieux

J'espère que ce mail-art saura plaire à Emmanuelle qui n'a pas renoncé à l'art postal, par ailleurs, elle qui a été un jour la récipiendaire désignée pour une JMFTA (la 12e du nom) et qui a fait circuler à travers la Suisse toute une exposition dédié à notre activité favorite.

Bonne continuation à toi, Emmanuelle, et bonne chance dans tes nouvelles fonctions 

Quand le coeur bat pour un beau marin américain, pour Claire

Cette fois-ci, je ne crois pas avoir respecté les critères de Claire sur la période qu'elle préfère, celle des années 20 autrement dit des années folles.

Composition avec une  carte gravure  trouvée dans La Vie Parisienne
1918 - the loveable US sailor by George Barbier 

Mais comme j'ai trouvé ces deux amoureux fort charmants,  j'ai décidé, après quelques petits points de broderie pour les fleurs, d'en faire un mail-art pour ma correspondante qui me le pardonnera. Difficile de rester insensible, en effet, quand au printemps le coeur de deux jeunes gens chavire...comme sur carte gravure réalisée par George Barbier,  pour le magazine de mode de l'époque La Vie Parisienne en 1918. 

George Barbier est un illustrateur typique du courant Arts Déco par son trait graphique et précis. J'aurai l'occasion dans reparler sur ce blog.

Je te souhaite une bonne réception de ce mail-art, chère Claire. Bonne continuation 

Bretonne Bigoudène en coiffe, pour Lubomyr

Si ma lettre au dos de cette carte textile destinée à Lubomyr fait toujours écho au conflit qui ravage l'Ukraine depuis bientôt 3 ans et demie et à tout ce que son peuple doit endurer au quotidien, j'ai décidé pour le divertir un peu, de lui parler et de lui montrer quelques sites et régions de la France.

Et j'ai commencer, par lui parler de Bretagne et plus précisément du Pays Bigouden, si riche de culture avec ses magnifiques costumes brodés et ses coiffes si particulières qui ont atteint une hauteur de 30 cm au plus fort de la tendance. 

Bigouden peinte par le peintre belge Walter Sauer 1889-1927
Lubomyr vit dans un pays où les costumes régionaux traditionnels sont également magnifiques : j'espère que mon envoi un peu différent des autres saura lui plaire, qu'il ne s'offusquera pas de lui avoir parlé d'autres traditions vestimentaires que celles de l'Ukraine, que j'admire beaucoup par ailleurs. 

Bonne réception Lubomyr. Continuons d'espérer des jours meilleurs pour tous les Ukrainiens.

*** 
Pays Bidougen en Bretagne : «Elles savent qu’elles sont les dernières»

Les dernières bigoudènes à porter la coiffe tous les jours réunies à Pont l'Abbé en 2011
(Camille Pineau)
- Le télégramme
à gauche : photo de quatre femmes bigoudènes prise en 2009 au Guilvinec : au dernier plan Alexia Caoudal / à droite :  la dernière Bigoudène vivante à porter la coiffe bigoudène, que nous avons tous connue dans une publicité célèbre à la télévision à gauche est aujourd'hui agée de 99 ans (née le 28 février 1926)

Merci à Alexia Caoudal, d'avoir  été l'ambassadrice de la coiffe Bigouden et d'avoir longtemps montré aux touristes au Musée Bigouden de Pont-L'Abbé; comment l'entretenir cet accessoire en dentelle, comment l'empeser et comment la fixer sur la tête, pour la porter avec tant de dignité et de fierté légitime en toute circonstance.
Brodeuse bigoudène par Mathurin Méheut
Heureusement que les traditions sont très vivaces en pays breton et que toutes les occasions festives sont l'occasion de ressortir les magnifiques costumes brodés pour les hommes et pour les femmes, les robes, les tabliers brodés et leurs coiffes magnifiques, le tout accompagné par la musique des bombardes et des binious pour des danses enjouées. 
Bigoudènes à la Fête des Brodeuses à Pont L'Abbé © Leret 

Dentelles végétales, pour Daniella

Il y avait longtemps que je n'avais eu une idée de "bidules" à adresser à mon amie Daniella, elle si proche de Dame Nature, si friande des cadeaux qu'elle veut bien laisser à ceux qui sont prêts à les découvrir, comme elle le fait sur la laisse de mer, par exemple. 

Ici je n'ai pas la mer, mais depuis plusieurs années je tente de faire sécher (mais pas trop) des feuilles en espérant trouver un jour la manière d'en faire une sorte de cuir pour pouvoir les rebroder ensuite... j'en suis encore loin mais je détiens quelques autres pépites.  
En espérant qu'il t'arrivera en bon état, chère Daniella, je t'adresse ce jour un mail-art textile sur les dentelles végétales que nous trouvons généralement en fin d'automne, complété d'une vraie feuille dentelle un peu fragile.

Je t'en souhaite une très bonne réception. Croisons les doigts, je sais que ce n'est pas simple la distribution du courrier à La Fontaine Dernan. 

Au 19e siècle, il était séant de se faire la cour, pour Nadine

Pour continuer sur le thème 2025 de Nadine, à savoir les costumes féminins et/ou masculins du 19e siècle, voici une représentation d'un futur couple habillé comme c'était la mode en 1825.


Un couple flirtant en 1825. Domaine public
.
Au 19e siècle, il fallait se faire la cour pour espérer décrocher le bon parti.  Etait-ce vraiment le romantisme qui primait à cette époque là?  Nous verrons la réponse ci-après pour ce qui se passait à l'époque en Angleterre.

D'ores et déjà,  je souhaite une très bonne réception de ce mailart à Nadine. 

***
Quelles étaient les règles de la séduction à l’époque des Bridgerton ?
Article de National Géographie du 13 mai 2024 par Parissa DJangi

Faire la cour : voilà le sujet des romans de Jane Austen, d’amourettes historiques et de séries populaires comme Les Chroniques des Bridgerton sur Netflix.

Des premiers frémissements aux vœux définitifs devant l’autel, l’art de faire la cour durant la Régence anglaise, période qui dura de 1811 à 1820, était pour les hommes qui se mettaient en quête d’une femme à épouser autant affaire d’amour que de bons comptes.

Qu’impliquait exactement l’art de faire la cour? Au début du 19e siècle,  les rencontres amoureuses étaient autant affaire de romantisme que de  pragmatisme.

Les entreprises de séduction suivaient un code précis lors de la London Season, période à laquelle les célibataires les plus en vue de la haute société britannique se rendaient à Londres dans l’espoir d’y trouver une partenaire. Les couples de la Régence jaugeaient notamment leur compatibilité en s’envoyant des lettres.

Voici les étapes que les hommes et les femmes de la Régence devaient suivre pour se séduire dans les règles de l’art.

Étape 1 : entrez sur le marché du mariage
Durant la Régence, période de l’époque georgienne, le mariage n’était pas qu’une étape de l’âge adulte ; « c’était le fondement de la société ». « C’était le lieu d’où […] les positions de statut étaient reproduites et pérennisées », explique Sally Holloway, enseignante-chercheuse à l’Université Brookes d’Oxford et autrice de The Game of Love in Georgian England : Courtship, Emotions, and Material Culture.

Pour les familles de l’élite, la London Season était l’occasion idéale de trouver de potentiels partenaires, car alors tout le monde était en ville. La Saison durait de l’hiver au printemps quand le Parlement siégeait à Londres. La haute société profitait de son séjour dans la capitale pour voir et se faire voir à l’occasion d’un tourbillon sans fin de bals, d’assemblées, de dîners et de divertissements.

De la sorte, la Saison faisait office de « marché du mariage » pour l’élite.

Étape 2 : Fréquentez les bonnes personnes
Selon Sally Holloway, lors du long 18e siècle, l’âge moyen auquel on se mariait était de 24 ans pour les femmes et de 26 ans pour les hommes.

Lorsque l’on était prêt à se mettre en quête d’un époux ou d’une épouse, les bals et les assemblées de la London Season créaient d’excellentes occasions de rencontrer d’autres personnes. La meilleure scène sur le marché du mariage était sans doute l’Almack’s Assembly Rooms, où certains des célibataires les plus convoités de la société venaient danser et socialiser. Le capitaine Rees Howell Gronow, chroniqueur de la Régence, qualifia même l’Almack’s de « septième ciel du monde chic ».

Un cénacle de dames de la haute société faisait office de marraines de l’Almack’s et choisissaient qui entrait dans le club et qui n’y entrait pas. Ces dernières étaient notoirement pointilleuses. Bougon, Rees Howell Gronow souligne que « les sourires et les froncements de sourcils des patronnesses condamnaient hommes et femmes au bonheur ou au désespoir ».

En acceptant uniquement des candidats triés sur le volet jouissant d’une certaine fortune, d’un certain réseau et d’un certain rang, les marraines créaient un espace exclusif où les familles en vue pouvaient faire en sorte que leurs fils et leurs filles rencontrent des partenaires potentiels de bonne extraction.

Étape 3 : Faites la paire
Les familles en vue souhaitaient que leurs fils et leurs filles épousent une personne à la fortune et au rang égaux, mais ce n’étaient pas les seules considérations.

« Durant ces décennies, on célébrait grandement l’amour romantique. On cherchait à se marier pour l’argent, mais aussi, dans l’idéal, pour l’amour, avec quelqu’un qui nous offrirait une relation durable, heureuse et aimante », explique Sally Holloway.

La compatibilité était cruciale dans un monde où le divorce était rare. « Pour divorcer, il fallait l’aval du Parlement. Une fois que vous vous étiez marié, c’était fini. Il était donc particulièrement important de faire le bon choix, car votre bonheur en dépendait », ajoute-t-elle.

Étape 4 : Donnez aux sentiments le temps de se développer
Une fois son dévolu jeté, la cour pouvait commencer. Un homme demandait la permission de commencer à courtiser, et la femme avait le droit d’accepter ou de refuser.

Selon Sally Holloway, en général, on se faisait la cour pendant un à deux ans. Durant cette période, un couple apprenait à se connaître par le biais d’un éventail d’activités. Un homme pouvait souper en compagnie de celle sur qui il avait jeté son dévolu et de sa famille, ou bien le couple pouvait aller marcher en compagnie d’un chaperon dont la présence préservait la vertu de la jeune femme.

En effet, les règles régissant la façon dont un couple pouvait interagir au début d’une relation protégeaient les femmes d’une familiarité ou d’une promiscuité prématurée. Les couples ne s’appelaient pas immédiatement par leur prénom, par exemple, et une femme ne pouvait poursuivre un homme de ses assiduités ; c’était à l’homme de faire le premier pas, mais les amis et proches d’une femme pouvaient tout à fait l’y encourager.

Étape 5 : soyez un bon correspondant
Lorsque les choses devenaient plus sérieuses mais que l’on cherchait encore à évaluer sa compatibilité, on s’écrivait des lettres. C’était particulièrement vrai en ce qui concerne les personnes qui vivaient loin l’une de l’autre. « Il s’agissait principalement de construire un lien », indique Sally Holloway.

L’envoi et la réception de lettres servait également de test d’intention. « Il était important d’être un correspondant fiable, car cela montrait que vous étiez un partenaire fiable dans la vie. »

Étape 6 : Offrez des présents appropriés
Les cadeaux constituaient une part cruciale de l’art de faire la cour : on s’offrait aussi bien des livres et des parfums que des présents hautement symboliques tels que des bagues.

Parmi les plus précieux de ces cadeaux : les cheveux. « Une mèche de cheveux était un présent physique extraordinairement intime, car vous donniez littéralement une partie de votre corps à une autre personne. Les cheveux ne se décomposent jamais, c’est donc un symbole d’amour éternel », explique Sally Holloway.

« Dans les lettres, on se racontait qu’on prenait des mèches de cheveux avec soi au lit, qu’on les embrassait, qu’on leur parlait comme s’il s’agissait de l’être aimé absent. »

Il était important que les cadeaux soient offerts au bon moment. « On ne commence pas à se faire la cour en offrant directement une mèche de cheveux à quelqu’un », observe Sally Holloway.

De plus, ces présents devaient être en bon état. On n’imagine pas un homme offrir des fleurs en train de faner à une femme ou bien des aliments gâtés, car cela aurait pu indiquer de la négligence.

Étape 7 : Négociez les termes du mariage
La dernière étape de ce processus était les fiançailles, moment où l’on s’attelait à la négociation d’un contrat de mariage. Un contrat de mariage prévoyait les termes légaux du mariage : héritage, allocation versée à l’épouse et provisions en cas de veuvage.

Les fiançailles apportaient davantage de sécurité, et permettaient potentiellement davantage de promiscuité. « Dès que des fiançailles étaient considérées comme assurées, il pouvait y avoir une période où l’on s’accordait une plus grande liberté sexuelle », explique Sally Holloway. Selon elle, une mariée sur trois a pu se trouver enceinte au moment de son mariage.

Durant toute la période nuptiale : Evitez le scandale
L’une des principales menaces pour toute entreprise de séduction était le scandale.

Le scandale se présentait sous différentes formes : un homme qui abandonnait une femme devant l’autel ; une femme qui s’enfuyait avec un amant ; un couple non fiancé surpris dans une étreinte intime. Mais l’issue était la même : un commérage qui nuisait au nom d’une famille ou au rang d’une personne dans la société.

Les fugues amoureuses donnaient lieu à d’importants ragots. Gretna Green, village situé juste après la frontière écossaise et qui n’était pas soumis aux lois anglaises sur le mariage, était une destination populaire pour ces fugues. Gretna Green était le Las Vegas de son époque, une destination à la mode pour les mariages rapides et clandestins.

Le scandale pouvait avoir des répercussions financières. « Si un homme quittait une femme après avoir promis de l’épouser, elle pouvait le poursuivre en justice et réclamer une compensation financière pour avoir négligé ses sentiments », explique Sally Holloway.

Heureusement, la majorité des relations n’aboutissaient pas au scandale. La cour menait à l’autel, où les jeunes mariés entamaient un nouveau chapitre de leur vie en tant qu’époux.

Extraordinaire dentelle de marbre au Louvre, pour Ling

Vous savez combien je suis attachée à toutes les formes de dentelles, y compris celles qui sont taillées dans la pierre même si ce ne sont pas les plus représentées sur ce blog ; il faut dire qu'elles sont aussi beaucoup plus rares. 

C'est la raison pour laquelle j'ai choisi une sculpture en marbre pour réaliser cette composition destinée à Ling, une Suissesse passionnée d'art postal qui m'a été recommandée par l'une des stagiaires que j'ai cotoyée en Juillet à la Distylerie. Nous ne nous connaissons pas encore, alors pour un premier envoi, chacune y va à tâtons. 
J'ai ainsi l'occasion de parler d'une magnifique oeuvre en marbre réalisée par le sculpteur français Louis-Philippe Mouchy (1781). Exposée au Louvre, la sculpture a été commandée en hommage posthume au duc de Montausier, Charles de Sainte-Maure. Ce noble était l'un des tuteurs du Grand Dauphin de France, Louis, fils et héritier du Roi-Soleil, Louis XIV.
 

Ce qui attire plus que d'autres l'attention dans cette sculpture, c'est le travail élaboré du marbre et le rendu particulièrement réaliste des détails. Observez les boucles de la perruque, le foulard bordé de dentelle fine et ajourée, les boutons de la veste, les plis des manches mais aussi le travail des chaussures, si précis et détaillé avec ces bas qui descendent créant les plis juste à côté des chaussures.

J'espère que cette magnificence saura plaire à Ling et qu'elle recevra cette carte textile dans les meilleurs délais, et sans anicroche.