J'ai toujours à coeur d'envoyer de l'art postal en rapport avec ce que je sais des passions, des hobbies ou d'autres caractéristiques propres à chacun de mes correspondants.
Aujourd'hui celui-ci est adressé à mon amie Stéphanie, découpeuse de papier, qui heureusement utilise ses paires de ciseaux pour nous régaler en créant des tableaux si beaux, si humanistes et si poétiques qu'on est bien loin de cette vilaine Anastasie, caricature de la Censure qui a eu de beaux jours autrefois.
Si aujourd'hui nous ne voyons plus d'articles rayés de noir dans la presse par la censure, c'est presque pire car beaucoup plus sournois. En France (mais pas que) les lignes éditoriales sont dictées par les milliardaires propriétaires des journaux, en même temps qu'ils sont diffuseurs de presse, détenteurs de chaines TV et largement participants au capital des sociétés d'édition... alors oui, la liberté d'expression est toujours plus en danger.
Chère Stéphanie, je te souhaite une bonne réception de cet art postal, même si cette fois la paire de ciseaux n'a pas le beau rôle.
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Extraits de journaux censurés trouvés sur le site Gallica, Anastasie est une caricature signée par André Gil |
Anastasie, ou Madame Anastasie ou parfois Anastasie Censure, est une allégorie caricaturale de la censure en France au XIXe siècle et au début du XXe siècle.
Sa représentation la plus célèbre est un dessin d'André Gill datant de 1874, mais le personnage existe auparavant, le nom d'Anastasie en tant qu'incarnation de la censure étant attesté dès 1850. Ce prénom pourrait faire étymologiquement référence à la résurrection cyclique de la censure au XIXe siècle ou alors au personnage d'Anastasie Pipelet, concierge malfaisante dans Les Mystères de Paris d'Eugène Sue.
Au début de la Troisième République, la censure est définitivement nommée Anastasie. Elle est représentée par les caricaturistes en domestique, en vieille sorcière ou en concierge, avant de devenir au début du XXe siècle une gouvernante puritaine, quand la censure ne concerne plus que les spectacles. Ses représentations refleurissent pendant la Première Guerre mondiale, à cause du rétablissement de la censure des journaux. Elle est alors une vieille femme, sèche, ignorante et laide, qui s'oppose à la beauté et à la jeunesse de la Liberté. Elle a de nombreux attributs, les principaux étant les ciseaux. Après la Première Guerre mondiale, la figure d'Anastasie s'efface progressivement.
La représentation la plus connue d'Anastasie est un dessin d'André Gill publié à la une de L'Éclipse le 19 juillet 1874, intitulé Madame Anastasie Il représente une femme âgée, aux ongles crochus, probablement domestique ou concierge, qui porte sur l'épaule une chouette et tient sous le bras de gigantesques ciseaux Elle est penchée en avant, probablement pour mieux entendre ceux qu'elle espionne. André Gill est souvent crédité, à travers ce dessin, de l'invention de ce personnage Toutefois, si l'ajout de la chouette, oiseau de nuit qui incarne la nyctalopie et qui fait référence à l'expression populaire « une vieille chouette », est bien une idée d'André Gill, Christian Delporte, suivi par Olivier Forcade, montre que l'incarnation de la censure dans un personnage féminin nommé Anastasie est antérieure à ce dessin
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