Aujourd'hui, premier mars, mois du printemps, je suis tout à fait ravie de la jolie surprise que m'adresse Chantal! lle me parle du crocus, fleur de saison, de cette variété de bulbe très prisée car ses délicates étamines sont recouvertes d'une poudre orangée, utilisée comme l'épice la plus chère du monde.
Comme toujours, son mail-art tout en paperolles est délicat et très réussi ; elle y mêle le bulbe et les fleurs du crocus, les étamines symbolisées ici par du coton à broder orange, avec l'image d'un jeune bonze habillé en tissu du même colori, car obtenu lui aussi à partir de cette plante aux vertus tinctoriales.
En fait, Chantal réunit dans cette très belle création mon thème sur les épices et aromates, et la teinture des tissus obtenue avec des produits naturels, autre passion qui m'anime et que j'espère pouvoir à nouveau pratiquer, lorsque je serai bien installée pour cela.
Merci beaucoup et Bravo l'artiste!***
Comme Chantal me le conseille, je suis allée consulter un site qui décrit l'histoire et les usages de cette plante (site biologie-ens-lyon.fr)
La fleur couleur
Il semble que le safran ait été depuis la plus haute antiquité un colorant. Les stigmates du safran, même en faible quantité, produisent une lumineuse couleur jaune. Plus la quantité de safran est importante, plus la couleur du tissu tend vers le rouge. Aussi précieux que la pourpre (pigment obtenu à partir d'un mollusque marin le Murex), le safran servait à teindre les vêtements des rois babyloniens perses ou mèdes. Homère, dans l'Iliade, décrit Eos (l'Aurore) vêtue de son krokopeplos, le manteau de crocus « Eos jaillit des flots habillée de safran ». Les mariés de Rome portaient des voiles teints au safran, coutume qui s'est perpétuée jusqu'au Moyen-Age. Peut-être le jupon jaune retrouvé au fond d'un grenier périgourdin avec des vêtements de mariés du siècle dernier en est-il l'ultime vestige ? L'exemple actuel le plus frappant est celui des moines bouddhistes qui portent traditionnellement des robes de couleur safran. Vu le prix du safran, beaucoup sont d'ailleurs teintes actuellement avec du curcuma.
Robe de couleur safran d'un étudiant d'une université bouddhiste thaïlandaise
et safranine en poudre
Plus étonnante est l'utilisation de la safranine, colorant tiré du safran pour réaliser des colorations de coupes histologiques. Une technique assez courante est la coloration à la safranine-vert lumière, colorant les noyaux cellulaires en rouge vif et les cytoplasmes en jaune-vert.
D'où vient la couleur et l'arôme du safran ?
La couleur jaune-orangé du safran est essentiellement due à la crocine, caroténoïde hydrophile. Le safran contient également plusieurs dizaines de composés volatils et aromatiques. L'arôme amer du safran est du à un hétéroside : la picrocrocine. Cette molécule est formée par l'union d'un glucide et d'un aldéhyde, le safranal . Lorsque le safran est séché après la récolte, la chaleur combinée à l'action enzymatique, coupe la molécule de picrocrocine en deux pour donner le glucose et une molécule de safranal libre. Le safranal est une huile volatile qui donne au safran une grande part de son arôme.
La fleur de santé
Avant d'être épice, le safran fut utilisé pour ses propriétés médicinales. Le papyrus Ebers, découvert en 1872, daté de 1550 avant Jésus-Christ mentionne le safran dans la composition de plusieurs préparations. Remède précieux, il est transmis de siècle en siècle, ce que rappelle cette citation latine : « confortare crocus dicatur laetificando et partes lascas firmare, hepare reparando » que l'on peut traduire par « le safran réconforte, il excite la joie, raffermit tout viscère, et répare le foie. » C'est peut être lui accorder des vertus qu'il ne possède pas ! Il est utilisé actuellement en homéopathie.
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