3 octobre 2025

La diversité des cultures nous rend riches de nos métissages, pour l'Association Accueil Réfugiés des Vals du Dauphiné

“Le progrès nait de la diversité des cultures et de l'affirmation des personnalités.” 
Pierre Joliot / La recherche passionnément

Compoisition à partir d'une sculpture en bronze de Leo Wirth "Citoyens du monde"
Quoi qu'on puisse en penser, la France s'est bâtie au fil du temps et de son histoire avec un brassage de population : ce métissage s'est fait d'abord avec des populations régionales qui se sont davantage  déplacées dans le pays grâce aux progrès des transports, puis avec l'apport d'une migration frontalière de Belges,  Italiens et Suisses dès la deuxième partie du 19e siècle,

Dans le courant du 20e siècle, d'autres populations en provenance du monde entier ont entrepris de migrer vers la France, le pays des Droits de l'Homme. Ce sont des raisons économiques principalement mais aussi des raisons politiques suite à des bouleversements idéologiques qui ont poussé des populations à quitter leur pays d'origine. Ce fut notamment le cas avec le génocide de 1915 qui précipita les Arméniens hors de l'Empire Ottoman déclinant,  la révolution bolchévique de 1917 où de nombreux Russes Blancs quittèrent la Russie, la fin des guerres coloniales françaises en Indochine  et en Algérie avec le rapatriement des colons, l'arrivée des boat-people en provenance des Laos, Cambodge, et Vietnam, en 1975 après le retrait des USA de l'Asie du Sud-Est, puis des Chiliens après l'arrivée au pouvoir de Pinochet, les conflits ethniques et/ou religieux survenus dans les Balkans (ex-Yougoslavie) ou au Proche-Orient (Liban, Syrie, Yémen, Irak, Iran...). N'oublions pas non plus les Espagnols fuyant l'Espagne de Franco, les Portugais, le régime de Salazar, et les Grecs la dictature des colonels... etc

Mais il y eut aussi des périodes où la France a tout fait pour favoriser la venue d'étrangers pour soutenir son économie au moment de la grande révolution industrielle (pour travailler dans les mines ou la sidérurgie pour les Polonais et les Italiens). Ce fut le cas aussi pour aider à sa reconstruction surtout après la deuxième guerre mondiale du logement.(construction de logements sociaux et de grands ensembles).Fuyant l'extrême pauvreté de leur pays, ce sont essentiellement des hommes venus d'Afrique Noire mais aussi du Maghreb qui ont fourni de la main d'oeuvre, mal rémunérée et logée dans des conditions abominables (bidonvilles de Nanterre, foyers Sonacotra). Sans l'apport du travail de ces immigrés à qui, pourtant, sur le plan humain, on n'a pas vraiment fait de cadeaux, la France n'aurait probablement pas connu les Trente Glorieuses. On leur doit les gros chantiers d'infrastructures du génie civil (barrages hydroélectriques, centrales électriques, l'essor de la  la production automobile  (Renault, Peugeot, Talbot, Simca...) etc...

Alors oui,  j'estime que leurs apports sont importants pour ceux qui vivaient en Métropole avant leur venue. En apprenant la langue française pour les adultes, en laissant leurs enfants fréquenter l'Ecole Publique de la République pour mieux s'intégrer, en partageant leurs coutumes et leur fêtes avec leurs voisins, les premiers immigrés ont fait des efforts pour se fondre dans la population générale quand on ne les a pas cantonés dans des ghettos. 

Le temps a passé et aujourd'hui nous en sommes à la deuxième ou troisième génération et tous ces nouveaux français ont autant de devoirs et de droits que moi, notamment le droit au respect de la devise de la France "Liberté, Egalité, Fraternité", quand bien même ils ont une couleur de peau,  une religion ou des traditions culturelles différentes. 

La France et ses migrations du XVIIᵉ siècle à nos jours – teaser
publié sur la chaine Youtube du Palais de la Porte Dorée de Paris, musée de l'immigration
lien pour regarder le film documentaire en entier 

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Qui sont les  étrangers qui ont "fait" la France?

Né le 8 mars 1924 en Pologne, mort le 29 septembre 2010 à Paris, GEORGES CHARPAK est le physicien français qui a remporté le prix Nobel de physique en 1992. ©HAMPARTZOUMIAN/NECO/SIPA

A l’heure où certains remettent au goût du jour l’identité nationale, et où le débat sur l’immigration et le droit du sol se retrouve de nouveau sous le feu de l’actualité, voilà un ouvrage à mettre entre toutes les mains. Et tout particulièrement de ceux qui oublient à quel point l’immigration est au fondement de notre société, sans réaliser que des millions de Français ont des ascendants d’origine étrangère à moins de trois ou quatre générations.

Mais qui sont donc ces «étrangers qui ont fait la France»? Et comment les auteurs de ce dictionnaire dirigé par Pascal Ory ont-ils fait leurs choix? Encore faut-il, en effet, savoir de quoi on parle. Cela supposait de répondre au préalable à deux questions: «Qu’est-ce qu’un étranger?» et qu’est-ce que «faire la France»?

Outre la pratique de la langue française, ils s’en sont tenus à un critère juridique simple: «être né sous statut étranger», que ce soit en territoire français ou non. Se trouvent ainsi exclus les Français nés à l’étranger, dans les colonies ou départements comme l’Algérie, les descendants d’immigrés et les binationaux. On ne trouvera donc ici ni Nicolas Sarkozy, Edouard Balladur et Zinedine Zidane, ni Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor ou Kateb Yacine.

En revanche, il y a là 1200 notices individuelles (qui vont du photographe iranien Abbas au cinéaste polonais Andrzej Zulawski), une vingtaine de notices collectives (Architectes, Belges de la BD, la Légion Etrangère, les écoles de danse, de peinture, les étrangers des Compagnons de la Libération …), et une cinquantaine de notices portant sur des communautés (Africaines, Algériennes, Alsaciens-Mosellans, Espagnols, Japonais, Tsiganes, Roms…).

Ces dernières intègrent les milliers d’anonymes qui ont participé à la construction du pays, tandis que les notices individuelles font la part belle à des personnalités majeures. Rien qu’en littérature, par exemple, se côtoient des gens comme Guillaume Apollinaire (né en Italie), Tahar Ben Jelloun (Maroc), Andrée Chedid (Egypte), Gao Xingjian (né en Chine, naturalisé en 1997 et prix Nobel de littérature en 2000), ou encore Milan Kundera (Tchécoslovaquie).

Mais tous les domaines figurent dans ce volumineux dictionnaire : arts et spectacles (Serge Gainsbourg, Yves Montand, Charles Aznavour, Pablo Picasso, Marc Chagall...), politique (Léon Gambetta, Robert Schuman, Manuel Valls…), médias (Françoise Giroud, Christine Ockrent, Antoine Sfeir…), sport (Raymond Kopa, Tony Parker, Abdellatif Benazzi, Nikola Karabatic…), économie (Marcel Bich, Mercedes Erra, Carlos Ghosn…), mode (Karl Lagerfeld, Pierre Cardin…), sciences (Marie Curie, Georges Charpak, Emile Paperniek…).

Autant de destins qui, chacun à sa manière, ont contribué et contribuent encore au prestige de la France dans le monde.

Article de Nebia Bendjebbour dans le Nouvel Obs du 2.11.2013 - A propos du Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France,sous la direction de Pascal Ory avec la collaboration de Marie-Claude Blanc-Chaléard, Robert Laffont, coll.Bouquins

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